Le Pataquès
Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, censée apporter une solution à la suite des résultats des élections européennes, nous sommes dans un pataquès inextricable.
67 % des citoyens en ont une opinion négative et 12 % positive.
L’absence de majorité à l’Assemblée nationale est pour 65 % une mauvaise chose, une bonne chose pour 35 %.
73 % ne font pas confiance à la nouvelle assemblé contre 27 %.
Comme toujours les partis retirent leur légitimité du résultat des élections supposé formuler l’opinion des électeurs. Or celle-ci l’est à un instant soumis à l’influence grandissant des instituts de sondages et aux informations des médiatiques qui constituent l’information politique de 92 % des citoyens, dont 4 % qui vont la chercher sur le Net.
Pour ceux qui sillonnent le Net, ils n’ont pas manqué d’observer toutes les propositions de suivi d’informations d’une actualité quasiment unanime qui se reprend en boucle. Les principales sources d’informations sont Reuter et agence France presse, auxquels s’ajoutent toutes les informations circulant sur le net et celles des journaux régionaux, elles fournissent l’essentiel des consultations citoyenne, rare ceux qui vont lire Politis, 1, et autres. Ou dans une société sécuritaire se comptent sur les doigts ceux qui ont lu 1312 raisons d’abolir la police de Gwenola Ricordeau. Elle y défend l’idée que dans une société capitaliste raciste et patriarcale choisir le camp des opprimé.e.s, des exploité.e.s et des tyranisé.e.s c’est compter la police parmi ses ennemis.
Cela pour dire que penser autrement qu’en suivant le fil de la doxa, ce n’est pas facile. Or celle-ci est nécessaire pour former une opinion collective.
Dans ce cadre nous avons durant des années suivi l’information gouvernementale qui classait Mélenchon et sa mouvance comme extrême gauche, et c’est ainsi que cette opinion s’est ancrée dans l’esprit des citoyens par des informations politiquement choisies par ses opposants.
Il n’est donc pas surprenant de retrouver la LFI au même rang que le RN.
74 % le classent comme extrême gauche, 72 % comme un parti qui attise la violence, 69 % comme un parti dangereux pour la démocratie. 22 % estiment que la société que prône ce parti est celle dans laquelle ils aimeraient vivre.
Pour le RN 69 % comme un parti d’extrême droite, pour 54 % qui attisent la violence, pour 53 % il est dangereux pour la démocratie, et xénophobe pour 52 % tandis que 40 % estime que c’est la société dans laquelle il aimeraient vivre que celle que prône ce parti.
Concernant la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, 63 % en ont une opinion très défavorable et 15 % plutôt défavorables.
Comme quoi les campagnes de dénigrement ont porté leurs fruits.
Jordan Bardella 41 % favorable, 55 % défavorable, Marine Le Pen, 37 % favorable, 59 % défavorable.
Dans l’ensemble aucun homme politique ne passe la barre des 50 % d’avis favorables, ce qui confirme la tendance générale depuis 2009 de la défiance à 70 % des citoyens dans la politique et ses hommes, et leur confiance dans la gendarmerie 77 %, les hôpitaux 75 %, l’armée 73 %, la police 70 %. Ces résultats sont typiques d’une société qui vit dans la peur et dans un sentiment d’insécurité surfait par rapport à la réalité enregistrée par la police et la gendarmerie.
La confiance dans le monde politique ne dépasse pas 20 %.
Concernant le nouveau gouvernement, seule une coalition de l'ensemble et de la gauche sans la LFI atteint les 50 % dans l’opinion des citoyens.
À la suite des élections de juillet, 56 % expriment un sentiment négatif de déception et de colère, contre 32 % positif, comme quoi si les partis se légétimisent à partir des résultats électoraux dans l’opinion des citoyens, il en va autrement.
Concernant le second tour en moyenne, 24 % des électeurs regrettent leur vote, 33 % pour ceux qui se sont abstenus ou voté blanc ou nul, contre 15 % de ceux qui ont voté RN, dans les autres partis cela se situe autour de 23 à 25 %. Cela fait tout de même 1/4 des électeurs, de quoi changer un résultat.
Qu’en conclure si ce n’est que nous sommes face à un pataquès, et temps de changer de formule de scrutin électoral pour à la fois assurer une majorité au parti arrivé en tête des suffrages et assurer aux autres la proportionnelle, comme pour les élections municipales. Le mode de scrutin aux municipales pour les communes de plus de 1000 habitants combine les règles du scrutin majoritaire à deux tours et celles du scrutin proportionnel.
Dans notre élection à deux tours, le second qui confère une légitimité par élimination n’est plus souhaitable. Dans cette perspective la RN serait au pouvoir avec tout juste plus 1/4 des voix, comme le NFP. La proportionnelle où le parti arrivé en tête gouverne, il doit trouver en permanence une majorité en fonction des sujets à légiférer, se pose à ce gouvernement formé par le Premier ministre issu d’un choix arbitraire du président, qui avec les autres partis de droite ont diabolisé la gauche Mélenchoniste avec succès. Dire que celui-ci à prêté le flan reste fondé, tandis que la RN c’est adroitement crédibilisé en ayant depuis Sarkozy taxé tous les gouvernants de laxistes et d’immigrationnistes les forçant à le rejoindre dans le sécuritarisme et la xénophobie. Je sais que mon analyse n’est pas trop plaisante, mais aucun chiffre de la délinquance et de la criminalité comme de l’immigration ne justifie l’insécurité qui s’est répandue en France et en Europe mettant partout la démocratie en danger et en recul, ce qu’ont estimé la centaine de chercheurs dans les projections pour 2040.
Il n’y a pas d’effets spontanés, si le RN s’est installé avec ses positions fascisantes dans l’esprit des Français et de beaucoup d’européens, c’est que les politiques des gouvernants leur ont fait le lit et que les médias les ont relayés, voire renforcé en traitant de sujet réel sans réserve que celle de vendre sa stratégie émotionnelle sur des drames choisis politiquement sur les 3 700 000 crimes et délits. Alors que chaque jour, 25 000 personnes, dont plus de 10 000 enfants, meurent de la faim et des causes associées d’une activité capitaliste du monde. On estime que 854 millions de personnes sont sous-alimentées dans le monde et que la hausse des prix risque de faire basculer 100 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté et la faim. Et pour ceux-là il n’y a pas de marche blanche d’empathie et de compassion, car il faudrait en faire une tous les jours, ce qui serait invivable. Je mentionne cela non pour culpabiliser qui que ce soit, car nous ne pouvons épouser toutes les causes des drames du monde, mais pour relativiser les excès de jugement dans lesquels nous sommes entrainés par l’effet loupe des médias.
J’ai fait état d’étude d’opinion des citoyens pour démontrer que si les partis jouent leur rôle quand chacun s’exprime au nom des citoyens avec légitimité, nous succombons également à l’effet loupe des médias qui sont loin de vous rapporter l’opinion des Français, si nous ne prenons pas la peine de rechercher d'autres informations ou d'autres points de vue.
Toutes ces données sont disponibles sur le CEVIPOF.
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