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Accueil du site > Tribune Libre > Le retour des emplois jeunes ?

Le retour des emplois jeunes ?

La nouvelle mesure de Ségolène Royal « pour l’emploi des jeunes », dévoilée vendredi 30 mars 2007, réunit tous les ingrédients qui ont, depuis plus de vingt ans, voué à l’échec les « mesurettes » successives de lutte contre le chômage.

La dépêche est tombée ce vendredi 30 mars 2007 :

Guéret, Creuse (Reuters) - Ségolène Royal propose que les pouvoirs publics financent en totalité pendant un an le salaire et les charges de jeunes employés par les artisans et les commerçants.

La candidate socialiste à l’élection présidentielle, qui promet de créer 500 000 "emplois tremplins" dans les secteurs public et le privé en cinq ans, a annoncé cette nouvelle mesure lors d’une rencontre avec la population à la mairie de Guéret, dans la Creuse.

Les artisans et commerçants bénéficiaires de ce dispositif s’engageront en contrepartie à "recruter sur un contrat stable et durable" ces jeunes à l’issue de cette première année.

"C’est même une exigence", a-t-elle déclaré à ce propos, sans préciser quelles sanctions seraient prévues en cas de non respect d’une embauche durable.

Le dispositif des emplois tremplins, hors artisans et commerçants, prévoit un financement total ou partiel des salaires et charges des jeunes pendant six mois.

Pour schématiser, il s’agit donc de faire financer par l’État la première année de salaires et de charges sur de nouveaux "emplois jeunes", en contrepartie de l’engagement par l’entreprise de conserver le salarié une fois cette période terminée.

Décortiquons :

  • Il s’agit forcément d’emplois dont le salaire sera fixé par l’État, puisque l’on imagine mal les pouvoirs publics rembourser un salaire fixé librement par les artisans et commerçants (sans même parler des risques de fraude). Par conséquent, vu l’état de la dette publique, il sera difficile d’imaginer que ce montant sera supérieur au SMIC. Il y sera peut-être même inférieur, s’il s’agit de créer 500 000 de ces emplois. Et on connaît l’impopularité des mesures de type "Smic jeunes".
  • La dette publique : justement, cette mesure risque de lui porter un sacré coup. On veut relancer l’emploi non seulement parce que la lutte contre le chômage est un objectif en soi, mais aussi parce que moins de chômeurs c’est plus de consommateurs, plus de croissance, et donc, ipso facto, une dette réduite plus rapidement. Il n’est donc pas très pertinent de chercher à atteindre ce second objectif en alourdissant dans un premier temps la dette de l’État. Le keynésianisme a des limites.
  • Les artisans et commerçants ayant recours à ces formules devront s’engager à conserver les "jeunes" au-delà de la première année : gare aux effets de seuil. Et comme l’indique la dépêche, s’il s’agit d’une "exigence", il faudra des sanctions. De deux choses l’une alors : soit lesdites sanctions seront si sévères que personne ne se risquera à recruter dans le cadre de ce dispositif ; soit elles ne le seront pas assez pour empêcher les licenciements, et on aura simplement créé un "CDD jeunes". Dans les deux cas, cette mesure sera un échec.
  • Ma dernière objection, comme contre feu le CPE, est liée au fait de proposer un contrat de travail "spécial jeunes". Cette démarche, outre les terribles effets de seuil qu’elle entraînera, repose en effet sur un "jeunisme" qui m’est absolument insupportable. En quoi le chômage des "jeunes" serait-il plus grave que celui des "vieux" ?

Car enfin, qu’est-ce qu’un "jeune" ? Que je sache, notre système juridique connaît trois catégories de personnes basées sur l’âge : les mineurs, les mineurs émancipés, et les majeurs. Si l’on est d’accord pour considérer qu’au-delà de 18 ans, un individu devient un citoyen, et si les citoyens sont libres et égaux en droits, alors pourquoi créer des sous-catégories ?

Mais le jeunisme est partout. Ségolène Royal, championne en titre, utilise le mot "jeune", au singulier ou au pluriel, 322 fois par discours ! Alors soit les jeunes sont tout à la fois la cause, la conséquence, le problème et la solution à tous les maux de notre pays, soit on nage en pleine démagogie.

Pathétique.


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12 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 4 avril 2007 10:33

    Pitié,NON !

    Arrêtez de subventionner des emplois dit « jeunes » et qui exclus des « moins-jeunes »,car quand on propose « un jeune » dont la rémunération est faible est dont les charges sont l’objet d’exonération et bien,« le moins-jeune » qui dispose d’une expérience,avec une rémunération correspondant à son expérience,ne trouve plus de boulôt à son ancien salaire.

