Le mythe fabriqué de Ben Laden, l’exemple par la Kalachnikov
Ah, celle-là je ne l'avais même pas aperçue. C'est par hasard que je suis retombée dessus, comme info : celle de l'entrée au musée de la CIA (si, si, il existe) de l'arme de l'homme le plus recherché au monde et soi-disant supprimé, dans un scénario aussi Hollywoodien que ne l'étaient ses prestations médiatiques photoshopées. "La" célèbre Kalachnikov de Ben Laden aurait donc été retrouvée à Abbottabad, à défaut de son corps... devenu nourriture à poissons pour "respecter la loi coranique" qui n'a jamais précisé d'immerger les cadavres (sauf s'ils sont morts en mer) mais au contraire de les enterrer "le plus rapidement possible". Retrouvée et emmenée donc par les participants du "fameux" raid... à part que visiblement, l'arme exposée depuis leur rertour n'a jamais été la sienne... La mise en scène du mythe continue, toujours aussi grotesque, et ça n'aura donc visiblement jamais de fin...
On se demandera aussi pourquoi avoir embarqué ce trophée alors qu'un hélicoptère s'était écrasé et que ce n'était peut-être pas le moment d'emporter des souvenirs, mais là n'est pas le problème. Celui du jour étant l'arme prétendument appartenir au reclus d'Abbottabad. Des Kalachnikovs dans les mains de Ben Laden, on en avait vu en en effet. La toute première étant celle vue à Khyber Pass entre ses mains de... gaucher dans l'un de ses camps d'entraînement (gaucher, il tournera les pages de ses discours de 2008 avec la main... droite). Une AKS-74, en fait, à crosse ajourée de type "Skeleton" (ici avec sa baïonnette montée). Déjà là, ce n'était pas une AK-47 classique de l'arsenal russe Izmash.
Mais très vite, le thème de son arme préférée, d'un autre modèle, avec laquelle il va régulièrement poser, va apparaitre. Ça commence plutôt mal avec un cliché où l'on exhibe littéralement le fusil mitrailleur à l'immense chargeur mais à la taille réduite posé entre Ben Laden et le journaliste pakistanais Amid Mir qui l'aurait rencontré. "Mal", car à l'apparence, la photo proposée est un montage, la tête du fugitif le plus recherché au monde ayant manifestement été surajoutée.
L'arme n'est déjà plus la même, c'est désormais une AKS-74U, version ultra-courte tchèque à crosse évidée rabattable, ici en version de 1984, avec chargeur en bakélite. Une "AKSU", écourtée (490 mm crosse repliée) le terme voulant dire Avtomat Kalashnikova Skladnoy Ukorochennyj (pour "fusil d'assaut automatique pliant à canon court"), entrée en fonction en 1974 en Afghanistan. Aux Etats-Unis, on l'importera sous le nom de "Krinkov" : "Krinkov ne veut rien dire, c'est un mot inventé. L'AKSU à d'abord été importé par la société Krinks, basée en Floride. Quand il a fallu présenter l'arme à la presse (SoF en tête), il a fallu lui donner un nom. Comme en russe, l'arme est appellée Suchka/Sutchka, littéralement "petite pute", ou "petite chienne", il fallait un nom politiquement correct, qui sonne russe. Facile, société Krink + ov = Krinkov..... ça sonnait bien, il à été imprimé dans Soldier Of Fortune.....et le nom est resté. (Merci à Molon Labe)" .
L'arme sera celle que présentera un Ben Laden fortement émacié dans ses diatribes enregistrée en montagne en 2001,
dont on sait ajourd'hui qu'elles ressemblaient déjà très fort aux pentes des paysages entourant Abbottabad. Pour le journaliste Malbrunot, ça ne fait en effet aucune discussion possible : "Oussama Ben Laden possédait un fusil d’assaut Kalachnikov de type AKS-74U. Ce pistolet-mitrailleur de calibre 5,45 mm était l’arme personnelle du chef d’al Qaida. Selon son ancien garde du corps Nasser al-Bahri, Abou Abdallah, le surnom de Ben Laden, ne s’en séparait jamais, y compris lorsqu’il allait prier à la mosquée. Qu'en avait-il fait au moment de l'attaque américaine ? A ses proches, l’homme le plus recherché au monde racontait l’avoir dérobé à un officier soviétique à l’époque de « la guerre sainte » menée par le jeune Ben Laden à la fin des années 80. Légende ou réalité ?"
Le 5 mai 2011, on annonçait donc la prise de cette arme emblématique, après l'assaut de la villa : "sur les trois des photos obtenues par Reuters, nous avons vu trois hommes morts, des musulmans non armés. Cependant , dans la pièce où Oussama Ben Laden a été tué, des responsables ont dit que l'emblématique AK- 74U de Ben Laden a été trouvée et qu'elle aurait pu être utilisé contre la Navy SEALs qui ont pris d'assaut sa villa d'Abbotabad. La question de d'un Ben Larden non armé ou non qui à incité les SEALs à le tuer plutôt que de le capturer n'a pas été réglée.
