Le virus qui sauvera le monde !
Pour changer le Monde encore faut-il savoir lequel on souhaite. L’un où certains se parent des attributs des dieux pour se prétendre au dessus de la multitude, l’autre où l’on a conscience que quelle que soit sa grandeur présumée on ne peut pas ‘péter plus haut qu'on a le derrière’. Mais les buts les plus nobles (ou les plus ignobles) peuvent être assez aisément fixés, encore faut-il choisir le chemin qui permettra de les atteindre, la méthode à employer.
Depuis un peu plus de 250 ans, une quantité inédite de biens, d’inventions, d’innovations a été mise à disposition grâce à l’ingéniosité de nombreux chercheurs ou inventeurs. Pour faire fonctionner ces nouvelles ‘machines’ les énergies fossiles furent massivement utilisées. Un nord-américain consomme de nos jours environ 5 tonnes-équivalent-pétrole d’énergies fossiles chaque année. La régulation des échanges au niveau mondial se fait par la loi de l’offre et de la demande, dite du marché, avec un contrôle indirect des prix par les forces étatiques les plus puissantes.
Mais dès le choc pétrolier de 1973, on put s’apercevoir de la fragilité des sociétés modernes trop dépendantes de ses sources d’approvisionnement. Les rapports scientifiques s’empilèrent montrant que la goinfrerie montrée pour engloutir énergies, matières premières, eau douce, ressources vivantes… ne pouvait durer qu’un temps, et la fin de ce temps se profilait à l’horizon. Plus assez de tout ! Plutôt que de s’orienter vers une sobriété plus ou moins heureuse, les gens déjà heureux firent sécession pour profiter de ce qui restait des biens en inventant mille raisons pour écarter les autres. Aucune autorité politique, religieuse ou morale ne semblait capable de changer le cours des choses même si une avalanche de ‘paroles verbales’, souvent de bon sens, engloutissait l’espace public.
La grippe est une infection respiratoire contagieuse qui touche chaque année 2 à 8 millions de personnes en France. Cette régularité permet une préparation des événements pour les transformer en opportunités. Il y a un excès de mortalité attribuable à la grippe de 10 000 à 15 000 décès, principalement chez les sujets fragiles. La sanction d’une non-prise en compte de recommandations est donc terrible : des décès, des morts supplémentaires peuvent être imputés aux responsables et aux institutions jugés coupables. Les épidémies de grippe surviennent dans les régions tempérées entre novembre et avril dans l’hémisphère nord. Les Nations les plus voraces en énergie et en biens se trouvent toutes dans l’hémisphère nord, elles sont également, et de très loin, les plus puissantes. Il serait donc nécessaire que les détenteurs du pouvoir acceptent des mesures qui tendraient à diminuer significativement leur puissance : c’est impossible politiquement sans une force supérieure, sans une menace transcendant toutes les volontés. Certaines des épidémies se transforment en pandémies lorsqu’elles s’étendent sur la quasi-totalité de la planète. La nécessaire maîtrise des productions et des consommations ne peut être elle aussi que mondiale. Des mesures recommandées pour limiter une frénésie productiviste, si elles sont prises pour des raisons sanitaires, peuvent être acceptées par les populations ce qui n’est pas le cas des avis scientifiques. Au XXe siècle, trois pandémies grippales sont survenues : en 1918-1919, en 1957-1958 et en 1968-1969. La gravité d’une épidémie ou d’une pandémie causée par un virus est donc parfaitement avérée, ce qui peut justifier des mesures énergiques, sévères pour le bien-vivre des populations concernées. Beaucoup des épidémies ont pour origine l’Asie et plus précisément la Chine. La Chine, atelier du monde, dont toutes les autres nations dépendent pour avoir médicaments, masques, téléviseurs… est donc en toute première ligne pour pouvoir amorcer une réaction en chaîne afin d’ébranler un système de production déjà branlant et, possiblement, en installer un autre.
Les virus présentent donc plusieurs avantages décisifs pour qui souhaite reprendre le cours des choses : une force de coercition supplémentée par les médias, un domaine d’intervention mondial, une mise hors jeu des intérêts particuliers, claniques ou institutionnels.
Les décisions prises lors d’une pandémie permettent de sauver des vies ou d’en condamner d’autres. Ces décisions s’imposent donc indépendamment de la recherche de compromis ou d’équilibre des forces propre au monde politique. Les contestations resteront inévitables mais proposer des alternatives ou contester des analyses condamne le protestataire à l’exclusion du monde civilisé.
Les décisions en période de ‘guerre’ pandémique peuvent prendre une forme inédite et une ampleur considérable car il s’agit de rien de moins que de sauver la planète. Sera-ce vrai ? Les motivations données ne seront ni (complètement) fausses, ni complétement vraies. Le style allusif est devenu le standard dans les temps contemporains. On fait allusion à une pandémie terrible en soulignant que la crise sanitaire est la plus grave depuis plus d’un siècle. Le caractère gravissime de la pandémie actuelle pourra être bientôt déterminée, mais l’important n’est pas là, il permet de se doter des forces nécessaires pour changer un monde devenu objectivement invivable à moyen terme (si l’on souhaite que tous puissent en profiter). L’épidémie actuelle est une opportunité et c’est probablement la seule qui se présentera avant longtemps, il importe peu que les décisions soient prises pour un tout autre objet.
Les pays riches, de loin les plus atteints par le coronavirus, concentrent 1,12 milliard de la population mondiale (16 %) et produisent environ 70 % des richesses. Les pays du Sud, plus pauvres et moins atteints, abritent 84 % de cette population. Le GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) a démontré depuis longtemps une étroite corrélation entre la croissance des émissions de gaz carbonique CO2 et la progression du PIB mondial par habitant. La responsabilité des pays occidentaux dans les divers dérèglements actuels ne souffre aucune discussion. Un ralentissement de l’économie conduisant à une moindre consommation d’énergie est une nécessité absolue pour retrouver la maîtrise d’une vie pour tous. Quelles que soient les mesures envisagées, quelles que soient les nouvelles énergies mises à disposition de l’humanité, la consommation des pays pauvres ne pourra jamais être portée au niveau de celle des pays riches. Les pays riches vont donc devoir s’appauvrir du moins matériellement ! Il n’y a aucune alternative à une baisse programmée de la production des richesses par les pays riches soit une récession significative au sein de l’ensemble des pays du nord. D’ailleurs, le chemin est ouvert. Le gouverneur de la Banque de France a déclaré que « Chaque quinzaine de confinement coûte à peu près 1,5 % de niveau de PIB annuel et 1 % de déficit public supplémentaire ». Cette récession n’est pas due au virus, elle est due aux mesures de confinement imposées.
Comment trouver un moyen simple à mettre en œuvre qui permettrait une décroissance économique, une moindre consommation, une insertion de tous dans le tissu social dominant et un relatif bien-être à l’abri de l’hubris des uns, du désespoir des autres ? Abaisser concomitamment le temps de travail pour l’ensemble des habitants de notre planète semble le moyen le plus sûr et le plus efficace d’arriver à ces fins.
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