Le salut des musulmans de France, une œuvre de salut public
Le salut des musulmans de France, une œuvre de salut public
Odon Lafontaine - 13 déc. 2019
Auteur du Grand Secret de l’Islam[1] et de La Laïcité, mère porteuse de l’islam ?[2] ;
membre de l’association EEChO[3] ; engagé dans la nouvelle
évangélisation auprès des musulmans avec le projet Mission Ismérie
Article publié dans Liberté Politique, n°83, décembre 2019[4]
Il ne faut pas se mentir : parmi les nombreux problèmes qui accablent la France, on ne saurait sous-estimer ceux que pose l’islam, et plus exactement ceux que pose le développement d’une très importante minorité musulmane, principalement d’origine étrangère[5]. Les leçons de l’histoire sont univoques - il n’est que de considérer les précédents du Liban, des Balkans, du Kosovo : plus les minorités musulmanes sont nombreuses, plus elles se conçoivent elles-mêmes comme constituant une communauté musulmane, plus l’être collectif de l’islam se fait sentir. L’islam est en effet une religion de pratique individuelle ET de pratique collective, ce dernier élément étant souvent incompris ou ignoré par les Occidentaux biberonnés à l’individualisme et à la religion du quant à soi. Le jihad est ainsi théoriquement (selon la charia) une obligation religieuse collective : il faut que la communauté le soutienne ou y participe d’une manière ou d’une autre. Tout comme l’obligation de se doter de chefs et de juges musulmans pour que la communauté vive selon la loi musulmane (et à terme que les non-musulmans s’y soumettent aussi) : il faut que la communauté travaille d’une manière ou d’une autre à cet objectif. Et de ce fait, plus la minorité grandit et se constitue en communauté, plus il devient alors difficile aux Français musulmans d’échapper à la logique centripète de la communauté musulmane, et au langage religieux (Coran, tradition, charia) qui la justifie, lequel langage ne faisant que traduire des ressorts psychologiques qui remuent au plus profond la conscience des croyants : suprématisme, esprit de corps, victimisation et paranoïa de persécution, réaction au scandale de l’empire du mal, messianisme politique, etc. Et ce d’autant plus que ces ressorts psychologiques sont maniés avec habileté par des militants chevronnés, comme l’a montré par exemple la récente manifestation contre l’islamophobie du 10 novembre 2019, petit bijou de subversion politico-religieuse. Existe-t-il en effet un pays musulman où les musulmans seraient plus libres qu’en France, ou qu’en Europe ?
L’ISLAM ET LA RÉVOLUTION DU SAVOIR
Ainsi, les inquiétudes grandissent-elles, à raison. Mais pour beaucoup, elles empêchent de voir quelle est la situation réelle de l’islam au niveau mondial. Certes, par bien des aspects, il y a de quoi nourrir aussi ces inquiétudes : 97% environ des musulmans dans le monde - c’est-à-dire tous les musulmans des pays musulmans - sont gouvernés par des régimes islamistes, ou que la doxa française qualifierait d’islamistes. Tous ces pays, fédérés au sein de l’OCI (Organisation de la Coopération Islamique), développent des stratégies communes d’islamisation du monde non musulman, particulièrement de l’Europe[6], et des stratégies de ré-islamisation et de sur-islamisation de leurs populations, très influencées par le mouvement de réforme et de mise à jour de l’islam opéré par les Frères Musulmans. Les institutions et autorités du monde islamique sont ainsi aux mains de musulmans « durs », et il y a bien peu à attendre d’elles pour faire évoluer les choses dans le bon sens. Pourtant, cela bouge énormément dans les pays musulmans. Il se produit en effet dans les sociétés civiles elles-mêmes un grand mouvement de mise en cause de l’islam qui conduit à une forme de polarisation entre tenants d’une critique fondamentale, jusqu’à l’abandon de l’islam, et partisans d’un islam de plus en plus dur, de plus en plus « radical ».
