• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Les grecs te disent merde

Les grecs te disent merde

D'habitude, l'électeur cocu reconduit ses maîtres. Là, non.

Le poids de la dette devient tel que la plupart des pays s’épuisent à en acquitter les seuls intérêts. En admettant que la France cesse d’emprunter aujourd’hui, il faudrait environ quarante ans pour rembourser le solde dû. La France s'endette de 4640 euros de plus chaque seconde, soit près de 174 milliards par an. La dette publique de la France atteint selon l’observatoire de la dette publique 5000 milliards (2000 milliards pour l'Etat et, souvent non comptabilisés, plus de 3000 mds hors bilan), soit plus de 90 % du PIB.

Or, ce qui est troublant, c’est que nul dans le personnel politique ne songe JAMAIS à remettre en cause – ne serait-ce qu’en faisant des calculs sur le principal remboursé – les fondements de cette dette. Eh bien, aujourd'hui les Grecs posent le problème au reste de l'Europe par la voie des urnes (sachant que toute façon ils seront incapables de rembouser).

Sages élèves du système qui les a nourris et promus, les Hollande, Sarkozy, Sapin, Macron, Moscovici, et consorts n’évoquent jamais un sujet simple : si le principal est remboursé, ne pourrait-on négocier une remise sur le restant dû ?

Pour simplifier, un emprunt rapporte en moyenne environ 48 % de la somme en intérêt. Vous empruntez 100 000 euros sur dix ans pour l'achat d'un appartement, vous paierez 148 000, avec de sensibles variations bien entendu, suivant les taux.

Dans la cascade d’emprunts qu’elle a contracté, la France a déjà remboursé le principal sur un certain nombre d’entre eux : ne pourrait-on négocier une remise globale, à l’instar de l’Islande, ou de ce que va demander fort probablement la Grèce et son nouveau chef ?

Aujourd’hui les dettes sont si dures à supporter que le système a trouvé une parade pour que les états continuent sagement d’en acquitter les mensualités : on emprunte quasiment pour rien, on émet de la monnaie de singe, l’essentiel étant de continuer de payer chaque mois.

Pour que les emprunteurs vivent grassement en revanche, pas de dévaluation ni d’inflation, qui risqueraient l’un et l’autre de soulager quelque peu les peuples, mais ferait des dégâts sur les avoirs existants.

L’offre politique, pour l’électeur docile, consiste donc en un sage panel de candidats non-dangereux pour le système. 

Mais le réveil des Héllènes via le charismatique Tsipras - même s'il a donné des gages de "sérieux" - risque de donner des migraines aux FMI, BCE, et autre argentiers de l'UE....


Moyenne des avis sur cet article :  3.34/5   (41 votes)




Réagissez à l'article

23 réactions à cet article    


  • Taharqa 26 janvier 2015 17:21

    A mon avis, la première mesure à prendre pour Syriza au pouvoir, c’est virer avec un grand coup pied au derrière l’immonde troïka FMI. Ça permettrait tout de suite de montrer qu’ils sont sérieux et qu’ils ne vont pas faire semblant de négocier sur la dette. 


    • lsga lsga 26 janvier 2015 17:26

      ce n’est pas du tout ce qui est prévu. Ce qui est prévu, c’est du léchage de botte des créanciers de la Grèce pour négocier un p’tit peu plus d’État Providence. Viva la revolucion ! smiley


    • Taharqa 26 janvier 2015 18:06

      Syriza a été ambigu pendant la campagne, un coup gentillet, un coup méchant gaucho avec couteau entre les dents. C’est la meilleure manière de parvenir au pouvoir.
       
      Maintenant sur ce qu’ils vont effectivement faire, je ne crois pas non plus trop à une négociation trop poussée de la dette.
       
      Syriza ne veut pas risquer la désintégration de l’Euro donc ils manieront le chantage de la sortie de l’Euro avec précaution
       
      Syriza a une autre promesse à peu près réalisable : un peu de justice sociale en taxant un tant soit peu l’église et les riches Grecs. 


    • velosolex velosolex 27 janvier 2015 11:12

      Dans les années 1880, le premier ministre Trikoupis engage l’assainissement des finances publiques et la modernisation du pays, avec la construction d’un réseau de chemins de fer et le percement du canal de Corinthe.

       Mais les impôts ne rentrent toujours pas et le retour des guerres avec la Turquie font à nouveau bondir la dette extérieure.

      Confronté à une grave crise économique et sociale, l’État se déclare en faillite en 1893. C’est la première faillite de son Histoire ; il en connaîtra une deuxième en 1932, pendant la Grande Récession mondiale.

      Les Européens perdent patience et proposent la création d’une banque centrale mixte qui contrôlerait la gestion de la dette. Athènes se couvre de barricades.

       Pas question que des étrangers viennent dicter leur loi au pays de Platon ! 

      Le vieux Trikoupis, qui plaide pour une politique de rigueur, est renversé et le gouvernement se déclare en faillite en 1893, au grand dam de ses créanciers.

      En 1897, sa défaite face aux Turcs ne lui laisse plus le choix. Une Commission financière internationale (CFI) composée de représentants de toutes les grandes puissances s’installe à Athènes afin de contrôler les dépenses budgétaires, de la même façon qu’en 2010 la « troïka » UE-BCE-FMI. Jusqu’à sa dissolution en 1936, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, elle va maintenir l’État dans l’orthodoxie financière. 

      On le voit, les problèmes de non solvabilité de la Grèce ne date pas d’hier


    • Martha 27 janvier 2015 11:17


       C’est très simple :
       un clic sur upr.
       Vous trouverez une très bonne analyse de ce qu’est Syriza.

       Le signe le plus visible que le choix des « Européistes » s’est porté sur lui, c’est le soutient MEDIATIQUE qui a PORTE ce parti au pouvoir.

       On l’a vu pour Sarkosy, puis pour Hollande et c’est, chez nous, maintenant, au tour du FN.
       Créer une insatisfaction générale, là ils y vont à fond, sont experts.. rassembler les insatisfaits, donc la majorité, derrière un porte-parole qui fait de belles promesses orchestrées par les médias manipulateurs et le tour est joué, pour cinq ans (chez nous).

       La gouvernance par l’abus de confiance, les excès à volonté, en particulier dans les mensonges, la privation du citoyen de son rôle régulateur, c’est tout simplement la tyrannie organisée. Pour cela les médias sont au top*.
       C’est à cela que l’on doit la reconnaître : ils sont sont son révélateur. Mais se souvient-on encore du sens de ce mot à l’ère du « numérique » ?

       La preuve que les médias ne nous présentent que l’inverse de la vérité (au sens du négatif pour la photo argentique), ce sont les silences sur les points importants. Les traités Européens sont irréformables et anti démocratiques. « Notre » politique en Syrie, « notre » soutient aux nazis de Kiev, « notre » silence devant l’enquête bidonnée sur l’attentat contre le vol MH17, « notre » silence encore devant la réalité des tortures de la CIA et le refus d’enquêter à nouveau sur les attentats du 911, etc...etc...Ce sont des moulins à parole, un remplissage permanent de l’espace sonore et des écrans mais jamais de réponses aux questions que l’on doit légitimement se poser.
       Première urgence : les faire taire, débrancher radios et TV. Ce n’est plus tenable !

       *C’est tellement visible qu’il faudrait en rire. Mais c’est à ce point nul et horrible que le peut-on encore ?
       Ne reste que le rire excessif des chimpanzés celui qui est pour eux le signe de la terreur.
       Radio-Paris ment, radio-Paris est....


