Le président aux bras ballants
Il y a pire que le moins pire. Ce sont la déception et la désillusion. Il devait nous faire oublier les années Sarkozy, s'il persévère dans sa lancée il nous le fera presque regretter. François Hollande est sur la mauvaise pente et ne semble pas vouloir la remonter. Comble de l'ironie on évoque, dans les milieux autorisés, son intention de vouloir rempiler en 2017. Conclusion, changer l'eau du bocal de l'Elysée ne suffit pas. C'est la Constitution qu'il faut changer en pariant sur l'intelligence collective plutôt que l'homme providentiel.

Le père Noël a oublié l'Elysée. Le petit François n'a pas trouvé au pied du sapin du château ni la tenue d'un super héro ni celle d'un président de la république autre que normal au sens de banalement médiocre. 2014 s'annonce donc aussi chaotique que 2013 avec en sus d'une autosatisfaction de plus en plus ostensible le retour des blagounettes de conseiller général de Corrèze. Pas de coup de baguette magique donc et de transformation de notre Flamby national en forêt noire façon Merkel. On a les dirigeants qu'on mérite avance le bon sens populaire. Loin d'être rassurant cet adage nous renvoie à la société française que nous composons, totalement sclérosée.
Nous étions prévenus. Aussitôt élu le président Hollande a fait le choix de recourir à un très grand photographe pour réaliser le portrait officiel de son mandat. Las, le problème avec un portraitiste de la trempe de Raymond Depardon, c'est sa capacité à saisir à travers l'objectif de son appareil photo le trait de caractère dominant de son sujet. Le résultat est là. François Hollande apparaît derrière sa rondeur et sa bonhomie comme un président au bras ballants sur lequel tout glisse. Le contraire d'un homme d'apparence volontaire bien décidé à prendre les problèmes à bras le corps.
C'est au-delà de l'illisibilité qui le caractérise cette absence de combativité qui explique en grande partie que dix-neuf mois après son élection, François Hollande soit devenu le président le plus impopulaire de la Ve République. S'y ajoutent le louvoiement permanent et un déni de réalité qui conduisent à maltraiter les statistiques et à enrober les vérités.
Du coup, c'est la programmation stratégique du mandat qui semble illusoire. Lors du discours du Bourget du 22 janvier 2012 François Hollande s'était présenté comme un réformiste courageux avec un quinquennat en deux temps : le redressement puis la redistribution des fruits des efforts. Une formule habile qui n'est en fait que la reprise du bout du tunnel cher à VGE sauf que comme avec les mirages, au fur et à mesure où l'on avance, l'oasis recule.
Alors que la Constitution fait du Président de la République le maître du temps, celui-ci donne l'impression de se contenter, façon Louis XVI, de remonter les pendules. Durer pour gérer ou gérer pour durer on ne sait plus trop. Durer c'est surtout l'obsession de tous les conseillers et satrapes qui gravitent dans l'entourage du pouvoir et qui ont donc intérêt à éviter tout bouleversement.
Comme le dit de façon imagée Eric Cantona, "Quand les mouettes suivent un chalutier, c'est parce qu'elles pensent qu'on va leur jeter des sardines". Si un remaniement gouvernemental apparaît comme salutaire, François Hollande, s'il veut changer devra faire aussi le ménage dans les affidés et les sur-diplômés qui l'entourent et sortir de sa bulle. Il devra aussi et surtout engager une réforme constitutionnelle qui mette un terme à l'archaïsme démocratique qui est le nôtre depuis 1958. Une situation qui privilégie le pouvoir personnel au détriment du pouvoir collectif et s'est déjà traduit par les naufrages successifs des mandats de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy.
25 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON