Les Dieux de pailles
Dure est la réflexion dans une société qui ne la développe plus qu’au bénéfice des marchands d’opinions et des polémistes que la plupart des citoyens reprennent, faute de trouver le temps de lire.
Le débat dit sur l’identité glissa sur l’islam via la burqa et tous les racistes islamophobes, xénophobes père fils filles, et toute la famille comme au jeu des 7, et ont posé la critique de la religiosité et de dieu. Mais rare ont été ceux, qui ont critiqué les dieux que nous avons construits, en reniant les autres.
Nous parlons d’eux par éducation comme si ces dieux monothéistes nous étaient extérieurs, rejetant loin de nous qu’ils puissent n’être que la construction de nos comportements, d’un cerveau qui s’instruit de la complexité qu’il observe, et face à laquelle la nécessité d’une autorité incontestable et d’une espérance l’a toujours poussé à les situer au-dessus de lui.
Il est donc naturel qu’ayant « externalisé » Dieu dans la nature, puis dans les cieux pour les monothéistes, il nous soit difficile de reconnaître ceux que nous bâtissons à notre image, dans nos pays, dans le monde pour espérer et apporter une réponse à la complexité.
Qu’est-ce donc un dieu si ce n’est de croire que par ses commandements nous pourrons vivre heureux après la mort en ayant fait preuve de quelques mérites et de consolations.
Voilà 1500 ans que nous nous transmettons une culture religieuse et elle ne peut pas, ne pas nous avoir imprégné de sa structure, de telle manière qu’elle-même étant une réponse à nos comportements, elle nous en a transmis par la famille puis « l’école » ses solutions organisationnelles.
Pourtant fort de leurs réflexions des hommes se sont affranchis de ce maître à la bonté terrifiante, et ont entraîné l’humanité dans les droits de l’homme.
Ce fut long, avec au départ l’humanisme critique de la méthode scolastique, qui remet l’homme au centre du monde, durant cette période la séparation entre raison et foi ne fera que s’approfondir. La philosophie chrétienne se confrontera à la science sans que la raison rejette la foi, et il faut voir se développer les prémisses de notre athéisme actuel, dans les formes qui sont les nôtres, avec auguste comte, car la notion d’athée existait chez les grecs qui refusaient le monothéisme.
Mais quand nous lisons tous leurs ouvrages ce n’est pas tant la remise en cause de la foi en son existence qui les oppose, même si Spinoza essaie de ramener dieu sur terre, que s’élever contre la soumission de l’esprit, auxquels ses commandements et analyses philosophique et théologique chrétienne ont condamné les hommes.
Il nous est encore difficile aujourd’hui de comprendre que de croire en dieu ou que de ne pas y croire est fondateur de commandements (lois), de normes (culture), d’églises (rassemblement d’hommes), de rituels (caractéristiques), de rites (usages), d’identité ( l’imprégnation), et parce que nous leurs donnons d’autres noms pour accomplir la soumission qu’ils portent, nous ne sommes même plus capable de reconnaître là, où ils nous privent d’une liberté que nous avaient apporté tant d’hommes.
Tous n’étaient pas des philosophes, il y a eu tous ceux que l’on pouvait englober sous le terme de savants ou de découvreurs, y compris des précurseurs des sciences modernes dont leurs travaux permirent de réorganiser la pensée, tel héliocentrisme.
C’est donc de la réflexion de ces hommes que nous avons dans les souffrances construit la république et la démocratie totale avec le vote des femmes en 1944.
Mais un événement particulier marquera ce parcours, celui de la séparation de l’église et de l’état.
Pourtant durant cette longue période s’est développé le capitalisme avec la liberté du commerce, et l’on ne peut donc pas dire qu’il le fut sur des Valeurs Laïques, car il commence à la fin du mercantilisme.
La contestation essentielle des commerçants fut l’émancipation de leur soumission à l’Etat monarchique, ce qui implique, nous le comprenons qu’ils s’installent au pouvoir quand la monarchie tombera.
