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Le Yuan numérique contre les cryptomonnaies Bitcoin, Ethereum et Theter

 

Monnaies numériques vs. Cryptomonnaies

Le monde des cryptomonnaies est particulièrement lié à la Chine. Depuis 2009, lorsque Bitcoin a émergé pour la première fois sur la scène mondiale, l’empire du Milieu a connu une ruée vers la cryptomonnaie appuyée sur la blockchain. Le gouvernement a été contraint d’interdire l’utilisation du Bitcoin en 2013 à cause de sa popularité et de la fuite des capitaux qu’il entraînait.

En octobre 2019, le gouvernement chinois a annoncé officiellement adopter la technologie blockchain pour l’avenir de la Chine. Il s’agit de lancer une monnaie numérique officielle reconnue par l’État. Le paiement électronique en monnaie numérique (DCEP), communément appelé « yuan numérique », est actuellement censé être dans les dernières phases de test.

Dans cet article, nous allons voir les raisons pour lesquelles la Chine a décidé de créer la première monnaie numérique gérée par une banque centrale au monde et ce que cela signifie pour les marchés de la cryptographie au sens large. Nous verrons également l’histoire de la Chine avec le Bitcoin (BTC), Ethereum (ETH) et le stablecoin Tether USD (USDT) et pourquoi ces réseaux sont devenus une menace pour le contrôle interne des capitaux de la Chine.

Avant de commencer, il est utile de clarifier la distinction entre les termes « monnaie numérique » et « cryptomonnaie ». Les cryptomonnaies sont des monnaies et des actifs numériques qui utilisent la technologie de la blockchain comme moyen d’effectuer des transactions cryptées en toute sécurité et sans friction via un réseau décentralisé. Bitcoin, Ethereum et Tether, sont quelques-unes des cryptomonnaies les plus utilisées parmi des milliers.

Le yuan numérique, en revanche, n’utilise pas la technologie blockchain en soi, mais plutôt un type de technologie de registre distribué (Distributed Ledger Technologies) inspiré de la blockchain et intégralement contrôlé par un gouvernement central. Là est tout l’objectif du Parti communiste chinois. Étant donné que les blockchains fournissent des transferts de données cryptées, le système centralisé du yuan virtuel a un mécanisme intrinsèquement différent de celui des cryptomonnaies traditionnelles.

 

 

 

Une brève chronologie du yuan numérique

Début 2014, moins de douze mois après que la Chine ait interdit le trading de Bitcoin et de cryptomonnaies ensuite de manière générale, le pays a créé un institut de recherche dont le seul objectif était de comprendre et de développer une stratégie pour améliorer la monnaie traditionnelle du yuan chinois en utilisant la technologie blockchain. Le centre de recherche a travaillé pendant quatre ans sur le développement de la technologie pour arriver à l’introduction officielle du projet de yuan numérique et son annonce dans le monde entier.

Le projet a été annoncé pour la première fois au public chinois lors d’une conférence de presse du président de la Banque populaire de Chine (PBoC), Zhou Xiaochuan, en 2018. Une fois l’annonce faite, il fallait ensuite mettre en œuvre le projet ce qui n’est pas une mince affaire pour ce grand pays de 1,4 milliard d’habitants. Les travaux qui ont suivi ont été lents et peu aboutis.

Les experts affirment que ce long développement était dû aux fondements décentralisés et anti-réglementaires de la technologie blockchain et des cryptomonnaies ce qui est l’antithèse même des principes de la monnaie nationale chinoise. Le yuan, ou renminbi (RMB), est actuellement entièrement contrôlé par l’État, pour protéger la Chine des chocs économiques. La blockchain est un système qui quant à elle permet des transactions en dehors des contrôles réglementaires. Régler ces contradictions n’est pas aisé.

Le projet de première monnaie numérique nationale au monde a néanmoins accéléré sa vitesse de développement au deuxième semestre de 2019, lorsque Facebook a officiellement annoncé la création de sa monnaie virtuelle, Libra (qui arrive en janvier 2021 sous le nom de Diem et sous une forme moins ambitieuse que celle prévue). L’augmentation soudaine de la productivité de la Chine a été motivée par un nouveau concurrent majeur, bien que Facebook soit interdit en Chine (seul le réseau social est interdit et non ses autres activités notamment publicitaires).

