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Accueil du site > Tribune Libre > Le nuage de cendres n’est pas un accident sans lendemain

Le nuage de cendres n’est pas un accident sans lendemain

PLUS DE CHAOS, PLUS DE CYGNES NOIRS…

Retour sur le nuage de cendres islandais. Non pas par un quelconque acharnement, mais parce que je le crois très emblématique de plusieurs points clés de notre mode actuel.

Dans mon billet de la semaine dernière(1), j’avais abordé le danger de se fier plus à la modélisation mathématique qu’à l’observation de ce qui se passe réellement.

Pourquoi d’abord cette approche par la modélisation ne peut pas fonctionner pour prévoir ce qui va se passer ? Parce que des phénomènes comme la propagation des particules suivent des lois de type chaotiques, et que, dans ce cas, la moindre erreur dans la connaissance des conditions initiales rend impossible l’élaboration de prévisions fiables(2). Or il est impossible déjà de connaître précisément les émissions du volcan, alors comment pourrait-on les connaître exactement ?

Ce qui vient de se passer avec le nuage de cendres est très représentatif de la plupart des phénomènes qui sous-tendent la vie et l’évolution de notre monde. En effet, ils suivent pour la plupart des lois de type chaotique. Il est donc illusoire d’imaginer pouvoir modéliser leur évolution : comme nous ne pourrons jamais tout connaître exactement, nous devons accepter l’incertitude, et nous centrer plus sur l’observation que la prévision. 

Ensuite ce nuage est un bel exemple de « cygne noir » (3), c’est-à-dire un événement hautement improbable et à effet majeur. Un volcan qui se réveille au cœur de l’Islande, loin de nous apparemment… et voilà l’Europe comme paralysée. Nous sommes devenus tellement connectés les uns les autres, notre monde est devenu tellement un Neuromonde (4), nous sommes forts et en même temps tellement dépendants de la toile d’araignée de nos interrelations que tout problème se propage immédiatement. 

Auparavant un cygne noir n’avait d’effet que localement, mais ce n’est plus le cas. Nous devons nous habituer à la multiplication des cygnes noirs, non pas parce qu’il va s’en produire davantage, mais parce que leur effet sera sensible pour tout un chacun. Avant nous n’étions sensibles qu’à ceux qui se produisaient dans notre voisinage immédiat. Maintenant nous sommes soumis aux effets de tous qui se produisent, quelque soit l’endroit où ils apparaissent, ou presque.

Plus la vie se développe, plus l’incertitude s’accroît : il est urgent que nous le comprenions et que nous adaptions en conséquence notre façon de penser et d’agir…

(1) Voir « Où sont les particules du nuage de cendres ?  »
(2) Voir mes articles liés au Chaos
(3) Cette expression provient du livre de Nassim Nicholas Taieb. J’ai parlé de ce livre dans un billet de décembre 2008 « Résonances entre dérive naturelle, cygne noir et crise actuelle…  »
(4) Voir mes articles sur le Neuromonde
 

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13 réactions à cet article    


  • Pierrot Pierrot 27 avril 2010 12:27

    L’évolution d’un « nuage » de cendres" même micronique s’évalue selon des modèles qui ont fait la preuve de leur efficacité.

    C’est certes, évolutif comme tout phénomène météorologique.

    L’auteur ne semble pas avoir une once de connaissance scientifique.


    • Robert Branche Robert Branche 27 avril 2010 12:59

      merci pour l’amabilité de votre remarque me concernant, mais il se trouve que, oui, j’ai qq connaissances scientifiques (je sais qu’être passé par deux grandes écoles d’ingénieur ne prouvent rien, mais cela aide smiley )

      Pour revenir sur le fonds, la propagation du nuage de cendres comme tous les phénomènes liés la météo, suit des lois mathématiques chaotiques .(au sens mathématique du terme). Dès lors, la moindre erreur de connaissance sur les conditions initiales débouche sur des variations non bornées. C’est d’ailleurs ce qui rend la prévision météorologique précise impossible au-delà d’un horizon rapproché.
      Si jamais vous voulez complété vos propres connaissances scientifiques sur les mathématiques du chaos, je vous conseille par exemple la lecture des livres de Prigogyne, ou celle du livre de Ian Stewart « Dieu joue -t-il aux dés »

    • Muadib 27 avril 2010 14:18

      « Auparavant un cygne noir n’avait d’effet que localement, mais ce n’est plus le cas »

      Cette affirmation est erronée.
      Les phénomènes physiques (du type explosion volcanique) ont de tout temps pu avoir des effets globaux.

      Ce qui est modifié, c’est l’ampleur que prennent ces phénomènes (on parlerait de « volatilité ») au niveau des coûts tant humains que matériels. Et encore...on pourrait en discuter s’il s’agit d’une ampleur absolue ou relative. (1 mort en -57 n’a pas la même répercussion qu’un mort en 2010)

      Il me semble que vous faites un peu trop vite appel aux processus chaotiques pour justifier de l’inutilité de la modélisation. Mais celle-ci n’est (et n’a toujours été) qu’une approximation de la réalité.
      C’est en prenant en compte cet élément majeur que l’on reconnaît l’incertitude qui nous entoure.

