Les hauts faits d’Alain Juppé (Aide-mémoire)
LES HAUTS FAITS D’ALAIN JUPPE.
(Aide-mémoire)
L’augmentation des impôts et le reniement des promesses électorales.
Nommé Premier Ministre en 1995, A. Juppé décide une hausse des prélèvements obligatoires qui serait équivalente en 2016 à une hausse d’environ 35 milliards€.
S’ajoutant à une hausse importante décidée par E.Balladur en 1993, elle constitue un reniement des promesses électorales de J. Chirac lors des présidentielles de 1995 et d’A. Juppé, co-maître d’oeuvre du projet RPR-UDF lors des législatives de 1993, puisque tous deux s’engageaient à « réduire les prélèvements obligatoires ».
C’est de mauvais augure pour le respect des promesses électorales d’A. Juppé en 2017.
Le père fouettard.
Cette décision provoque des tensions avec les députés de la majorité, élus sur les promesses de 1993, et avec A.Madelin, Ministre des Finances.
Les députés frondeurs sont mis en demeure d’entériner la décision, sous menace de l’application du 49.3 et de perdre leur investiture aux élections législatives prévues en 1998.
Quant à A. Madelin,ses réticences sur cette décision et la réprimande que lui vaut son annonce intempestive concernant la réforme des retraites, qui ne faisait pourtant que reprendre le projet RPR-UDF de 1993, le pousseront à la démission 6 mois plus tard.
Quelques mois plus tard, 8 des 12 femmes ministres (les« juppettes ») seront extradées du gouvernement avec une brutalité qui illustre l’attention d’A. Juppé pour les relations humaines.
La fuite des capitaux et des talents à l’étranger.
La suppression du plafonnement de l’ISF, instaurée par M.Rocard, qui fait partie du paquet fiscal d’A. Juppé, conduit certains contribuables à payer des impôts supérieurs à leurs revenus.
Elle provoque une fuite massive de capitaux et de talents à l’étranger, appauvrit la France et rappelle les conséquences de la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV.
Qu’A. Juppé reconnaisse en 2016 que c’était « une funeste idée » n’exclut pas de sa part de nouvelles erreurs de jugement, contraires au simple bon sens et aussi lourdes de conséquences.
Droit dans ses bottes face à une France paralysée pendant 2 mois.
A l’automne 1995, l’annonce du « Plan Juppé » provoque des grèves et des manifestations qui paralysent la France pendant 2 mois et amènent A. Juppé à renoncer à la réforme des retraites.
Parmi les causes de cette explosion sociale : trahison des promesses électorales de J. Chirac et d’A. Juppé, manque d’explications sur les réformes indispensables, concertation insuffisante avec les syndicats, gestion calamiteuse du conflit et maladresses psychologiques en tous genres.
Il est légitime de s’interroger sur l’aptitude d’A. Juppé de mener à bien les réformes qu’il promet pour 2017.
Le coup de génie politique qui sanctionne l’échec du Premier Ministre.
L’évolution défavorable du chômage, une rentrée sociale qui s’annonce agitée, les affaires judiciaires en cours d’instruction inquiètent le pouvoir et les difficultés pour réduire les déficits publics et respecter les critères de Maastricht en vue de la qualification à l’euro qui doit se négocier en 1998 conduisent en avril 1997 à la décision de dissoudre l’Assemblée Nationale.
Annoncer de nouvelles mesures d’austérité avant des élections législatives serait suicidaire. L’impréparation du Parti Socialiste, la brièveté de la campagne électorale et un sondage favorable à la Droite plaident en faveur d’élections législatives anticipées. Les mesures qui s’imposent seraient annoncées après les élections et la majorité disposerait de 5 ans pour les appliquer.
Un large mécontentement sur le bilan du gouvernement, un rejet de la personnalité d’A. Juppé et le souvenir des évènements de l’automne 1995 ramènent la Gauche au pouvoir pour 5 ans… et les 35 heures pour 20 ans.
Ce coup de génie sanctionne l’échec d’A.Juppé.. et raccourcit de 5 ans le septennat de J.Chirac.
Il leur sera reproché de ne pas avoir dissout l’Assemblée en 1995, dans la foulée de l’élection présidentielle, pour disposer d’une durée suffisante pour mener à bien leur programme.
La dissolution décidée en 1997 est donc le résultat de l’échec du Premier Ministre, mais aussi d’une double erreur de jugement et d’un manque de vision prospective de J. Chirac et d’A. Juppé.
Le refus d’affronter les questions concernant l’immigration.
En 1981, A. Juppé fonde le Club 89 pour préparer un projet d’alternance. Le groupe de travail sur l’emploi débat de l’argument de J-M. Le Pen selon lequel « les immigrés prennent le travail des français ».
Mais il est clair que le manque de maîtrise de l’immigration et de capacités d’accueil et d’intégration entraînent de sérieuses difficultés dans certains établissements scolaires et génèrent une sur-délinquance.
En 1983, A. Juppé refuse brutalement,sans appel ni explications, la création d’un groupe de travail consacré à l’immigration pour en analyser toutes les conséquences et préparer des réponses adéquates aux questions qu’elle soulève.
Ce refus ne peut s’expliquer que par un manque de clairvoyance sur la situation et son évolution prévisible ou un manque de courage politique pour affronter des questions difficiles et délicates. L’immigration était un tabou !
A. Juppé changera plusieurs fois d’avis sur l’immigration mais il affirmera avec constance que l’immigration est une chance pour la France, sans jamais en préciser l’importance, les caractéristiques et les moyens nécessaires pour la maîtriser,l’accueillir et l’intégrer.
En occultant les problèmes posés par l’immigration et en renonçant à les affronter, A. Juppé a contribué au renforcement du Front National, confirmé aux élections législatives de 1997 et présidentielle de 2002.
Une profonde méconnaissance des entreprises et des hommes.
En 1996, A. Juppé annonce son intention de vendre la totalité du capital de l’entreprise publique Thomson Multimédia (TMM), déficitaire et très endettée, au groupe coréen Daewoo pour un franc symbolique,après recapitalisation par l’Etat à hauteur de 11 milliards de francs.(1)
Devant les protestations provoquées par cette annonce,il déclare publiquement que TMM « ne vaut rien », c’est-à-dire qu’elle ne vaut pas un franc. L’avis défavorable de la Commission de Privatisation amène le gouvernement à décider de redresser l’entreprise avant de la privatiser.
En novembre 1999,après recapitalisation par l’Etat à hauteur de 1,7 milliards€ et redressement de l’entreprise conduit par Th. Breton (nommé Président en 1997), l’introduction de TMM en Bourse valorise l’entreprise à 2,7 milliards€. L’Etat conserve 51,7 % du capital.
En octobre 2000, la Commission des Participations estime à 12,5 milliards€ la valeur minimum de TMM, après une capitalisation boursière maximum atteinte en août 2000 à 19 milliards€, soit plus de 6 fois sa valeur lors de l’introduction en Bourse (TMM intégrera même le CAC 40).
En 2003, l’Etat se désengage complètement après avoir encaissé 3,7 milliards€, réalisant en 5 ans une plus-value de 2 milliards€, compte tenu des 1,7 milliards€ dépensés en 1997 pour recapitaliser TMM.
En 1996, en déclarant publiquement que TMM ne valait pas un franc, A. Juppé a donc commis une grave erreur économique (TMM valait beaucoup plus qu’un franc) et financière (en se privant d’une plus-value de 2 milliards € l’Etat aurait commis une lourde faute de gestion).
Cette erreur démontre sa profonde méconnaissance des clefs de la réussite et des fondements de la valeur d’une entreprise : son actif immatériel, c’est-à-dire ses technologies et son personnel,et non pas le résultat du dernier exercice comptable.Méconnaître le potentiel des entreprises, c’est méconnaître le potentiel économique du pays puisque les entreprises en constituent le moteur.
C’est un très lourd handicap pour un responsable politique dont la mission dans le domaine économique et social est de créer les conditions permettant aux entreprises de se développer.
Par ailleurs, la déclaration d’A. Juppé est une injure et une humiliation adressées publiquement aux dizaines de milliers de salariés de TMM, démontrant à nouveau son incapacité à prendre en compte l’importance majeure du facteur humain dans la réussite de toute décision.
Il est cocasse d’ajouter que le groupe Daewoo sera démantelé en 1999 à la suite d’une faillite frauduleuse.
Logé aux frais de la princesse et victime de phobie fiscale.
Pendant 5 ans, de 1990 à 1995, A. Juppé est locataire d’un appartement lde 180 m2, situé dans un Hôtel particulier appartenant à la Ville de Paris dont il est le Maire Adjoint chargé des Finances.
Il paie un loyer mensuel de 13.000 francs, deux fois inférieur au prix du marché, écart confirmé en 1997, l’appartement étant vendu 7 millions de francs par la Ville de Paris, ce qui correspondrait à un loyer d’environ 30.000 francs.
Révélée par la presse, cette faveur le contraint à déménager en 1995, après une série de dénégations et de maladresses visant à se justifier, manifestant à nouveau une sorte d’autisme.
De plus, l’avantage en nature correspondant à cette faveur n’est pas déclaré au fisc au titre des impôts sur le revenu et les travaux de rénovation de l’appartement sont pris en charge par la Ville de Paris pour environ 1.000.000 de francs.
Le népotisme.
Mais A.Juppé se préoccupe aussi de sa famille. De 1993 à 1995,son fils Laurent est locataire d’un appartement de 88 m2 appartenant à la Ville de Paris, situé dans l’immeuble voisin de son père.
Il paie un loyer mensuel réduit par son père de 6.900 à 6.000 francs, et les travaux de rénovation sont pris en charge par la Ville de Paris pour environ 380.000 francs.
Le demi-frère d’A. Juppé sera locataire d’un appartement de 42 m2 dans l’immeuble où réside A.Juppé pour un loyer mensuel plus de deux fois inférieur au prix du marché, son ex-épouse sera attributaire d’un appartement HLM de 50 m2 dans le quartier Saint-Paul et sa fille d’un studio.
Condamné par la Justice dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris.
En 1999 A. Juppé est mis en examen pour « abus de confiance,recel d’abus de biens sociaux et prise illégale d’intérêt » pour des faits commis en tant que Maire adjoint aux Finances de la Ville de Paris de 1983 à 1995 et en tant que Secrétaire Général du RPR de 1988 à 1994.
Il est considéré comme un élément clé d'un système de financement occulte d'emplois au sein du RPR, financés par la Mairie de Paris et par des entreprises désireuses de bénéficier de marchés publics.
En 2003, à l’ouverture du procès,il affirme n’avoir eu connaissance de ce système qu’en 1993.
En janvier 2004 il est condamné à 18 mois de prison avec sursis et 10 ans d’inéligibilité.(2)
En décembre 2004,la Cour d’appel, saisie par A. Juppé, réduit la condamnation à 14 mois de prison avec sursis et an d’inéligibilité.(3)
Partie prenante dans les affaires des HLM de Paris et des Lycées d’Ile de France.
Ces deux affaires concernent des versements de commissions occultes aux partis politiques par des entreprise du BTP, à l’occasion des marchés de construction ou de rénovation des HLM de Paris et des Lycées d’Ile de France.
Elles sont déclenchées en 1993 par la mise en examen d’un chef d’entreprise qui révèle un versement de 27 millions de francs à des partis politiques et met en cause des personnalités du RPR et de l’UDF, dont A.Juppé. Les enquêtes ultérieures révéleront des versements de plusieurs dizaines de millions de francs.
L’instruction des deux affaires s’éternise pendant plus de 12 ans, émaillée de coups fourrés.(4) De nombreux intervenants seront condamnés par les Tribunaux,notamment des proches de J. Chirac (M. Roussin et M. Giraud). A.Juppé sera entendu mais ne sera pas poursuivi. Cependant, Secrétaire Général du RPR de 1988 à 1995 et Maire Adjoint de la Ville de Paris de 1983 à 1995, il ne pouvait pas ignorer l’existence de ce système dont le parti politique qu’il dirigeait était partie prenante, au détriment des finances de la ville de Paris qu’il était chargé de surveiller et dont il devait garantir la sincérité.
(1) TMM perd 1 milliard de francs en 1995, 3 milliards de francs en 1996 et son endettement dépasse 15 milliards de francs.
(2) Le Tribunal juge qu'il a « délibérément recouru à des arrangements illégaux » pour favoriser l'action du RPR, que la nature des faits était « contraire à la volonté générale exprimée par la loi », qu’il avait ainsi « trompé la confiance du peuple souverain » et la présidente exige l’inscription de la condamnation à son casier judiciaire.
(3) La Cour d’appel déclare : « Il est regrettable qu'au moment où le législateur prenait conscience de la nécessité de mettre fin à des pratiques délictueuses qui existaient à l'occasion du financement des partis politiques, M. Juppé n'ait pas appliqué à son propre parti les règles qu’il avait votées au Parlement. Il est également regrettable que M. Juppé…. n’ait pas cru devoir assumer devant la justice l'ensemble de ses responsabilités pénales et ait maintenu la négation de faits avérés ».
(4) Cl.Mery (et ses agendas), D. Schuller (et sa fuite à l’étranger), le juge E.Halphen (son désaisissement et son beau-père J-P.Maréchal), la Commissaire B.Henri (mutée à l’ambassade de France à Bruxelles).
34 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON