Le dernier appareil commercial de Boeing vient donc d'être contraint à rester au sol, par la puissante agence américaine de sécurité aérienne (FAA). La décision fait date, car c'est la première fois depuis 34 ans que les Etats-Unis suspendent un modèle d'avion. La dernière fois c'était en effet suite au crash d'un DC-10, le N° N110AA, celui du vol American Airlines 191, qui s'était écrasé le 25 mai 1979 à Chicago, après perdu un de ses trois moteurs en vol, tuant 271 personnes à bord (plus 2 au sol). L'enquête forcera MacDonnell à revoir toutes ses attaches de pylones de réacteurs, mettant fin à la carrière de l'avion qui réussit néanmoins à se reconvertir en cargo peu après. Mais trop tard, son sort d'avions pour passagers avait été scellé. Cette fois-ci, pas de morts, heureusement, mais toute une série d'incidents récurrents dont plusieurs liés à un phénomène qui est la hantise des vols commerciaux, à savoir le feu à bord. A l'origine de ces incidents, une conception présentée comme révolutionnaire mais qui ne semble pas avoir assez écouté les critiques de ceux qui, en observant d'autres accidents récents, avaient émis l'idée que Boeing se fourvoyait dans sa conception du 787.
Reprenons donc la gestation de l'allume-cigare volant. En 2004, Boeing révèle son projet 7E7, qui se veut "révolutionnaire", avec un accent marqué sur les économies de carburant, la tarte à la crême du transport aérien du moment. L'engin est pour le moins ambitieux, car entièrement réalisé en carbone, pour le fuselage, un avion tout électrique qui emporte une centrale du même nom d'une puissance encore jamais vue à bord d'un avion. La présentation semble élogieuse, en effet... sur le papier, où l'on présente même la réduction du bruit pour les riverains comme argument supplémentaire. Un 'avion de rêve est alors en gestation. "Plus légers et plus résistants que l'aluminium, ils contribuent, selon Boeing, à réduire la consommation de carburant et les coûts de maintenance respectivement de 20% et de 30 % par rapport aux avions de même capacité en service, les B767 et les A330. Une arme imparable à l'heure du pétrole cher et à la mobilisation en faveur de la réduction des émissions de C02 à laquelle participent grandement les deux motoristes General Electric et Rolls-Royce, sélectionnés sur le programme. Ces derniers ont également le mérite de réduire les décibels autour des aéroports. L'empreinte sonore sera inférieure de 40 % à celle d'un 747. Le PDG d'ANA de l'époque assure qu'une fois les 50 B787 entrés dans sa flotte, ils permettront de dégager 770 millions d'euros par an."
Pour vendre davantage encore le projet, on présente des intérieurs où dominent les éclairages indirects, dans une mise en scène organisée par les designers de chez Edèse Doret, un "look" baptisé "Sky Interior" avec les lumières, sans mauvais jeu de mots, apportés par un étrange designer d'intérieur au nom à consonance française. La Firme Teague,dirigée par Frank Del Giudice, une firme âgée de 86 ans, qui avait jadis designé le Stratocruiser a elle aussi été mise à contribution. La description proposée laissait augurer de belles choses en effet :
"Une entrée accueillante avec un nouvel éclairage et une architecture tout en courbes crée une ambiance chaleureuse
- Les passagers ont l’impression de se trouver sous un ciel bleu simulé par des LED et d’être dans une cabine plus large.
- Ils disposent de plus d’espace pour les bagages de cabine dans les compartiments supérieurs au-dessus de leurs sièges.
- La forme des compartiments rehausse la cabine la rendant plus spacieuse et les passagers disposent de plus d’espace en dessous des sièges pour leur permettre d’étendre leurs jambes.
- Les boutons de contrôle pour allumer la lumière et appeler l’hôtesse ou le steward sont plus facilement accessibles et mieux séparés. Les passagers disposent également de haut-parleurs de meilleure qualité.
- La décoration de la cabine a été améliorée avec des parois au design moderne et des hublots plus agréables, offrant au passager une réelle sensation de vol.
- Les écrans tactiles réunissent tous les contrôles existant, y compris ceux pour allumer ou éteindre la lampe de lecture personnelle. Ils sont plus larges et possèdent une meilleure résolution pour regarder les programmes de divertissement à bord de façon automatisée."

Les dirigeants de Boeing ne lésineront pas sur le discours vantant le look interne, dans lequel la lumière électrique, faite désormais par des LEDs, joue un rôle promordial : "
Quand à la plupart des passagers à bord d'un avion de ligne, ils entrent dans l'espace restreint à l'intérieur de la porte, se pressent devant une hôtesse de l'air debout dans la cuisine, la tête tournée avec envie dans la cabine de première classe, e arrivant dans des allées bondées comme dans un autocar. Quand ils seront à bord d'un 787, ils entreront dans un hall d'accueil spacieux fait de deux arcs courbés vers le haut dans un plafond qui semble disparaître dans un ciel clair du matin. Les passages tourneront les yeux vers le haut. Le plafond, éclairé avec de la lumière émise par les LED cachées (des diodes électroluminescentes), en contraste avec l'éclat des tubes fluorescents qui fournissent la lumière dans les cabines d'avion de ligne classique. Pendant le vol, le personnel navigant pouvez modifier la luminosité et la couleur de l'éclairage de la cabine afin de créer un sentiment de matin, de crépuscule ou de nuit. « Il permet à toute votre vision périphérique de créer un sens de l'espace », affirme Emery de l'utilisation dans 787 de la lumière et de l'architecture. "De plus le plafond crée un sentiment d'infini, d'aller vers le haut. (...) Il ajoute :« Ah, soulagement ! "Le 777 est 16 pouces plus large que le 787, mais nous avons des gens qui viennent ici et nous disent : « Oh, je ne savais pas que le 787 était plus grand [que le 777] ».

L'impression, présentée en avant... et un emballage médiatique comprenant même une sorte de gourou du design au nom à consonnance française :
"Boeing a également embauché comme consultant un expert en marketing d'origine française et psychologue nommé Clotaire Rapaille (prononcé ruh-PIE). Rapaille, auteur de livres tels que "Le Code de la culture : un moyen ingénieux de comprendre pourquoi les gens dans le monde vivent et achetent comme ils le font", s'est fait un nom pour lui-même analyser comment les gens dans différents pays perçoivent les produits de consommation. Les américains, selon lui, voient l'automobile comme un moyen de créer une identité pour eux-mêmes. Un Allemand achète une voiture en pensant à l'ingénierie. Rapaille a été consultant pour 50 des 100 plus grandes entreprises aux États-Unis, de Daimler-Chrysler à DuPont, et est souvent crédité d'avoir apporté des éléments de design qui ont fait du Daimler-Chrysler PT Cruiser une des voitures les plus réussies de la dernière décennie". Bizarrement, l'engin ne se fabrique pourtant plus... depuis le 9 juillet 2010 et n'a pas rencontré de
succès de vente en Europe. L'homme est disons...
diversement apprécié.

