Les Japonais veulent porter plainte contre les caricatures du Canard enchaîné
"Et à Fukushima les shadoks pompaient, pompaient..." est le titre d'un article de cette semaine du Canard enchaîné qui fait du bruit au "pays du Soleil levant". Nos amis japonais victimes de la catastrophe de mars 2011 n'apprécient pas, mais pas du tout, l'humour satirique de notre palmipède national. Mettez-vous un peu à leur place avec une centrale nucléaire en piteux état qui contamine l'air de l'archipel et l'eau de l'océan et cela 7 ans avant les jeux olympiques de 2020. C'est d'ailleurs la même année que l'exploitant Tepco devrait "accéder aux coeurs fondus", selon le Canard.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH226/canardfukushila-99736.jpg)
La question a déjà été souvent posée ; jusqu'où les caricaturistes et autres humoristes peuvent-ils aller, la liberté d'expression n'a-t-elle pas de limites, peuvent-ils s'autoriser à moquer et railler sans vergogne la misère et la détresse du monde dans leurs sketches ou dessins caricaturaux qui ont pour vocation de faire sourire le lecteur mais aussi parfois de l'aider à réfléchir. Certes, ne pas confondre humour et cynisme devrait toujours être présent dans l'esprit du caricaturiste, mais qui est responsable de l'accident de Fukushima. Un séisme, un tsunami, ou d'abord l'irresponsabilité et l'avidité des hommes.
Pour revenir sur ces deux dessins polémiques qui ne sont peut-être que des prétextes pour noyer le poison dans l'eau contaminée de la centrale. Le premier de Cabu représente deux sumos squelettiques, des mutants improbables avec des membres supplémentaires, l'un trois bras et l'autre trois jambes, et aussi cette remarque dans la bulle qui sort de la bouche d'un présentateur sportif "Marvellous ! Grâce à Fukushima le combat de sumos est devenu discipline olympique"
Le second de Mougey, représente près d'une piscine deux employés en combinaison de protection contre la radioactivité, l'un deux est équipé d'un compteur Geiger et sous l'image on peut lire " On va réautoriser la combinaison pour les nageurs !".
Voilà donc l'objet du crime honteux commis par l'hebdomadaire satirique français qui a déclenché l'ire du gouvernement nippon. En fait, il semblerait que le problème résiderait plutôt dans la teneur de l'article. Car selon Le Point, le porte-parole du gouvernement Yoshihide Suga a déclaré que "Ce genre de caricatures blesse les sinistrés de la catastrophe du 11 mars 2011 et véhicule des informations fausses sur le problème de l'eau radioactive à la centrale Fukushima Daiichi".
Des informations fausses ! Le Canard enchaîné serait donc un repaire de conspirationnistes qui tenteraient de saborder les Jeux au Japon en diffusant des affirmations mensongères. Comme par exemple que l'eau d'arrosage qui sert à refroidir les coeurs des trois réacteurs contamine la nappe phréatique, et que les cuves de stockage de mauvaise qualité ont des fuites, ce qui permet à l'eau empoisonnée de s'échapper dans l'océan avec les conséquences gravissimes qu'on peut facilement imaginer. Mais sans vraiment en mesurer l'ampleur sur le long terme sur tout ce qui est vivant sur une vaste superficie indéterminable à ce jour.
Sans aller jusqu'à prétendre que la santé des athlètes et des spectateurs qui iront aux Jeux olympiques pourrait-être menacée, nul ne sait ce qui peut encore arriver comme malheur d'ici là, alors que la situation à Fukushima ne semble pas sous contrôle et pourrait encore s'aggraver. Bien sûr, l'annonce de l'attribution des jeux au Japon par Jacques Rogge a été accueillie avec fierté et comme une bénédiction par les japonais. Les retombées bénéfiques pour ce pays meurtri seront multiples, si tout se passe bien.
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