Les JO me cassent les bonbons (et j’y tiens)
Hé ben ouais, je suis pas fier de mon titre, mais, devant mon écran depuis 2 heures, à la limite de la lobotomie frontale, le vocabulaire commence à me manquer, ma sémantique s’étiole, l’indigence stylistique me guette.
C’est la magie des JO, 5 minutes de commentaires de Jean-René Godard et adieu ton cerveau.
Hier matin, je cherchais depuis dix minutes le nom d'un roman (j'ai une vie particulièrement palpitante), je l'avais sur le bout du neurone (celui qui était encore allumé). Impossible de me concentrer avec l’autre abruti de commentateur qui racontait que des conneries (en y croyant en plus). Hé ben, j'ai coupé le son, et incroyable... j'ai immédiatement retrouvé ma mémoire (qui n'était pas partie bien loin), et le nom du bouquin avec. Là, depuis j'ai remis le son, et je me sens de nouveau super bête (alors que d’habitude, je suis juste bête).
Sans déc', Jean-René, Nelson, Gérard et les autres, faites-nous plaisir : fermez juste votre g*%le.
Et pourtant… le sport, dernier bastion de la morale où des athlètes pas du tout dopés gagnent leur vie avec leur corps dans une société dominée par l’esprit et l’abstraction, devrait avoir valeur d’exemple. L’esprit Olympique, cher à Pierre de Coubertin (qui aimait autant les sportifs de couleur que moi les épinards à la crème), devait… euh… je m’emballe là.
Je comprends pas ce qui s’est passé. Les valeurs du sport et de l’Olympisme sont censées être plutôt du genre : respect, dépassement de soi dans l’effort, esprit d’équipe, solidarité, et j’en passe.
Or, au bout de dix minutes de commentaires consternant, de bêtise insondable, de mauvais esprit, d’annonces de retrait de médaille pour cause d’urine pas claire, et de tentative de triche à peine dissimulée, la conclusion s’impose, désolante : le sport est le reflet de notre société.
Mais pourquoi regarde-t-on bêtement ce spectacle alors ?
Pourquoi la consultation du tableau des médailles dans le journal du matin (http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-experts-a-londres-120972 ) a-t-il remplacé le coup d’œil sur la météo ou les cours de la bourse ?
Pourquoi est-ce que moi, qui mesure à peine plus d'un mètre 50 sur la pointe de mes mini-pieds est-ce que je m’intéresse à la durée de suspension en l’air de TP, pourquoi moi qui suis allergique à l'effort (et aux graminées) est-ce que je me passionne pour ces danseuses qui se déhanchent sur 50 kms comme s'ils marchaient sur des braises, pourquoi moi qui suis patriote comme un exile fiscal suisse j’attends la remise des médailles dès lors que j’aperçois le petit drapeau tricolore sur le maillot de sportifs dont j’ignorais jusqu’à hier l’existence ?
Pourquoi ? Pourquoi ? (et pourquoi je répète ça deux fois bêtement ?).
Je pense que ce spectacle (panem et circenses) flatte nos plus bas instincts : individualisme, triche, souffrance, volonté d'écraser l'autre, rejet de la différence, j’en passe et des pires.
Il est clair qu’il est une médaille d’or que l’on ne nous volera pas, c’est celle du chauvinisme. Et le pire, c’est que c’est contagieux.
Il faut avoir au moins entendu une fois le commentateur lambda (même s'ils sont plutôt beta), c'est-à-dire n'importe lequel vu qu'il n'y en a pas un pour racheter l'autre, s'extasier devant tel français dernier de sa série (quelle injustice !), vilipender la mauvaise notation des juges, ou encore couper en plein direct la performance sportive d'un futur médaillé (malheureusement pour lui étranger) afin de bénéficier des jérémiades du Henri Leconte de la piste (« le vent s'est levé et soufflait juste sur ma piste, c'est trop pas de chance ») trouvant une oreille complice et un micro tendu, pour comprendre ce que respect ne veut pas dire.
Le pire reste sans doute les faux débats du soir sur l'esprit olympique bafoué par quelques sportifs, alors que les participants au débat, experts autoproclamés, sont le summum de la beaufitude incarnée.
Je laisse le mot de la fin à Bernard Montiel, parce que c’est pas le dernier à dire une connerie : "c'est un peu grâce à votre redevance que tout ceci est possible".
Ok, rappelez-moi de péter ma télé (après la finale du basket féminin (sans le son, on a sa fierté)...).
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