    Il ne lui reste qu’a aligner son salaire vers le bas ! si il veut manger.

    Voila ce qu’on produit ces emplois subventionnés :

    LA PRECARISATION DE LA SOCIETE DU TRAVAIL AVEC L’ARGENT DU CONTRIBUABLE !

    Voila une raison supplémentaire pour ne pas voter Ségolène de la Compassion sociale


    • Marie Pierre 4 avril 2007 10:45

      Il y a tout de même des rectifications à faire dans votre article, tout au moins si j’en crois le site Désirs d’avenir

      Chez S. Royal, tout est dans le flou : 190 000 ? 500 000 ? Obligation d’embauche ?

      De toute façon, elle ne connaît pas grand chose au monde des TPE, car n’importe quel employeur dira qu’il est impossible de former une personne n’ayant pas d’acquis en 1 an. C’est la durée moyenne pour une personne titulaire d’un BEP, voire d’un Bac Pro. C’est une mesure qui coûtera très cher aux artisans.

      C’est à l’Etat, via les Chambres Consulaires représentant les TPE de prendre en charge la formation de ceux qui sortent sans diplôme du système scolaire, avec une formation en alternance. Bref, c’est développer ce qui existe déjà...


      • Phileb (---.---.126.27) 4 avril 2007 11:18

        Bravo pour cet article.

        Chaque fois que l’on créer un emploi subventionné, ont le fait payer deux fois aux autres salariés :

        1 - en prenant sur le budget de l’Etat, donc les impôts, donc le fruit du travail des salariés (qui auraient préféré le dépenser eux-mêmes).

        2 - en créant une concurrence déloyale à leur propre emploi. Entre un emploi moins cher et un plus cher, un employeur devra faire preuve de beaucoup d’abnégation pour choisir le plus cher, et à terme, il risque lui aussi de disparaître car il ne sera plus concurrentiel.


        • Phileb (---.---.126.27) 4 avril 2007 15:46

          J’ai oublié la troisième part :

          Le coût du fonctionnaire chargé de recueillir l’argent en question, plus celui charger de le distribuer. D’où, comme toujours, une part prélevée de beaucoup supérieur à la somme ré-introduite.


        • Calmos (---.---.156.183) 4 avril 2007 18:09

          " Vous osez m’opposer des chiffres à une proposition ????

          Moi ;Madame Marie-Ségolène Royale candidate à la Présidence de la République Française je vous fait une proposition : et vous , indignes que vous étes :vous parlez chiffres !!!!

          « JE VEUX UNE FRANCE JUSTE, L’ETAT ET LES PATRONS SONT RICHES :QU’ILS PAIENT »

          C’est dans mon programme ; on ne va quand meme pas ergoter avec des problémes d’intendance quand meme !!!!

          « JE VEUX UNE FRANCE JUSTE » : c’est pas dur a comprendre çà ???

          Ceux qui pensent le contraire sont des menteurs !!! "


          • Vincent 4 avril 2007 18:14

            Cette proposition me semble être adressée directement aux artisans des TPE.

            Bayrou a promis l’exonération de charges pour les 2 premiers salariés d’une TPE,

            Ségolène se devait de répondre à cette proposition par une autre, beaucoup plus tordue, puisque en fait ce serait pour palier les échecs scolaires des élèves sortis en cours de route.

            Donc si je résume, Ségolène propose aux artisans d’embaucher des bons à rien voir des mauvais en tout contre rémunération. (soit)

            Ensuite charge aux artisans de se substituer au système scolaire, pour apprendre un métier à ces fameux exclus. (bon pourquoi pas, il le font déjà sous une autre forme avec l’apprentissage)

            Mais même si les artisans ont la passion de leur métier, même s’ils consacrent du temps à leurs apprentis, je doute fort que ceux-ci soient disposer à signer un chèque en blanc à un jeune exclu du système scolaire.

            Car finalement c’est ce Ségolène leur propose, l’état les paye durant 1 an, et ensuite ils auront l’obligation de les embaucher, même si ce sont des buses.

            En gros, vous artisans soyer de bons formateurs, car nous Etat n’avons pas pu faire correctement ce travail, alors on vous donne une prime avec obligation de résultats, ce que (au passage) nous refusons, nous, Etat de faire dans nos propres établissement scolaire.

