Le meeting de Bayrou à Bercy
Ou la vision d’une « grand-messe » politicienne par un néophyte en politique « active ».
Hier était un grand soir, non pas uniquement pour François Bayrou, mais un grand soir pour moi.
Plutôt que de faire partie de ces moutons de Panurge qui, perclus de remords (s’ils avaient voté à gauche) ou de regrets (s’ils s’étaient abstenus), avaient défilé le 1er mai 2002 place de la République, j’avais décidé de lancer moi aussi un message à la population française.
Oh ! ce n’était sans doute pas grand-chose pour beaucoup d’entre vous que de participer à un meeting politique, mais pour moi cela signifiait montrer à la France entière que Francois Bayrou malgré son tassement annoncé dans les sondages bénéficiait encore d’un fort soutien et cela méritait pour la première fois de ma vie que je me déplace.
Je ne vais pas vous donner une vision partisane de ce meeting, car, honnêtement, si le ou la candidate du Parti socialiste avait eu une autre envergure que Segolène Royal, j’aurais sous doute glissé un bulletin PS dans l’urne dimanche, mais dans l’urgence, dans la résistance à Nicolas Sarkozy, le seul capable de prendre l’ascendant sur lui m’apparaît être François Bayrou.
Il est donc 19h lorsque je m’installe au POPB hier soir. Ma première surprise (heureuse) est que je n’ai pas de place pour m’asseoir, en effet, Bercy est déjà plein comme un oeuf et continue de se remplir assez tranquillement.
Il y a beaucoup d’animation et l’on voit aux différentes pancartes que certains ont fait un beau déplacement pour venir à Paris ce mercredi soir. Il y a là des personnes du Rhône, de Wasquehal, de Laval et même certains de Neuilly-sur-Seine.
Quelle est la population que l’on rencontre à un meeting de François Bayrou ? Essentiellement des jeunes de 25 à 35 ans, déjà bien intégrés dans la vie active avec en fait une idée d’une france sociolibérale, c’est-à-dire contre les prélèvements trop importants sur leurs revenus assez conséquents , mais pour une certaine justice sociale (c’est vrai que l’on pourrait appeler ça le centre). Je pense que tous ces jeunes sont en grande partie des bobos déçus de la Ségolénitude et j’avoue moi-même en faire partie.
Il est 20h, l’ambiance monte et les lumières s’éteignent. Musique de Bob Sinclar, déclaration officielle de candidature de François Bayrou sur grand écran, petit clip relatant des moments forts de sa campagne et le voilà qui arrive du fond de la salle.
Certaines personnes sont proches de l’hystérie et, franchement, ceux que j’admire sur le coup sont les gardes du corps qui font une garde rapprochée efficace mais ne donnent pas l’illusion face aux caméras d’être "trop" présents.
François Bayrou prend la parole et, franchement, le moins que l’on puisse dire est qu’il est un très bon orateur.
Il commence son discours en remerciant toutes les personnes présentes d’être venues et en ajoutant qu’il est le seul candidat à avoir organisé un meeting de cette envergure.
Il donne ensuite les grandes lignes de son programme tout en réhaussant l’intérêt de son discours par d’habiles piques contre, au choix, l’ordre établi, Nicolas Sarkozy ou Lionel Jospin. Je suis conforté de ma première impression (j’annonçais dans un récent commentaire 65% de report sur Ségolène Royal s’il ne passait pas le premier tour), lorsque je compare l’applaudimètre lorsqu’il déclare ces deux choses je suis convaincu qu’une bonne partie de son électorat est clairement centre gauche :
"Vous aurez observé, en lisant la presse, ce matin, par exemple, qu’ils en sont à sortir les arguments les plus fins. Nicolas Sarkozy a déclaré, ce matin : "François Bayrou est à gauche" et on sent qu’en prononçant cette phrase, il y a, chez lui, comme une vraie insulte. C’est presque comme s’il avait dit que j’étais un immigré, que j’égorge les moutons dans ma baignoire ou que je suis un pervers génétique."
Une bronca énorme souffle dans Bercy.
"En outre, Lionel Jospin, du haut de son expérience et de ses succès, a déclaré hier : "François Bayrou est à droite" et on sent que, chez lui, c’est presque comme s’il disait que je suis un trotskiste déviationniste !..."
On sent une certaine perplexité dans la salle qui le force à rebondir assez vite.
Il montre aussi sa qualité d’homme de lettres en citant Aragon comme éloge du rassemblement des forces vives de la France ou Camus comme éloge du dévouement des enseignants.
Il insiste ensuite sur la nécessité de réformer les institutions (représentation des petits partis à l’Assemblée, présence obligatoire des députés pour voter), de réformer l’Education nationale, d’encourager la recherche ou la prospérité des PME.
Il continue en faisant l’éloge de ce que peut et doit apporter l’Union européenne, en terme de politique étrangère, de défense et d’environnement, en soulignant qu’il est le seul des trois candidats à vouloir reproposer un texte modifié au référendum des Français.
Il conclut enfin en citant une anecdote sur le mur de Berlin démontrant que même ce qui semble immuable peut être amené à tomber un jour.
J’y suis allé pour savoir pour qui j’allais voter dimanche, maintenant je suis persuadé que j’ai fait un choix, sinon le bon, au moins le moins mauvais.
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