Les 10 points qu’un révolutionnaire doit savoir expliquer
La victoire de Ruffin, les 19% de Mélenchon à l’élection présidentielle ou la présence d’Asselineau dans les médias sont des victoires encourageantes pour toutes personne profondément de gauche. Certes certains d’entre nous espéraient mieux, mais il semble que bientôt, peut-être dans un an peut être dans 50 ans, une révolution de gauche aura lieu dans ce pays.
Notre mission à nous, militants ou citoyens engagés, est de préparer cette révolution. Il faut que les révolutionnaires soient en mesure d’expliquer l’essentiels des changements à faire tout en se concentrant sur des points non clivants. En m’appuyant sur les travaux de Chouard, Friot, Asselineau, Filoche, Piketty, Lordon, Lepage et d’autres chercheurs, je vous propose de résumer les 10 points non clivants que tout bon révolutionnaire doit savoir expliquer aux autres dans un but d’éducation populaire.
- Le chômage est dans l’intérêt que les riches.
Il a la vertu du point de vue des riches de rendre docile les salariés (qui craignent de ne pas être embauchés) en exigences salariales, d’exercer une pression pour de meilleures performances et de renforcer la compétition des diplômes et qualifications.
- Exonérer d’impôt les riches accroit le déficit public.
Les impôts étant les recettes de l’états, baisser les impôts c’est créer un déséquilibre budgétaire.
- Nous n’avons pas besoin des riches pour créer des emplois.
Il existe deux types de propriété : propriété d’usage et propriété lucrative. La propriété d’usage c’est le droit de posséder un bien d’usage comme une voiture ou une maison et la propriété lucrative est le droit d’utiliser sa propriété pour gagner de l’argent, exemple : société d’autoroute, loyer d’appartement ou être propriétaire d’une entreprise.
Il faut supprimer le droit à la propriété lucrative et faire des entreprises la propriété d’usage des employés (qui deviennent alors copropriétaires de leurs outils de travail, ce qui revient à généraliser le statut actuel de SCOP d’une entreprise).
« Il y a un dirigeant comme dans n’importe quelle entreprise. Mais celui-ci est élu par les salariés associés ». 1
Il n’y aurait donc plus de « patron » pour s’approprier le capital et le réinvestir. Ou trouver l’argent pour l’investissement ? Par les cotisations, ce sera à l’état d’investir avec cet argent ou de le verser sous forme de subventions, voir le point 7.
- Le salaire doit être lié à la personne et non au poste.
Le meilleur moyen de faire disparaitre le chômage est de mettre fin à l’emploi. Toute personne doit être rémunéré par un salaire inconditionnel qui reconnait sa qualification ainsi que sa production.
L’idée du salaire à vie ou du revenu de base ne faisant pas l’unanimité on peut imaginer une forme alternative : nous considérons les chômeurs comme étant tous « fonctionnaire en disponibilité », qui devront effectuer des missions confiées par l’état.
Il est important que le concept de « demandeur d’emploi » disparaisse car il subordonne l’individu non pas à la production de richesse (comme l’écologie, le bio, le logiciel libre, l’art, la santé, l’action humanitaire) mais au profit ainsi qu’aux conditions de travail fixés par le patron (voir le point 1).
Par exemple des ouvriers construisent un bâtiment : ils produisent de la richesse. Des propriétaires de ce bâtiment gagnent de l’argent par les loyers : ils récupèrent le profit sans produire de richesse (ce n’est pas eux qui ont construit le bâtiment). Plus généralement les patrons (propriétaires) n’embaucheront que dans une logique de profit, la création de richesse étant secondaire.
- La monnaie se crée par prêt bancaire.
Toute la monnaie est créée par emprunt, les emprunts aux banques centrales émettent de la monnaie fiduciaire (billet et pièce) et les emprunts aux banque privés émettent de la monnaie scripturale (carte bancaire, chèques). La dette est donc obligatoire dans un système pareil. De plus les prêts aux banques privés se faisant avec taux d’intérêt, il y a plus de dette que de monnaie ce qui entraine l’accroissement de la dette.
Il est donc urgent de :
- Faire emmètre l’exclusivité de la monnaie sans dette par une institution publique.
- Créer une institution citoyenne ou judiciaire visant à limiter la production de la monnaie (voire procéder à de la suppression de monnaie en cas d’inflation).
- Protéger les consommateurs contre l’inflation avec un contrôle sur les prix et les salaires (indexation des salaires2, gels des prix, prix maximums3).
- Un régime anticapitaliste doit être démocratique pour fonctionner.
L’une des forces actuelles du capitalisme repose sur l’échec de certaines expériences dite « communiste » : les régimes de Staline, Mao Zedong et Nord-coréen. Rappelons que le communisme repose sur l’idée de partage de richesse, peut-on penser qu’un dictateur soit animé par un tel objectif ? Non, il faut donc qualifier ces régimes de totalitaires et non pas communistes.
Pour contrer cet argument il faut rappeler les expériences réussies4 du communisme : la fonction publique inventée par Maurice Thorez ou la sécurité sociale inventée par Ambroise Croisat (tous deux communistes).
- Il n’existe pas de régime démocratique autre que la démocratie directe.
Le seul moyen d‘accéder au pouvoir via l’élection est d’être suffisamment connu. Or ceci rend la réussite de l’élection dépendante de deux facteurs :
- Avoir une campagne électorale suffisamment financée.
- Avoir une présence médiatique suffisante.
Dans les deux cas l’approbation des riches possesseurs de médias ou de banque est nécessaire. Or comme nous l’avons vu dans le point 1, les intérêts des riches et du peuple sont contraires. Les élus sont donc choisis préalablement par des individus ayant un intérêt contraire au peuple ce qui explique les multiples trahisons envers le peuple (dénigrement de la fonction publique, gel des cotisations) et les faveurs envers les riches (exonérations d’impôts ou prêts ruineux à l’état).
L’utilisation du tirage au sort étant incorruptible, on peut utiliser cette méthode pour sélectionner les membres d’une assemblée constituante qui aura pour mission d’instaurer une démocratie directe.
L’usage de l’élection doit être réservé aux groupes électoraux suffisamment petit pour que tous les candidats aient la même publicité. Pour les taches nécessitant une haute qualification (comme la diplomatie ou la gestion de l’armée) on peut choisir les représentants par concours.
Voir également mon article l’élection est mathématiquement absurde face au tirage au sort ainsi que le travail d’Étienne Chouard.
- La cotisation des entreprises est plus efficace que l’impôt pour lutter contre la fraude.
Pour aider les petites entreprises en difficulté on peut rendre les cotisations progressives selon le chiffre d’affaire des entreprises de sorte que les entreprises en difficultés cotisent moins que celles en bonne situation. La fraude aux cotisations nécessitera des techniques plus complexes que la fraude fiscale, comme le travail au noir qui est compliqué à mettre en place pour de grandes entreprises.
- L’union européenne est un verni de gauche sur des institutions d’extrême droite.
Toute personne profondément de gauche préfère l’internationalisme au nationalisme. On peut résumer cette pensée par une citation de Jacque Fresco :
« J’ai refusé de porter allégeance au drapeau américain. […] Les états unis doivent toutes leurs ressources à d’autres pays, donc je préfère prêter allégeance à la terre et tous les peuples qui y vivent »
Les capitalistes ont donc caché leurs institutions dans un objet d’apparence internationaliste : l’union européenne. Cependant on peut affirmer que l’UE :
- Est une construction nationaliste à grande échelle correspondant au « choc des civilisations ».
- Etablit des lois sans parlement (appelé procédure législative spéciale).
- Ne peut pas changer politiquement.
L’article 48 du TUE impose l’unanimité des états membres pour modifier un traité. Avoir une UE « de gauche » nécessite que les 28 états soient de gauche, ce qui est statistiquement impossible. - Est profondément capitaliste et libérale.
L’article 123 du TFUE interdisant aux états d’emprunter à leurs banques centrales nous empêche de régler le point 5. Les GOPÉ de 2017 nous empêchent d’augmenter les cotisations car il y est question de « réduire le cout du travail ». L’article 63 interdit de restreindre les mouvements de capitaux, impossible alors de lutter contre les délocalisations, etc…
- Ne pas attendre un leader providentiel.
On peut noter trois armes fondamentales du capitalisme : le sophisme, la novlangue, le monopole de la parole médiatique. Etre mené par un leader c’est se rendre vulnérable aux attaques ad hominem. Amplifié par l’utilisation des médias cette attaque ad hominem rendra ledit leader infréquentable et détruira le mouvement révolutionnaire.
À l’inverse, attendre un leader c’est s’exposer aux escrocs ou traitres qui saliront le mouvement.
1. http://www.les-scop.coop/sites/fr/les-scop/qu-est-ce-qu-une-scop.html
2. Voir les travaux de Maurice Allais.
3. Déjà utilisé lors de la révolution française, voir la conférence de Henri Guillemin : https://www.youtube.com/watch?v=XiM74n8I2Gc
4 Il est important de considérer la classe ouvrière comme victorieuse et non pas victime face au capital voir la conférence de Friot : https://www.youtube.com/watch?v=C5XV1Gk4O0g&t=385s
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