Ainsi notre manière de commercer, de définir des valeurs, des rapports au choses, des relations humaines, repose sur une morale culturelle ancestrale de l’orient chrétien remodelé par les sciences, que nous nous transmettons par la famille et l’école et qui se retrouve dans les relations commerciales et politique au travers de modèles économiques et politiques que nous construisons et qui bon an mal an reconstituent des « Dieux » dont le principe repose sur la pratique de commandements qui retirent toutes possibilités de choix aux populations en les organisant et les normalisant dans une structure hégémonique de toutes autres.
Après de nombreuses turbulences, la démocratie permet aux populations de faire des choix politiques individuels, et de ne plus dépendre d’un maître.
Pour cela il faut avoir à l’esprit que la population n’élit pas des gouvernants, mais leurs représentants à qui elles confient un mandat dont ils doivent rendre compte et qu’elle peut contester à tout moment. Nos gouvernants ne sont que des mandataires.
Pourtant par choix politique il faut aussi entendre choix économiques, car s’il y a eu séparation, c’est de l’église et de l’état, et non d’avec les « marchands » (commerce), ceux qu’ils ont toujours défendus au travers du libéralisme en réclamant leur émancipation de l’Etat, non dans l’intérêt de la population comme ce l’est écrit dans leurs ouvrages, mais aux seuls droits de la propriété économique, car en ces périodes le peuple n’était que soumis à la servitude, 1794 puis 1848, fin de l’esclavage, 1805 début du salariat.
Sauf que ce n’est pas dans la liberté de l’esprit que nous sommes élevés (s’il peu y en avoir une), mais dans une culture où dieu est le père castrateur dont il faut s’émanciper et que nous reconstruisons sans cesse.
Sa trace nous la retrouvons dans toutes nos constructions
La chrétienté a rejeté la domination d’un peuple hébraïque élu de dieu. (Conscience de l’universalisme)
Un temps libre avec ses églises (réunions de croyants pas les édifices catholiques), comme les hébreux qui de « libre » s’étaient donné un roi Saül pour les gouverner, elle s’est donnée un Pape pour le même usage, tandis que la démocratie s’est donnée un Président. Seul le nom du Maître change et la fréquence de son renouvellement.
Nous portons donc une construction cérébrale qui nous pousse à reproduire les schémas dans lesquels nous avons été élevé, sous tendu par une matrice maternelle innée, où le dominant à pour fonction de donner naissance à la meilleure progéniture pour survivre.
Dans nos débats modernes, nous rejetons la religion à la sphère privée, et nous reconstruisons sans cesse des organisations structurelles semblables en les nommant différemment, les dogmes, dont la fonction est la même, soumettre les individus à des commandements organisationnels.
La communauté hébraïque était libre de ses choix dans le respect de sa croyance, elle se désigne un roi, les chrétiens sont libres dans le même cadre, ils se choisissent un pape, le peuple est libre par la démocratie dans le respect de ses lois, il se choisit un président.
Nous avons rejeté le roi, mais élu un président, élire son maître n’est pas en soi une liberté, si en bout l’on ne fait qu’en changer.
Nous avons rejeté quelques commandements divins (droit de la force), pour établir la force du droit positif qui s’amasse à n’en plus finir et se transforme en droit de la force de celui qui gouverne.
Nous avons rejeté la dictature des plus nombreux, le communisme, pour conserver celles de quelques-uns, le fait du prince.
Enfin devant la complexité croissante qui embrouille nos esprits en nous contraignant à la réflexion, nous avons rejeté le débat idéologiques source de conflits, de choix, propres aux responsabilités de chaque citoyen, et nous avons choisi de laisser notre existence n’être dirigée qu’au travers du commerce, et nous avons soumis nos choix politiques à ses commandements, le modèle d’économie capitaliste, en (sacralisant) ou dogmatisant la loi du marché, et nous l’avons mis hors de notre portée de toutes réformes démocratiques en « externalisant ».