La fée électricité a donc sévi partout dans l'appareil. Si la carlingue se distingue par ses éclairages, le reste est à l'avenant. S'ajoutent en effet une multitude d'innovations, comme l'usage à de la fibre optique, ou de l'électricité à forte dose comme source d'énergie pour actionner différents équipements ou systèmes. Les systèmes électriques aujourd'hui mis en cause ont en effet l'avantage d'être moins lourds que les systèmes hydrauliques. C'est la recherche maximale de l'allègement qui a conduit à les privilégier. Pour la première fois, par exemple, le
système de freinage de l'avion est également électrique (et fait par les français de Messier, avec Bugatti et Dowty,
du groupe Safran). Résultat avec tout recours à l'électrique,, la puissance électrique nécessaire au B787, fournie par six génératrices, est quasiment deux fois plus importante que celle de l'A380, dont la conception, il est vrai précède l'appareil de plusieurs années.
"Avec 1,5 mégawatt elle peut alimenter un village de 1500 foyers" peut-on lire un peu partout. C'est aussi soit plus de cinq fois la puissance embarquée sur un 767 de génération précédente !!! L'avion incorpore une centrale électrique, elle aussi dessinée par des français de chez ECEZodiac Aerospace. Comme le dit la presse d'alors, "le Boeing 787" (sa nouvelle appellation)
"reflète une approche totalement nouvelle de systèmes embarqués. Pratiquement tout ce qui a toujours été alimenté par prélèvement d'air des moteurs a été la transition vers une architecture électrique". Ah, tiens, adieu donc les fabrications d'éclectriticité à partir de bêtes dynamos actionnées par les moteurs... " A bord, les systèmes concernés sont :
-Le démarrage du moteur
-le groupe auxiliaire de puissance (APU)
-la protection contre le givrage d'aile
-la pressurisation de la cabine
- les pompes hydrauliques"
La liste a de quoi surprendre en effet : même les
pompes hydrauliques, actionnant des volets ou le
train d'atterrissage (signé
Messier-Dowty) sont désormais dépendantes de la seule fée électricité (le
train ayant eu lui aussi un problème au
Japon le 7 novembre 2011). Le train d'atterrissage ayant été allégé, pourtant, durant sa conception
: "il est nécessaire de rappeler que tout nouvel appareil nécessite des ajustements dans sa première phase de mise en service– on se rappelle des incidents à répétition lors des premiers vols A380. Il en sera de même pour le B787 Dreamliner puisque les premiers exemplaires livrés pèsent plus lourd que prévu. Le surpoids serait de 6 à 9,8 tonnes selon les estimations pour le premier exemplaire sur une masse à vide de 161 tonnes. Boeing qui a reconnu le problème, a promis de réduire progressivement l’excès de poids au fur et à mesure des prochaines livraisons".

L'électricité à bord d'un appareil à composite, ce sont d'autres problèmes en prime, car comme le précise Zodiac, on ne dispose plus de la "protection" électrique qu'offrait la carlingue traditionnelle :
"par ailleurs, ECE a dû prendre en compte les impacts dus à l'utilisation de nouveaux matériaux, principalement ceux utilisés pour la structure avec de larges parties en composite. De puissantes protections électromagnétiques ont été mises en oeuvre, la carlingue n'offrant plus un effet de cage de Faraday aussi efficace et le équipements étant soumis à de contraintes plus fortes". D'autant plus qu'au lieu des habituels voltages en 28 et 115 volts, ceux de tous les avions actuels, on est passé au 230 V triphasé ! Ces fortes tensions ont donc nécessité l'installation de batteries de fortes capacités, pour permettrent d'avoir instantanément par exemple le démarrage des pompes hydraulliques ou celle du démarrage rapide du petit APU disposés en queue d'appareil, actionnant deux générateurs électriques.

L'idée étant de se passer au maximum de l'aide au sol, pour des rotations plus rapides de l'appareil. Cette contrainte a orienté les techniciens de chez Boeing vers des batteries au Lithium-Ion, celles répandues aujourd'hui dans les ordinateurs portables et les smart-phones. C'est ce qui équipe donc tous les 787, dont le premier roll-out remonte au 8 juillet 2007, à Everett, près de Seattle. Après plusieurs années d'essais intensifs, marqué déjà par plusieurs incidents, l'avion est finalement mis en service avec près de trois ans de retard sur l'échéance prévue... et la suite, vous la connaissez. Il est aujourd'hui cloué au sol par décision gouvernementale américaine.

La suite, on vient de le voir, ce sont plusieurs départs de feux à bord, la hantise des pilotes de vols commerciaux, car outre le feu, c'est l'asphyxie rapide des passagers qui est redoutée. Des batteries retrouvées complètement détruites (voir ci-contre). Or là, il faut bien le constater, Boeing semble ne pas avoir entendu les sons de cloche qui ont émaillé l'aéronautique ces derniers mois, avec plusieurs cas patents de catastrophes aériennes dont l'origine remontait... à des batteries Lithium-Ion, ne figurant même pas à bord de l'inventaire même des appareils, mais comme objets transportés dans des avions cargos. Je vous avais parlé ici de l'une de ces catastrophes, où seule la présence d'esprit de l'équipage avait réussi à éviter un drame.
"A Philadelphie, en 2006, le 2 février, un DC-8 d’UPS avait subi le même sort mais avait réussi à se poser.... la soute arrière complètement incendiée. Un rapport avait déjà pointé le rôle des batteries emportées en cargaison. "Les batteries ont déclenché le feu, la fumée ou de chaleur à bord des avions 13 fois, de février 2001 à juillet 2007, avait déclaré en 2008. Le National Transportation Safety Board Un avion d’UPS a été détruit en Février 2006 à Philadelphie après qu’un incendie a probablement commencé dans le stock des containeurs chargés d’équipements électroniques, avait conclu le NTSB en 2008". Or,
le 21 juin de la même année, un ordinateur (un Dell !) avait fait la une de la presse en explosant lors d’une conférence, sans raison véritable (et sans qu’Al-Qaida ne le revendique !). Dell avait rappelé après, en décembre, 20 000 batteries.. Fedex avait fait de même en recommandant la prudence sur l’envoi de batteries... rappelant un loi du 29 décembre 2004 de la U.S. Department of Transportation Pipeline and Hazardous Materials Safety Administration (DOT PHMSA) qui n’était pas assez appliquée semble-t-il. Les photos du DC-8 incendié d’UPS étaient effectivement très impressionnantes, et montraient des traces de fumée noire partout, y compris jusqu’aux fenêtres du cockpit... Le commentaire de spécialiste était éloquent : "le feu est l’une des pires choses que peut rencontrer en l’air un pilote . Cette accident a probablement été causée par la cargaison, mais dans l’aviation générale, les incendies sont généralement alimentés par des problèmes électriques et / ou de carburant". Tout l’intérieur de la soute du cargo avait été ravagé."

Ce genre de catastrophe présentant t en prime une réminiscence assez ancienne, comme je vous l'avais aussi indiqué :
"ce genre d’incendie spontané, d’autres avaient failli en avoir, sur de plus vieux appareils comme l’Argosy(le "Whistling Wheelbarrow", la "brouette qui siffle", un de mes avions de transport préférés pour tout avouer !). Dans le forum actif et intelligent de Prune, où la catastrophe du Boeing d’UPS de 2009 avait été suivie en détail, un ancien pilote en témoignait récemment. "J’ai eu moi aussi la batterie de l’avion (au NiCad) littéralement sauter tout à coup sur le nord du Kenya, la nuit dans l’un des Argosys de Mme Windsor.Ça a commencé avec une odeur. Le mécanicien de bord a descendu, (la batterie a été dans un armoire sur la gauche du fuselage en avant du cokpit pressurisé). Naturellement, il avait prit les gants en amiante avec lui. Il revint à l’étage et m’a dit qu’il avait trouvé le batterie "assez chaude" et a déconnecté les deux terminaux en nous disant que cela ne devrait pas poser d’autres problèmes jusqu’à l’atterrissage. Environ 20 minutes plus tard, il y avait une sorte de "whump" montrant que la batterie venait d’exploser. Heureusement, tout était contenue dans le placard !"... Chez d'autres, la chance ne sera pas au rendez-vous, hélas. Un autre avion-cargo de chez UPS s'était écrasé à Dubai, un Boeing 747-400, tuant son équipage. La catastrophe survenue le 7 avril 2011 avait eu des conséquences directes sur le transport aérien, qui avait dû émettre des réserves sur l'emport de batteries au Lithium.

