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Accueil du site > Tribune Libre > Le tombeau de l’identité nationale

Le tombeau de l’identité nationale

Il est bien naïf, il est bien inculte, il est bien profane, celui qui pense que la France n’est pas qu’un souvenir… celui qui pense qu’elle est encore vivante, que sa nature est toujours aussi prégnante, et se révèle avec autant d’acuité aux générations qui naissent aujourd’hui, qu’à celles qui naquirent hier.

Oui, je le dis, que ce soit clair : la France, dans son idée, dans son destin, dans sa nature même, n’est plus qu’un souvenir. Un beau souvenir, qui nous revient à l’esprit lorsque l’on passe devant un de ses somptueux monuments, lorsque l’on ouvre un livre d’Histoire, ou lorsque l’on tombe, simplement, sur une belle page de l’un de nos illustres écrivains passés. Un beau souvenir, qui se rappelle parfois lorsque l’on entend l’accent inimitable de l’une de ses vieilles provinces, ou lorsque l’on goûte un de ses plats traditionnels, mêlés du bon vin de nos coteaux ; ou, tout bêtement, lorsqu’il arrive de croiser d’un regard un comportement civilisé, une valeur noble, un acte morale ou une passion généreuse. Tout cela nous rappelle quelque chose qui était grand. « C’était la France », entend-t-on en échos.

Pourquoi n’est-elle plus qu’un souvenir ? C’est que tout ce qui faisait son particularisme a aujourd’hui disparu, noyé dans la mondialisation et dans le torrent du « way of life » venu d’Amérique, étouffé par l’immigration massive, ou encore bâillonné par une oligarchie et une intelligentsia qui, malheur suprême, l’ont pris en haine, ou s’en sont violemment détourné. L’identité française est au tombeau depuis longtemps, et c’est parce que peu la connurent et que peu s’en souviennent, que l’on peut vous répondre sans rire que celle-ci est encore vivace, et qu’elle ne tient qu’à une baguette de pain. C’est désespérant, mais si débat sur l’identité nationale il devrait y avoir, celui-ci devrait s’établir entre historiens, plutôt qu’entre politiques.

Je dis une bêtise : les « politiques » ont plus que leur mot à dire dans l’affaire, ils ont des gestes à accomplir ; car s’il y a parmi les hommes des individus ayant le pouvoir de déterrer un tant soit peu d’identité, c’est bien parmi eux, puisqu’il leur a appartenu de l’avoir enterré : ce qu’un fossoyeur a enseveli, il peut le découvrir.

Cela demandera du courage et la ténacité d’un minier ; ne nous y trompons pas : quelques phrases et quelques effets d’annonce, pour de prosaïques fins électorales, ne gratteront qu’à peine la terre. Nous avons besoin d’un chantier immense, dans lequel agiraient de concert des hommes politiques audacieux, des intellectuels, et une masse d’individus, qui s’appellent encore « français », et auxquels viendraient résonner à nouveau dans leurs oreilles, avec force et fracas, le mot « concitoyens ».

L’association d’hommes politiques audacieux, parce qu’ayant enfin pris conscience que le salut dépend de plus que de quelques réformettes dérisoires. D’intellectuels, à l’image de Mattéi, de Gallo, de Venner ou de Finkielkraut, qui tentent de saisir l’âme de la France et celle de l’Europe, âmes sans lesquelles tous projets politique seront vides. Et du Peuple de France, enfin, enveloppe charnelle de l’âme, corps sans lequel l’identité nationale n’est que lettre morte.

On me dit que si cette identité nationale est morte, c’est qu’elle appartient au passé, et que, dès lors, il est réactionnaire de souhaiter la recouvrer. En somme, tout ceux qui pleurent la France ne seraient que des passéistes et des rétrogrades cherchant à faire achopper le progrès sur des pans de vieilles traditions, et qu’ils agiraient, avec leur Histoire, leurs valeurs, leur attachement sentimentaux, comme des êtres dilatoires, sans conséquences, juste bons à pleurer, et à râler un peu.

Voilà une idée ridicule. Peut-on dire que les français de 14, en voulant reprendre l’Alsace Lorraine qui autrefois leur appartenait, étaient des réactionnaires et des passéistes ? Devaient-ils se résoudre à la laisser aux mains des allemands, comme l’on nous impose de laisser notre identité aux mains des mondialistes zélés ? Eh bien nous sommes ces français de 14 qui souhaitons reprendre ce qui nous appartient de droit : notre identité, qui n’appartient ni au passé, ni au présent, ni au futur, puisqu’elle est immémoriale ; notre formidable identité, ainsi que la grande fierté qui va avec. Seuls de tels hommes, enracinés et fiers, peuvent faire ressusciter l’identité nationale perdue. Cette vérité devrait être le seul postulat du débat qui s’engage aujourd’hui.