    • Robert GIL Robert GIL 26 janvier 2015 17:23

      L’Allemagne, actuel champion économique de la zone euro a fait trois fois défaut dans le payement de sa dette au cours du XXe siècle : dans les années 1930, en 1953 et en 1990....
      .
      voir :
      L’ALLEMAGNE NE PAYE PAS CES DETTES … mais critique la Grece


      • Captain Marlo Fifi Brind_acier 26 janvier 2015 19:30

        Robert Gil,
        L’Allemagne critique la gestion des pays du sud, et vous vous critiquez l’ Allemagne. Vous croyez que vous allez faire changer les Allemands ? Rêve ! Avoir une monnaie forte est au centre de la vie allemande, et pas seulement de Merkel.


        Ce que fait l’Allemagne ne me convient pas non plus, mais je ne vois pas pourquoi on devrait rester pacsés à vie avec elle ? Si je suis à l’ UPR, c’est justement pour en finir avec toutes ces soumissions, à l’ OTAN, à l’ Allemagne, à la BCE et au FMI.

        Pourquoi passez-vous votre temps à critiquer l’un ou l’autre des Etats ?
        Ils font ce qu’ils veulent chez eux.
        Et nous, faisons ce que nous voulons chez nous..

        Cela ne dépend que des Français, il suffit que la majorité soit d’accord et on sort de ce bousin, sans rien avoir à demander à quiconque. Dans les Traités, l’article 50, c’est la seule décision qu’un peuple puisse prendre sans rien demander aux autres.

        Si nous sommes dans cette situation, c’est que toute la Gauche, qui devrait défendre les populations, crache à jet continu sur l’indépendance et la souveraineté, se berce et nous berce d’illusions en croyant qu’elle va faire changer les autres pays.
        Cela fait 35 ans que la Gauche nous promet une « Europe sociale », et c’est de pire en pire.
        On privatise les profits et on socialise les pertes.
        Vous allez vous réveiller quand ?

      • tf1Groupie 26 janvier 2015 20:44

        L’Allemagne aurait été en défaut de paiement en 1990 ?
        On veut bien vos sources Robert.


      • logan 27 janvier 2015 06:49

        Cette victoire de Syriza à notre niveau prouve bien que l’alliance des gauches ( front de gauche ) et un discours alter européen sont une stratégie qui peut fonctionner et générer beaucoup d’espoir.

        Attention aux discours convergents, des pro européens ( europe néolibérale ) et des anti européens ( sortie de l’euro ou de l’UE ) qui voudront diaboliser Syriza car tout leur discours visait à faire croire qu’il n’y avait pas d’alternative autre que la leur, et Syriza démontre le contraire.

        Regardez comme fifi devient hystérique en voyant que ses dogmes sont en train de s’effondrer.

        Ce qu’il faut faire au contraire c’est nourrir cet espoir pour que la victoire des grecs serve aussi aux français et à toute l’europe pour se débarrasser des Sarkozy / Hollande / Merkel et de l’austérité néo libérale.

        Et évidemment il faut continuer comme le fait l’auteur à dénoncer leurs méfaits, notamment les mécanismes d’endettement qu’ils ont mis en place.


      • Captain Marlo Fifi Brind_acier 27 janvier 2015 20:35

        Mon pauvre logan,
        Vous croyez au Père Noël ?
        Vous demandez à ceux qui ont mis la Grèce dans cet état de trouver des solutions pour l’en sortir ?


        Quand on est un pays souverain, on ne demande rien à personne.
        Tsipras est allé à New York montrer patte blanche au FMI et autres banksters.
        Quant à son alliance avec un Parti ultra conservateur, raciste et xénophobe, je suppose que vous allez préparer des meetings avec le FN ?

        Rendez-vous dans quelques semaines, sinon, quelques jours....

      • Pere Plexe Pere Plexe 26 janvier 2015 17:52

        ...ou alors entamer avec V Poutine des pourparler sur la possibilité d’accueillir un port militaire Russe en Grèce.
        Je pense que serait susceptible d’assouplir les exigences des FMI UE et autres faux nez US sur la dette.


        • Rincevent Rincevent 26 janvier 2015 18:54

          @ Pere Plexe

          Excellente idée ! Poutine a déjà envoyé ses compliments…


        • Captain Marlo Fifi Brind_acier 26 janvier 2015 19:32

          Poutine s’occupe de réactiver la base russe de Cuba.