      Enfin, il s’agit de rappeler que les lois à l’origine de ces phénomènes physiques ne sont pas, par nature, chaotiques. C’est leur accumulation et la propagation des incertitudes qui nous empêchent (dans l’état de nos connaissances actuelles) d’en obtenir une modélisation plus fidèle.
      Si l’on arrivait à discrétiser notre atmosphère au centimètre près et à faire tourner les modèles sur une telle grille en tenant compte de l’ensemble des effets possibles, on trouverait des solutions très proches de la réalité.
      Malheureusement, la puissance de calcul étant limité, on n’est pas prêt d’y arriver...


      • Robert Branche Robert Branche 27 avril 2010 14:40

        Vos propos sont inexacts : les phénomènes naturels pour la plupart -dont la météo - suivent des lois de type chaotique (au sens mathématique tu terme : voir notamment tous le écrits de Prigogyne). Dans ce cas, il faut une précision infinie pour avoir des prévisions fiables au-delà du court terme.

        Ceci est impossible, d’où l’incertitude... certaine
        C’est un des points que je développe longuement dans mon nouveau livre « les mers de l’incertitude » qui sort le 25 mai (mais déjà accessible via Amazon ou Fnac.com), livre qui porte précisément sur le management et la prise de décision dans l’incertitude.
        Je vous conseille aussi d’aller faire un tour sur mon blog (www.neuromonde.fr) où vous trouverez pas mal d’articles là-dessus (par exemple ceux liés à la prévision)

      • Muadib 28 avril 2010 22:39

        Je note que vous n’avez guère réagi à la première partie de mon intervention.

        Pour le reste, il n’est pas aisé de déterminer si un système est chaotique ou non. Et il paraît assez présomptueux, dans l’état de nos connaissances, d’affirmer que la météorologie l’est.

        Décider que le débat est tranché alors qu’il ne l’est pas ( http://www.asmp.fr/travaux/gpw/philosc/rapport1/chaos-debat.pdf ) est assez osé.

        Mais ça fait vendre des livres, ça c’est sûr...


      • Robert Branche Robert Branche 29 avril 2010 00:31

        Merci de ce lien vers ce court document très intéressant :

        - le débat dans ce document porte sur les conséquences du chaos et les liens avec le discours scientifique et philosophique. il met l’accent sur les différences entre prévisibilité et chaos. Je suis d’accord avec tout ceci, d’autant plus que je développe exactement cela dans mon livre. J’y fais d’ailleurs référence directement à Michel Bitbol et Jean Staune qui interviennent dans ce débat, ainsi qu’aux écrits de’Henri Poincaré et Laplace cités dans le débat.
        - mon affirmation portait elle sur le fait que les phénomènes météorologiques relevaient des mathématiques du chaos, ce qui est une certitude scientifique, sur laquelle tout le monde est d’accord.
        Merci en tout cas pour le document.

      • asterix asterix 27 avril 2010 19:51

        Il est évident que si un plus gros volcan d’Islande, d’Indonésie ou d’ailleurs fait aussi boum, l’espace aérien risque de devenir obsolète. Et quand toutes les particules seront tombées quelques siècles plus tard, les dinosaures sortiront de leur cage.


        • chria chria 27 avril 2010 21:45

          A la lecture du livre « les systèmes complexes et leur dynamique » vous vous êtes arrêtez à la 3e page et vous en avez fait un mode de pensée, mais qui n’apporte, à la vue de votre conclusion, que du délire dans l’amalgame complexité et incertitude.


          • Robert Branche Robert Branche 27 avril 2010 21:57

            Pourquoi faire des conclusions si hâtives me concernant... alors que vous n’avez même pas lu 3 pages de ce que j’ai écrit, mais juste un article court, et donc forcément simplificateur...

            Faites donc attention à ne pas tomber dans, précisément, le reproche que vous me faites ! smiley


          • chria chria 27 avril 2010 23:53

            On ne peux pas simplifier ce que vous essayez de décrire.
            Et n’oubliez pas que la modélisation n’est qu’un outil.
            Mais autant rebondir sur vos propos ;"il est urgent que nous le comprenions et que nous adaptions en conséquence notre façon de penser et d’agir…"
            Je suis curieux de savoir comment ?


            • Robert Branche Robert Branche 28 avril 2010 08:30

              Vous avez raison, j’ai été imprécis dans ma réponse : on ne peut pas simplifier ce qui l’est déjà par construction (out article court est une simplification). Par contre, vous ne pouvez pas en tirer des conclusions globales sur ce que je pense en n’ayant lu que cet article...

              Et donc prenez connaissance de mon analyse complète et de mes pistes de propositions, et reaprlons-en smiley

            • chria chria 28 avril 2010 09:41

              Bon, j’ai parcouru un peu votre site, c’est vrai que c’est beaucoup plus fouillé et intéressant, mais quand on se sert d’agoravox comme fenêtre pour se faire de la pub c’est sûr qu’il faut s’attendre à ce genre de critiques, qui me semblent maintenant infondées, c’est vrai.
              Rdv sur votre site alors.


              • Robert Branche Robert Branche 28 avril 2010 10:24

                En fait j’essaie d’écrire des articles compacts, ce qui fait toujours courir le risque du malentendu, mais le tout constitue un puzzle qui prend du sens sur mon site.

                Ensuite je propose ceux qui me semblent les plus pertinents sur Agoravox qui les reprend la plupart du temps. Mais là cet article se retrouve isolé des autres...
                Cela sert alors un peu de teaser, et si qq veut mieux comprendre pourquoi j’écris cela, il peut aller vers mon site... ce que vous venez de faire

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