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22 réactions à cet article    


  • NERI 11 novembre 2009 13:01

    Il ne me semble pas que l’identité nationale que vous pleurez ait disparu. Elle est bien vivante. Ce matin, j’ai accroché un drapeau français à mon balcon et, du regard j’ai fait un tour d’horizon. Eh bien voyez vous d’année en année il y a de plus en plus de drapeaux aux fenêtres. 


    • italiasempre 11 novembre 2009 14:43

      Défaitiste mais malheureusement lucide, votre analyse est tout aussi pertinente pour d’autres nations européennes. 

      Excellent article, écrit avec un lyrisme des temps anciens.
      Merci.


      • Gazi BORAT 12 novembre 2009 08:26

        « Lyrisme des temps anciens »

        Vous avez tout à fait raison !

        http://www.youtube.com/watch?v=fsAm2NxvpbI

        gAZi bORAt


      • italiasempre 12 novembre 2009 09:50

        Ah, Gazi Gazi...tout en finesse et en subtilité ! 

        Oui, je sais, on ne se refait pas, mon lyrisme ne vaut sûrement pas le vôtre. Tant pis.
         





      • Gazi BORAT 12 novembre 2009 10:00

        Jolie collection d’affiche, ma foi...

        Et excellente illustration musicale : l’hymne national, ode à la Russie et nullement chant prolétarien.

        Parfaitement en accord avec la vie et l’oeuvre de Jossip Vissanorionovitch Djougachvili... leader nationaliste plus que réformateur révolutionnaire.

        Et cas intéressant pour ces questions d’identité nationale : un Géorgien se fit plus russe qu’un Russe et détourna un dynamisme révolutionnaire d’émancipation du prolétariat vers la défense des intérêts d’un territoire..

        gAZi bORAt


      • italiasempre 12 novembre 2009 10:46
        Vous êtes fascinant, Gazi, et votre modus operandi, toujours le même, devrait faire école.

      • Gazi BORAT 12 novembre 2009 13:31

        @ITALIA SEMPRE

        Allez.. Spéciale dédicace, pour vous qui avez vibré aux accents patriotiques de cet article d’un autre temps..

        http://www.dailymotion.pl/video/x7ykdw_alsacelorraine_music?from=rss

        Bien qu’au vu de votre patronyme, j’aurais opté spontanément pour « Giovinezza.. »

        Mais bon..

        gAZi bORAt


      • Gazi BORAT 12 novembre 2009 13:32

        Oupppsss...

        « PSEUDONYME » !

        GB


      • italiasempre 12 novembre 2009 20:18

        @ GAZI BORAT


        Alsace Lorraine ? Bof...il n’y a que Bribri qui vibre, visiblement.
        ET QUAND ON VEUT FAIRE PLAISIR, soit on le fait correctement soit on NE LE FAIT PAS.

        IS


      • Axel de Saint Mauxe Nico 11 novembre 2009 16:59

        Article effectivement quelque peu défaitiste. L’âme d’un pays de meurt pas comme cela. Une prise de conscience est toujours possible :

        http://l.eclat.free.fr/index.php?post/2009/11/06/Souverainet%C3%A9-%21-La-voil%C3%A0-l-identit%C3%A9-nationale

        Par contre, Finkielkraut qui « tente de saisir l’âme de la France » ! mdr !

         smiley smiley smiley smiley



        • Gazi BORAT 12 novembre 2009 10:33

          Une liste d’intellectuels cités par l’auteur comme apparemment « sensibles » à cette question d’itité nationale :

          « D’intellectuels, à l’image de Mattéi, de Gallo, de Venner ou de Finkielkraut, qui tentent de saisir l’âme de la France et celle de l’Europe.. »

          D’où je retiens un mystérieux VENNER...

          Dominique ?

          Cercles de la Nouvelle Droite et écrivain prolixe sur les armes..

