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Le retour à l’amour

Le retour à l'amour.

Mon enfance comme la vôtre fût unique.

J'ai vécu dans un monde imaginaire fait de chevaliers à la probité impeccable, de quêtes magiques dans des lieux mystérieux, d'histoires d'amour durant toute la vie et même au delà.

Puis, au sortir de cette parenthèse enchantée, lorsque le cerveau supérieur prend son envol, tout devient logique et le monde se désenchante.

La probité du Chevalier se transforme en un pragmatique ego-centré, les quêtes magiques sont étudiées par la science qui en dissèque chaque particule, sans pour autant l'expliquer, mais affirme néanmoins qu'il n'y a rien de magique à cela.

Les lieux magiques sont visibles par satellites et explorés à la dynamite.

Les amants de mes histoires d'enfance se connaissent à peine et surtout ne se reconnaissent plus. Le mythe du banquet de Platon a bien du mal à tenir face à un monde où la démonstration d'un amour pur prend des allures surannées..

 

Albert Camus avait, de son aveu même, construit son œuvre sur un cycle, hélas interrompu : amour révolte amour. Je comprends à présent son propos.

Nous commençons notre vie dans ce monde dans un émerveillement constant et renouvelé de tout ce qui nous entoure : la vie de chaque instant.

Puis nous vieillissions et sous la pression toujours plus présente de la société, nous sommes enclins à rationaliser à la fois notre comportement mais aussi le monde qui nous entoure ; à devenir adulte pour le dire rapidement.

Or cette constante législation sur le monde qui nous entoure désenchante ce dernier et nous empêche d'en extraire la proverbiale substantifique moelle.

Descartes et sa rationalisation du monde nous a certes apporté la technique, mais il nous a dépossédé de ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécu. Un émerveillement constamment renouvelé de tout ce qui nous entoure. Il nous faut tendre à nouveau vers cette neutralisation du savoir qui permet l'hic et nunc, le ici et maintenant.

 

Je ne suis pas en train de parler d'obscurantisme, mais seulement de nous réapproprier ce qui, plus que tout autre, est nôtre. Cette faculté d'apprécier, de jouir de la vie pour ce qu'elle est, et au travers de ce que nous sommes ; des êtres d'abord sensibles puis raisonnables.

 

Kant lui aussi, à sa manière se faisait l'avocat de cette cause. Sa loi morale, cette voix intérieure qui nous guide sans se tromper, pourvu qu'on l'écoute, est à la source même de nous même et du monde qui nous entoure. Il faut réapprendre à lui donner toute notre attention.

Certes il est des situations ou il nous faut nécessairement être pragmatiques plutôt que moraux, mais celles ci sont moins courantes que nous voulons bien l'admettre.

 

Marcher dans ses pas, suivre son chemin où qu'il mène, avec assurance, l'assurance que cela soit juste, ne sont pas simplement des vœux pieux. La vérité de ce monde, tout comme parvenir au bout de notre chemin peuvent nous être asymptotiques, il n'en reste pas moins qu'ils sont, aussi bien d'un point de vue moral que pragmatique, une alternative bien plus exaltante à ce dont nous faisons l'expérience : la vie de tous les jours.

Je l'ai dit plus tôt, le monde se charge bien, lorsque cela est nécessaire, de nous ramener à des problèmes terre à terre. Aussi nous faut il accepter cette nature double de notre être, dont je ne saurais dire si l'une prime vraiment sur l'autre. Et accepter, accueillir qu'une partie de nous trouve que notre romantisme échevelé est d'une autre époque, tout en n'y renonçant pas.

Que la probité sans faille du chevalier, bien qu'inaccessible du fait même de notre nature profonde, ne doit pourtant pas être oubliée, et rester un objet vers lequel il faut tendre.

Et qu'enfin il y a bien de la magie dans tout ce qui nous entoure, et que même si la science, pour des raisons de commodité, tient à disséquer et à nommer tout ce qui nous entoure, cette magie reste à tout jamais proprement indicible et inaccessible à l'entendement pur..

 

« Comme le galet verni par les marées, j'étais poli par le vent, usé jusqu'à l'âme. J'étais un peu de cette force selon laquelle je flottais, puis elle enfin, confondant les battements de mon sang et les grands coups sonores de ce coeur partout présent de la nature. Le vent me façonnait à l'image de l'ardente nudité qui m'entourait. Et sa fugitive étreinte me donnait, pierre parmi les pierres, la solitude d'une colonne ou d'un olivier dans le ciel d'été.
Ce bain violent de soleil et de vent épuisait toutes mes forces de vie. A peine en moi ce battement d'ailes qui affleure, cette vie qui se plaint, cette faible révolte de l'esprit. Bientôt répandu aux quatre coins du monde, oublieux, oublié de moi-même, je suis ce vent et dans le vent, ces colonnes et ces arc, ces dalles qui sentent chaud et ces montagnes pâles autour de la ville déserte. Et jamais je n'ai senti, si avant, à la fois mon détachement de moi-même et ma présence au monde. »

 

Albert CAMUS, Noces (1938)



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7 réactions à cet article    


  • Acid World Acid World 5 juillet 2012 09:58

    Votre bel article me rappelle ceci.


    • alinea Alinea 5 juillet 2012 20:08

      Pourquoi la probité du chevalier serait-elle inaccessible ? Et quelle serait cette nature profonde qui nous en écarte alors que le chevalier, lui y a accès ?
      Aristocratie ?
      Oui, mais du coeur et que l’on retrouve dans tous les êtres nobles, fussent-ils du peuple ?Je vous suis tout à fait mais, je ne sais pas pourquoi, je ne vous trouve pas convaincant !
      Peut-être votre propos manque-t-il de corps ?


      • GuyFawkes GuyFawkes 5 juillet 2012 20:39

        Merci de votre réaction.
        Vous vous méprenez sur mon propos. Le Chevalier n’est pas l’image d’une aristocratie quelconque, c’est simplement l’image de celui qui est toujours du coté des plus faibles, celui qui brave le danger, celui qui n’abandonne pas ses idéaux au profit de l’argent par exemple. En cela vous avez raison, il s’agit bien d’un être noble.

        La probité réalisée est par essence inaccessible car elle est le fruit d’une morale pure.Or, notre nature profonde d’être à la fois sensible et raisonnable, nous pousse par un jeu de ressac à osciller tantôt vers le moral, tantôt vers le pragmatique. On acquiert néanmoins je crois, un élan dans un sens ou dans l’autre quand on le choisi. Le chevalier de mon enfance lui, de par son statut imaginaire peut se permettre de n’avoir qu’une nature simple, une morale pure.

        Quant à me trouver convaincant, ce n’est précisément pas à votre raison que je faisais appel dans ce texte mais bien à vos sentiments. J’espère avoir partagé les miens avec vous.


      • dan taneli dan taneli 5 juillet 2012 20:23

        bonsoir,


        Comme cela est plaisant de lire enfin autre chose que les horreurs et la bêtise du monde.
        Sachant que de belles choses sont à notre disposition si nous savons regarder, observer, entendre, que des gens formidables partout dans le monde agissent pour aider leur semblable...
        Le caractère français sombre trop souvent dans la défiance et le cynisme, et on doit lutter pour ne pas se laisser contaminer.
        Comme votre article se plaît à décrire cet enchantement du monde, de l’amour spirituel et/ou romantique qui a bercé nos enfances, ce que vous écrivez je crois qu’ On n’oublie pas ces « mille et une nuits » où nous avons rêvé. 
        Chose amusante il y a qq jours une proche me disait sa nostalgie justement de « l’amour romantique », du beau langage, de la belle littérature...
        Heureusement nous avons de quoi puiser dans toute cette richesse.
        Je crois que beaucoup de gens sont beaucoup plus nostalgiques, romantiques, qu’ils ne le laissent paraître, car le vocabulaire actuel lorsqu’il n’est pas grossier, vulgaire et raréfié, se ramifie en concepts, chiffres somptuaires de déficits qui n’ont plus aucun sens, et autres compétitivité, croissance, etc...
        On ne rêve évidemment pas pas avec ces mots- là.
        Dernièrement sur la plage, des jeunes, garçons et filles s’interpellaient d’une façon « horrifique » à mes oreilles (et pas que les miennes). C’est à la fois insupportable à entendre, et très triste que de ne pas pouvoir exprimer ses sentiments et émotions avec des « mots doux » à entendre.
        D’une agressivité sans nom, des mots orduriers fusent pour dire tout et n’importe quoi...

        Il ne reste plus qu’à réenchanter son propre monde...
        Et effectivement que de beautés offertes à nos yeux pour réenchanter nos âmes.
        Je trouve terrible que tant d’humains se privent de ce qui pourtant les aideraient à vivre le quotidien plus pleinement, quand tant de richesses nous côtoient, sans nous coûter un kopeck !
        Mais tout cela se « réapprend » puisque une fois compris la culture du formatage que nous subissons tous, il nous faut donc réapprendre ce qui s’est perdu en cours de route.
        Mais heureusement nous avons gardé notre imaginaire magique, malgré que cette société nous voudrait toute à sa dévotion matérialiste. On la salue donc bien bas et ciao !
        Merci
        Continuons à faire de beaux rêves, et peut-être les réaliser.




        • Christian Labrune Christian Labrune 6 juillet 2012 03:54

          "Descartes et sa rationalisation du monde nous a certes apporté la technique, mais il nous a dépossédé de ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécu. Un émerveillement constamment renouvelé de tout ce qui nous entoure. Il nous faut tendre à nouveau vers cette neutralisation du savoir qui permet l’hic et nunc, le ici et maintenant.« 

          à l’auteur,
          A lire ce que vous écrivez, on se demande si vous avez jamais ouvert une oeuvre de Descartes et vous faites courir en tout cas un très grand risque à tous professeurs de philosophie qui, à mon âge et à cette heure de la nuit prendraient connaissance de votre article : l’infarctus foudroyant, ça existe. Moi-même, voyez vous, j’ai failli en avaler ma pipe.
          Je sais bien qu’un absurde lieu commun voudrait que les Français fussent cartésiens ; cela ne signifie pas pour autant qu’ils seraient fondés à dire n’importe quoi du pauvre René.
          Au rebours d’une antique tradition maintenue par les clercs du moyen-âge, Descartes ne méprise pas la technique et certes, il considère que l’homme doit se rendre »comme maître et possesseur de la nature« , mais il serait tout à fait abusif d’affirmer qu’il nous a »apporté la technique« . Ce qu’il nous apporte, tout comme son contemporain Galilée, c’est une nouvelle manière de comprendre la nature et d’en rendre compte par des formalismes mathématiques. Vous parlez d’émerveillement ; si la singularité d’une telle démarche, qui nous est désormais familière mais ne l’était guère à son surgissement ne vous paraît pas merveilleuse, c’est que rien ne peut vraiment vous étonner ! Et je ne parle pas de la métaphysique de Descartes : le doute hyperbolique des premières Méditations, c’est quand même autre chose, et de bien plus excitant pour la cervelle, que la répétition inlassable, pendant des siècles, de la phrase un peu simplette des Psaumes qui voudrait que »les cieux et la terre chantent la gloire de Dieu« et qu’il fallût s’attendrir bêtement sur la moindre chose comme le François d’Assise du »Cantique des créatures« . C’est peut-être cette attitude contemplative que vous appelez de vos voeux, après tout, en parlant d’une »neutralisation du savoir« . Retourner à l’étonnement de l’enfant qui se trouve pour la première fois devant une rose et ne dispose même pas encore du mot qui permettrait de la nommer et, en la nommant, de la classer et de ne plus la voir. Ce serait le retour à la chose même ( »die Sache selbst« ) de la phénoménologie husserlienne, le retour à l’expérience antéprédicative.
          Mais cela ne peut se faire désormais que par un long détour de la pensée, nous ne sommes plus des enfants et leur authentique naïveté nous est désormais interdite. C’est sans doute ce qui me fait trouver puéril, vraiment primaire (au sens scolaire du terme) et pour tout dire, indigne d’un philosophes, le texte de Camus que vous citez. C’est »beau" à peu près comme une carte postale en couleur pour les touristes. 


          • GuyFawkes GuyFawkes 6 juillet 2012 15:38

            Merci de votre commentaire.
            Je m’en voudrais de vous faire avaler votre pipe.
            Je suis bien en peine de vous répondre sans faire moi aussi appel au jugement de valeur ou à l’argument d’autorité voire même au péremptoire. Il y aurait tant à dire et à dédire, je vais tacher de faire concis.

            Tout ce que je peux vous dire c’est que, si je reconnais tout à fait l’apport essentiel de Descartes à une période où la métaphysique, et surtout le religieux battait son plein, il n’en reste pas moins qu’il a négligé, comme d’autres après lui, l’autre composante essentielle de l’homme.

            Nous sommes bien les enfants de Descartes, particulièrement en France, ou tout acte doit nécessairement être le fruit d’un raisonnement.

            Or, si vous me permettez de frôler l’actualité un instant, cela aboutit à de la résolution de problème permanente et non à une pensée, une vision globale d’un système basé non plus sur un pragmatisme pour le coup cartésien, mais bien sur une morale au sens Kantien du terme.


            La neutralisation du savoir que j’appelle de mes vœux n’est pas, comme je l’ai dit, un retour à l’obscurantisme ou au religieux, mais simplement une possibilité à s’offrir, dès que faire se peut, de contempler le monde sans légiférer sur lui. c’est le pis aller de la candeur pour un adulte, si vous préférez.

            Maintenant, place aux jugements de valeur  :
            l’idée de Descartes de se rendre comme maître et possesseur de la nature est pour moi détestable, car elle sous tend une supériorité voire même un prima de l’homme sur tout ce qui nous entoure. Or s’il y a bien quelque chose que la science, pour le coup, nous prouve tout les jours c’est notre insignifiance face à ce qui nous entoure. (au passage vous parliez plus haut des méditations métaphysiques, c’est là ou il a besoin d’envisager un dieu qui ne soit pas trompeur, un deus ex machina quoi, je ne suis pas très impressionné par ça..)