        • Daniel Roux Daniel Roux 26 janvier 2015 18:03

          Ce qu’il faut bien comprendre est que les hommes politiques ont financé leurs élections par la dette. C’est en toute connaissance de causes qu’ils ont ruiné notre nation.

          Ils ont bien compris que la foule des électeurs n’avaient ni mémoire, ni intelligence, ni envie de savoir d’où venait l’argent des relances, des cadeaux fiscaux, des subventions innombrables et incontrôlées.

          La technique est simple : Promettez plus que l’autre la baisse des impôts et l’augmentation des dépenses et vous êtes élus. Ensuite, empruntez au nom du peuple et faites vous ré-élire pendant 40 ans à sa santé.

          Chirac est paraît-il l’homme politique le plus apprécié. Sarko tente un retour avec les mêmes recettes qui ont ruiné la France. Hollande est incapable de réduire le déficit faute d’avoir le courage de trancher dans les subventions publiques ruineuses mises en place par ses prédécesseurs.


          • Captain Marlo Fifi Brind_acier 26 janvier 2015 19:13

            L’auteur cite l’ Islande. Mais l’Islande, comme avant elle l’Argentine sont des pays souverains, pas des colonies d’Empire gérées par des Traités qui enlèvent tous les droits régaliens aux Etats.


            En restant dans le cadre européen, le gouvernement grec ne peut agir sur rien.
            Les pouvoirs des gouvernements dans l’ UE sont des coquilles vides, les compétences régaliennes ont été transférées à la Commission européenne, à la BCE et au FMI.

            Il peut discuter, ça oui, discuter de la manière dont les accords précédents devront être refinancés.
            Pour en finir avec la dette, il faut pouvoir prendre des décisions souveraines.
            Donc sortir de l’ UE, et gérer lui même l’économie grecque.

            • Vipère Vipère 26 janvier 2015 22:55


              A Grégoire DUHAMEL

              « Sages élèves du système qui les a nourris et promus, les Hollande, Sarkozy, Sapin, Macron, Moscovici, et consorts n’évoquent jamais un sujet simple : si le principal est remboursé, ne pourrait-on négocier une remise sur le restant dû ? »

              Nos dirigeants ne sont pas des marchands de tapis !


              Leurs demander de palabrer pour rabioter quelque ristourne sur la dette n’est pas enseigné à l’ENA


              Du reste, ils passeraient pour des radins, y avez-vous pensé ?

              • alinea alinea 27 janvier 2015 00:10

                Ils vont répondre comme ça !! :

                http://www.legrandsoir.info/l-effet-domino-vite.html


                • velosolex velosolex 27 janvier 2015 11:22

                  on pourrait aussi exiger que les allemands, qu’on appellerait les boches de nouveau, nous remboursent la note de 18, consécutif au traité de Versailles.....


                  Si j’ai été de tout cœur derrière les révolutions sud américaines, celle ci me semble qu’un coup d’épicier matois : les électeurs sont simplement, soit des gens désespérés, soit des opportunistes qui hier votaient « aube dorée »

                  Qu’est ce que c’est que cette révolution ? Partage des richesses, revoir la constitution...Qu neni, embaucher simplement le vingtième de la population comme fonctionnaire. Pour les armateurs et le clergé, nous disent ils, on va y travailler, promis....

                  Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. 
                  Pour le moment le clergé continue à faire partie de l’état, et les armateurs, qui composent la première flotte commerciale du monde, sont épargnés par l’état. 
                  Autre curiosité, les avoir grecs à l’étranger représentent à peu près le montant de sa dette.

                  Si je plains les plus pauvres affamés par ce système, il ne faut pas oublier que ce sont les politiciens grecs et non l’Europe qui sont responsables de cette gabegie. 
                  je n’ai pas grande sympathies pour Merkel, mais voir sont portrait brûle en effigie me ramène tout de suite les notions de bouc émissaire et de populisme. 