          On retiendra :

          Ils sont fous, ces gauchistes ! Pensées. Choisies et parfois commentées par Dominique Venner, Éd. de la Pensée moderne, Paris, 1970

          Les Armes blanches du IIIe Reich, Éd. de la Pensée moderne et Jacques Grancher

          Les Armes blanches du IIIe Reich, Éd. de la Pensée moderne et Jacques Grancher

          Baltikum : dans le Reich de la défaite, le combat des corps-francs, 1918-1923, Robert Laffont, coll. « L’Histoire que nous vivons », Paris, 1974

          Le Mauser 96, Éd. du Guépard, Paris, 1982

          Histoire d’un fascisme allemand : les corps-francs du Baltikum et la révolution (sous-titré du Reich de la défaite à la nuit des longs couteaux : 1918-1934), Pygmalion, Collection rouge et blanche, Paris, 1996

          Dictionnaire amoureux de la chasse, Plon, coll. « Dictionnaire amoureux », Paris, 2000

          Indiscutable spécialiste des armes à feu.. mais historien plus contestable...

          gAZi bORAt


          • Gazi BORAT 12 novembre 2009 13:20

            En attendant, côté passéisme, le record est battu avec cet article !

            L’auteur entend « identité nationale » ?

            Il nous ressort le couplet de Déroulède et la « Ligne Bleue des Vosges »... Nous sommes au lendemain du 11 novembre.. mais quand même !

            D’autant plus que, en terme d’identité nationale, évoquer l’Alsace Moselle encore indéniablement de culture allemande, tant dans la langue.. que dans le droit.. C’est quelque peu paradoxal..

            Que l’auteur se renseigne : d’après le Droit allemand, tout Alsacien a droit à la nationalité allemande comme les volksdeutch des Pays Balte, de la Volga ou d’ailleurs..

            gAZi bORAt


            • brieli67 12 novembre 2009 13:45

              AFFIRMATIF munter und mutig Gazilein !


              On en causait il y a peu. 

              L’Alsace _ sa partie autrichienne _ la « Décapole » en bisuzeranité depuis 1648. 
              Jules Mazarin se voyait déjà Duc et Prince d’Alsace....

              1681 réunion "sous canonS de Strasbourg et son territoire. Réunion sous le sens annexion actuelle.

              Juriquement règlé : Pour combattre le Turc, les Habsbourg ont vendu terres, biens et population au Roi de France en 1701 
              L’Alsace est française avant bien d’autres provinces. Ce qui n’est pas le cas de la Lorraine.

              Tout Alsacien Lorrains droit à la nationalité allemande comme les Volksdeutche des Pays Baltes, du Banat , de la Volga ou d’ailleurs... à condition d’être né sur ces terres. 
              né à Srasbourg, Colmar Metz, Wissembourg etc...

              Ce changement de nationalité est conseillé ces dernières années.
              gAZI doit savoir la raison Nicht wahr oder ?






            • brieli67 12 novembre 2009 22:00

              conseillé dans certaines affaires juridiques


              que Meister Gazi connait et devrait connaître

            • Gazi BORAT 13 novembre 2009 07:14

              @Meister Briely

              C’est une Allemande qui m’avait donné le tuyau.. Né dans le 67, aïeux dont je connaissais date et lieux de naissance, je correspondais aux critères...

              Mais hélas ! N’ayant aucun titre de noblesse au niveau de mes ascendant, je ne pouvais espérer récupérer un « Von », la République Fédérale les rétablissant sur l’identité du nouveau naturalisé..

              Et puis, finalement, je me suis dit que les Alsaciens, à force d’être ballotés d’un côté et de l’autre relevaient peut être d’une identité autre que l’une de ces deux nations qui se disputent ces terres depuis des siècles..

              gAZi bORAt


            • brieli67 12 novembre 2009 14:03
               France
              1918 / L’expulsion des Allemands

               

              Indésirables en Alsace Après novembre 1918, la victoire française sonne le départ de dizaines de milliers d’Allemands installés en Alsace depuis 1871. Ils étaient fonctionnaires, médecins ou commerçants et sont expulsés vers l’Allemagne. Retour sur des événements passés sous silence.En novembre bleu blanc rouge. La guerre est finie. Les troupes françaises paradent. Les Alsaciens ont garni les fenêtres de drapeaux tricolores. On leur distribue le texte de La Marseillaise, qu’ils ne connaissent pas par coeur - ils sont si nombreux d’ailleurs à ne plus parler le français. Ils furent allemands pendant 48 ans.