C’est en la constitutionnalisant que nous en avons fait notre « dieu », auquel nous soumettons les valeurs, piliers de la république, à ses commandements, donc chacun a pu mesurer ce qui est devenu une évidence, le développement de la charité en est la plus probante démonstration.
Mais d’aucun de relier le redéploiement des communautarismes à l’affaiblissement des valeurs républicaines soumisses au dieu du commerce,
Nous avons fait de la loi du marché notre dieu du commerce, nous lui avions vendu notre liberté de citoyen en 1973 en donnant aux seules banques le droit d’émettre de la monnaie, ce pouvoir qui était celui de chacun de nous.
Nous avons transféré notre puissance démocratique à quelques individus (les magistères de la finances), comme les membres libres des églises chrétiennes l’ont donné à quelques représentants de leur magistère pour construire leur prison catholique qui n’a cessé de créer des commandements religieux jusqu’à devenir le droit de la force, dont je rappelé l’action de ceux qui nous en avaient sorti en s’élevant contre la soumission de l’esprit et en remettent l’homme au centre du monde.
Par la séparation de l’église et de l’état, nous ne nous sommes émancipés que théoriquement de cette soumission, car la matrice culturelle a continué de marquer nos structures cérébrales qui déterminent en partie nos choix que l’exercice de la démocratie exprime.
Il n’y a donc rien d’étonnant de voir la difficulté de choisir, de réfléchir, de se positionner, « s’externaliser » dans Loi du Marché, aussi « indéfinissablement » que Dieu, suspendu aux commandements de ses magistères (élites), comme d’autres le sont aux commandements des leurs.
Ainsi au lieu de s’engager dans l’exercice de la citoyenneté, il suffit de prier (voter) vers une espérance consolatrice (la loi du marché), que leurs apôtres du tout commerce (les marchands) nous développent avec forces de paraboles simplifiées, dans le cadre d’une pensée unique pour être accessible aux ignorants, tient comme les évangiles, comme c’est curieux.
Alors s’il nous est impossible de ne pas édifier des dieux, autant déifier le Savoir dans des églises universitaires pour s’instruire de notre ignorance, et ne pas passer à côté de ce 21ème siècle qui semble être celui de tous les dangers et de toutes les espérances.
Cette abondance que nous savons produire nous rapproche de l’idée que pouvait avoir l’homme de l’Eden, pour peu que nous arrivions à comprendre, qu’un métal jaune (or) et une pierre translucide (le diamant) n’ont de valeurs autre que leurs propriétés physiques.
Si nous arrosons l’arbre de la connaissance avec celles de notre cupidité que nous leurs attribuons, il y a de grandes chances que nous en revenions à l’usage du matériau le plus répandu le silex, faute de pouvoir se projeter vers les étoiles. D’une autre manière si nous ne développons le savoir que pour satisfaire notre cupidité nous en reviendrons à l’âge de pierre.
Ceux qui contestaient l’Etat en ont pris possession, ceux qui contestaient le pouvoir royal ont installé le leur, ceux qui contestaient les dieux ont construit leurs dogmes, la seule chose qu’ils n’ont jamais niée c’est leur droit naturel de dominer.
Faute de modifier cela nous retournerons vers le silex, car l’on ne peut empêcher l’humain de se bâtir des dieux.
Pourtant, ce n’est pas cela qui en est le signe le plus probant. Ce signe est le nombre de « Dieux d’en haut » que nous avons inventé, Symbole d’un commandement nécessaire. Ce besoin de croire, de se rassurer, d’expliquer des événements, génère des régularités schématiques que nous pouvons observer dans nos comportements, et lorsque ces schémas incertains deviennent contestables, pour qu’ils ne puissent plus l’être, nous les élevons à une dimension inaccessible ; une dimension qui réfute toute preuve contraire pour qu’ils restent immuables. Nous les inscrivons pour cela au plus profond de notre méconnaissance.
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