            Si ça c’est pas du foutage de gueule. Franchement, je ne vais pas risquer d’être obliger d’embaucher quelqu’un au bout d’un an si malgré tous les efforts de formation que j’aurai pu faire, il reste mauvais.

            L’artisanat est un secteur très dur, il nécessite énormément de sacrifices, financiers et personnels alors je ne pense pas que les artisans soient près à mettre en péril leurs entreprises avec ce type de mesure.

            Pour finir sur une note un peu plus optimiste, l’apprentissage est une très bonne formation, mais il faut qu’elle soient encadrée et demande énormément de temps et d’investissement (pas financiers), ce que n’ont pas forcement tous les artisans.

            Pour finir je pense que l’exonération de charges durant une ou deux années est une bonne solution. Car lorsque vous décidez d’embaucher une personne au smic, cela coûte au final à votre société environs 22000€ par an. Avant d’embaucher quelqu’un vous devez être certain de pouvoir avec cette personne augmenter vos bénéfices de ce montant sinon vous perdrez de l’argent.

            L’économie réaliser par une éventuelle exonération de charges ramènerait le seuil de 22000€ à 15000€ à peut prêt.


            • pak (---.---.105.168) 4 avril 2007 20:47

              Excellent article (dramatiquement réaliste) ! Pour le sujet de la formation, un système moins orienté « bac » et plus vers les « métiers » permettrait de limiter la casse sur l’emploi. Il est regrettable que le travail manuel soit autant dévalorisé dans notre pays.


              • seb59 (---.---.180.194) 5 avril 2007 08:32

                L’emploi des jeunes !

                Et on va les trouver ou ces emplois ? Elle est marrante segolene. Il y a plus de 4 millions de chomeurs en france.

                S’il y avait 4 millions d’emplois oubliés dans un coin ca se saurait ! smiley

                Le plus grave c’est que l’aspect developpement economique, protection du marché, aide aux entreprises est completement absent de son programme alors que c’est la base meme de notre economie.

                Sans economie, pas d’entreprise, pas d’emploi donc pas de pouvoir d’achat (et pas d’aides, ni d’integration).

                Trop compliqué pour les socialistes ??? smiley


                • phileb (---.---.112.166) 5 avril 2007 09:33

                  « Le plus grave c’est que l’aspect developpement economique, protection du marché, aide aux entreprises est completement absent de son programme alors que c’est la base meme de notre economie. »

                  Non justement, c’est à cause de l’hypertrophie de l’Etat qu’il y a tant de chômage en France.

                  Donc, surtout, qu’elle ne subventionne pas les entreprises, qu’il n’y ait pas de lois protectionnistes, ni de relance artificielle de la consommation. Ce sont toutes les recettes que l’on nous sert depuis 30 ans pour les résultats qu’on connait.

                  Regardons autour de nous : en Suède, en Irlande, au Canada, en Australie ...

                  Dans tout ces pays le moins d’Etat et les délégations de service public auprès d’entreprises privées ont généré de l’emploi, baissé la dette public et améliorer les dits services.


                • seb59 (---.---.180.194) 6 avril 2007 09:53

                  Ca tombe bien, je n’ai jamais parlé d’augmenter le nombre de services publiques, mais bien de remettre nos entreprises à leur place c’est à dire en moteurs de l’economie.

                  Je dis que le plus important c’est le developpement des entreprises et du marché francais. Car c’est le seul facteur de croissance.


                • (---.---.185.253) 5 avril 2007 09:23

                  Que propose SR pour tous les BAC+5 sans emploi car ils ont choisis d’etudier la psychologie, la philosophie, les langues, les arts ? Il y’a tant de jeunes capables, travailleurs qui ont etes mal aiguilles et sont incapables de trouver un emploi.

                  De l’autre cote, les metiers du batiment, de l’hotellerie, de la sante n’arrivent pas a embaucher.

                  C’est l’orientation des jeunes qu’il faut changer. Reorienter les etudiants en philo vers le droit, ceux des langues vers l’hotellerie, limiter les entrees en universite et augmenter celles dans les BEP qui embauchent. La France gaspille ses ressources intellectuelles et manuelles et il serait si simple d’ameliorer cela


                  • Fred (---.---.155.75) 6 avril 2007 11:05

                    Ce n’est pas pour etre mechants mais ca se sait qu’il y a tres peu de debouches en lettre, psycho, phylo et les arts. Les jeunes qui y vont se voilent la face s’ils pensent qu’il y a beaucoup d’emplois qui les attendent par la suite.

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Rubin Sfadj

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