               Hansi a dessiné les villages de 1918 aveuglés par l’« éblouissement tricolore » tandis que les livres d’histoire glorifiaient les généraux français à moustaches et bottes de cuir acclamés par la foule. Mais d’autres scènes, moins glorieuses, ont été poussées sous le tapis de l’Histoire. Novembre 1918, ce sont aussi ces dizaines de milliers d’Allemands brutalement expulsés d’Alsace. On les appelle les « Alt-Deutschen ».
               Installés dans cette Alsace si belle après 1871, ils s’y sentent chez eux, contribuant largement à la prospérité de la région : sous le Reichsland, Strasbourg change de visage, devient capitale. Les Alsaciens profitent des lois sociales extrêmement progressistes de Bismarck et en 1911, l’Alsace-Lorraine obtient son propre Parlement régional (logé dans le bâtiment de l’actuel TNS à Strasbourg).
               L’Alsace a-t-elle vraiment, comme le dit de façon catégorique la version officielle, passé 47 ans à regretter la France ?

              « Alsaciens, n’achetez que
              dans des magasins alsaciens ! »

               Les Français, nouveaux maîtres des lieux, veulent débarrasser cette région reconquise de toutes traces du passé allemand. Première mesure : expulser les « Alt-Deutschen ». Quand ils reçoivent l’ordre d’expulsion, ils ont 24 heures pour faire leurs maigres valises (30 kilos de bagages maximum par adulte et 2000 Marks par famille) et pour se rendre sur le lieu de rassemblement qui leur a été assigné. Voilà d’autres images moins connues : des Allemands élégants, portant gibus, sont accroupis sur la terre battue et remballent leurs valises qu’un soldat français vient de contrôler. Des femmes, un enfant dans les bras, se hissent à bord du camion couvert d’une bâche qui va les reconduire à la frontière. Tout autour d’eux, des hordes de jeunes Alsaciens lancent des injures, parfois du crottin de cheval et des cailloux. « L’opération, écrit L’Elsässer Kurier, à Colmar, a donné lieu à des scènes indignes. »
               Quelque 130 000 Allemands sont expulsés, toutes catégories sociales confondues. Les honorables professeurs de la prestigieuse université de Strasbourg (qui auront par la suite tout le mal du monde à récupérer leurs bibliothèques), les maires, les fonctionnaires d’Empire « dont l’attitude vis-à-vis des indigènes a laissé beaucoup à désirer », les instituteurs, des médecins, mais aussi les employés des chemins de fer, la tenancière « germanophile » de la buvette de la gare de Kaysersberg et des commerçants.
               Dans les vitrines de leurs magasins, des affiches ont été collées : « Alsaciens ! Souvenez-vous de 47 ans de répression et de tyrannie ! N’achetez que dans des magasins alsaciens ! »
               L’administration française les classe « indésirables ». La rue et les journaux les appellent les « Boches », les « brigands », les « envahisseurs ». Le général Messimy, libérateur de l’Alsace, parle d’un « peuple veule et lâche » par opposition à la France, « nation pleine d’idéal et de bonté ».

              Des familles
              sont coupées en deux,
              le père seul est expulsé !

               C’est dans ce climat de nationalisme brutal que les Allemands sont reconduits sur l’autre rive du Rhin en train ou en camion. Parfois ils traversent le pont à pied, des skis sur les épaules. Leurs appartements sont mis sous séquestre, très souvent pillés.
               Des familles sont coupées en deux. Le père allemand est expulsé. La mère alsacienne et les enfants restent. On se salue le dimanche d’une rive à l’autre du Rhin. Aux archives départementales du Haut-Rhin existe un gros dossier poussiéreux contenant les suppliques aux autorités françaises de ces familles déchirées qui ne comprennent pas ce qui leur arrive.
               Un très vilain chapitre de l’histoire franco-allemande que personne ne songea à déterrer après la Seconde Guerre mondiale. En 1945, l’héritage allemand en Alsace, déjà tabou, devient l’héritage nazi.
               Personne en Alsace n’ose émettre d’avis positif sur la période du Reichsland avant 1914. Adenauer et de Gaulle bâtissent la réconciliation franco-allemande ; le sort de ces Allemands expulsés d’Alsace est passé sous silence. Un point de détail dans les livres d’histoire. D’ailleurs, c’était il y a si longtemps...

