Le style Hollande...

« ce n’est que le début de son quinquennat, on jugera sur pièces... »

Rosemar,
On pouvait juger avant même le début du quinquennat, et surtout quand on est professeur dans l’enseignement public. De 85 à la fin du siècle, on a pu voir toute une brochette de ministres « socialistes », de Chevènement l’égaré à Jospin le constipé, en passant par l’abominable Allègre et Lang-la-pommade, qui se sont attachés à faire du système d’instruction publique ce qu’il est à présent : un des pires dans le monde. Si la droite classique avait organisé un pareil chantier de démolition, les profs seraient descendus dans la rue comme un seul homme, auraient crié au fascisme, et ils n’auraient pas eu tort. Mais l’étiquette « politique DE GAUCHE » sur le flacon des « réformes » a constitué un parfait anesthésiant muni duquel ces enfoirés ont pu entreprendre tranquillement, à la manière d’un Charles Bovary, le processus prétendument curatif qui conduit nécessairement à la gangrène et aux grandes amputations.
Quand on veut détruire un pays, on peut déséquilibrer son économie par une politique de gribouille (ça aussi, les socialistes savent le faire) mais ça n’est jamais irrémédiable : la conjoncture évolue assez vite et ça peut se corriger dans le temps d’une seule législature. En revanche, détruire la culture, développer l’illettrisme, c’est une méthode beaucoup plus efficace : Il faut au moins vingt ans pour former de nouvelles intelligences, et plus de quarante ans pour qu’une génération d’incapables cesse d’occuper inutilement le champ des activités.
Votre gauche n’est une qu’une droite déguisée à la botte du Pire, sans autonomie et sans programme, préoccupée seulement de jouir le plus longtemps possible des prébendes attachées au pouvoir et disposée à se faire le larbin empressé d’une Europe ennemie désormais des peuples qui la composent.
 

Eh bien Christian, nous n’arrivons pas aux mêmes espoirs, ni aux mêmes solutions, mais nous faisons le même constat !
En passant, avez-vous lu « l’Enseignement de l’ignorance » de Jean-Claude Michéa !
Cet homme déconstruit tellement et explique si bien, qu’il peut à son corps défendant, être récupéré par l’extrême droite.
Nous vivons une époque formidable !

Rosemar,
Je n’entends pas prendre la défense de la politique de Sarkozy en matière d’éducation, ni celle de la droite avant 81 : beaucoup de réformes avaient déjà eu des effets pervers, mais on doit aux socialistes d’avoir généralisé la corruption du système : c’est à la fin des années 80 que les profs ont été dessaisis de leur prérogative naturelle qui était d’évaluer le niveau des élève aux examens, et qu’on a commencé à leur demander de distribuer de faux diplômes. On peut très bien, désormais, être bachelier et, parfaitement illettré, s’inscrire dans n’importe quelle université.

Cela dit, je dois vous accorder tout de même que les socialistes sont plus vertueux que je ne le pensais. J’ai regardé hier sur la chaîne parlementaire les travaux de la commission relative à l’affaire Cahuzac. Je n’ai vu que la fin de l’intervention du garde des sots, mais j’en ai entendu assez tout de même pour me rendre compte qu’avant les surprenants aveux de son collègue elle ne savait à peu près rien et n’avait pas même songé à en parler avec les autres membres du gouvernement. Par ailleurs, et fort naïvement sans doute, j’avais toujours imaginé qu’un ministre de l’Intérieur devait ressembler à d’illustres devanciers tels que La Reynie ou Joseph Fouché, duc d’Otrante, qui furent des maniaques du renseignement, occupés a faire des fiches sur tout le monde et même sur leurs plus proches collègues. Eh bien Manuel Valls est exactement à l’opposé de ces sulfureux personnages. Lui non plus ne savait rien. Il avait bien eu quelques échanges avec le Président et son Grand Vizir, mais il n’avait pas du tout parlé de cette affaire avec d’autres ministres. Il n’était au courant de rien et se serait bien gardé d’entreprendre une enquête parallèle dès lors qu’une instruction était déjà ouverte. Admirable respect de la séparation des pouvoirs, qui l’honore grandement. Moi qui suis un citoyen ordinaire et qui ne dispose pour m’informer que de ce qui traîne dans les media, j’avais tout de suite entendu l’enregistrement de la communication téléphonique où Cahuzac disait l’embarras que lui causait le compte en Suisse, mais le ministre de l’Intérieur, lui, ne l’avait pas entendu. Peut-être croirez vous que j’affabule, et je comprendrais que vous refusiez de me croire, mais ses déclarations devant la commission doivent être disponibles et vous pourrez aisément vérifier. Bref, Madame Taubira et Monsieur Valls en savaient peut-être moins que vous et moi. Pour ce qui concerne le ministre des Finances, c’est plus compliqué, mais lui était directement concerné, et pas les deux autres : ça n’était pas du tout leur boulot. J’admire qu’ils aient pu être aussi vertueux mais on ne peut pas ne pas les croire : ils avaient juré de « dire la vérité, toute la vérité », après avoir levé la main droite.
La main droite ! Ce mot me fait penser que s’il s’était agi de salauds « de droite », ils n’auraient pas hésité à nous raconter des salades : la raison d’état aurait encore une fois fonctionné à plein. Dieu merci, Les Frères socialistes sont bien à gauche, eux. Pour nous autres citoyens, c’est quand même une sacrée garantie.