            C’est cette même illusion de grandeur qui nous fait continuer dans les mêmes travers écologiques malgré les avertissements de la science.
            C’est la certitude d’avoir « raison » sur tout en somme..

            Un peu à la manière de celui qui écrit, certes finement, dès la première ligne qu’il est professeur de philosophie pour assoir sa domination sur son texte, certain que son diplôme accroché au mur le guide vers la vérité, mais qui néanmoins ressens le besoin de l’argument d’autorité pour assoir son propos. La dignité du philosophe dont vous parliez plus tôt fuit déjà au galop..


            Quant au texte de Camus, je trouve pour ma part que c’est probablement un des plus beaux. Qui plus est, lorsqu’on sait qu’il l’a écrit à 23 ans. Alors oui c’est primaire, parce qu’on le comprend à la première lecture. Il y a pourtant bien plus à penser que l’on ne veut bien le voir au premier regard. Aussi peut-il vous sembler être du bon sens que de rejeter ce texte puisqu’il vous parle sans artifice, mais vous savez ce que disait Descartes au sujet du bon sens .. « [..] Chacun pense en être bien pourvu ».


          • Christian Labrune Christian Labrune 7 juillet 2012 01:46

            @GuyFawkes

            Je plaide coupable en ce qui concerne mon premier paragraphe. C’est vrai qu’on pourrait croire que j’ai été professeur de philosophie. Ce n’est pas du tout le cas, j’enseignais les lettres, mais la philosophie est quelque chose de trop important pour qu’on puisse se résoudre à l’abandonner à ceux dont c’est le métier de l’enseigner.

            Vous voudrez bien m’excuser d’être un peu féroce, quelquefois, dans mes formulations : j’aime bien la polémique ; c’est une espèce de jeu, mais je ne ferais pas de mal à une mouche.

            Je reste tout de même pour ce que j’en ait dit : ce que vous appelez « neutralisation du savoir », je ne peux l’entendre que par référence à une certaine tradition mystique au reste pas du tout méprisable, qui prévaut à la charnière des XIIIe et XIVe siècles chez les franciscains. Si vous lisez la règle de Saint-François, vous verrez que s’il entre parmi eux un novice et qu’il soit totalement analphabète, il faudra bien se garder de l’instruire. C’est surprenant, cela n’a rien à voir avec la règle de Saint-Benoît, par exemple, qui met au centre de la vie monastique l’étude et tous les exercices de l’intellect.

            Je suis extrêmement opposé à la fantasmatique d’une écologie qui nous parle d’une « nature » désormais inexistante. Dès l’apparition de l’intelligence, même rudimentaire, la nature cesse d’exister en elle-même et devient un réservoir d’objets utiles. L’oiseau qui construit son nid opère déjà des prélèvement dans le monde qui l’entoure ; pourquoi voudriez-vous que l’homme s’interdise de faire la même chose, avec des moyens certes plus puissants, mais si on vous parachutait dans une forêt vierge, je gage que vous ne vous contenteriez pas d’en contempler la beauté, vous penseriez immédiatement à vous construire un abri pour la nuit, vous allumeriez un feu, et ce serait une simple question de vie ou de mort. Quand le déséquilibre écologique dont on nous rebat les oreilles commence-t-il ? Bien malin qui pourrait le dire. Probablement avec la maîtrise du feu et la métallurgie. A l’échelle des temps géologique, c’était ce matin. Un écologiste conséquent ne devrait donc pas seulement renoncer aux centrales atomiques et aux trains à grande vitesse, il devrait renoncer aussi au feu, et retrouver les conditions du paléolithique, se contenter comme le Camus de Noces, du spectacle de la mer et du ciel. Eh bien je vous assure (je suis un peu comme Voltaire opposé à Rousseau) que ce retour à l’état de nature ne me tente pas le moins du monde.

            Que vous le vouliez ou non, ce qui nous attend, c’est une complexité de plus en plus grande à laquelle il faudra bien faire face et il n’y aura pas de retour en arrière. Après les hommes viendront probablement les machines pensantes qui nous regarderont comme nous regardons les chimpanzés dans les zoos. L’homme, cette sale bête, est probablement foutu, mais pas l’intelligence ; elle lui survivra sous des formes que nous ne pouvons guère imaginer, mais si elle survit, c’est l’essentiel. La prose de Camus, je le crains, n’a pas beaucoup d’avenir.

            En tout cas, vous auriez tort de voir dans mon propos une forme de pessimisme, c’est tout le contraire. Je pense que Descartes, élève des jésuites et penseur de la plus grande liberté possible ne serait pas du tout fâché de mes conceptions !

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