Les études aux USA : Modèle à suivre ou à éviter ?

Dans les faits, le gouvernement cherche peu à peu à se désengager de l’université, tant au niveau des responsabilités, que du financement, et tente de se rapprocher ainsi du modèle américain tellement envié par notre Président de La République, qui rêve d’institutions comme Harvard, Princeton, UCLA, MIT, Stanford etc. Mais au fait. Qu’en est-il de ce modèle américain tellement envié ? Faisons donc un tour au-delà de l’Atlantique et observons ce qui s’y passe actuellement.
Quels diplômes, pour combien de Dollars ?
A tous ceux qui rêvent d’études supérieures aux USA, parlons d’abord du nerf de la guerre, sans quoi rien n’est possible : L’argent. Car ne l’oublions pas, l’éducation se paye, et elle se paye cher. D’aprés la dernière étude en la matière publiée dans USA Today, Il faut compter pour une université publique, 6 585 Dollars en moyenne par année en tant que résident américain, et 25 143 Dollars pour une université privé. (Je donne la précision des tarifs pour des étudiants américains, car un pour un étudiant étranger, il faut encore multiplier par 3 voire 4 selon l’université). Sachant, qu’il faut compter en moyenne 4 années d’études supérieures pour obtenir un Bachelor’s Degree (Equivalent d’une maîtrise), ces chiffres doivent donc être encore multipliés par 4. Donc, il faut compter avec environ 26 000 Dollars dans le public et plus de 100 000 Dollars dans le privé, rien qu’en frais de scolarité. Pour ceux qui lorgnent sur un Master’s Degree (Equivalent d’un DESS), il faut alors encore compter une année supplémentaire à un tarif encore supérieur à celui pour un Bachelor’s Degree.
Et les bourses ?
Evidemment, il existe également des bourses diverses (Pour certaines minorités, de la part d’associations, Rotary, Lions et consort, et de la part de l’université même, à condition d’être proche d’un petit génie). Pour les américains qui ne rentrent dans aucune catégorie donnant droit à une bourse, il reste aussi la possibilité de… s’engager dans l’Armée, via le ROTC. En somme, on gagne la possibilité d’un séjour en Irak ou en Afghanistan sous les balles de snipers en échange d’une bourse dans une université publique.
Et dans la réalité ?
Envier le système universitaire américain et donc bien joli, mais à quel prix ? Inutile de dire, que si en France, chaque étudiant d’université ramenait en moyenne 20 000 Euros par an, les conditions d’études ne seraient pas les mêmes. Est-ce là réellement un gage de bonne éducation ? Est-ce là ce que l’on recherche en France ? Si oui, cela reviendra à dire que l’éducation et la culture d’un jeune sera proportionnelle à son portefeuille. Plus on sera riche, meilleure sera l’éducation que l’on obtiendra. Pour information, à titre de comparaison, je précise que le système éducatif en Finlande, dont le niveau est un des plus élevé en Europe, voire au monde, offre une scolarité à un coût de…0 Euros. Mieux, il y a mise en place gratuite de cantines, de bus de ramassage, de livres et de cours particulier, le tout avec un échec scolaire proche de …0.
Notre gouvernement s’acharne à pointer l’éducation universitaire pour expliquer en partie le chômage des jeunes. Donc, si le système US tant envié était si bon, l’économie des USA devrait être florissante et les étudiants américains devraient donc sortir indemnes de la crise, n’est-ce pas ?
Retour aux USA, avec le même article dans USA Today :
Eh là surprise avec ce titre : “College graduates struggle to repay student loans”. Les étudiants américains s’endettent en moyenne à hauteur de 27 000 $ à 114 000 $ suivant les universités et les études. Etudier le Français dans le Wisconsin est bien moins cher que faire médecine à Harvard.
Pourtant, de plus en plus de diplômés bataillent pour rembourser leur prêt, incapables de trouver un emploi sur un marché morose qui leur permettraient de faire face à leurs obligations financières. Le défaut de paiement des prêts étudiants est à son plus haut point depuis 1998. De réelles détresses font leur apparition, et comble du comble, pas moyen de faire marcher la loi sur la faillite (Suite à un amendement sur la loi des faillites de 1998, tiens, comme par hasard), comme pourrait en bénéficier par exemple un particulier s’étant sur-endetté, ou un joueur compulsif ayant tout perdu, car il ne s’agit ni de dettes auprès d’organismes de cartes de crédit, ni de prêts pour un véhicule, ni des dettes de jeux. La seule option qu’on leur laisse, est d’étaler la dette jusqu’à…trente ans. Dans les faits, en moyenne, on parle d’un remboursement de 1 500 $ à 2 000 $ par mois (suivant l’indice des intérêts) pendant 15 années !
En clair, les étudiants bataillent pour rembourser le prêt d’études. Et pour quelle raison ? Car le marché de l’emploi se contracte. Donc, même dans le pays si admiré par Nicolas Sarkozy, force est de constater que de bonnes études dans de prestigieuses universités ne garantissent pas obligatoirement un emploi à la fin des études. Pire encore. Il y a risque d’endettement majeur sur plusieurs années. Et pour cause : Les études ne créent pas d’emploi, tout au plus, elles forment à un emploi.
Avis à notre gouvernement : La réforme en cours des universités, ne changera rien à la calamité du chômage. Afin que le nombre de chômeurs baisse, en l’occurrence celui des jeunes, il faut que l’offre en emplois surpasse la demande. C’est aussi simple que cela (Niveau 1ère ES), et tellement inquiétant de voir que notre gouvernement ne semble pas le comprendre.
Par ailleurs, je demande encore à ce que l’on m’explique, comment le fait de réduire le nombre d’enseignants dans l’Education Nationale, en ne permettant pas le remplacement de certains départs à la retraite, saurait aider les universités dans leur fonctionnement et les étudiants acculés dans des amphithéâtres déjà trop bondés.
Source :
- USA Today - Christine Dugas - 13/05/2009
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