Les idiotes utiles du capitalisme
On qualifie souvent d’« idiotes utiles » des personnalités qui servent inconsciemment des causes aux antipodes de celles qu’elles veulent vraiment servir. Tout l’art consiste pour les dominants à les manipuler intelligemment.
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Une femme de bonne famille devenue une intellectuelle s’engagea peu après la seconde guerre mondiale à servir la cause du peuple en fournissant à celui-ci les repères qui lui manquaient. Ses œuvres « signifiantes » tentèrent de définir une relation homme-femme distanciée par rapport à la sexualité et à la position sociale. La plupart des mouvements de libération de la femme reconnaissent en elle une de leurs inspiratrices.
Les sociétés peuvent très schématiquement se scinder en trois groupes distincts : les seigneurs, les bourgeois et les gens du commun (évidemment les plus nombreux). De nos jours, à bon ou mauvais escient ce n’est pas le sujet traité, toute proposition politique, sociale, philosophique possède en son sein le thème de l’émancipation des femmes. Le sort des minorités leur est quelquefois associé. Si les propositions émanent pour l’essentiel de la frange la plus favorisée, les conséquences se reflètent dans la plupart des autres classes de façons bien différentes.
Le capitalisme n’existe que grâce aux inégalités dont il se nourrit. Le capital permet des investissements, ceux-ci autorisent l’embauche de salariés, la production vendue alimente le capital originel. Le mécanisme de rétroaction se mettant ainsi en place est indispensable à son efficacité. La prise de risque est minime si les sommes investies sont suffisantes. Le cycle de et vers le capital est pérenne tant que suffisamment d’inégalités entre donneurs d’ordre et exécutants sont suffisantes. L’agitation d’un certain modernisme, qui n’a rien à voir avec le progrès scientifique, donne un habillage plus attrayant aux gesticulations financières.
La France a la sortie de la seconde guerre possédait une classe ouvrière politiquement éveillée qu’il était difficile de berner. Elle avait su prendre des risques durant les années d’occupation et elle était prête à en prendre d’autres pour défendre ses intérêts. Même précarisée, elle possédait une position ultime de repli au sein de son milieu familial. Détruire cette structure c’était la fragiliser, ce qui n’était évidemment pas le cas des classes plus aisées de la société. Les responsables pouvaient de moins en moins se réfugier derrière leur fonction, ils tendaient à devenir compétents. Le capitalisme ne pouvait qu’à terme s’étioler si rien n’était fait.
Une opportunité s’ouvrit pour ceux qui voulaient que rien ne change.
Mettre les femmes au travail présente l’immense avantage d'augmenter considérablement la masse de main d’œuvre tout en maintenant constant le nombre d’emplois. Une fragilisation du statut des travailleurs ne pouvait que s’en suivre. La femme sortant du milieu familial, celui-ci s’en trouve affaibli si des aides externes ne peuvent pas être trouvées faute de moyens financiers suffisants. De plus, l’homogénéité de la classe ouvrière ne peut qu’éclater, les intérêts du quotidien trop prégnants priment sur ceux de la classe sociale. D’autres aspects d’ordre démographique allant dans le même sens seront évoqués.
Selon la classe sociale considérée, les changements associés à la révolution féminine sont de toute autre nature. La race des seigneurs ne s’en préoccupe simplement pas, elle a l’habitude de se jouer de toute contrainte réglementaire trop gênante pour elle. De nouvelles silhouettes féminines apparaissent dans la classe bourgeoise au sein de ce que l’on peut appeler la sphère de l’apparence du pouvoir et du spectacle. La féminisation ne change en rien le contenu, elle se contente de fournir un contenant plus attrayant auquel il est difficile de résister. Le spectacle est plus agréable mais le texte est inchangé, la discipline passe mieux avec un sourire éclatant.
Le bilan est plus contrasté pour l’immense majorité des femmes. 25% des familles sont devenus monoparentales, soit deux millions de mères célibataires en France. Ce nombre a été multiplié par 10 ces 20 dernières années. Les mères célibataires sont en moyenne moins diplômées que les mères divorcées. Leur niveau de vie est de 35% inférieur à celui des couples avec enfant. 40% des mères célibataires vivent sous le seuil de pauvreté. 10% partagent le logement familial d’un membre de leur famille.
Mais il fallait plus encore parfaire l’échelle des inégalités en reconstituant un lumpenprolétariat. Des gens étaient prêts à perdre leur vie pour devenir éboueur, l’occasion ne pouvait pas être manquée. plus, beaucoup de personnes « libérées » avaient un besoin urgent d’aide afin de faire les tâches qu’elles ne souhaitaient plus faire elles-même. Ce besoin de main d’œuvre ne possédant que très partiellement des droits sociaux, oeuvrant aux travaux les plus pénibles et insalubres, peu payée, docile, sans formation politique, fut comblé par l’immigration. Les usines qui ne s’étaient pas encore délocalisées en profitèrent aussi pour optimiser leurs « coûts ».
La révolution féminine tente à n’en pas douter de faire émerger un nouvel Homme bon, courtois et non obsédé par sa sexualité. Toutes les tentatives totalitaires ont fait de même. Les plus conscientes ou les mieux nanties ont grappillé des étoiles de notoriété, elles pensent être enfin à la lumière, mais les ténèbres guettent.
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