Le pétard mouillé de Pascale Clark, sur France-inter
Pas souvent qu’un journaliste prend une radio en otage. Le coup de gueule de Pascale Clark en a étonné plus d’un. Son émission « A live » N’avait jamais tant mérité son nom.
Pascale Clark avait choisi de faire semi-grève, ou de faire le DJ, comme elle dit, après avoir poussé son petit cri de colère. Bref, de confisquer l’émission pour parler de son cas personnel et de ses motifs d’irritations : Cette fameuse carte de journaliste qu’on lui refusait dorénavant…
Par chance, pas de frères Kouachy ou de Coulibaly en direct ! Juste une émission prévue sur les 70 ans du secours populaire. Les pauvres attendent depuis bien plus longtemps que ça, en fait, sans qu’on s’occupe d’eux. Les sans-dents pouvaient donc prendre leur mal en patience encore un peu !
La radio, c’est bien ! On le son pour rêver. « L’oreille en coin » du nom d’une excellente émission qui a fait les beaux jours d’inter…Mais parfois on voudrait bien avoir l’image aussi, quand justement le son ne suffit plus, ou se dégonfle comme une baudruche. Une réflexion qui est au cœur même du principe radiophonique. L’absence d’image n’est pas un handicap, bien au contraire, pourvu qu’on ai la qualité.
Les plus grands phantasmes vous viennent en fermant les yeux en se laissant bercer par une voix envoûtante. Tant de voix d’inter qui m’ont fait rêver, de Pierre Bouteiller à José Arthur, en passant par Daniel Mermet. Sans compter la pauvre Kriss, qui semblait si sensible et inaltérablement jeune.
Kriss, je ne veux pas voir ton visage !
Tu aura toujours vingt ans. C’est le privilège de la radio de vous raconter des histoires, de flirter avec les contes des milles et une nuits, à des heures particulières du jour et de la nuit.
Pascale Clark était-elle habillée en tenue de pirate, ou en senor commandante, genre « coup d’état à la Havane »…Ma culture allait plutôt dans ce sens, attendu qu’on sait que pas mal de coups d’états dans les pays d’Amérique du sud on commencé par l’occupation de la maison de la radio.
En 2003, elle avait pourtant critiqué, sur le même plateau de France Inter, l’occupation d’intermittents de spectacle sur le plateau du 20 heures de David Pujadas, décrivant celui-ci, en commandant de bord impuissant….
On se rappelle aussi de ce réquisitoire contre un syndicaliste de Goodyear.
Cette fois, il semble que la commandante de bord ait choisi de détourner l’avion pour son propre usage, se moquant comme d’une guigne des auditeurs qui s’étaient sanglés sur leur siège, en attendant le départ.
Après tout, la conscience de classe et l’esprit de lutte peut venir avec l’âge, comme chez Victor Hugo, qui partit du royalisme pour défendre les misérables….Mais ce qui est assez misérable dans l’histoire, c’est de constater que ce bel esprit de révolte et de revendication, n’est que centrée que sur sa petite personne.
La journaliste est donc devenue pendant deux heures DJ Clark : "Alors comme je ne suis pas journaliste, je m'en voudrais d'usurper tel titre ou telle carte. Ce soir, et peut-être d'autres suivront, voici DJ Clark. DJ, il paraît qu'on peut exercer sans carte professionnelle".
Il suffit de faire le tour des médias pour voir que l’opération est ratée. La façon choque, le contenu tout autant. La revendication au sujet de cette carte professionnelle qu’on lui a supprimé paraît tout à fait aberrante, en tout cas déplacé, en lieu et place surtout.
http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=1063705
La Commission de la carte a estimé que l’émission de Pascale Clark relevait plus du divertissement que de l’information. De plus, elle remarque qu’elle est employée à Radio France en tant qu’intermittente, un statut « administrativement » incompatible avec celui de journaliste.
On s’étonne tout de même qu’une grande professionnelle se soit lancée dans une croisade en ayant sciemment un œil borgne.
Ivresse d’un siège et du micro ?
En gros, comme on peut l’écouter dans le lien ci dessus, elle s’en prend à la commission de la carte d’identité des journalistes professionnels de ne pas continuer à opposer mécaniquement un cachet d’acceptation sur son statut de journaliste.
Sauf que cette commission est sans doute moins responsable que son employeur, Radio France, qui abuse du recours au statut d'intermittents pour ses journalistes...
La présidente de la CCIJP, Bénédicte Wautelet, a expliqué ce choix sur le site duJDD.
Au sein de la commission, « on regarde ce que fait le journaliste l'année de sa demande et on avise . On a considéré que sa nouvelle émission sur France Inter n'était pas de nature journalistique (...). Elle est davantage présentatrice que journaliste sur cette émission ». Autre argument, Pascale Clark est rémunérée sous le statut d'intermittent en tant que productrice. Si « Pascale Clark est une grande journaliste », a reconnu Bénédicte Wautelet, il n'empêche qu'« on n'a pas la carte de presse à vie ».
Au moins le mérite de cette affaire est bien de révéler ce scandale des employés intermittents de France inter. Qui pompe les subventions accordés aux régime des vrais professionnels du spectacle.
Beaucoup ne correspondent pourtant pas aux critères de ce statut particulier. La station ainsi peut se permettre d’arrêter d’employer des journalistes plusieurs mois par an et qui se mettent ensuite au chômage….
Patrick Cohen a cru bon, de surenchérir, par esprit de solidarité avec sa consœur, découpant en direct sonore sa carte de presse, lors de sa matinale.