C’est un phénomène dont on a très peu conscience en Occident, qu’on peine à voir tant on y est englué dans ses problèmes, dans sa vision d’un islam limité aux seuls musulmans locaux, et particulièrement aux plus remuants d’entre eux. De plus, ce vacillement de l’islam dans les pays musulmans eux-mêmes n’est bien évidemment pas mis en avant par les autorités musulmanes… La critique fondamentale de l’islam conduit en effet nombre de musulmans à l’apostasie - secrète et silencieuse pour la plupart - et même à la conversion au christianisme. Ce phénomène absolument inédit dans l’histoire est le fruit de la révolution du savoir ouverte avec celle d’Internet et des technologies de communication (télé satellite notamment). Elle permet aux musulmans, pour la première fois, d’accéder à la connaissance par eux-mêmes et non plus par la médiation de leurs clercs. Ils ont désormais accès par eux-mêmes à leurs propres textes - Coran, hadiths, vie du Prophète, traditions, etc. Ils ont désormais accès par eux-mêmes à l’histoire de l’islam, et aux agissements de certains musulmans - notamment les exactions des jihadistes, opérées à l’imitation de celles du Prophète ou de ses compagnons et dont ils peuvent vérifier l’islamité par eux-mêmes. Ils ont accès par eux-mêmes à la recherche critique sur les origines de l’islam, laquelle se révèle impitoyable pour la tradition musulmane en montrant que son schéma fondamental est faux : l’islam ne vient pas de la prédication de Mahomet à des bédouins incultes entre La Mecque et Médine. L’islam est la reconstruction par les califes de Damas et de Bagdad d’une idéologie politico-religieuse de légitimation de leur pouvoir total et de leurs prétentions à conquérir le monde[7]. Enfin, ils ont accès par eux-mêmes, directement, aux Évangiles et aux chrétiens, ce qui, là aussi, constitue une première dans l’histoire.
L’ISLAM EST EN CRISE PROFONDE
Cette révolution du savoir se produit en outre alors que se déploie la pire crise existentielle qu’ait jamais connue l’islam. Il faut comprendre en effet que l’islam est en profonde détresse depuis plus de deux siècles, au moins : son modèle impérial et ses structures traditionnelles se sont effondrés, son calife a été déposé, ses prétentions à dominer le monde entier et son suprématisme dogmatique[8] ont été complètement mis à bas et contredits par l’impérialisme occidental, par la colonisation et par l’hégémonie militaire, commerciale, financière et culturelle de l’Occident, aujourd’hui plus que jamais. C’est sa conception même du sens de l’histoire qui est mise en défaut. Du point de vue de ses objectifs fondamentaux, de son messianisme politique, l’islam doit ainsi faire face à l’échec complet de son projet. C’est pour cela que sont apparus des mouvements réformistes au XIXe et surtout au XXe siècle, qui ont voulu remettre à jour les tactiques islamiques pour atteindre les buts initiaux, en particulier le mouvement des Frères Musulmans.
Cette crise est cependant très profonde aussi dans le sentiment religieux des musulmans eux-mêmes, dans le sens personnel que l’islam donne à leurs vies. En-deçà du sens collectif, du grand projet d’islamisation du monde, l’islam propose en effet son paradis aux « bons musulmans ». C’est l’espérance personnelle qui leur est donnée (avec son corollaire : la terreur inspirée par les descriptions de l’enfer). Mais comment savoir si l’on est un « bon musulman » ? L’incertitude du salut est très grande chez les musulmans, à l’image de la terrible peur de l’enfer. La seule façon d’être assuré de son aller direct au paradis, c’est de mourir au jihad - ce qui faisait dire à certains observateurs que le jihad était le sommet de la spiritualité musulmane... Mais pour les autres, il faut parvenir à être un « bon musulman ». Rien de plus facile lorsqu’on peut se définir ainsi par rapport aux figures du mal que sont les non-musulmans, en particulier les Juifs et les chrétiens. Or, depuis ce vingtième siècle, ils se font de plus en plus rares en terre d’islam à force de génocides, de persécutions et d’émigration. Les musulmans s’y retrouvent de plus en plus entre eux, et les logiques profondes de guerre civile et d’opposition des uns aux autres se réactivent, elles qui accompagnent l’islam depuis ses origines. Prosaïquement, le « bon musulman » ne peut plus se définir comme tel en se comparant au non-musulman. Il lui faut donc se comparer au « mauvais musulman ». Ceci nourrit une sorte de concurrence entre musulmans, à savoir qui aura le meilleur comportement musulman, qui sera le « bon musulman » qui ira au paradis, et donc qui portera le voile le plus couvrant, le voile le plus islamique, qui fera le ramadan le plus strict, qui aura la marque de prière sur le front la plus visible, etc. Jusqu’à fatiguer nombre de musulmans de cette incessante course à l’échalote, jusqu’à les écœurer de l’islam.
Le vacillement de l’islam est donc bien réel, conduisant ainsi à ce phénomène de polarisation, et même, osons le mot, de jugement au sens biblique : les musulmans en viennent peu à peu à sortir de l’indétermination, à se prononcer absolument contre l’islam, ou bien absolument pour l’islam, au mépris alors des faits et de la vérité (ce qui mène ainsi à une « radicalisation » de plus en plus dure, de plus en plus aveugle au réel). Quant à ceux qui quittent l’islam, c’est pour l’athéisme, mais aussi, pour une part significative, pour devenir chrétiens. Partout dans le monde, il se fait ainsi sentir un « grand souffle dans la maison de l’islam ». C’est le titre même d’un livre dédié au phénomène[9] décrivant par le menu cet immense mouvement de conversion au christianisme au sein des communautés musulmanes du monde entier, dans toutes les différences de leurs pratiques de l’islam. C’est un phénomène inédit dans l’histoire : depuis que l’islam existe, jamais on n’avait vu autant de musulmans devenir chrétiens.
LE PHÉNOMÈNE MONDIAL D’APOSTASIE ET DE CONVERSION AU CHRISTIANISME
L’ampleur de la chose est difficile à évaluer avec précision : la charia requiert la peine de mort pour ceux qui quittent l’islam, ce qu’appliquent encore certains pays. Dans l’ensemble, apostats et convertis risquent tous des persécutions plus ou moins sévères – a minima la mort sociale et la rupture avec le milieu d’origine (un ex-musulman en pays musulman se voit par exemple automatiquement divorcé de son épouse musulmane et perd ses droits sur ses enfants, supposés être musulmans en vertu de la charia). Nombreux sont ceux qui doivent endurer la torture. L’apostat, et plus encore le converti, sont sources de déshonneur pour la famille et il n’est pas rare qu’ils soient tués par leurs proches. Voilà pourquoi on voit si peu d’ex-musulmans se déclarer publiquement (y compris en France). En outre, la conversion au christianisme du point de vue des musulmans est bien pire que l’athéisme : elle s’apparente à la trahison absolue et, par conséquent, elle doit être réprimée et dans la mesure du possible être tenue secrète. Familles comme autorités musulmanes préfèrent ainsi rester discrètes sur ce phénomène, craignant des effets d’entraînement ou de contagion. Les informations sur ce phénomène de conversion et d’apostasie de l’islam en pays musulman sont donc rares. Toutefois, il reste possible de s’en faire une idée en relevant divers signaux faibles, qui le deviennent d’ailleurs de moins en moins :
- Les témoignages des apostats et des convertis eux-mêmes, ou ceux des Églises qui les accueillent, témoignages discrets le plus souvent ;
- Les reportages de journalistes ou observateurs étrangers aux pays musulmans, moins sensibles aux pressions qui s’y exercent - cas par exemple de l’étude Arab Barometer, qui relève la montée très sensible de la défiance vis-à-vis de l’islam et de la « perte de la foi dans les partis et leaders religieux »[10] ;
- Le succès inouï des émissions télévisées chrétiennes qui traitent de ce sujet (comme celles du prêtre copte Zakaria Boutros ou de Frère Rachid) ;
- Le succès et la multiplication des critiques de l’islam sur internet, des chaînes YouTube, des vidéos réalisées par des ex-musulmans (cas emblématique de « Box of Islam », d’Hamed Abdel-Samad, réfugié en Allemagne, ou bien du blogueur égyptien Sherif Gaber, persécuté par le pouvoir)