Un crash ainsi décrit :
"l'avion d'UPS est arrivé à Dubaï au départ de Hong Kong avec une cargaison identifié comme « des batteries au lithium et des équipements électroniques contenant des batteries au lithium », qui ont été répartis dans les compartiments de fret, selon le rapport. Il n'y avait pas de déclarations de marchandises dangereuses sur le manifeste du vol, mais au moins trois des expéditions contenait les batteries au lithium rechargeables qui auraient dû être traités en tant que cargaison dangereuse selon les réglementations maritimes internationales, indique le rapport. Après être resté plusieurs heures de Dubaï, l'avion a décollé pour l'Allemagne. Vingt-et-une minutes après le décollage, alors que l'avion approchait les 32 000 pieds, l'alarme incendie s'est déclenchée. Le capitaine Doug Lampe à averti par radio la tour de Bahreïn trafic aérien qu'il y avait un incendie sur le pont principal de l'avion, qui est le même que celui d'une cabine passagers sur un avion de ligne. Il a dit que l'avion devait atterrir dès que possible. Même si aéroport international de Doha était plus proche, Lampe demandé de revenir à Dubaï - une décision qui n'est pas expliquée dans le rapport. Trois minutes après la première alarme, plus d'alarmes se sont mises à sonner. Les pilotes ont mis des masques à oxygène et des lunettes, ce qui a nui à leur capacité de parler les uns aux autres. Environ cinq minutes après la première alarme, Lampe rapporté que le cockpit était « plein de fumée." Il a dit au premier officier Matthew Bell qu'il avait de la difficulté à voir ses instruments. Bell a déctit aussi la chaleur dans l'habitacle. Environ deux minutes plus tard, Lampe », a déclaré un manque d'oxygène", a laissé vle contrôle du vol Bell et a quitté son siège, sans doute pour trouver des bouteilles d'oxygène portatives, indique le rapport. Il n'ya aucune indication ni sur le "cockpit voice recorder" ou l'enregistreur de données de vol qu'il ait jamais pu retourner à son poste. Huit minutes après la première alarme incendie, Bell a communiqué par radio, « Mayday, mayday, mayday vous m'entendez ?", ce seront ses dernières paroles. La conclusion de l'article étant sans appel :
"Les piles au lithium sont déjà l'objet d'une intense bataille de lobbying en cours à Washington. Une règle de transport proposée Département, indique qu'il faudrait que les batteries au lithium - comme celles utilisées dans les montres, les téléphones cellulaires, les ordinateurs portables et d'innombrables autres produits - soient traités comme des marchandises dangereuses lorsqu'elles sont expédiés par avion. À l'heure actuelle, seules quelques grandes piles au lithium doivent être traitées comme des marchandises dangereuses. Le projet de règlement exigerait un emballage spécial et traitement des expéditions de la batterie. Les pilotes devront être informés que les piles sont à bord et leur emplacement. Et les travailleurs qui préparent les piles pour l'expédition devra recevoir une formation spéciale." Des "grandes piles au lithium" comme celles qui équipent le Dreamliner !

Etonnnante conclusion, qui demande de faire très attention à l'emport de
"grandes batteries au lithium" alors qu'elles représentent l'équipement de base du 787... le problème est donc de taille : avant même son roll over, une catastrophe avait pointé le danger que représentait cet équipement à bord. Pressé par les contrats et l'éternelle bagarre avec Airbus, Boeing n'avait plus le temps de revenir sur la conception générale de cet appareil, qui se révèle donc posséder un vice de fabrication (et de fonctionnement) fondamental, la pire des choses qui puisse arriver à un nouvel avion. Boeing venait de livrer à peine
son 50 eme exemplaire sur les 838 en commande. Les compagnies flouées par sa mise au sol vont se retourner contre le constructeur, demander des indemnités et pire encore : exiger des modifications de sécurité, ce que va obligatoirement devoir faire également la FAA. En l'état actuel, l'avion de rêve est en effet un avion... dangereux. Le rêve est devenu cauchemar, pour Boeing.
Financièrement, on
peut parler de catastrophe, déjà. L'avion aurait commencé à rapporter, avec un rythme soutenu de ventes, à partir de 2021 seulement. A condition que l'ensemble de ses ventes atteigne au total les 1500 exemplaires, alors que son compteur de promesses d'achats est bloqué à 838 exemplaires aujourd'hui. Le Wall Street Journal avait eu lui-même du mal à évaluer l'avenir de l'appareil, en dehors même de ses incidents :
"à long terme ou et court terme, c'est qu'aucun chiffre officiel n'existe sur le moment pour la date où le 787 Dreamliner, atteindra son seuil de rentabilit. Nous pourrions dire 2018, et 19,7 milliards de dollars plus tard, comme nombre théorique. C'est la ligne droite "guestimating", qui beaucoup dépend de l'économie. Combien de compagnies aériennes auront fusionné entre 2016 et les années 2020 ? Les Etats-Unis et le reste du monde seront entrés dans une récession en 2020 y aura-t-il deux récessions ? Combien de transporteurs auront retardé leurs commandes d'avions d'ici là, ou en aurotn ajoutées à leurs ordres ?" Et ce d'autant plus que le Dreamliner (ou
Nigthtmareliner comme on devrait l'appeler aujourd'hui) est un véritable puzzle à construire : 70% de l'appareil est construit à l'extérieur des USA, par 43 sociétés différentes réparties dans 25 pays.