                • Vipère Vipère 27 janvier 2015 00:20





                   

                  « D’habitude, l’électeur cocu reconduit ses maîtres. Là, non. » 

                  Les grecs ont dit « merde » aux oligarques et à l’austérité et les français aussi ont dit « merde » au cheval blanc d’ Henri IIII, ce qui est un grand pas vers la libération de l’emprise oligarchique.


                   Ce à quoi, ils n’ont pas renoncé, c’est palabrer interminablement de politique politicienne, puis du prix de la baguette, des loyers qui font la course à l’échalotte, de laTrieierweiller remplacée par une enjoleuse aux yeux de velours, des caricatures de Charlie, et pour finir, après moultes tergiversations, du prochain candidat qu’ils vont voter, toujours les mêmes maîtres, « le changement c’est pas pour les cocus ». 
                   .


                  Les cocus à répétition programmés gardent leurs momies politiques comme le Musée du Caire garde précieusement Toutankhamon qui ne sert à rien, dans la boîte où il est enfermé, si ce n’est à être regardé comme un vestige du pouvoir et de la grandeur de l’ancienne Egypte.

                   


                  • Xtf17 Xtf17 27 janvier 2015 07:59

                    "La dette ? Quelle dette ?

                    Avant d’examiner les questions techniques, il faut bien réfléchir à la philosophie de cette affaire. Les puristes disent « une dette est un accord entre deux parties, il faut le respecter  » : donc il faut la payer. C’est ce qu’a répété en Grèce Pierre Moscovici, le commissaire européen du PS, ces jours derniers : « Une dette n’est pas faite pour être effacée, elle existe, elle doit être remboursée ».

                    Il va de soi que la vie en société repose sur le respect des conventions signées. Car annuler unilatéralement un accord c’est s’exposer à ce que les parties adverses en fassent autant sur d’autres accords et il n’est pas certains que le bilan final soit positif pour celui qui prend l’initiative de la chaîne des ruptures. Mais un premier débat porterait évidemment sur la légitimité de l’accord conclu. Un bon accord suppose l’égalité des parties et donc la liberté d’agir de chacune d’entre elles. Exemple : une signature donnée sous la contrainte n’entre pas dans cette catégorie. Ensuite, on distinguera ce qui est dû au titre du capital et ce qui est dû au titre des intérêts. Le capital peut être considéré comme une propriété, même si dans le cas du prêt bancaire sa valeur n’existe pas puisque la banque n’a pas dans ses coffres l’argent qu’elle prête. Au moment de la discussion sur la dette, on pourrait vérifier si la valeur du capital emprunté a été ou non remboursée. La surprise, ce sera de constater que dans la plupart des cas, le capital initial est largement remboursé. Ainsi quand on entend dire «  il faut rembourser la dette  » la phrase est souvent un mensonge. Il faudrait dire «  il faut payer les intérêts  ». On comprend pourquoi cela n’est pas dit de cette façon… Car tout le monde serait tenté de s’interroger sur le taux d’intérêt payé et sur sa justification. Ce fait banal touche aussi au cœur de la doctrine financière. Car les taux d’intérêt usuraires sont imposés au nom du « risque de défaut », non ? Bien sûr, ces taux augmentent le risque de défaut, c’est bien pourquoi ce système est absurde. Mais ce n’est pas le plus important ! Le plus important, c’est que si l’on fait payer un risque c’est donc qu’il est prévu aussi qu’il puisse se réaliser. Ceux qui ont saigné la Grèce au nom du risque ne peuvent protester quand il se concrétise !

                    Une fois posé ceci en général, voyons les cas concrets. Car en sens inverse, il arrive que les prêteurs soient conscients du fait que leurs exigences sont insoutenables et que, s’ils les maintiennent, tout le système qui les contient eux-mêmes pourrait s’effondrer. C’est ce qui s’est produit au lendemain de la seconde guerre mondiale à propos de l’Allemagne vaincue. Sa dette à l’égard des autres pays fut effacée en quasi-totalité. Il s’agissait d’empêcher que le martyr du remboursement des immenses dégâts et carnages dus aux armées allemandes dans toute l’Europe pousse les citoyens dans les bras des communistes et de l’Allemagne de l’est. Le 27 Février 1953, la Conférence de Londres aboutit à l’annulation de près des deux tiers de la dette allemande (62,6%) par ses créanciers étrangers ! La dette d’avant-guerre, qui avait été une des causes directes de la victoire des nazis fut radicalement réduite de 22,6 milliards à 7,5 milliards de Marks. La dette d’après-guerre est réduite de 16,2 milliards à 7 milliards de Marks. Ce sont des effacements considérables. L’accord fut signé entre la toute nouvelle RFA et pas moins de 22 pays créanciers. Parmi les 22 créanciers, on trouve les États-Unis, la Grande Bretagne, la France, mais aussi la Grèce elle-même ! Cet exemple montre comment parfois on peut décider d’une annulation radicale pour sauver l’équilibre d’un système !

                    J’ai un exemple de ce que je viens d’énoncer que je juge encore plus parlant. C’est celui de la dette… de l’Irak. Après la deuxième guerre du Golfe, celle que ne firent ni la France, ni l’Allemagne, ni le Canada et ainsi de suite, les États-Unis dénoncèrent la dette contractée par le régime de Saddam Hussein. Bush fils la nomma « dette odieuse », reprenant un terme que seuls utilisaient déjà les altermondialistes. Ces derniers l’avaient eux-mêmes emprunté à une doctrine du 19e siècle. Elle est apparue lors du conflit opposant l’Espagne et les États-Unis en 1898. A cette date, Cuba, jusque-là colonie espagnole, passe sous le protectorat musclé des États-Unis. L’Espagne exige alors des États-Unis le remboursement la dette de Cuba auprès d’elle. Les USA refusent. Ils déclarent cette dette « odieuse », c’est-à-dire contractée par un régime despotique pour mener des politiques contraires aux intérêts des citoyens. «  Ce qui est important, c’est que cette déclaration, finalement reconnue par l’Espagne, est inscrite dans un traité international, le Traité de Paris, qui fait donc jurisprudence. » note Eric Toussaint à qui j’emprunte ce savoir.

                    Peu importe à cette heure les démêlées sur le sujet de cette dette en particulier. En suivant le lien mes lecteurs en apprendront davantage et je leur demande de le faire pour fortifier leurs arguments quand ils devront les porter dans leur environnement. Au final, la dette irakienne fut annulée à 80% ! Cela représentait 120 milliards de dollars ! Retenez ce chiffre. C’est plus du tiers du montant de la dette grecque au début de la crise ! Suivez le raisonnement. Chacun s’accorde à dire que les comptes publics étaient maquillés par les gouvernements de droite sur la base des conseils donnés dans ce sens par Goldman-Sachs ! On peut donc qualifier cette dette de « dette odieuse » dans le sens que Bush lui donnait à propos de l’Irak ! 

                    L’Allemagne doit payer

                    Mais pour l’instant, faisons comme si nous acceptions la thèse du remboursement obligatoire indépendamment de toutes circonstances. Dans ce cas, si la Grèce doit payer la dette, ne doit-on pas lui rembourser d’abord celle qu’elle détient auprès des autres, de façon à lui permettre de payer la sienne ? C’est exactement ce que dit Tsipras. Les Allemands ont occupé la Grèce au cours de la seconde guerre mondiale et ils se sont livrés dans ce pays à plusieurs massacres de masse en plus des destructions habituelles. Le comble du cynisme, c’est qu’ils ont fait payer à la Grèce les « frais d’occupation ». Cela représente 168 milliards d’euros actuels. Tsipras a donc prévu de les réclamer à l’Allemagne. « Dès que notre gouvernement sera en fonction, cette question fera l’objet d’une demande officielle  » a-t-il déclaré. C’est en effet l’équivalent de la moitié du montant de la dette actuelle. Est-il légitime de réclamer cette somme ? Tenons compte du fait que l’Allemagne actuelle se sent assez comptable des exactions de l’Allemagne nazi pour servir des rentes aux survivants de la Shoah et même pour avoir fait des dons conséquents à Israël, non pour réparer ce qui restera à jamais irréparable, mais comme reconnaissance de sa culpabilité. Cette culpabilité ne peut être ignorée en Grèce et la responsabilité de l’Allemagne dans l’extorsion de fonds violente en Grèce, bien signalée par le terme de « frais d’occupation », ne peut être abrogée. Peut-être dira-t-on que c’est de l’histoire ancienne et qu’il faut savoir tourner la page. Soit. Mais alors la règle doit s’appliquer dans tous les cas.