- La réaction des autorités dans les pays islamiques, essentiellement répressive et diffamatoire, qui est souvent proportionnelle à l’ampleur locale de la dynamique des conversions ou de la progression de l’athéisme. L’Algérie a ainsi subitement décidé de fermer une cinquantaine d’églises évangéliques (dont la principale rassemblait 1500 personnes !) tandis que L’Egypte réfléchit à criminaliser l’athéisme. Évoquons aussi les révoltes en cours en Iran, où l’islam ne tient plus qu’à un fil, celui de la Révolution islamique, frontalement contestée par la jeunesse et une part croissante de la société civile. On compterait ainsi 800 000 chrétiens convertis en Iran (hors chrétiens « historiques », comme les Chaldéens). A l’inverse, on peut observer aussi que ces autorités se voient contraintes de « lâcher du lest », au moins en apparence (cas du fameux discours du président égyptien al-Sissi devant les dignitaires de l’Université de l’Azhar, où il dénonçait la violence, le sectarisme et le suprématisme de l’islam, et enjoignait son savant auditoire à la réforme de l’islam) ;
- Les lamentations de certains religieux et savants musulmans dans les pays d’islam, déplorant les apostasies et la perte du sentiment religieux musulman.
L’OCCIDENT A LA TRAINE ?
Ce phénomène de « jugement » de l’islam se révèle ainsi absolument massif, et à l’œuvre dans tous les pays musulmans. Pourquoi donc ne franchit-il pas la Méditerranée, pourrait-on alors se demander. Hé bien, il est en train de le faire en tapinois. Mais ici, en Occident, l’islam trouve un autre environnement que celui des pays musulmans et de la crise existentielle qui y fait rage. Certes, on pourrait évoquer « l’islamo-gauchisme » et sa promotion suicidaire de l’islam, son soutien au chantage à l’islamophobie, au communautarisme, à la censure de la critique envers l’islam… Mais il y a plus déterminant encore pour comprendre la particularité de cet environnement : l’Occident est en effet la ligne de front de l’islam, c’est ici que le projet d’islamisation du monde peut encore se déployer, c’est ici que les espérances messianistes de l’islam ont encore un vague sens. De plus, ici en Occident se trouvent à foison des figures du mal grâce auxquelles les musulmans militants peuvent se définir en réaction comme les figures du bien, comme de « bons musulmans », et gagner ainsi leur paradis : athéisme, matérialisme, porno, finance déchaînée, LGBT, LGBTQIA+, dévirilisation, vagabondage sexuel, etc. sont autant de moteurs de la « sur-islamisation » de certains musulmans (et jusqu’à l’islamo-gauchisme lui-même, qui peut être vu par les musulmans comme une figure du mal !). C’est exactement l’expérience de Sayyid Qutb († 1966), un des idéologues majeurs des Frères Musulmans. Il décrivait ainsi l’Amérique des années 1930 dans laquelle il avait vécu :
« Je suivais une ligne agressive contre cette "ignorance anté-islamique" moderne et occidentale, avec des croyances religieuses bafouillantes et des situations sociales, économiques, morales désastreuses. Toutes les représentations des "hypostases" de la Trinité, du péché originel, de la Rédemption, n'ont fait que du mal à la raison et à la conscience ! Et ce capitalisme d'accumulation, de monopoles, d'intérêts usuriers, tout d'avidité ! Et cet individualisme égoïste qui empêche toute solidarité spontanée autre que celle à laquelle obligent les lois ! Cette vue matérialiste, minable, desséchée de la vie ! Cette liberté bestiale qu'on nommait "la mixité" ! Ce marché d'esclaves nommé "émancipation de la femme", ces ruses et anxiétés d'un système de mariages et de divorces si contraire à la vie naturelle ! Cette discrimination raciale si forte et si féroce ! En comparaison, quelle raison, quelle hauteur de vue, quelle humanité, en Islam ! »[11]
