Le Royaume des Francs n’est pas mort mais agonise
L'Union Européene est à un tournant. A l'aube du Brexit, qu'il soit with ou without deal, notre époque semble être celle du point culminant de cette union transnationalle. Même si une pointe d'inquiétude commence à naitre chez les plus fervents défenseurs européistes, il perdure la conviction que le Brexit n'est qu'un gravier sur le chemin de la construction européene. Derrière cette motivation sans faille se trouve une justification historique souvent usitée : C'est la première fois que l'humanité essaye de s'unir entre peuples, démocratiquement et à si large échelle. Il est donc normal que ce prototype soit imparfait, et que la primauté de l'événement puisse excuser quelques ratés de développement. Ce poncif se revele en réalité tout à fait contradictoire avec notre histoire européene.
La naissance du couple franco-germanique
Le couple franco-allemand est consideré, à raison, comme la locomotive de l'Europe. Fort volume démographique, tissu économique dense, traditions diplomatiques presque millénaires. Si il est assez aisé de dater la naissance de l'Allemagne, avec la proclamation du Reich de 1871, il est en revanche plus compliqué de trouver un certificat de naissance faisant l'unanimité pour la France. Pour certains, il s'agit de 1789, pour d'autres, du règne de Philippe-Auguste, qui au XIIème siècle dote la France d'une administration ; pour les plus traditionnels, du baptème de Clovis qui propulse la France dans la chrétienté, et enfin pour les plus fantasques l'origine de la France est à trouver chez les gaulois.
Charlemagne a un rôle décisif dans notre histoire. Non pas notre histoire française, ni "leur" histoire teutone, mais notre histoire européene. Les deux nations se battent pour la postérité de l'homme, chacun estimant être "plus", ou "mieux" descendant que l'autre. Or il est intéressant de noter que l'Empire Carolagien, qui a son appogée formait grossièrement un rectangle dont Brest, Barcelone, Dantzig et Prague étaient les sommets. Si l'on accepte le fait que l'Empire Carolagien n'était ni tout à fait français, ni tout à fait allemand, il était en revanche totalement européen.
La stratégie expansionniste de l'Empire Carolagien a des raisonnances troublantes avec l'expension européene. Cet état supra-national s'est doté de marches (Equivalentes à la Bohème et à la Croatie), zones de second rang, pas tout à fait intégrées à l'ensemble, mais utilisées comme tampon fasse à l'envahisseur oriental. Les derniers élargissements de l'Union Européene sont caractérisés par deux phénomènes : l'absence totale de prise en compte des spécifictés culturelles et des éventuels retards économiques de certains nouveaux membres, et surtout la volonté le repousser au plus loin possible la frontière vers l'est. Pays de second rang, vocation de tampon face aux Slaves, voila qui se dessine une réalité confondante pour l'Union Européene et sa vocation, depuis l'Empire Carolingien : un duel franco-allemand, avec les autres.
La seconde incarnation, le Saint Empire romain germanique
Si Charlemagne n'était pas tout à fait français, le leg de l'Empire d'occident est finalement transmis à Otton, qui lui était entièrement allemand. La structure de cet état a des ressemblances intéressantes avec la certaine vision de la démocratie défendue par les européistes. L'empeur était élu par sept princes électeurs, choisis parmis les dizaines, voire centaines, d'états qui ont composé cet Empire. Aujourd'hui, les membre de la commission européene, organne central du pouvoir et de la décision législative européene, sont nommés par nos princes nationaux, qu'ils soient présidents ou chanceliers.
Les frontières de la France ont constament été menacées par cet Empire. Le royaume de France, par nécéssité stratégique, s'est petit à petit glissé dans un rôle d'arbitre de l'Empire, notamment pour contrer la montée en puissance des Habsbourg autrichiens, dont le règne presque sans partage du XVème au XIXème siècle a fait de ce petit état alpin un géant menaçant. Ce rôle d'arbitre, souvent caractérisé par la défense des "petits" du Saint-Empire, puis des protestants, a permis de faire perdurer la dualité du couple franco-allemand au cours du IIème millénaire.