                    Ce n’est pas ce qu’a fait la France quand elle a réclamé au nouveau pouvoir russe de monsieur Poutine le paiement des emprunts russes contractés à la fin du dix-neuvième siècle par les Tsars de Russie. Cette dette avait été annulée par le gouvernement des bolchevicks. Cette question des emprunts russes a été réglée par un accord signé en 1997 entre la France et la Russie. Il a consisté en un versement par la Russie à la France 400 millions de dollars ! Les Russes ont donc payé à la fin du vingtième siècle pour une dette dont les premiers titres datent de 1898 ! Mais l’affaire n’est pas close pour autant. Des arrêts du Conseil d’État, déclarent que cet accord entre États n’éteint pas les droits des porteurs privés vis-à-vis de leur débiteur (Conseil d’État n° 226490 à 236070 séance du 12 mars 2003, et Conseil d’État n° 229040 séance du 7 janvier 2004). Peu avant son élection Nicolas Sarkozy avait confirmé cette position. Il l’a fait par écrit. Il s’agit d’une lettre signée le 19 mars 2007 adressée aux porteurs privés réunis en association. En voici le passage clef : «  L’accord franco-russe signé le 27 mai 1997 a eu pour effet la renonciation mutuelle des réclamations respectives des gouvernements français et russe. Néanmoins, il n’a pas pour autant éteint les droits de créance des ressortissants français sur le gouvernement russe. La situation n’est donc pas figée ». On ne peut être plus clair. Dès lors, ce qui est vrai face aux Russes cent vingt ans plus tard cesse-t-il d’être vrai face aux Allemands soixante-cinq ans après les faits ? Doit-on rappeler que les crimes des nazis sont imprescriptibles ?

                    Tout ce qui précède est destiné à donner l’environnement historique et culturel de la question de la dette grecque, qui est présentée comme une sorte de fait indiscutable avec la dose de terrorisme intellectuel habituelle dans ce type de situation. Voici ce qui me frappe le plus : on considère comme un fait d’évidence qu’il y aurait une sorte de « responsabilité collective » des Grecs vis-à-vis de la dette. Pourquoi imputer à tout un peuple les pillages de quelques-uns ? Surtout quand ce petit nombre maquillait les comptes publics pour cacher ses turpitudes. Et cela avec l’aide d’une banque, Goldman-Sachs, que nul n’a inquiétée depuis pour ces faits ? Et pourquoi imputer aux Grecs cette responsabilité collective vis-à-vis d’une telle question alors que l’on se refuse à juste titre à établir une responsabilité collective du peuple allemand dans les crimes du nazisme, alors même que ceux-ci furent commis avec une participation individuelle assez massive, que les moindres images d’archives rappellent sans contestation possible."

                    Extrait du blog de JLM en date du lundi 26.


                    • christophe nicolas christophe nicolas 27 janvier 2015 12:04

                      Vous avez raison, on est dans le rapport de force pour se gaver et le jour où c’est une question de survie, on raisonne autrement.


                      Entre un capital emprunté et ce qu’on rembourse au final à quelqu’un qui vous à prêté sans avoir l’argent mais grâce au pouvoir octroyé par l’état et à votre propre capital déposé chez lui pour garantir l’émission de monnaie qu’est un emprunt, il y a un monde.

