Les 4 caractéristiques du nouveau monde d’après
La crise actuelle va profondément modifier le monde d'après : services publics renforcés, endettement massif, protection de l'environnement, digitalisation de la société, et hybridation de la mondialisation seront les nouvelles normes qui vont structurer notre futur proche.
En ces temps difficiles, un peu d’optimisme ne peut pas nous faire de mal. Il ne s’agit pas de rêver à un idéal improbable, mais plutôt d’essayer de détecter les effets probables de la crise inédite que nous vivons. En effet, 4 changements majeurs sont d’ores et déjà à l’œuvre, et sont à même de bouleverser considérablement notre monde.
Des services publics revalorisés
Tout d’abord, les services publics voient leur côte de popularité monter en flèche, et les revendications appelant à leur octroyer davantage de moyens sont bien mieux entendues. Mais surtout, elles bénéficient désormais d’un soutien massif de la population. Gare donc aux politiques qui continueraient à s’opposer à cette remise à niveau et à ces nouveaux investissements. Ils risquent de chuter très lourdement dans l’opinion. Cela concerne évidemment l’hôpital et la santé, mais aussi par ricochet l’éducation, la police, la justice, et plus largement tous les services publics dont nous redécouvrons soudain l’importance. Ce changement d’état d’esprit ne sera pas vain, car il s’allie à une deuxième évolution majeure.
Un déblocage de l’endettement public
Les besoins en investissements et en frais de fonctionnement à destination des services publics, mais aussi de tous les secteurs de l’économie touchés par la crise du covid-19, vont mobiliser des fonds considérables. Or, les états, tout comme l’Europe, l’ONU, et la majorité des organisations supranationales, ont désormais accepté la nécessité d’une augmentation des endettements publics. Il reste bien entendu des modalités à définir (notamment le fait de savoir si l’Europe finira par mutualiser ses dettes à travers l’émission d’obligations « corona-bonds » ou non), mais ce mouvement est déjà enclenché, et une fois la ligne rouge des seuils d’endettement passée (les fameux 3%), rien ne pourra arrêter cet accès aux fonds généreusement mis à disposition par les banques centrales. L’argent va donc couler à flot et permettre de soutenir la revalorisation des services publics qui sera exigée par les populations.
Des investissements massifs dans la protection de l’environnement et le digital
Les investissements qui seront déployés ne viseront pas un simple renforcement de ce qui existe déjà, car la libération budgétaire en cours était attendue de longue date par deux autres impérieuses nécessités : la transition écologique et la transformation numérique. Ces généreux fonds ne pourront pas être affectés sans tenir compte de ces deux exigences puisque la seule raison qui empêchait jusqu’ici leur déploiement plus rapide était budgétaire. Les climato-sceptiques qui fleurissaient encore il y a quelques années sont en effet devenus des animaux curieux et rares, tandis que toutes les activités ont dû brutalement s’installer dans le monde du digital suite au confinement. Et là encore, le rôle de l’opinion publique sera déterminant, avec de nombreuses voix qui s’élèvent déjà pour demander que cette chance historique soit saisie et que des objectifs de long terme soient définis afin de transformer notre société. La transition écologique et digitale va enfin recevoir les moyens de ses ambitions.
Une hybridation de la mondialisation avec une relocalisation sélective de certaines productions
Enfin, la montée en puissance de l’écologie va de pair avec la relocalisation de certaines activités productives. Nous allons donc assister à un infléchissement de la mondialisation commerciale à laquelle nous sommes désormais bien habitués, au bénéfice d’un rapprochement lié au double besoin de mieux contrôler certains approvisionnements – ce qui jouera surtout pour quelques secteurs « stratégiques » dont nous voyons l’importance lorsqu’il s’agit de réaliser des tests de dépistage sanitaire par exemple – et de diminuer la consommation en énergie liée aux transports de marchandises. Cette relocalisation sera particulièrement visible pour les biens tangibles, mais un mouvement inverse pourrait toutefois intervenir concernant les biens intangibles, autrement dit les services, qui, eux, se feront de plus en plus à distance, portés par la transformation digitale de nos sociétés. Ce bouleversement nécessitera une rénovation complète de nos modèles de taxation des entreprises car la consommation des services devenant de plus en plus indépendante de leur lieu de production, la valeur ajoutée échappera totalement à l’impôt territorialisé tel que nous le connaissons actuellement.
La crise que nous traversons aujourd’hui marquera l’orée du basculement vers une société moins inégalitaire car soutenue par des services publics de meilleure qualité, plus durable, moins polluante, encore plus technologique, dans le cadre d’une « mondialisation localisée », appuyée sur un socle fiscal rénové. Ce nouveau monde d’après nous appartient.
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