Le concurrent Airbus avec son 350XWB n'est pas pour autant au bout de ses peines non plus : des essais préliminaires de structure avaient montré de sérieuses faiblesses du caisson central, et lui aussi a succombé au tout électrique avec la
mode des éclairages d'ambiance... et le recours à des batteries similaires, mais auquelles on demanderait moins :
"lors de la présentation des résultats annuels du constructeur européen le 17 janvier 2013, Fabrice Brégier a précisé par exemple qu’une section du biréacteur en matériaux composites contenait deux batteries contre une seule sur le Dreamliner, minimisant la demande électrique et donc les risques de chauffe. Nos « choix sont différents », a-t-il ajouté, tout comme les fournisseurs : les batteries de l’A350 sont fournies par le groupe Saft, basé à Bagnolet, tandis que celles du 787 proviennent du japonais GS Yuasa Corp. Et contrairement au Dreamliner, l’A350 tirera une partie de son courant électrique des réacteurs, Airbus ayant estimé que les coûts de maintenance liés au choix de Boeing compenseront les économies en carburant". Deux batteries, le risque multiplié par deux... pourrait-on aussi dire, mais il est vrai une énergie à bord fabriquée à la dynamo.... des réacteurs.
Moins aventureux, déjà sur le tout composite, Airbus semble également avoir choisi une option d'alimentation en courant bien plus traditonnelle. L'innovation tous azimuts et coûteuse choisi par Boeing semble d'ores et déjà une erreur de stratégie commerciale dont pourra bénéficier Airbus dans ses arguments marketing. Mais la récession qui se profile et la restructuration des compagnies aériennes qui vont fusionner à outrance risque de mettre bas à l'espoir de battre des records de vente d'avions commerciaux dans les années à venir. Le bien tradtionnel 737, qui remonte déjà à...1967, le successeur du recordman infatigable, le 727, n'a aucune crainte à avoir : il restera longtemps encore
l'avion le plus vendu au monde.

la liste des sociétés françaises à bord du 787 :
http://www.boeing.fr/Boeing-en-France/L-industrie-francaise/Les-entreprises-francaises-a-bod-du-787
une excellente étude ici sur le 787 et ses enjeux industriels :
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/20130119trib000743475/la-saga-du-boeing-787-un-lancement-dans-la-douleur-17.html
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/20130119trib000743476/la-saga-du-boeing-787-pourquoi-cet-avion-est-revolutionnaire-27-.html
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/20130119trib000743477/la-saga-du-boeing-787-une-strategie-opposee-a-celle-de-l-a380-d-airbus-37-.html
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/20130119trib000743478/la-saga-du-boeing-787-les-atermoiements-d-airbus-47-.html
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/20130119trib000743479/la-saga-du-boeing-787-un-nouveau-modele-industriel-risque-57.html
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/20130119trib000743482/la-saga-du-boeing-787-des-deboires-industriels-hors-normes-67.html
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/20130119trib000743490/la-saga-du-boeing-787-un-chemin-laborieux-pour-certifier-l-avion-77-.html