              Pascale Hugues

              • brieli67 12 novembre 2009 14:18
                À la une sur dna.fr
                Commémoration du 11 Novembre / Des Malgré-nous en 14-18

                 

                Nicolas Sarkozy a-t-il fait une erreur historique dans son discours ? Lors de son discours, ce matin à Paris, à l’occasion du 91e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, Nicolas Sarkozy a-t-il commis une erreur historique en parlant des Malgré-nous dans la Grande guerre ?
                Sitôt la cérémonie commémorative du 11 Novembre achevée ce matin, certains de nos lecteurs nous ont interpellés pour nous faire part de ce qu’ils considéraient être une « erreur historique ». A la moitié de son discours (visible sur le site officiel de l’Elysée ici en vidéo et là en version écrite), le président de la République, Nicolas Sarkozy, se serait emmêlé les pinceaux en parlant des « Malgré-nous » pour désigner les combattants alsaciens et mosellans de 14-18 :
                "On mesure ce que cette guerre avait d’absurde et de suicidaire en songeant aux fils et aux mères qui ont tant pleuré de part et d’autre du Rhin, aux garçons de 20 ans fauchés dans tout l’éclat de leur jeunesse, aux fusillés pour l’exemple qui attendent encore qu’on leur rende justice, aux « Malgré-nous », alsaciens et lorrains, placés par les vicissitudes de l’histoire entre deux patries et qui se battaient avec un uniforme allemand et un coeur français, et dont le drame restera à jamais l’un des plus poignant de notre histoire commune".
                Le terme apparait dès 1920

                Le terme « Malgré-nous », comme nous l’ont immédiatement signalé certains de nos lecteurs, désigne généralement les Alsaciens-Mosellans ayant combattu côté allemand pendant la Seconde Guerre mondiale plutôt que pendant la Première. Et pourtant, il ne s’agit pas là d’une méprise historique. Si on emploie effectivement plus rarement « Malgré-nous » pour désigner les combattants de la Grande guerre, l’expression apparait bel et bien dès la fin de la Première Guerre mondiale.

                L’encyclopédie en ligne Wikipedia parle effectivement d’un terme employé pour la première fois en 1920, soit deux ans après la fin du conflit : "Malgré-nous apparait déjà (...) lorsque des associations d’anciens combattants alsaciens et lorrains de la Grande guerre employèrent cette formule pour mettre en avant le fait qu’ils avaient dû se battre, malgré eux, dans l’armée allemande contre la France, l’Alsace et une partie de la Lorraine — le département de la Moselle dans ses limites actuelles — étant à cette époque rattachées à l’Allemagne suite à la défaite française de 1871".

                Les deux situations ne sont pourtant pas comparables. Les soldats alsaciens et mosellans de 14-18 étaient pour beaucoup nés allemands, dans une région certes annexée par l’Allemagne depuis 1871, mais avec l’accord (et un traité) de la communauté internationale. En 1940, l’Alsace-Moselle est cette fois occupée par la force, ce qui donne au terme Malgré-nous tout son sens pour désigner les combattants de l’époque enrôlés, eux-aussi, de force.

                Pourquoi le terme est-il alors employé dès les années 20 ? Tout simplement parce qu’au retour de la Grande guerre, les Alsaciens et Mosellans, allemands depuis 47 ans, entendent se démarquer d’une Allemagne désormais indésirable dans la région. Ces soldats du « mauvais camp » choisissent de se « faire tout petits », comme l’explique aujourd’hui dans les DNA Pascale Hugues.

                Point d’erreur historique donc. Nicolas Sarkozy a simplement reconnu officiellement -et involontairement ?- le statut de "Malgré nous« à »ces drôles de soldats" qui , comme le rappelle encore Pascale Hugues aujourd’hui dans nos colonnes, embarrassaient depuis longtemps la République.

                Matthieu Mondoloni

                • rocla (haddock) rocla (haddock) 12 novembre 2009 14:24

                  Ben dis-donc , avant de lire ces péripétes alsaciennes j’ étais bien portant , maintenant j’ ai mal à la tête .

                  Oulalà , où me suis-je forré pour naître à Roeschwoog ...


                  • rocla (haddock) rocla (haddock) 12 novembre 2009 14:25

                    fourré ....


                    • brieli67 12 novembre 2009 14:34
                      Des soldats sous uniforme allemand Quelles pensées agitent les soldats alsaciens qui, en novembre 1918, rentrent en France dans le mauvais uniforme, l’uniforme « boche » ? L’Alsace en état de transe patriotique honore les Poilus et leurs généraux. Nos aïeules en costume régional se pendent, très fières, aux bras de beaux soldats libérateurs.Dans les dernières semaines de l’année 1918, les journaux sont pleins de petites annonces : « De retour du combat, je reprends mes activités ». Pendant la guerre de 1914/18, les soldats alsaciens s’étaient battus dans l’armée impériale allemande. Ils reviennent la tête basse, se font tout petits. Ils roulent leurs uniformes en boule, reprennent le travail et essaient  d’oublier.

