Les manipulateurs de marionnettes derrière Breivik (15)

On en sait bien davantage aujourd'hui sur le financement de l'islamophobie américaine. Une excellente analyse, sortie au moment même où je rédigeais ces pages, nous en donne tous les détails (je ne saurais trop vous conseiller de lire ce précieux document, voir en bas d'article !). Et sans surprises, parmi les groupes ayant financé tous ceux dont je vous ai parlé, on relève un bon nombre de patrons d'entreprises réactionnaires, en particulier ceux revenus à fond de caisse lors de l'ère Reagan. De même qu'ici Sarkozy passe son temps à régler ses comptes avec Mai 68, s'appuyant sur un patronat revanchard (les 35 heures leur restent vraiment en travers !) les personnes ayant les mêmes idées aux USA distribuent parfois leur bénéfices pour se donner bonne conscience. Le hic, c'est qu'ils ne le distribuent pas à ceux qui en ont le plus besoin, mais à ceux qui peuvent les aider politiquement. La plupart est devenue islamophobe par facilité de penser, embarqués par leurs sirène d'extrême droite leur enjoignant en même temps de manipuler l'électorat ouvrier. LePen ne fait pas autrement, se rangeant du côté des grands patrons tout en disant s'en défier, (ou en "captant" leur héritage, comme il l'a fait avec l'héritier Lambert). Commençons tout d'abord par le tout premier, ce "Donors Capital Fund", ("un investissement dans la liberté", faut oser quand on voit à qui ils donnent, resté inconnu à ce jour de la plupart des européens, qui est en fait un regroupement de donateurs à but philantropique, lié à DonorsTrust, qui lui se charge de distribuer l'argent des donateurs à celui qui a été désigné par ceux-ci ou qui le choisit lui-même.

Le directeur en est Adam Meyerson, le président de la "Philanthropy Roundtable" depuis 2001, une autre association nationale de donateurs. Sur son site, en première page, on vante les mérites de la société Hobby Lobby qui évoque sa principale activité : "restaurer des Bibles pour les apporter à de nouveaux lecteurs dans le monde". Gasp, sacré boulot. Le gars n'a pas été pendant des années le gérant de Policy Review, créé par "l'Heritage Foundation", autre bidule réactionnaire, pour rien ! L'un des plus récents articles de sa revue est sur la flottille de Gaza, vue d'un côté... juridique. Sa conclusion est édifiante : "la grande révolution dans les affaires militaires au cours des 60 dernières années durant lesquelles la conduite de la guerre a fait l'objet d'une beaucoup plus grande supervision juridique se poursuit. À bien des égards elle a rendu la guerre plus humaine. Dans le même temps, elle a été accompagnée par une politisation du droit international de la guerre qui menace de récompenser le terrorisme et de porter atteinte au droit des démocraties libérales à se défendre. Aucun remède ou correctif ne réussira si on ne prête pas attention à l'éducation de la prochaine génération d'avocats, d'universitaires, de soldats, et d'hommes d'État."  Jamais lu pareille façon de tenter de légitimer l'attitude d'un pays qui ne respecte même pas les accords internationaux passés ! Et notre homme possède aussi une bien étrange conception à propos des donations aux sociétés ou plutôt de leur maintien à un taux élevé, comme il l'a avoué en interview sous l'ère Bush : "la vitalité du secteur à but non lucratif repose sur la solidité de l'économie de marché" assène-t-il. Jusque ici rien à redire plus les patrons gagnent, plus ils peuvent donner. "Les organismes sans but lucratif tirent leurs revenus de dons de charité, des achats par les clients, et parfois des contrats du gouvernement et des subventions. Une croissance économique vigoureuse génère la richesse et des revenus qui permettent de généreuses contributions charitables, des dépenses de consommation robustes, et une assiette fiscale saine. Donc, la première décision simple que n'importe quel président peut prendre pour renforcer le secteur sans but lucratif est de poursuivre une politique de croissance soutenue de l'économie de marché. Cela inclut la protection de notre pays contre les attentats terroristes." 

