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Les coups de la crise

Signe, pour l’anecdote révélatrice, de la dépression économique en forme de débâcle humaine : la fonte vertigineuse des recettes publicitaires de la première chaîne de télévision.

Là où la volonté présidentielle a débarrassé les chaînes publiques des scories commerciales aux pointes d’audience, la crise nettoie les programmes de TF1 des longues et indigestes coupures publicitaires. Si report de la manne du public vers le privé il y a eu, le marasme mondial a désintégré son contenu.

Ainsi, la flopée de séries américaines qui permettent de réviser les quatre coins des USA et la palette infinie des salauderies humaines : je les purge des séquences dont on les a truffées, grâce à l’efficace DVD-enregistreur-nettoyeur, pour que ma BB puisse les visionner dans un total confort, sans la répétitive pause-pipi qu’imposent les bruyantes réclames, même en l’absence d’incontinence.

En septembre 2008, j’avais encore fréquemment de gros morceaux de sept à huit minutes, bien polluants mais détectables à tous les coups par le défilé des chapitres de six minutes. 2009 ne laisse poindre que des tranches de pub efflanquées, parfois d’à peine deux minutes qui se perdent au beau milieu des épisodes comme une saucisse William Saurin dans une bassine de topinambours. La crise impose ses changements de comportement : fini la rythmique des chapitres pour retrouver les plages de publicité, bonjour l’accélération fastidieuse des images…

Finalement, les adeptes de la décroissance vont avoir l’occasion d’observer la réalisation brutale, par la contraction de la production, de leurs aspirations. Pas sûr que les dizaines de millions d’individus qui auront perdu leur emploi au cours de cette période en deviennent de fervents partisans. A moins qu’on les leurre, ici et là, en leur vantant un anti-capitalisme primaire dont on ne comprend toujours pas la teneur du projet concret et viable qu’il recouvre.

Et sinon ? Je n’achète toujours pas d’actions, encore moins de produits financiers, je ne conduis décidément pas et je reste sur mes gardes lorsque je croise un congénère…

Le volontarisme politique n’empêchera pas l’instinct prétendument salvateur du nationalisme social. La mondialisation est morte ? Vive la relocalisation avec purin bien de chez nous coincé au creux des godasses ! Rigolade, sinistre farce pour tenter de contrer le sauve-qui-peut en marche. Les pauvres, les miséreux, les laissés sur la berge comprendront bientôt que les riches, les très riches n’ont pas de plus raisonnable comportement qu’eux lorsque la gabegie menace.

Quoi que puisse proposer, d’applicable, les dirigeants en place, les mécontentements croîtront. Ce qu’il faut avant tout éviter c’est le dérapage, aux sources multiples possibles, qui justifierait la voie barbare, laquelle se déchaînerait d’abord contre ceux qui apparaissent comme privilégiés ou protégés dans leur emploi, par nature public pour ces derniers. Le paradoxe ? Les fonctionnaires formaient encore très largement le gros des cohortes revendicatives des dernières manifestations en France.

Le premier poste de dépenses de l’Etat reste, de très loin, le paiement de la fonction publique. Toute politique d’aide aux plus exposés à la crise, les salariés du secteur privé, ne peut se financer qu’en réduisant, grâce à l’opportunité du papy-boom, les effectifs du public. Le reste, c’est du bruyant folklore d’un autre temps, celui où les caisses de l’Etat pouvaient encore supporter l’accroissement de son personnel.

Pour l’instant, le rapport de force se cristallise entre une partie de la population, via les syndicats, et un Etat perçu comme l’unique solution, un centralisme de crise en somme. Espérons que cela ne se déporte pas entre catégories de populations, quel que soit le critère de scission violente retenu.


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11 réactions à cet article    


  • Vilain petit canard Vilain petit canard 17 février 2009 10:58

    Ouais... quand vous ditres que "le premier poste de dépenses de l’Etat reste, de très loin, le paiement de la fonction publique", et que vous en tirez comme conclusion que "toute politique d’aide [...] ne peut se financer qu’en réduisant [...] les effectifs du public", vous court-circuitez une donnée de taille, c’est que l’activité du Service Public, est avant tout une activité de service, et donc fatalement, consomme proportionnellement plus de salaires que de matériel.

    Je vois que vous êtes enseignant. Que penseriez-vous d’une phrase comme "le premier poste de dépenses de l’enseignement reste, de très loin, le paiement des enseignants, et [donc], toute [autre] politique [...] ne peut se financer qu’en réduisant [...] les effectifs des enseignants" ?


    • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 17 février 2009 16:18

      J’en penserais que la mesure serait bien venue puisqu’il est avéré qu’il y a moins d’élèves à certains niveaux de l’enseignement. Le dogme intouchable, en France, consiste à associer le toujours plus d’effectifs avec la qualité qui en découlera naturellement. On peut constater les résultats, au bout de quelques décennies, de ce modèle.


    • wesson wesson 17 février 2009 11:03

      Bonjour l’auteur,

      mais quel article fastidieux : On commence par vos périgrinations avec votre magnétoscope qui vous permet de zapper la pub, pour ensuite critiquer les "anti capitalistes adeptes de la décroissance", nous informer que vous ne jouez pas en bourse, que les gens qui veulent le protectionnisme sont des cons, et pour finir par déféquer sur les fonctionnaire !


      Ce qui est époustouflant dans cet article, c’est qu’il ai pu passer en comité de rédaction. Vous y dites tout et rien du tout à la fois, sur un ton de confession de comptoir au bistrot du coin.

      Le seul bonheur de cet article, c’est qu’il est court. On n’aura perdu que 5 minutes de temps à le lire (et en ce qui me concerne, 5 minutes de plus pour le commenter).

      Moins moins moins !


      • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 17 février 2009 15:59

        Ravi de vous avoir déplu... je ne pouvais espérer mieux.


      • wesson wesson 17 février 2009 23:44

        "Ravi de vous avoir déplu... je ne pouvais espérer mieux."

        Et bien, la prochaine fois que vous mangerez des nouilles, ou que votre voisin fonctionnaire aura laissé sa poubelle sur votre trottoir, n’hésitez pas à venir nous raconter ici même votre expérience passionnante !


      • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 18 février 2009 12:07

        Je n’hésiterai pas soyez-en assuré, et avec moult détails qui attisera votre dérisoire condescendance.


      • sacado 17 février 2009 11:29

        Moralité : pour faire baisser le chômage, virez les fonctionnaires ! smiley smiley


        • faxtronic faxtronic 17 février 2009 12:21

          Ben oui, kekyenafout de l education, pour la ou ca mene.... smiley


        • LE CHAT LE CHAT 17 février 2009 14:00

          merde alors , même plus le temps d’aller pisser pendant les pubs ! smiley


          • plancherDesVaches 17 février 2009 14:26

            Votre appartenance à l’enseignement privé explique bien votre discours.

            Et conforte ma confiance dans le public.


            • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 17 février 2009 16:13

              En effet, quelle réussite ce service public qui se hérisse dès qu’on ose toucher à son fonctionnement. Un modèle d’évolution.
              La seule et unique occasion que j’ai eu de fréquenter l’enseignement public, et en l’espèce une université de Lyon, m’a édifié sur le respect de l’enseignant qui règne dans ces contrées. Ayant effectué diverses vacations, j’eus la mauvaise surprise de n’être payé que plusieurs mois après. Une pratique courante envers ceux dont l’université a bien besoin pour assurer certains cours : on leur demande d’être disponible tout en ne les payant pas le mois suivant le travail effectué ! Délicatesse qui m’a contraint à envoyer un courrier comminatoire au président des lieux, lequel avait par ailleurs couvert des travaux contestables en histoire...

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