                       Le sort des soldats alsaciens de 14-18 n’a pas la dimension tragique de celui des « Malgré-Nous » de 1942. En 1914, quand la guerre éclate, les Alsaciens sont allemands. Le traité de paix de Francfort cédant l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne est reconnu par la communauté internationale. Il est donc tout à fait légal que les jeunes Alsaciens soient envoyés au front côté allemand.
                       Et pourtant !
                       Comment ces hommes épuisés par une guerre atroce se sentent-ils quand ils rentrent chez eux dans le climat de haine anti-Boche qui règne en novembre 1918 ?

                      La République française a toujours été embarrassée par ces drôles de soldats

                       Comment traversent-ils les haies de drapeaux dressées pour accueillir les héros de Verdun et de la Somme, leurs ennemis sur les champs de bataille ? Ont-ils eu honte ? Nos grands-pères, nos arrière grands-pères ont peu parlé de leur guerre de 14-18. Nombreux sont ceux qui n’ont jamais desserré les dents sur cette période de leur vie ou qui faisaient les pitres, étalant leurs hauts faits comme si de rien n’était. Il est trop tard pour leur poser des questions ; ils sont morts. Un soulagement peut-être pour la République française, qui a toujours été très embarrassée par ces drôles de soldats.
                       A l’occasion du 11 novembre 1995, sous l’Arc de Triomphe, Jacques Chirac remit d’office la croix de la Légion d’honneur à tous les anciens combattants de la Grande Guerre encore en vie. Tous sauf les 45 Alsaciens-Mosellans, qui furent radiés de la liste présidentielle. Gilbert Meyer, député-maire de Colmar, fut l’un des rares à protester : « S’il paraissait difficile de décerner cette décoration à titre militaire, tout au moins aurait-on pu le faire dans un esprit de fraternité retrouvée pour des gens ayant participé à un même conflit ». Le président de la République ne transigea pas. Et les Wackes (surnom donné aux Alsaciens) moururent sans ruban rouge au revers de leur veston.

                      P. H.

                      • brieli67 12 novembre 2009 14:48

                        tiré de ce fil de hier 



                        en complément _ bonne base de docs et de liens

                        Au lieu d’un référendum d’autodétermination « nationale »
                        la France impose les Commissions de Triage au sortir de 1918

                        Une des premières mesures fut de diviser la population en quatre selon son origine : ceux qui sans l’annexion de 1871 auraient été français reçurent une carte A marquée de tricolore, ceux dont un parent était allemand, ou encore les Allemands conjoints d’Alsaciens-Lorrains, furent munis d’une carte B, les étrangers eurent droit à une carte C et les Allemands enfin reçurent la carte D. Ce tri, uniquement fondé sur les origines, ne tenait ainsi aucun compte du sentiment de l’individu, son patriotisme pouvant être totalement indépendant de ses origines. Quelqu’un eut l’idée de placer une carte B dans la main de la statue de Jean Baptiste Kléber, le grand héros alsacien : il n’aurait pas en effet mérité plus.

                        Il y a un nom pour cette attitude d’un Etat ? 


                        Par Fergus (xxx.xxx.xxx.85) 11 novembre 16:2
                        C’est effectivement indigne, Brieli.
                        Et qui plus est, imbécile. La carte B dans la main de Kléber le démontre parfaitement.

                        Merci Fergus ! 

                        • Paul Cosquer 12 novembre 2009 14:56

                          Pour le tombeau je ne sais pas mais le tombeur de l’identité nationale, c’est Sarkozy. Si le un gouvernement en est aujourd’hui réduit à faire de la propagande autour de cette idée, c’est qu’il a détruit l’unité de la Nation et qu’il essaie de recoler tant bien que mal les morceaux au moins le temps des élections pour que cela lui profite. On en est là, hélas. Une histoire de pompier pyromane qui a accentué les divisions, les querelles et les inégalités.

                          Car un président qui se montrerait capable d’incarner la Nation n’aurait nul besoin de recourir à ce stratagème. Un président de la République digne de ce nom n’userait pas de ce moyen pour récolter des suffrages pour « son » parti.

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