Le sommet du désastre ! Et pourtant ?
Le sommet de Suisse est unanimement présenté comme un désastre pour la partie Ukrainienne et pourtant, un frêle canal de négociation s’est ouvert. S’il survit à tous ceux qui en occident ont intérêt à refuser de reconnaitre la défaite Ukrainienne.
Vous rappelez-vous ? il y a deux semaines, nos médias nous annonçaient en grande pompe le sommet en Suisse[1]. Voici la version de France Info, dont l’archivage est meilleur que la pluralité :
« L'Ukraine espère y obtenir un large soutien international, en exposant les conditions qu'elle estime nécessaires pour mettre fin à la guerre contre la Russie. »
Les Kiéviens se plaçaient en donneurs de leçons et s’offraient même le luxe de tancer le président Chinois pour sa décision de ne pas venir s’ennuyer deux jours en Suisse[2]. Ils furent il est vrai beaucoup plus discret sur la non-participation du président américain apparemment prévenu des faibles résultats à attendre de ce sommet.
Et on peut en effet se demander : Mais qu’allait-il donc faire dans cette galère ?
Monsieur Zelenski a obtenu cette conférence qui en suivait une autre organisée avec les pays arabes et que tout le monde avait oublié entre-temps. Celles-ci se suivent et se ressemblent : Comme l’Ukraine refuse de dialoguer avec la Russie, ses sponsors organisent de pompeux sommets où ils peuvent mesurer l’érosion de leur influence sur le monde.
L’enjeu était pour l’Ukraine d’afficher une fois de plus un large soutien international pour contrer la diplomatie russe qui affirme disposer d’une importante audience dans le sud global. L’aiguillon de Washington devait convaincre les récalcitrants d’apparaître sur la scène du théâtre.
En réalité, l’échec fut patent, seulement plus de 90 pays sur 160 contactés participèrent et parmi les présents 12 ont refusé de signer[3].
La propagande ukrainienne a donc fait un remarquable travail de limitation des dommages pour se concentrer sur le communiqué commun[4].
LCI[5], fera de même pour soutenir le moral des peuples occidentaux apparemment peu convaincus, même parmi les propagandistes.
Mais, comme dans les contrats d'assurance il faut lire les clauses en petits caractères : Aucun pays des Brics. Surtout, le but était de valider le plan en dix points de Zelenski. Au final, et sans présence de la Russie, seuls trois revendications survivent puisque Zelenski avait abandonné les autres avant le sommet pour mendier des présences :
-Sécurité alimentaire.
-Sécurité Nucléaire
-Libération des prisonniers
La télévision de Kiev pendant ce temps titre sur les trafics d’organes dont le scandale prend de l’ampleur.
On faisait mieux pour donner envie de défendre la cause ukrainienne et force est de constater que le communiqué final est en retrait par rapport aux attentes des organisateurs[6].
Malgré les bravades des dirigeants occidentaux[7], ce sommet acte donc d'une position ukrainienne affaiblie. Poutine, a profité de l’occasion pour présenter sa propre offre et ainsi montré à l’opinion publique mondiale que l'obstacle à la paix était occidental. Sans venir, il s’invite et marque des points !
Alors, qu’en dire ? À première vue, une énième humiliation des kiéviens, pourtant comme cette guerre se mène par proxy interposé, admettons-le, la diplomatie peut aussi se produire à distance dans l’arène médiatique.
Là, nous avons une position russe, prête à accepter pour enfin terminer le conflit, mais sur laquelle les Kiéviens pourraient répondre pour ouvrir une sorte de négociation. Ils ont refusé de le faire, mais un canal s’est ouvert.
Permettez-moi de lui accorder un certain crédit, même si mon optimisme peut naître d’un espoir déraisonnable de voir ce conflit/massacre, cesser[8] !
Via le sommet, les Ukrainiens ont abandonné leur clause de retour aux frontières de 1991. Les Russes ont borné, même s’ils précisent que l’offre est limitée dans le temps, leurs demandes d’annexion.
Alors, bien sûr, tout cela est fragile, peut-être né de mon brûlant désir de voir les coûts s’accumuler, mais je vous livre cette pensée pour ce qu’elle vaut : L’espoir d’enfin avoir un canal de paix.
Et il vaudrait mieux tant la situation est inquiétante !
En attendant, les nouvelles militaires sont mauvaises pour les Kiéviens et incitent peu à l’optimisme. L’armée russe continue de pousser et je vous laisse imaginer si chaque village pris était traité par nos médias avec l’emphase mise sur la prise de Robotnye durant la contre-offensive de Juin 2023 (dont on parle de moins en moins). Une bonne propagande met en exergue les victoires militaires du camp qu’elle soutient, mais même dans son domaine, les "bonnes" nouvelles sont rares donc on brode avec du pathos, ou d’autres sujets.
L’initiative demeure du côté russe et sur 26 mois de guerre, hormis les exceptions de Kharkiv, Kherson et Juin 2023, les russes ont eu l’initiative durant 21 mois sur 26. Cela signe une armée ukrainienne lourdement surclassée, incapable malgré les ressources en renseignements de l’OTAN.
Là est le problème principal : La guerre a montré l’inadéquation de la doctrine occidentale avec le combat à haute intensité. Après-guerre, l’OTAN devra rendre des comptes sur son incapacité à accomplir ce qui est pourtant sa mission principale et le besoin d’esquiver la question peut expliquer l’escalade, aujourd’hui verbale, des responsables de cette organisation.
La menace russe est réelle pour ces gens. Non pas que la Russie veuille payer les aides européennes à la Pologne ou aux Baltes ou rembourser l’Himalaya de dettes que Macron nous lègue en héritage.
Non, la véritable menace est le rappel que l’OTAN avait formé 80 000 soldats ukrainiens avant-guerre et que ceux-ci sont pour la plupart morts !
Cette armée d’un quart de million d’hommes devait surclasser l’armée russe. Elle eut surement des qualités et si nos médias insistent sur la lourde chaine de commandement russe qui empêche de prendre des initiatives et de saisir des occasions, ils ont raison.
Au niveau micro tactique seulement ! L’occasion manquée est désastreuse pour une armée de type OTAN, conçue pour un sprint court et violent qui démantibule l’armée adverse. Il faut multiplier les coups, vite et fort, désorganiser l’adversaire.
Certes, les Russes ont des faiblesses dans ce domaine, mais cette structure leur a permis de conserver leur organisation. Ils ont résisté au choc des troupes d’assaut de l’OTAN. Et alors, l’endurance, inscrite dans les gènes de leur doctrine a payé. Moins de succès de surface, peu de gains "vendables" sur les médias, mais un pas après l’autre, le marathonien avance !
Et là est la question fondamentale pour l’OTAN. A quoi bons tous ces milliards dépensés en systèmes d’armes perfectionnés et échantillonnaires si des engins moins chers et sacrifiables peuvent faire le travail ?
A quoi bon une doctrine tactique conçue pour des coups de dés ? Dans une opération extérieure le risque est acceptable, il suffit de rompre et de revenir. Mais voulez-vous jouer la sécurité de vos familles, de vos biens aux dés ?
Tel est l’une des raisons de la crise de légitimité que rencontre l’occident. Notre niveau économique est sacrifié pour une guerre que l’OTAN est incapable de gagner avec son proxy ukrainien. Plus grave, non seulement il ne la gagne pas, mais il semble que les Ukrainiens, plus prompt à mobiliser aient eu l’avantage numérique depuis le début des opérations[9].
Donc, malgré l’avantage numérique, tous les renseignements de l’OTAN, un fer de lance de soldats formés aux normes OTAN avant-guerre, l’Ukraine a échoué à s’imposer sur le champ de bataille et le désastre de Robotnye ne fut que l’acmé d’une profonde faillite militaire.
Si le diagnostic se confirme, le système militaire occidental devra être profondément réformé à la lumière des retours d’expérience de l’Ukraine. Alors, les chefs militaires occidentaux verront leurs confortables sinécures à l’OTAN ou dans les conseils d’administration des entreprises de défenses examinées à l’aune des résultats. Vous savez désormais pourquoi on vous parle de future attaque russe : Vous devez avoir besoin de ces gens et la question de leur efficacité ne DOIT pas être posée.
Jusqu’où iront-ils ? Telle est la question !
Ils sont bornés par la faiblesse réelle de leur moyen mise en évidence de la manière la plus cruelle par les opérations en cours, mais ils ont un vaste catalogue de manipulations en réserve.
La certitude est l’hystérie, ces gens vont sans cesse aggraver la peur, garante de leurs avantages et privilèges ! Surtout, mais nous survolerons cet aspect qu’ils ne sont pas les seuls tant la financiarisation a conduit les structures occidentales à la faillite.
Une véritable là encore, la partie est difficile. Si le reste du monde refuse de venir aux sommets convoqués par Washington malgré les risques de rétorsions US alors, la cause Ukrainienne est largement déconsidérée et pas seulement en raison des combats.