La tentative Napoléonienne
L'idée de défendre l'opprimé était une des valeurs portée par les Républicains, à l'issue de la revolution de 1789. L'affranchissement des peuples européens a surement été une motivation sincère des Girondins, pour faire entrer la France en guerre contre les grandes puissances en 1792, volonté auquel Robespierre répondait avec un certain réalisme : " La plus extravagante idée qui peut naître dans la tête d’un politique est de croire qu’il suffise à un peuple d’entrer à mains armées chez un peuple étranger, pour lui faire adopter ses lois et sa constitution. Personne n’aime les missionnaires armés… ".
L'essai républicain porté par la Révolution, transormé par la dictature Bonapartienne, a finalement presque permis au rêve girondin de se réaliser. Napoléon repousse les frontières de la France bien au delà de ses frontières naturelles, jusqu'à finalement dépasser en taille l'Empire Carolingien. Justifiant cet impéralisme par la nécéssité de répandre les valeurs républicaines, avec la redondance révolutionnaire de l'affranchissement des peuples, Napoléon aura aussi déclaré "La bonne politique est de faire croire aux peuples qu'ils sont libres"(2). Au final, les tueries en masse Napoléonienes n'auront permis sur le plan Européen que de permettre à sa famille d'intégrer l'aristocratie continentale, de s'intégrer dans cette oligarchie décideuse, envers et contre tous. Napoléon Ier était issu de la petite noblesse corse, Napoélon VI travaille actuellement à la City.
L'époque moderne
A son arrivée au pouvoir, de Gaulle choisi de ne pas détruire l'Europe, projet enquel il ne croit ni en terme de légitimité historique, ni en termes d'opportunités futures. Son consentement d'alors tient peut-être de la situation de l'Europe politique, telle qu'elle était à cette période. La CEE est composée originellement de 6 membres : La France, l'Italie, la RFA, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg. Ou l'on pourrait dire, avec une pointe de cynisme : La France, un pays n'étant pas une vraie nation se relevant à peine du fascisme, une moitié de pays se relevant du nazisme, un ancien département français, un pays de taille moyenne qui a toujours été charié par les grandes puissances, et un confetti. Peut-être envisageait-il la CEE comme étant la France et sa périphérie, ce qui aurait été cohérent alors.
Les peuples manifestent de plus en plus leur opposition à l'Europe. Une opposition qui reste moderée, tact qui s'explique notamment par le chantage à la peur permanant de l'Union Européene. Qu'il s'agisse des Brexiteurs, ou de la tentative souverainiste des premières semaines du gouvernement Tsipras, on promet l'ouverture des enfers et la pluie de sauterelle à quiconque veut changer la règle du jeu. Le départ du Royaume-Uni est loin d'être une anecdote, même si il est amenuisé par le fait que son intégration européene n'a jamais été perçue comme étant vraiment sincère. Atlantisme, proximités culturelles évidentes avec les Etats-Unis d'Amérique, situation géographique détachée du reste du continent, le vaisseau anglais finit par prendre le large.
Cette particularité novatrice, le fait de quitter l'Union, se pose une nouvelle fois en mirroir du passé : l'Empire Romain n'aura jamais réussi à totalement contrôler les îles britanniques, malgré son hégémonie continentale. Cet Empire peut bien sûr être assimilé à une construction pan-européene, l'idée de la Pax Romana et de la diffusion de la civilisation est en effet très proche de l'attitude Napoléonienne puis européene (Car, comme on aime dire, l'UE nous apporte la paix). On peut se demander si les impéralistes romains savaient qu'ils périclitaient, si ils ont eu la même certitude d'avoir raison jusqu'au bout. Syagrius, dernier Roi des romains, règnait sur le domaine gallo-romain de Soisson, dernière entité relative à un Empire pulvérisé par les invasions barbares. Est-ce que les européistes se considereront comme étant toujours représentants de l'Europe lorsqu'ils se seront retranchés entre Francfort et Luxembourg ?
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