Le Peuple, ce héros !
A propos de ce Peuple qui s’est construit à partir des années 80…
Reconnaissons de prime abord que le « culte de la force », de ce qui peut s’apparenter à de la virilité… habite une partie non négligeable de ce Peuple qui n’aime rien tant que les grandes gueules de droite (Le Pen, Pasqua, Tapie, Sarkozy…) car ces voix font « viriles » (absence de complexité ; promesse de brutalité)…
En revanche, ce Peuple n’aime pas les grandes gueules de gauche (Mélenchon) car ce sont aussi et surtout de grandes voix intellectuelles et morales (V. Hugo, Jaurès : complexité et humanisme) ; et alors qu’à une époque maintenant lointaine, ce Peuple était choyé par des syndicats et un PC omniprésent à leur côté ; depuis... des modes de production délocalisés ainsi que les emplois liés à ces modes et les révolutions numériques qui se sont succédé... ont largement contribué à déstructurer des pans entiers de la population active, de génération en génération -, ce Peuple déconsidéré à partir des années 80 n’a eu qu’un recours : faire payer à la société l’abandon qui est le sien : sa désaffiliation.
Livré à lui-même, s’il s’est réfugié dans l’indifférence (l’abstention), d’autres, en revanche, parmi les plus amers, n’ont pas déserté les urnes ; ils se sont tournés vers ceux qui ont compris le vide politique qui les entourait (la possibilité d’un dépassement de sa condition qu’apporte l’idéologie politique) : le FN qui sera la seule arme à leur portée.
C’est un vote non militant pour se sentir suffisamment indignes ou illégitimes à s’engager dans quelque cause que soit d’autant plus que… hors de leur milieu, c’est la timidité qui les habite. Ce vote qui en inquiète, qui en « emmerde » plus d’un… c’est le seul engagement dont ils sont capables ; c’est la seule forme de lutte qu’ils connaissent ; les Black blocs cassent… les classes populaires blanches vote RN… quand elles votent.
D'où... soit dit en passant, leur hostilité à toutes les formes d'actions qui impliqueraient un trouble à l'ordre public : actions syndicales, activistes écologistes, féministes et autres...
Notez néanmoins qu’il suffirait d’une figure locale charismatique d’un rang social légèrement supérieur au leur pour que nombre d’entre eux soient mobilisables ; ils ont besoin d’un « chef » pour se sentir en confiance et légitimes.
Dans cette France des petits bourgs… voire rurale… France des villages, les solidarités sont toujours présentes mais à une micro-échelle ; rien à voir avec une solidarité de classe mais de situation dans un environnement géographique très délimité.
Sur un plan historique, ce sont des situations, des conditions, des consciences quasi-ante-politique... avant Marx, le socialisme, Proudhon, Fourrier, le syndicalisme, les coopératives ouvrières ; pas de corps intermédiaires reconnus ni souhaités ; on revient toujours à la virilité qui est le plus souvent un penchant certain pour l’autoritarisme… paradoxalement ou non, chez les plus faibles d’entre eux d’un point de vue physique car, chez eux tout semble relever d’un mécanisme compensatoire : tous valorisent ce dont ils sont privés (pouvoir sur leur vie, maîtrise)… dépossédés qu’ils sont (matériellement et culturellement - inclure la perte d'une prise en charge politique de classe) ; à ce sujet, force est de reconnaître que le RN qui n’est que l’agence de communication d’un FN en campagne… « ça fait viril » comprenez : c’est sans complexité et c’est brutal.
Pourquoi ce choix de la non-complexité chez les classes populaires ? Encore une fois, on retrouve le souci de nous faire payer leur condition... car tous ceux qui côtoient ces classes connaissent leur amertume qui a pour origine une vie sans perspectives : tous n’imaginent pas, un seul instant, se trouver dans une situation différente dans dix ou vingt ans ; cette certitude et ce fatalisme caractérisent cette classe au-delà de tout autre critère de compréhension et de qualification ; aussi, cette classe compte bien nous le faire payer… à nous qui ne partageons rien de son quotidien.
En ce qui concerne leur vote RN, notez impérativement que ces électeurs n’attendent rien de ce vote… sinon nous « emmerder » encore et encore (ce vote c’est leur crachat) et nous inquiéter… même si ce vote aura une incidence directe sur une population bouc émissaire plus précarisée encore - Arabes, Musulmans, Africains et ceux qui vivent des minima sociaux -, en lien avec une insécurité croissance redoutée ou bien vécue au jour le jour ; population issue de notre histoire coloniale et français d'origine européenne que l’on peut frapper en toute impunité ou presque… et ce dans l’espoir d’un soulagement compensatoire car ce Peuple qui s’est construit dans les années 80 n'est pas dupe : il reconnaît le biais (tout le potentiel) raciste et liberticide du RN-FN.
Quand on ne peut pas frapper plus haut que soi, force est de frapper plus bas… puisqu’il est question aussi de frapper et pas simplement d’indisposer des classes supérieures hors de portée.
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