Le 14 avril 2020, le projet de monnaie numérique nationale créé par la PBoC a vu ses essais médiatisés grâce à une capture d’écran d’ordinateur partagée sur internet et montrant le yuan numérique accessible dans quelques districts chinois. Fin juin 2020, la PBoC a annoncé que la Chine avait presque terminé la phase de développement du logiciel.

 

Pourquoi une monnaie numérique et pourquoi maintenant ?

Pourquoi ce pays, avec son système de marché socialiste complexe, voudrait-il construire une monnaie numérique ?

Pour répondre à la question, il est essentiel de jeter un œil aux réserves de change de la Chine. En juillet 2020, la Chine détenait une réserve de devises étrangères d’environ 3,15 milliards de dollars américains, le plus grand détenteur au monde. Environ 60% des réserves de change mondiales et environ 40% des paiements internationaux sont en dollars américains.

Comparaison des réserves de change étrangères détenues en 2018

Réserve de dollars de la Chine

En outre, la Chine cherche à étendre la portée internationale du yuan et à disposer d’une infrastructure accessible, fiable et souveraine qu’elle puisse contrôler pour ses transferts transfrontaliers. Cela rendrait le yuan plus liquide à l’international. L’initiative des nouvelles routes de la soie fait également partie de ce projet géopolitique global avec une expansion des réseaux commerciaux mondiaux de la Chine en Asie, en Europe et en Afrique. Actuellement, la plupart des virements électroniques réglementés effectués depuis ou vers la Chine sont effectués via SWIFT ou CHIPS. C’est un problème pour la Chine, puisque CHIPS (Clearing House Interbank Payments System Universal Identifier) est une société américaine tandis que SWIFT, une organisation internationale prétendument neutre, a principalement des citoyens américains pour directeurs.

Il n’est pas surprenant que la Chine veuille se distancier des institutions américaines vu les tensions avec les États-Unis et l’escalade de la guerre commerciale.

 

Les cryptomonnaies Bitcoin et Tether – Une menace contre le contrôle des capitaux chinois

En à peine un an, de 2019 à 2020, 50 milliards de dollars ont quitté la Chine sous forme de cryptomonnaies Bitcoin et Tether vers d’autres pays.

Comme mandaté par la Banque centrale de Chine, tout citoyen ou résident vivant sur le continent ne peut transférer que 50 000 USD à l’étranger par an. Cette politique s’accompagne de plusieurs obstacles pour les familles riches et les grandes entreprises chinoises. Elles auraient ainsi souvent recours à des méthodes compliquées et en passant souvent le marché noir pour envoyer leur argent vers d’autres pays.

Avec l’émergence rapide des classes moyennes et supérieures qui cherchent à élargir leurs horizons d’investissement dans un nouveau marché international florissant, les cryptomonnaies offrent une possibilité d’investissement aux actifs liquides et mondiaux. Les investisseurs chinois achètent les actifs via des services spécialisés et les envoient de manière anonyme à des sociétés de cryptoactifs en dehors de la Chine, moyennant des frais modestes par rapport aux marchés noirs des devises. Les transactions de cryptomonnaie, en particulier via le Bitcoin, l’Ethereum et le Tether, sont en fait un grand danger pour le pouvoir communiste.

La diminution des réserves de devises due à la sortie des capitaux et l’augmentation de l’instabilité que cela entraîne pour leur économie sont une problématique cruciale. Le yuan numérique est donc le système transactionnel géré par l’état adapté pour reprendre tout simplement le contrôle des capitaux.

Bitcoin en Chine

 

Comment le yuan numérique affecte le Bitcoin, l’Ethereum et le Tether

Suite à l’interdiction des échanges de Bitcoin en Chine, la population s’est tournée vers d’autres cryptomonnaies et notamment le Tether (USDT) en tant que cryptomonnaie alternative pour investir les capitaux en dehors de la Chine.

La Chine représenterait à elle seule plus de 60% de tout le volume des échanges de Tether sur le marché de la cryptographie ; environ 10 milliards de dollars américains au premier semestre de 2019. À titre de comparaison, le marché américain ne représente que 450 millions de dollars américains de tous les USDT échangés au cours de cette période.

Comparaison du volume des transactions Tether (USDT)

Chine et Thether (USDT)

Cet énorme volume de transactions en provenance de Chine est également une excellente nouvelle pour la popularité de l’Ethereum, puisque l’USDT est un jeton basé sur la blockchain Ethereum.

Il convient également de noter que la monnaie numérique de la banque centrale chinoise pourrait avoir le contrecoup totalement inverse, c’est-à-dire inciter davantage de résidents à adopter le Bitcoin, le Tether et pourquoi pas l’Ethereum (qui est la deuxième cryptomonnaie majeure après le Bitcoin) qui ne se sont peut-être pas déjà tournés vers les cryptoactifs.

Alors que le yuan numérique tente de réglementer ce marché trop flexible, ceux qui ne sont pas encore familiarisés avec les avantages des actifs numériques pourraient avoir la soudaine envie de migrer vers des alternatives décentralisées avec moins de surveillance étatique. Avec un intérêt toujours plus grand de la population chinoise, il est probable que les cryptomonnaies en question subissent un resserrement des réglementations.

 

L’avenir du yuan numérique et des cryptomonnaies

L’émergence officielle du yuan électronique par la Chine sera une étape majeure pour le monde des cryptomonnaies et des actifs numériques.

Contrairement à ce que je disais dans cette vidéo, je ne suis plus certain de l’efficacité réelle des Etats à mettre à mal les cryptomonnaies, et notamment le Bitcoin, en tout cas à court terme. Compte tenu des objectifs idéologiques officiels et non officiels de la Chine, nous ne savons toujours pas quel genre d’impact aura sa monnaie électronique sur l’économie nationale et mondiale. Mais une chose est sûre, la Chine a compris qu’il ne sert à rien de mener une guerre frontale contre la technologie blockchain. L’interdire officiellement ne suffit plus : il vaut mieux plutôt de l’utiliser pour promouvoir ses propres objectifs stratégiques de pouvoir étatique. Et c’est exactement ce qui est en train de se passer également chez nous : des monnaies virtuelles à venir contrôler par les banques centrales pour bloquer la fuite massive à venir des capitaux des citoyens occidentaux.

Il est fortement probable que ces tendances entraîneront de nouvelles entrées dans les cryptoactifs non étatiques et une augmentation des volumes d’échange particulièrement vers le Bitcoin, l’Ethereum et le Tether.

Sans parler des milliers d’autres cryptoactifs.

Franck Pengam

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10 réactions à cet article    


  • Clocel Clocel 10 décembre 2020 15:56

    Les cryptos... Belle invention « tombée », de l’athanor de Babylone...

    Les veaux ont cru à une alternative à l’enculade de l’argent dette !

    Les cocus... Levez le doigt !? smiley

    Babylone qui joue à fond la carte chinoise, la Chine ne viendra pas à nous, nous irons vers la Chine, son modèle deviendra planétaire par la grâce de nos archontes.

    Si Biden s’installe, on est mort.


    • infraçon infraçon 10 décembre 2020 16:02

      Dites Mr Pengam...

      Quand vous dites entre autres :
      « Depuis 2009, lorsque Bitcoin a émergé pour la première fois sur la scène mondiale, l’empire du Milieu a connu une ruée vers la cryptomonnaie appuyée sur la blockchain. »

      Si moi, capitaliste communiste chinois j’achète pour 400 USD de bitcoins, je pense que l’autorité chinoise s’en fout un peu.

      Par contre si j’achète 5.000.000.000 d’unités de bitcoins, il a bien fallu à un moment ou à un autre que j’entre la valeur équivalente en USD ou en Yuan dans la fameuse blockchain, via un zigoto qui prends mes soussous et me délivre un certificat numérique issu de la fameuse blockchain... Non ?

      Et là je pense que l’autorité chinoise ça la chiffonne... et si elle veut m’en empêcher, il suffit qu’elle passe une loi qui m’enverrait dans ses geôles pour six cents ans — comme les US smiley — et ça, ça refroidirait vite fait la « ruée »...

      A mon avis le Yuan numérique est plutôt utile pour « magouiller » au niveau de la banque centrale chinoise, comme fait, par exemple, la banque centrale européenne avec le rachat de dettes des pays européens. Et du coup pour s’économiser toute une gestion de papier monnaie et de pièces de monnaie. Non ?


      • raymond 10 décembre 2020 16:13

        @infraçon
        oui, plus simplement si le bitcoin existe c’est bien que c’est voulu.


      • raymond 10 décembre 2020 16:15

        @infraçon
        je dis cela mais je n’ai toujours pas compris le principe de ce truc.


      • GÉOPOLITIQUE PROFONDE GÉOPOLITIQUE PROFONDE 10 décembre 2020 17:02

        @infraçon
        Ce n’est pas le sujet de l’article, mais oui bien sûr comme toutes les banques centrales. 

        Il y a de nombreux aspects mais à mon avis ce n’est pas la simple économie d’émission fiduciaire qui détermine cette tendance mondiale de numérisation des monnaies.

        Le sujet de cet article, avec le traçage et la confiscation de l’épargne, surdéterminent plutôt cette trajectoire. 


      • Clark Kent Séraphin Lampion 10 décembre 2020 17:15

        @raymond

        Les monnaies numériques ont la capacité de créer de l’argent et de mettre en circulation de nouvelles devises, une prérogative jusqu’alors exclusive et historique des banques centrales. Mais en fait, il ne s’agit pas d’une remise en cause, car en fait, le contrôle de la masse monétaire, à travers les taux d’intérêt et les quotas de réserve bancaire, s’accommodent d’une nouvelle source monétaire externe. La Banque Centrale Européenne a compris cette évolution en préparant un euro numérique, corrélé à l’euro monétaire, et la banque centrale chinoise travaille avec Alibaba et Tencent pour créer la première crypto monnaie d’état (Yuan numérique). Des pays comme la Russie, le Japon et la Suède sont déjà passés à la phase de test.

        Internet a créé un environnement favorable au développement des devises numériques : génération millenium, croissance du commerce digital, simplification des paiements, recul du cash, remise en question des intermédiaires, internationalisation des échanges. Une devise supranationale, sur base d’un panier de devises existantes, pourrait contribuer à stabiliser les échanges commerciaux.

        La première génération des crypto monnaies, en particulier le Bitcoin, a surtout servi à se livrer à des spéculations importantes. L’intervention des institutionnels dans cette jungle vise à les intégrer dans une génération de devises numériques plus stables, et surtout connectées à l’économie des biens et services. Les devises nationales n’empêcheront pas les initiatives privées, mais elles pourraient en accroitre l’instabilité des crypto monnaies privées en les concurrençant sur les attributs qui les ont rendu jusqu’ici attractives pour ceux qui recherchent l’argent facile.


      • raymond 10 décembre 2020 17:20

        @raymond
        ok mais si j’achète 1 bitcoin, je verse 20000 ros mais à qui ?


      • Clark Kent Séraphin Lampion 10 décembre 2020 17:35

        @raymond

        C’est comme pour la bourse, vous devez passer par un courtier.

        Tout est expliqué là.


      • infraçon infraçon 10 décembre 2020 20:54

        @GÉOPOLITIQUE PROFONDE

        Ce n’est peut-être pas le sujet de l’article, mais vous utilisez l’argument en introduction pour attirer le chaland...

        ensuite :
        « Le gouvernement a été contraint d’interdire l’utilisation du Bitcoin en 2013 à cause de sa popularité et de la fuite des capitaux qu’il entraînait. »

        je vous ai indiqué une autre solution très simple pour éviter la fuite de capitaux via le bitcoin (ou autre). Ce qui est donc pour moi un faux argument.
        ça commençait mal...

        Pour le reste je vous laisse faire oeuvre de vulgarisation.

        Quant à moi, ça ne me concerne pas. Je suis pour une société sans argent. Mais ça, je comprend bien, vu votre fond de commerce, que c’est le cadet de vos soucis pour savoir comment ça peut marcher.


      • Bendidon ... bienvenue au big CIRCUS Bendidon 10 décembre 2020 17:55

        Ché bien tout chat mais si un jour plus d’électricité !

        On fait quoi et comment on paie ?

        Ben oui chat pourrait arriver smiley

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