                      Le banquier prend notre argent, il prend une accréditation de l’état et nous prête avec intérêt. C’est donc son intérêt de pas trop énerver tout le monde....

                      En fait, les effacements sont techniques, ils correspondent à une négociation pour les comptes compensée éventuellement par une émission de monnaie. J’imagine qu’il ne vaut mieux pas tout savoir....

                      Logiquement on devrait pouvoir s’emprunter à soi même sans intérêt mais pour éviter l’arnaque il faut une partie neutre, le banquier, sauf que sur les marchés, il n’est plus du tout neutre. Normalement le banquier ne devrait pas spéculer, ni prendre des actions, ni toucher aux affaires puisqu’il est initié.

                    • eau-du-robinet eau-du-robinet 27 janvier 2015 09:05

                      Bonjour,
                      .
                      Les dettes publiques des 28 pays européens servent des intérêts privées, l’oligarchie financière. Nos impôts sur les revenues servent à payer les intérêts de la dette publique et sont ainsi détournée de manière frauduleuse.
                      .
                      C’est un énorme système d’escroquerie qui à été mis en place avec la loi du 3 janvier 1973 et ceci avec la complicité des hommes politiques escrocs.
                      .

                      Les banquiers placent des hommes au cœur des États et privatisent peu à peu la création monétaire. George Pompidou était banquier avant d’être président, il travailla au sein du gouvernement français mais aussi au service de la banque Rothschild pendant plusieurs années (1954 à 1958 et de 1959 à 1962).
                      On imagine aisément les conflits d’intérêts résultant de ce double emploi et ayant pour point culminant la loi Pompidou Giscard qui donne le droit aux banques privées de prêter à l’état français. La France redevient donc à nouveau sous l’emprise financière des banquiers.

                      L’état français est obligé d’emprunter aux banques privés à des taux souvent très supérieurs à ce que la banque de France proposait. Le contribuable français paye donc ces intérêts aux banques via les impôts, c’est ce qui pourrait s’appeler une taxe bancaire déguisée … Cette loi a été passée sous silence lors de son vote le 3 janvier 1973, c’est seulement en 2010 que quelques courageux politiques osent la critiquer ouvertement et l’omerta qui l’entoure est troublante … La loi Pompidou-Giscard serait aussi à l’origine de la dette des états qui n’a cessé de croître à partir de cette date, la corrélation est indéniable.

                      .

                      La loi du 3 janvier 1973 à été retranscrit dans le droit européen article 123 TFUE !

                      .

                      On trouve des hommes du monde de la Finance occupent soudainement des postes clés politiques et vise-versa ...

                      Goldman Sachs, le trait d’union entre Mario Draghi, Mario Monti et Lucas Papadémos

                      Qu’ont en commun Mario Draghi, Mario Monti et Lucas Papadémos ? Le président de la Banque centrale européenne, le président qui été désigné du conseil italien et l’ancien premier ministre grec appartiennent à des degrés divers au « gouvernement Sachs » européen.
                      .
                      Ces trois responsables, dont deux Monti et Papademos, ont formé l’avant-garde de l’annexion de la politique à la technocratie économique, appartiennent au réseau que Sachs a tissé sur le Vieux Continent et, à divers degrés, ils ont participé aux opérations illicites les plus truculentes orchestrées par l’institution étasunienne. De plus, ils ne sont pas les seuls. On peut mentionner aussi Petros Christodoulos, aujourd’hui à la tête de l’organisme qui administre la dette publique grecque et dans le passé président du National Bank of Greece, à qui Sachs a vendu le produit financier connu sous le nom de « Swap » et avec lequel les autorités grecques et Goldman Sachs ont orchestré le maquillage des comptes grecs.


                      • ORBAN DETER 3 avril 2017 13:08

                        « Le réveil des hélènes via le charismatique TSIPRAS »

                        Putain quelle blague

                        Duhamel est vraiment un drôle de con comme l’extrème gauche en produit à la pelle.

                        Les bouffons de l’extrème gauche sont de toute évidence inaptes à la reconquête d’une quelconque souveraineté.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité