Le vivre-ensemble a du plomb dans l’aile
Homo homini lupus est, cette locution latine constituera notre seule et maigre contribution au débat qui agite actuellement le monde politique de droite comme de gauche, et oppose la simili-ministre aux ‘’pseudo- intellectuels’’. Elle a pour but également de ne pas froisser les loups francophones qui n’entendent rien au latin et qui pourraient se sentir vexés par sa traduction française.
Vivre-ensemble, c’est un défi, une gageure depuis des siècles, le philosophe anglais Thomas Hobbes écrivait dans son livre Léviathan publié en 1651 « Les humains n’éprouvent aucun plaisir mais plutôt un grand déplaisir à demeurer en présence les uns les autres s’il n’y a pas de puissance capable de les tenir tous en respect.
Bon, tout çà n’est pas de bonne augure, la tache n’est pas aisée, il faut convaincre les mauvais coucheurs, les solitaires, les ermites, ceux qui se débinent à minuit le 31 janvier pour ne pas se faire lécher la pomme et envahir par des bactéries enivrées, ne défilent pas avec la masse et se refusent obstinément et successivement à être juifs allemands, Léonarda ou Charlie et ce n’est pas une mince affaire.
Vivre-ensemble, mais avec qui et pour combien de temps ? A l’heure du divorce pour tous, le jeu en vaut-il la chandelle ? Cependant, c’est le nouveau crédo à la mode, vivons ensemble pour construire de l’en-commun afin de ‘’faire France’’ comme le disent si élégamment les novlanguophones.
La famille, elle même, premier lieu du vivre-ensemble n’est pas épargnée, le nombre de séparations est en constante hausse, le monde politique, lui, fourmille d’exemples de couples d’amis qui ont du se résoudre à faire chambre à part après de nombreuses années de vie et d’idées communes : Jacques, Edouard, François, Michel... et les autres. Même au Front national, très attaché aux valeurs traditionnelles, rien ne va plus, Jean Marie souhaite que Marine soit rebaptisée Alliot ou plus improbable, Philippot.
C’est pourtant l’immense chantier auquel s’est attelé avec sa fameuse boite à outils et sa baguette de magicien pour réenchanter le rêve français, Hollande, le griot officiel de ce concept fourre-tout à la mode qu’il exalte à longueur de discours.
Son maitre d’œuvre, l’irascible Manuel, qui sort son fusil dès qu’il croise un intellectuel, regrettait le 7 juin 2009 lors d’une visite dans une brocante l’aspect monochrome de sa ville d’Evry et demandait à l’homme qui l’accompagnait, probablement un artiste peintre d’y ajouter un peu de blanc censé se marier parfaitement à toutes les autres teintes « Belle image de la ville d’Evry ,Tu me mets quelques Blancs, quelques white, quelques blancos. »
Comment définir cette vague notion qui peut prendre des acceptions multiples et variées et qui se traduit souvent par un ‘’vivre entre nous’’, les politiques pourtant plus habitués à évoluer dans un entre soi de bon aloi, essaient de nous le vendre tout en s’en soustrayant eux mêmes et leurs précieuses progénitures.
Le concept, certes flou, mais séduisant avait probablement tenté une famille qui s’était installé récemment dans le quartier du Pile à Roubaix et qui a du y renoncer car le vivre ensemble, qui ne mérite pas ici un trait d’union, peut être pesant quand on devient la cible de harcèlement par une bande de garnements se livrant par désœuvrement à de légères incivilités.
Les médias locaux se font l’écho de cambriolages, de dégradations du logement, de pneus crevés et d’odeurs de plastique brulé s’échappant de la voiture du chef de famille en train de cramer, accroissant ainsi le sentiment d’insécurité ressenti par la famille sans doute un peu fragile, sentiment remarquablement décrit par un des grands théoriciens de la culture de l’excuse, le sociologue Laurent Mucchieli.
La famille agressée à nouveau a du fuir à l’hôtel, elle vit une sorte d’exil intérieur en attendant de rejoindre sans doute la France périphérique du « Rendez vous en terre inconnue’’ décrite par le géographe Christophe Guilluy pour y grossir les rangs des bataillons des électeurs bleu marine.
Pour l’heure, l’esprit d’entreprise de ces jeunes roubaisiens ne sera plus entravé par la mesquinerie du père de famille smicard et procédurier à l’excès, ils pourront de nouveau vaquer à leurs saines et lucratives occupations tandis que l’exécutif qui croit aux esprits s’ingéniera à perpétuer celui du 11 janvier.
On peut raisonnablement prédire sans trop se tromper que le vivre-ensemble a du plomb dans l’aile et qu’il n’est pas loin d’exploser en plein vol.
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