Une vision du capitalisme florissant assez particulière ma foi, reliant ce capitalisme au terrorisme ! Selon Meyerson, l'économie américaine, pour être efficace, ne peut pas se permettre d'être à la merci d'attentats. On voit tout de suite quelle arrière pensée il a également en reliant ainsi terrorisme et économie. Le marché qui dope l'économie US est bien le secteur de l'armement, où le pays caracole en tête des ventes et écrase de loin tous ses adversaires. Or, rien de tel qu'une peur entretenue pour booster les ventes, ou l'emploi de davantage de mercenaires, qui drainent vers l'économie US des salaires faramineux et des impôts du même nom (enfin quand leurs employeurs ne trichent pas trop ou font comme Carlyle ou Halliburton et vont s'installer dans un autre pays. Bref, rien ne vaut une bonne peur entretenue pour faire bondir en avant les profits ! "Protéger notre pays contre les attentats", ce n'est rien d'autre que d'investir massivement dans une politique sécuritaire !

A la tête de l'organisme on trouve aussi le "Senior Fellow" Christopher DeMuth, de l'American Enterprise Institute (AEI), un "think tank" ultra conservateur de Washington, le pire foyer de propagation des idées d'extrême droite, ainsi que Steven Hayward. On trouve aussi à la table d'administration un autre "think tank", l'Acton Institute, dirigé par Kris Alan Mauren (ici en photo) ;  l'Institute for Justice avec William H. Mellor ; l'éditorialiste réac du Wall Street Journal Stephen Moore, qui a travaillé au "National Economic Commission" et à la "Commission on Privatization" sous le President Reagan, et encore le vice-président de "l'Heritage Foundation", John A. Von Kannon, éditeur de "The American Spectator", un autre magazine conservateur qui avait eu un certain succès dans les années 90 en révélant les frasques sexuelles de Bill Clinton (et l'utilisation supposée de policiers des State Troopers pour lui faciliter la tâche : il s'avérera que le journaliste David Brock qui avait monté l'affaire avait payé 6700 dollars chaque policier pour leur "déposition". Clinton réglera en douce 850 000 dollars à Paula Jones, quand même, qui l'avait accusé de harcèlement). Nous reviendrons sur son cas. Au bilan final, l'association du Donors Capital Fund a distribué au total 60 millions de dollars en 2009 et l'American Enterprise Institute en a engrandé 2,7 à elle seule.

Kris Alan Mauren est également le co-fondateur et le directeur exécutif de l'Acton Institute for the Study of Religion and Liberty, une "organisation politique internationale éducative et publique basée à Grand Rapids, au Michigan" nous dit-on. "L'Institut organise des séminaires pour promouvoir une compréhension des dimensions éthiques de l'économie de marché libre" apprend-on encore. Bigre, on parle d'éthique et donc de respect de toutes les religions alors, sans prosélytisme, bien entendu ?Pas vraiment, à vrai dire : en juin 2010, Acton rachetait une imprimerie, mais pas n'importe laquelle ; la Christian’s Library Press. Prouvant ainsi que son "éthique" était bien particulière. Kris Alan Mauren affirmant alors que ce rachat, "c'était aussi un effort important pour l'Institut Acton de continuer à élargir le rayonnement des évangiles à travers le pays et dans le monde." Les islamophobes à qui on donnerait des subventions par dons ou qui en donneraient eux-mêmes ne seraient donc pour la plupart que des chrétiens ou des baptistes (ou des juifs orthodoxes comme on le sait déjà avec l'Aish Ha Torah ) ? Voilà qui ne nous étonne guère à vrai dire. Sur son site, les écrits du Pape étaient présentés, littérature indispensable je suppose à tous. Y compris aux bouddhistes ou aux musulmans, voire aux athées.