Imaginons donc alors aujourd’hui, dans l’Occident des années 2000, ce qu’un tel idéologue pourrait écrire. Ou plutôt n’y a-t-il guère besoin de l’imaginer : ses successeurs Frères Musulmans ont développé le discours, l’ont adapté à l’évolution de notre société décadente, et n’ont de cesse alors que d’opposer les musulmans à la société occidentale, au besoin par le mensonge et la tromperie afin de surjouer la victimisation et d’engager de plus en plus les musulmans dans la communautarisation et le grand projet d’islamisation du monde, à commencer par cet Occident honni. Ainsi Marwan Muhammad haranguait-il ses coreligionnaires à la mosquée, alors es qualité de porte-parole du Comité Contre l’Islamophobie en France :
« C’est l’histoire d’un pays qui chaque jour bascule un peu plus dans l’islamophobie. Ce pays, c’est pas l’Allemagne des années 30. C’est la France des années 2010. Cette façon de nommer un culte, cette façon de nommer des croyants, cette façon de les stigmatiser et de dire qu’ils posent problème et qu’ils mettent en péril l’identité du pays, c’est exactement la manière dont on stigmatisait les Juifs au début du siècle dernier. C’est pas dans l’Allemagne des années 30 qu’on mitraille des mosquées. C’est pas dans l’Allemagne des années 30 qu’on dit à des enfants tu n’iras pas au centre de loisirs parce que tu ne veux pas manger du pâté et du jambon à l’école. Ça n’est pas dans l’Allemagne des années 30 qu’on viole des femmes le jour de l’Aïd. Qu’est-ce que nous, musulmans, on fait pour changer ça ? Et est-ce qu’on est responsable de changer ça ? La réponse est dans la question. »[12]
C’est ce même personnage qui fut une cheville ouvrière de la manifestation contre l’islamophobie, évoquée ci-dessus. Il y a donc un contexte militant, une lecture islamique de l’environnement occidental qui les différencient de ceux des pays musulmans, et qui peuvent expliquer pourquoi ce phénomène mondial de mise en cause de l’islam semble se faire moins sentir en Europe. Mais il ne faut pas s’y tromper : le phénomène arrive. Il y a déjà de très nombreux ex-musulmans en Occident, et particulièrement en France. Certains deviennent célèbres, et leur parole commence d’être portée sur la scène publique : Majid Oukacha, par exemple, et les 10 millions de vue ou presque au compteur de sa chaine YouTube, Zineb el Rhazoui, la « rescapée de Charlie Hebdo » au verbe haut et sans concessions… Il faut voir les réactions que suscitent leurs interventions publiques chez les musulmans. Il faut voir aussi le questionnement fort légitime que suscitent leurs positions anti-islam : qu’est-ce que ces apostats notoires ont-ils à proposer aux musulmans ? Quel modèle de société, sinon celui-là même que dénonce l’islam militant, en partie à raison ? Quelles espérances proposent-ils aux musulmans, quel sens de l’histoire, quel sens de la vie, à même de satisfaire les attentes que l’islam a mis dans le cœur de ses croyants ? Notre société est elle-même en perte de sens, au point que l’on peut souscrire largement à certaines des dénonciations musulmanes de ce qu’elle est devenue, à la dénonciation des « figures du mal » listées ci-dessus. On se retrouve ici piégé par la tenaille idéologique à l’œuvre dans ce troisième millénaire : d’un côté l’islam, un islam de plus en plus dur, et de l’autre le progressisme écolo-consumériste-multiculturel-bobo-polygenré, la fausse alternative que serait celle des « hyper-soumis » d’un côté et des « hyper-libres » de l’autre.
