Le tombeau de l’identité nationale
Il est bien naïf, il est bien inculte, il est bien profane, celui qui pense que la France n’est pas qu’un souvenir… celui qui pense qu’elle est encore vivante, que sa nature est toujours aussi prégnante, et se révèle avec autant d’acuité aux générations qui naissent aujourd’hui, qu’à celles qui naquirent hier.
Oui, je le dis, que ce soit clair : la France, dans son idée, dans son destin, dans sa nature même, n’est plus qu’un souvenir. Un beau souvenir, qui nous revient à l’esprit lorsque l’on passe devant un de ses somptueux monuments, lorsque l’on ouvre un livre d’Histoire, ou lorsque l’on tombe, simplement, sur une belle page de l’un de nos illustres écrivains passés. Un beau souvenir, qui se rappelle parfois lorsque l’on entend l’accent inimitable de l’une de ses vieilles provinces, ou lorsque l’on goûte un de ses plats traditionnels, mêlés du bon vin de nos coteaux ; ou, tout bêtement, lorsqu’il arrive de croiser d’un regard un comportement civilisé, une valeur noble, un acte morale ou une passion généreuse. Tout cela nous rappelle quelque chose qui était grand. « C’était la France », entend-t-on en échos.
Pourquoi n’est-elle plus qu’un souvenir ? C’est que tout ce qui faisait son particularisme a aujourd’hui disparu, noyé dans la mondialisation et dans le torrent du « way of life » venu d’Amérique, étouffé par l’immigration massive, ou encore bâillonné par une oligarchie et une intelligentsia qui, malheur suprême, l’ont pris en haine, ou s’en sont violemment détourné. L’identité française est au tombeau depuis longtemps, et c’est parce que peu la connurent et que peu s’en souviennent, que l’on peut vous répondre sans rire que celle-ci est encore vivace, et qu’elle ne tient qu’à une baguette de pain. C’est désespérant, mais si débat sur l’identité nationale il devrait y avoir, celui-ci devrait s’établir entre historiens, plutôt qu’entre politiques.
Je dis une bêtise : les « politiques » ont plus que leur mot à dire dans l’affaire, ils ont des gestes à accomplir ; car s’il y a parmi les hommes des individus ayant le pouvoir de déterrer un tant soit peu d’identité, c’est bien parmi eux, puisqu’il leur a appartenu de l’avoir enterré : ce qu’un fossoyeur a enseveli, il peut le découvrir.
Cela demandera du courage et la ténacité d’un minier ; ne nous y trompons pas : quelques phrases et quelques effets d’annonce, pour de prosaïques fins électorales, ne gratteront qu’à peine la terre. Nous avons besoin d’un chantier immense, dans lequel agiraient de concert des hommes politiques audacieux, des intellectuels, et une masse d’individus, qui s’appellent encore « français », et auxquels viendraient résonner à nouveau dans leurs oreilles, avec force et fracas, le mot « concitoyens ».
L’association d’hommes politiques audacieux, parce qu’ayant enfin pris conscience que le salut dépend de plus que de quelques réformettes dérisoires. D’intellectuels, à l’image de Mattéi, de Gallo, de Venner ou de Finkielkraut, qui tentent de saisir l’âme de la France et celle de l’Europe, âmes sans lesquelles tous projets politique seront vides. Et du Peuple de France, enfin, enveloppe charnelle de l’âme, corps sans lequel l’identité nationale n’est que lettre morte.
On me dit que si cette identité nationale est morte, c’est qu’elle appartient au passé, et que, dès lors, il est réactionnaire de souhaiter la recouvrer. En somme, tout ceux qui pleurent la France ne seraient que des passéistes et des rétrogrades cherchant à faire achopper le progrès sur des pans de vieilles traditions, et qu’ils agiraient, avec leur Histoire, leurs valeurs, leur attachement sentimentaux, comme des êtres dilatoires, sans conséquences, juste bons à pleurer, et à râler un peu.
Voilà une idée ridicule. Peut-on dire que les français de 14, en voulant reprendre l’Alsace Lorraine qui autrefois leur appartenait, étaient des réactionnaires et des passéistes ? Devaient-ils se résoudre à la laisser aux mains des allemands, comme l’on nous impose de laisser notre identité aux mains des mondialistes zélés ? Eh bien nous sommes ces français de 14 qui souhaitons reprendre ce qui nous appartient de droit : notre identité, qui n’appartient ni au passé, ni au présent, ni au futur, puisqu’elle est immémoriale ; notre formidable identité, ainsi que la grande fierté qui va avec. Seuls de tels hommes, enracinés et fiers, peuvent faire ressusciter l’identité nationale perdue. Cette vérité devrait être le seul postulat du débat qui s’engage aujourd’hui.
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