Cependant, les fonctionnaires parlant anonymement à l'Associated Press de Ben Laden ont dit qu'il semblait vouloir se munir d'une arme dans une chambre qui contenait son fusil d'assaut AK- 47 et des armes de poing. Pourtant, pour certains dans les milieux gouvernementaux et de renseignement, l'opération portait les marques d'une pure expédition pour le tuer, malgré les déclarations des fonctionnaires disant qu'il aurait été pris vivant s'il s'était rendu"...
Dans l'un des premiers compte-rendus, on aura donc eu la citation de la marque de l'arme préférée de l'homme le plus recherché au monde. Mais les récits vont bientôt se modifier, au point d'avoir en version finale... un Ben Laden non armé dans la pièce, ce jour-là ! Un dénommé "Mark Owen" interviewé par Bill Bronstein (l'ancien mari de Sharon Stone !) affirmera qu'il avait déjà été touché par des tirs venus de l'extérieur avant même que les Seals ne pénètrent dans sa chambre, affirmant y avoir trouver deux AK-47 et un pistolet Makarov... non chargés. Pour lui encore, Ben Laden n'avait pas été touché et cherchait à se protéger derrière une de ses épouses "employée comme un bouclier"... une version qui sera niée plus tard par le responsable du Pentagone en personne ! Comme sera niée la version du "Geronimo" prononcé au moment du tir fatal, une version pondue par un rédacteur chargé de fournir à la presse une version à moitié présentable de l'opération (celle de Nicolas Schmidle). Dans la même interview, il est vrai, le Navy Seal affirmera à la fois avoir tiré avec des lunettes de vision nocturne et deux lignes plus loin porter des lunettes Prada à 350 dollars... les storytellers se mélangeant pas mal les pinceaux dans ces différentes versions lues un peu partout.
La plus grotesque étant bien celle de Bronstein (pourtant un Pulitzer) avec ce genre de récit par exemple : "dès le début de l’assaut, la mission a été compromise : un hélicoptère de l’armée américaine tombe, victime d'un accident. Mais les hommes de l’Unit 6, concentrés dans leur raid, ne s’en rendent pas compte immédiatement. Un de ses collègues a dit à Tireur : « Hey, mec, ils ont une copie géniale de notre hélico sur leur terrain ! » « Non, mec, lui a-t-il répondu en plaisantant. Ils ont abattu un des nôtres. » « Okay, ça a quand même plus de sens que les conneries que je viens de dire », concède son collègue". Des commandos voient l'hélico de leurs voisins de chambrée en train de se calciner et ils blaguent à son sujet ? Que ne ferait-on pas pour minimiser un nombre de victimes chez les Seals... dont on retrouvera les cadavres deux mois après tombés d'un autre hélicoptère à des centaines de km de là... par la magie des airs, certainement. Un autre sommet étant atteint avec la phrase : "ça m’a vraiment frappé à Bagram, quand je mangeais un sandwich de petit-déjeuner, debout à côté du corps de Ben Laden, en regardant sur le grand écran le président annoncer le raid. Je me suis demandé : "Comment ai-je pu arriver là ?" C’était trop. » Trop, car selon le timing, au moment où Barack Obama annonçait la mort de Ben Laden à la télévision, son corps n'était déjà plus à Bagram, selon l'histoire officielle de son corps "jeté en mer"... l'annonce télévisée ayant été faite plusieurs heures après les faits (à 11 h du soir aux USA, alors que l'attaque s'était produite à 1 h du matin au Pakistan).
Des versions toutes différentes (celle de Nicolas Schmidle, remaniée à plusieurs reprises), et un film encore plus grotesque (Zero Dark Thirty) qui feront vite tiquer les lecteurs des sites repercutant ces mises en scène grotesques, un de ces lecteurs attentifs résumant : "donc, les 40 minutes de fusillade de l'histoire de la Maison Blanche se transforment en un conte avec peu ou pas de résistance et aucune arme ni bagarre ! Où sont passés les députés de gauche appelant les SEALS des meurtriers et des terroristes ? Lors d'Haditha c'est ce qu'ils avaient fait n'est ce pas ! Et la gauche appelle-t-elle pour autant à une enquête ou à un procès pour les SEALS ? ! Après tout, ils ont tué des individus non armés, tout comme à Haditha, non ?" Un des répondants ajoutant sobrement : "des pistolets à eau". Car effectivement, sur l'un des rares clichés de l'assaut fourni par les USA, on avait pu voir une des victimes, un des frères Khan propriétaires du bâtiment où était censé habiter Ben Laden baigner dans une mare de sang, un pistolet à eau d'enfant près de son visage... comme image de farouche résistance, on avait vu mieux ! un autre bloggeur pestant contre le mot AK-47 pour décrire l'arme découverte sur place : "ces idiots à la Maison Blanche ne savent probablement pas la différence entre une AK- 47 et AK- 74. Ils pensent probablement que la différence est une faute de frappe !"



http://www.parismatch.com/Actu/International/Les-dessous-du-raid-d-Abbottabad-161521
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