LE SALUT DES MUSULMANS DE FRANCE, UNE ŒUVRE DE SALUT PUBLIC
Il existe pourtant bel et bien une troisième voie. C’est celle que nous montrent d’autres ex-musulmans, ceux qui se sont convertis au christianisme. A l’image de Joseph Fadelle, musulman d’Irak descendant de Mahomet, devenu chrétien au péril de sa vie et réfugié en France, dont le témoignage a beaucoup circulé, et qui continue plus que jamais de se diffuser[13]. Ou bien de Mehdi-Emmanuel Djaadi, autre converti, français celui-ci, qui met en scène l’histoire de sa conversion dans le jubilatoire spectacle « Coming Out »[14]. Ces témoignages interpellent l’âme française au plus profond : ils lui montrent quel est le sens de son histoire, ce que signifient ses racines chrétiennes, et ce qu’elles peuvent toujours produire aujourd’hui. Non seulement y va-t-il du salut de ces convertis, mais aussi de tous ceux qui les écoutent, et s’en trouvent ragaillardis dans leurs parcours spirituels, ou, pour ceux qui se croyaient athées, mis devant l’évidence d’une foi vivante, dépoussiérée, active, exemplaire, motivante et porteuse de nombreux fruits.
Ces apostats, et plus encore ces convertis sont la boule de neige en train de déclencher l’avalanche. Plus ils seront nombreux, plus il sera facile aux musulmans de devenir chrétiens, plus et mieux ceux-ci pourront-ils être accueillis. Les convertis annoncent ainsi la mise en cause générale de l’islam en France qui commence de se produire en sous-main, et l’irruption du « grand souffle dans la maison de l’islam » en train de passer la Méditerranée. Ils disposent des codes de l’islam, ils comprennent leurs ex-coreligionnaires, ils sont les mieux armés pour dialoguer avec eux - et ils le seront d’autant mieux qu’ils seront aidés, appuyés et choyés par la société civile, en particulier par les chrétiens. C’est en effet une mission primordiale pour les chrétiens, pour le salut personnel de chacun des musulmans en France, coincés avec les chrétiens dans la tenaille vicieuse des hyper-soumis et des hyper-libres, mais dont les chrétiens sont quasiment les seuls à pouvoir à la fois la comprendre, la dénoncer et la dépasser par la proposition des vraies espérances. C’est d’autre part une mission impérative pour les chrétiens au nom du souci du Bien Commun qui doit les animer, au nom de leur engagement dans la cité. La conversion des musulmans au christianisme est en elle-même un facteur mécanique, tout simplement démographique, d’apaisement des tensions évoquées ci-dessus par l’affaiblissement conjoint des deux mâchoires de la tenaille. Elle est aussi facteur de paix durable par la dénonciation des doctrines politico-religio-spirituelles totalitaires, particulièrement celle de l’islam en illustrant par l’exemple la fausseté de son suprématisme et en opérant un travail de désarmement des esprits musulmans et de déradicalisation : il n’y aura pas de « paradis sur terre » pour lequel il mériterait de faire violence, les hommes n’ont pas à se substituer à Dieu et à appliquer en son nom ce qu’ils croient être son jugement. La conversion des musulmans au christianisme porte de plus en elle le vrai universalisme qui a longtemps animé la France, celui qui a forgé son union à partir de toute la diversité de ses peuples. C’est cet universalisme chrétien, en Occident comme en Orient, qui est facteur de vraie convivialité, comme il l’a été dans le passé chrétien de tous leurs pays, comme il doit l’être face aux projets de la société multiculturelle, en réalité multiconflictuelle, qui se révèle comme un désastre total.