Si la défense des frontières est un thème capable de mobiliser les appareils d’états, le narratif officiel peine à convaincre[10] : Une pauvre Ukraine, pacifique et démocratique soudain attaquée par un Vladimir Poutine qui s’est levé un matin en s’interrogeant sur quelle noire action commettre pour agrémenter sa journée. (Je sais, ça fait Hollywood, mais tel est notre drame : Dans notre système politique bloqué, l’absence de sélection de nos dirigeants installe des individus dont le niveau de réflexion est celui des films de Disney !)
Alors, espérons que le canal ouvert le restera et débouchera cette fois-ci. Les Kieviens se heurtent à de mauvaises nouvelles militaires, mais la finance les rattrape aussi. Zelenski a tenté de négocier le fameux prêt de 50 mds, mais celui-ci ne semble pas finalisé. Alors lorsque les faillites s’accumuleront :
- Force de terrains écrasées par l’artillerie et l’aviation russe.
- Force de défense Aérienne en rupture de munitions.
- Faillite financière.
Ca fait beaucoup et peut-être ce réel désastreux conduira-t-il l’OTAN à réviser son véto à toute négociation, surtout que la saison d’été constitue un terrain favorable pour des progressions de terrains si l’armée Kiévienne rompt !
Sans négociation, une défaite humiliera l’OTAN au point de poser la question de la légitimité de ses classes dirigeantes et celles-ci sont prêtes à tous les risques pour éviter de lâcher le pouvoir.
Annexe 1 :
Soyez clément avec ceux que le sort n'a pas favorisé. Les pro ukraine doivent lutter dans la guerre de l’information avec un dossier difficile :
Il y eu deux coups d'états perpétrés par des groupes violents qui ont détruit la légitimité du pouvoir ukrainien. Ils doivent le faire oublier !
Les gangs qui ont pris le pouvoir n'ont jamais été ratifiés par l'ensemble de la population ukrainienne puisque leur comportement ségrégationniste et raciste a déclenché une guerre civile. Ils doivent le faire oublier.
Les Kiéviens ont perdu la guerre en 2014, car beaucoup d’unités refusaient de se battre pour un pouvoir illégitime et c'est eux qui face à une situation militaire dramatique étaient bien content que la Russie bride les républiques pour éviter une défaite encore plus humiliante. Ils doivent le faire oublier !
Lors de la période des accords de Minsk, la violence était beaucoup redescendue (malgré des violations mineures de part et d'autres) Les kiéviens auraient dû engager les clauses politiques des accords (Autonomie et amnistie). Leur idéologie raciste ne l'a pas permis ! Ils doivent le faire oublier !
Il y a clairement eu un accord : entrée dans l'OTAN et l'UE (Donc l'accès aux fonds européens) contre une guerre avec la Russie qui servirait à mettre en place un terrible régime de sanctions destiné à faire tomber le gouvernement russe. On le sait depuis la vidéo d'Arestevitch en 2019. Ils doivent le faire oublier !
Pour ce faire l'Ukraine a dénoncé le traité d'amitié russo ukrainien qui garantissait les frontières, mais aussi le respect des minorités et la non-utilisation du territoire de chacun pour menacer l'autre. Tout un appareil qui fixait la paix et que l’Ukraine pré coup d’état considérait comme normal.
Ils doivent le faire oublier !
L'armée Ukrainienne lourdement renforcée par l'OTAN (Entrainement et armes) a repris des concentrations dans le Donbass en 2021 et ouvert le feu à partir du 17 Février 2022. Ils doivent le faire oublier !
Bref, une longue liste de provocations documentées et connues qui doit être oubliée pour arriver au narratif officiel de l'attaque russe soi-disant non provoquée ! C'est dur comme tâche.
[1] Emmanuel Macron participera au sommet de paix pour l'Ukraine en Suisse mi-juin (francetvinfo.fr)
[2] Guerre en Ukraine : Volodymyr Zelensky accuse la Chine de bloquer la participation de certains pays au Sommet pour la paix (francetvinfo.fr)
[5] https://www.tf1info.fr/international/guerre-ukraine-russie-sommet-pour-la-paix-en-suisse-ce-que-contient-la-declaration-finale-pour-mettre-fin-au-conflit-2304246.html
[8]Rappellez-vous que ce désastre sera retennu contre nous dans le monde de demain !
[9] C’est cette mobilisation de plus en plus brutale qui semble aussi leur avoir permit de compenser leurs pertes.
[10] Voire annexe 1 pour la réalité !
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