Les déprimés de la ligne B, suite...
Cet article fait suite à celui du 22 octobre dernier dans lequel je faisais part de mon témoignage et de mon désespoir devant les inconvénients auxquels devaient faire face les malheureux utilisateurs de cette ligne B, qui dysfonctionne même en temps « normal », mais dont ce dysfonctionnement s’accélère dès la moindre alerte de mouvement social, pour aboutir généralement à la paralysie quasi-totale en cas d’appel à la grève d’une quelconque des catégories de personnels de la RATP ou de la SNCF.
Cet article du 22 octobre avait reçu de nombreuses critiques contestant le bien fondé du témoignage sur lequel il était établi et dont la plus vive était celle de la demande de preuves.
N’ayant pas à ce jour eu accès aux statistiques des dysfonctionnement que la RATP aurait l’heur de mettre à la disposition de ses « usagers », sachant par ailleurs les « pondérations » dont ces statistiques font en général l’objet quand elles sont publiées par l’auteur desdits dysfonctionnements, je n’ai malheureusement pas de ce côté de chiffres fiables à proposer.
Comme par ailleurs, les quelques associations qui militent le long de cette ligne pour son amélioration n’ont pas la possibilité de poster des vigiles permanents, afin d’enregistrer les incidents divers qui pourraient se produire au cours du service, et que les quelques témoignages qui leur sont éventuellement transmis ne rendent pas nécessairement compte de la totalité des problèmes rencontrés par les voyageurs, de ce côté aussi les choses sont difficiles à quantifier.
Ce mercredi 14 novembre 2007, alors que depuis plusieurs mois les appels à la grèves des transports pour cette journée sont relayés de toutes parts, tandis que dirigeants syndicaux et représentants du gouvernement se disent tous autant déterminés à ne pas modifier leur position quant à la réforme des retraites, et bien qu’à la veille de cette journée de grève les uns et les autres semblent vouloir avancer vers la négociation, il s’avère que programmée depuis si longtemps, cette grève attendue par tous comme un temps fort de la respiration sociale du pays ne pouvait être décommandée ni même reportée : trop d’attente, trop de force d’inertie, voire trop d’envie d’en découdre...
J’avais indiqué le 22 octobre qu’il ne s’agissait pas de porter un jugement sur la justification de ces formes d’actions, ni de d’entrer dans le débat sur le bien fondé de la réforme des retraites des personnels concernés.
Tout ce que je peux ajouter concernant ces questions, c’est que de mon point de vue la grève devrait être l’arme de dernier recours des salariés, quand leurs représentants sont en butée de négociation, sachant que trop souvent le jeu stupide de la part de l’employeur consiste à charger la barque d’amblée pour acculer ses employés à la grève...
Tout restant alors affaire d’appréciation de chacun !
Pour ce qui est de la réforme des retraites, toujours de mon point de vue, le gouvernement, tente de justifier sa rigidité par le fait qu’il veut remédier à ce que beaucoup de Français considèrent comme une injustice, puisque, les uns dont certains au travail pénible, peu payés et à l’emploi précaire, doivent financer les pensions d’autres dont la sécurité de l’emploi est garantie et qui prétendent partir plus tôt en retraite.
Les cheminots et les employés de la RATP ne sont pas pour autant des riches et des nantis et par ailleurs bien d’autres injustices subsisteront après que celle-ci aura été probablement aplanie : je serai le premier à militer pour la limitation des retraites « chapeau » des dirigeants des grandes entreprises, pour une vraie taxation des stock-options offertes aux copains, tout en étant bien d’accord pour reconnaître que si ces dernières actions avaient été entreprises en premier, le gouvernement aurait eu plus de légitimité pour présenter sa réforme devant les syndicats !
Ces choses ayant été exprimées, je vous propose de retourner sur la ligne B de la RATP !
Donc, ce mercredi 14 novembre 2007, dès potron-minet à l’écoute de mes radios préférées, hors France-Culture, mais France-info, Europe 1, RTL, RMC, sur toutes sans exception, l’info revenait en boucle : « pour les RER, trafic quasi inexistant sur la ligne A, complètement nul sur la ligne B » !
Ainsi, si sur certaines lignes, la fréquence des rames pouvait être rare et aléatoire, sur la ligne B, l’affaire était claire et nette : interruption TOTALE du trafic !
Je ne sais ce qu’il en sera de la reprise du service sur cette ligne, mais mes expériences passées en ce domaine me rappellent qu’elle sera longue et laborieuse, avec un service redevenant normal probablement après que toutes les autres lignes auront régularisé le leur...
Aujourd’hui encore, je m’interroge sur les raisons d’une telle spécificité : travail plus difficile sur cette ligne ? Encadrement plus répressif ? Critères de sélection lors du recrutement ? Personnel plus combatif et pour quelle raison ?
Toujours est-il que cet article sera transmis par courrier à son PDG, Pierre Mongin, et je ne manquerai pas (au cas où !) d’en retransmettre la réponse aux lecteurs d’AgoraVox.
Bien à vous
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