C’était déjà l’intuition des mystiques (faut-il encore citer Charles de Foucauld ?[15]) : la conversion des musulmans à la foi chrétienne est non seulement la clé de leur salut, mais elle est aussi en elle-même, pour elle-même, une œuvre de salut public. Pour aider la boule de neige à devenir avalanche, il est donc plus urgent que jamais que les chrétiens s’engagent dans la cité, et donc s’engagent dans la mission (comme Mgr Rey les y incite directement dans son dernier livre[16]). Ils peuvent par exemple rejoindre ou soutenir les œuvres pionnières que sont les Forums Jésus le Messie (https://www.jesus-messie.org/), forums organisés par des convertis ex-musulmans pour sensibiliser à leur accueil dans l’Eglise, à la mission auprès des musulmans et à la réalité de l’islam, ou bien la Mission Angélus (http://www.missionangelus.org/), qui met en œuvre des groupes de mission de rue, et des formations à la mission auprès des musulmans. « C’est maintenant le temps favorable » !
[1] Le grand secret de l’islam, à lire et télécharger depuis le site http://legrandsecretdelislam.com
[2] P. Michel Viot et Odon Lafontaine, La Laïcité, mère porteuse de l’islam ?, préface de Rémi Brague, Editions Saint-Léger-Les Unpertinents, 2017
[3] EEChO, Enjeux de l’Étude du Christianisme des Origines, http://www.eecho.fr/
[4] http://www.libertepolitique.com/La-revue/La-revue-Liberte-Politique/L-islam-la-France-et-la-mission
[5] 7% des musulmans en France sont nés de parents non musulmans, et donc 93% des musulmans en France sont nés musulmans, dont quasi tous d’origine immigrée d’origine étrangère (ou étrangers) selon l’étude de l’Institut Montaigne dirigée par Hakim el Karoui (rapport de l’Institut Montaigne de 2016 « Un islam français est possible » qui s’appuyait sur une enquête IFOP)
[6] Voir par exemple le travail réalisé par Jean-Frédéric Poisson de mise en lumière de la « Stratégie de l'action culturelle islamique à l'extérieur du monde islamique », poursuivie depuis 20 ans par tous les pays musulmans (L'Islam à la conquête de l'Occident : la stratégie dévoilée, Éditions du Rocher, 2018)
[7] On le savait depuis un moment, comme en témoignait Le Grand Secret de l’Islam (Odon Lafontaine, op. cit.). La sortie récente de l’ouvrage monumental Le Coran des Historiens, dirigé par Guillaume Dye et Mohammad-Ali Amir-Moezzi, fruit de la collaboration d’une trentaine des meilleurs universitaires mondiaux le montre à son tour (aux Editions du Cerf, novembre 2019)
[8] « Vous êtes la meilleure des communautés qu’on ait fait surgir parmi les hommes » dit ainsi le texte coranique aux musulmans (S3,110)
[9] David Garrison, Un grand souffle dans la maison de l’islam, Éditions Première Partie, 2015
[10] https://www.arabbarometer.org/ La dernière étude, relayée en France par Les Echos (article « L'islam en perte de vitesse dans le monde arabe » du 6 déc. 2019) montre en filigrane la déliquescence de l’islam, particulièrement prononcée dans certains pays (Tunisie, Algérie). Cf. https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/lislam-en-perte-de-vitesse-dans-le-monde-arabe-1154401
[11] Sayyid Qutb, Jalons sur le chemin, Le Caire, 1964, nouvelle édition Union Islamique Mondiale, 1980
[12] Discours de Marwan Muhammad prononcé à la mosquée de Vigneux le 30 avril 2011, invité en tant que porte-parole du CCIF. Cf. http://www.ikhwan.whoswho/blog/archives/10790
[13] Voir son livre Le prix à payer (J. Fadelle, Pocket, 2010-2012)
[14] Spectacle « Coming Out », au Théâtre Montmartre Galabru (Paris), programmé jusque mars 2020 (au moins !)
[15] « Le musulman regarde l’islam comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui musulman ou ses descendants. […] Le christianisme seul, en donnant même éducation, mêmes principes, en cherchant à inspirer mêmes sentiments, arrivera avec le temps à combler en partie l’abîme qui existe actuellement » (Bienheureux Charles de Foucauld, lettre à René Bazin, 29 juillet 1916)
[16] Mgr Dominique Rey, L'Islam : menace ou défi ?, Artège Editions, oct. 2019
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