Pas sûr que ce grand geste théâtral ait été très apprécié par l’employeur, qui préférait sans doute la culture du secret.
Par chance, et surtout par raison, ni Clark ni Cohen ne remettront la politique de la maison mère, et préfèrent se taire, « motus et bouche cousue » à ce sujet et s’en prendre aux pauvres fonctionnaires d’une commission lampiste, dont on pourrait reprocher le laxisme s’ils ne faisaient pas leur boulot correctement.
« Ne vous moquez pas de mes contradictions, car l’homme est un être inconstant ! »
William Shakespeare : « Beaucoup de bruit pour rien »…..
Je cite Shakespeare mais c’est un trop grand honneur, quand tout cela relève de l’esprit de Tartuffe : « Mon dieu, le plus souvent l’apparence déçoit. Il ne faut pas juger sur ce qu’on voit ! » ….
A la radio, on doit se contenter de ses oreilles.
Mais celles ci, suffisent avec un peu de matière grise, pour se faire son jugement.
« Au lieu de déchirer leur carte de presse, certains confrères devraient s'interroger sur l'abus du statut d'intermittent dans l'audiovisuel » a écrit par exemple sur twitter Olivier Siou, rédacteur en chef adjoint à France 2.
« Bonsoir tout est possible ce soir ! » Nous avait pourtant déclaré Pascale Clark en prenant le micro.
C’était déjà une forme de lapsus, très révélateur….
Mais on se dit ça après, comme après les accidents…..
Les prises d’otages bien sûr, ne sont malheureusement pas rares. Mais une prise d’otage d’une radio par un journaliste, ça l’est déjà beaucoup plus..
Pascale Clark a fait très fort. Dommage que cela ait été pour une si petite cause. On aurait voulu quelque de plus grand, de plus lié à un événement extraordinaire. Bien sûr, c’est très difficile de faire aussi retentissant que le coup de De Gaulle sur radio-Londres. Mais le grand Charles n’était pas présentateur, quoique….
Il y a eut bien sûr le coup pendable d’Orson Wells, bidouillant une sorte de radio télé réalité assez convaincante, pour faire croire aux américains que les martiens avaient débarqué.
Pascale Clark aurait pu faire un canular semblable. Par exemple faire une émission en direct racontant la prise de l’Elysée par des milliers d’intermittents du spectacle, avant de révéler le pot aux roses. Mais allez savoir si ce n’aurait pas été le début de quelque chose d’inédit, de franchement révolutionnaire. Vous savez cette histoire de vase de pandore qu’on libère. .
« Pandore libéra tous les maux qui se répandirent sur la terre. Mais les intermittents du spectacle et les journalistes restèrent au fond du pot »
On croit contrôler les choses, et le leadership vous échappe.
Ne manquerait plus que tous les intermittents du spectacle comme vous et mois, exigent d’être de vrais acteurs….
La place , DJ occasionnel, ou non, parait donc tout de même assez bonne pour ne pas jouer trop avec le feu.
Tout de même, le quidam ne pouvait que s’interroger !
Car tout partait de cette foutue carte de presse. Est-ce que ça valait vraiment de se battre pour un vulgaire bout de plastique, avec un numéro dessus ?
S’il faut une carte de pêcheur pour sortir un saumon de la rivière, cette foutue carte ne l’empêchait pas d’aller à la pêche au gros, aux nouvelles et aux cancans en tous genres dans son émission !
Pour quelle étrange raison, la mauvaise foi, le râle, et l’opportunisme étaient à la manœuvre ?
Bref, pourquoi tant de rancœur et de hauts cris ?
J’ai voulu en avoir le cœur net, et Holmes a été mis sur le coup et s’est plongé dans le net.
Ce truc là est comme les révélateur liquide des vieilles photos argentiques. La vérité y remonte comme du fond d’un puit, prenant d’abord les tendances fortes du noir et du gris, avant de vous donner des nuances, si l’on attend assez. Mais pas besoin d’empreintes digitales ou génitales pour avoir des preuves. C’est la mémoire du monde jusqu’à la petite enfance des dinosaures qui vous parle en un clic de souris.
.« En 1996, le gouvernement Juppé décide d'en finir avec ces niches désuètes. Sauf une : celle des journalistes, soumise à négociation avec les syndicats. Ce qui aboutit en 1998, sous le gouvernement Jospin et la pression d’une profession qui a les moyens de se faire entendre, à… son maintien. Ou plutôt : l'abattement de 30%, socialement scandaleux –"plus tu gagnais, plus tu déduisais", résume un journaliste-, a été transformé en un forfait de 7.650 euros, à déduire du revenu imposable, quel qu'en soit le montant. » (Source l’obs)
Eclairant…Moi qui pensais que cela ne donnait droit qu’à une réduction d’entrée dans les musées, et un bloc ou deux de papier machine gratuit.
On comprend que Patrick Cohen ait failli prendre les armes, et prendre la maquis, pour défendre une telle injustice. Passe encore pour le drame palestinien, ukrainien, mais l’affaire Clark, semblait si écœurante qu’on s’attendait à ce qu’il s’inspire des vers du cid pour chanter sa plainte.
« N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? »
Comment qu’on appelle ça. Ah, oui, l’esprit de corps. Ce mal tentaculaire qui rend la France irréformable, archaïque. Tant de matinales à tenter de nous convaincre de nous réformer, de regarder au dessus de nos petits intérêts frileux et corporatistes.
Il y a parfois, sur les ondes, d’étranges distorsions, qui vous donne envie de vous mettre un oreiller entre les deux oreilles.
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