Chez ces gens-là aussi on manipule l'opinion. C'est le cas depuis longtemps de Nina Shea, la directrice du fameux Center for Religious Freedom (CRF) à la Freedom House, encensée ainsi dans "Christianity Today". Le CRF n'est en fait qu'un subdivision de l'Hudson Institute, le fief de la droite depuis des lustres. "La démarche de Shea est de rassembler des groupes politiquement diversifiés d'églises, de religieux et des droits civiques pour appuyer l'action gouvernementale. Elle s'est avérée efficace. En 1998, Shea, McDonnell, Michael Horowitz, et d'autres ont commencé à jeter les bases de la Sudan Coalition, un réseau plutôt disparate d'affiliés aux droits de l'homme, ou de groupes d'étudiants et d'organisations religieuses. Plus tard, il s'est associé à la Sudan Campaign, un groupe lancé par des des dirigeants afro-américains des droits civiques, pour faire passer en 2002, le Soudan Peace Act", affirme le magazine. Si le but atteint est louable, la démarche est douteuse. Le nom d'Horowitz dans le lot n'étant pas une garantie. Lui aussi est à l'Hudson Institute. Selon lui, l'équipe de Bush aurait défendu la femme davantage que la gauche US... si c'est pour fabriquer l'amour fou de Kadhafi... D'autant plus que le CV de la dame de l'Hudson Institute (elle aussi) résonne d'étranges échos : "depuis plus d'une décennie, elle a beaucoup travaillé pour l'avancement de la liberté religieuse individuelle et d'autres droits humains dans la politique étrangère américaine car elle est confronté à une résurgence de l'idéologie extrémiste islamique, ainsi qu'au nationalisme des vestiges des régimes communistes. Pendant sept ans elle a aidé à organiser et conduire une coalition d'églises et groupes religieux qui ont travaillé pour mettre fin à une guerre religieuse entre les non-musulmans et les musulmans dissidents au Sud-Soudan, elle écrit régulièrement sur ​​le sort des minorités religieuses dans le monde" L'islamisme radical mis sur un pied d'égalité avec le communisme, voilà qui n'est pas sans rappeler les thèses d'un certain... Anders Breivik ou celles de son mentor Peder Jensen ! 

On trouve aussi à la tête de l'organisme James Piereso, du Manhattan Insitute (orgnanisme omniprésent !), et le Vice Président de la William E. Simon Foundation, et on trouvait aussi (il est décédé depuis) Bruce H. Jacobs, le directeur du National Right to Work Legal Defense Foundation. Le journal du net Daily Kos, toujours aussi acerbe, remarquait à leur propos : "c'est toujours agréable de voir les interconnexions telles que celles-là, juste à titre d'exemple, celle de la Fondation William E. Simon (une célèbre partie du mouvement conservateur moderne, créé en réaction contre des victoires du travail et de l'environnement obtenues dans le début des années 1970) et la fondation anti-ouvrière "Droit au Travail" tous deux parlant comme un seul. C'est bien sûr, comme toujours, le même cercle autour des mêmes gens - ceux qui nous ont donné plus de 30 ans de déréglementation, de baisses d'impôts pour les riches, de hausse des impôts et la stagnation des revenus de la classe ouvrière et moyenne, ainsi que la montée des inégalités --- qui sont bien sûr également derrière "le pain et des jeux" de l'islamophobie alarmiste..." Le Donors Fund a bien arrosé copieusement en 2009 le Clarion Fund, en lui offrant 18 millions de dollars sur les 20, 7 millions qu'il a distribué : le reste allant à ... Daniel Pipes !

Selon Pam Marten de CounterPunch’s. "En effet, les contributions de Donors Capital Fund, composent à 96% de tous les fonds de financement de Clarion reçus cette année-là, 10 des 17 millions de dollars, ayant été fournis par une source anonyme unique, qui est présumé être l'homme d'affaires de Chiago, Barre Seid, selon le site Salon. Com ), ce qui a servi à payer un DVD, distribué par le Clarion Fund "Obsession : la guerre de l'Islam radical contre l'Occident", à plus de 28 millions des électeurs dans "Swing States" avant l'élection présidentielle de 2008 ". On tient enfin le nom de celui qui en a le plus fait avec Sheldon Adelson ou Chernick pour promouvoir l'islamophobie aux USA  ! Selon Daily Kos, c'est un document échappé de Clarion qui l'avait révélé. La liste des dons de Seid étant édifiante allant jusqu'à 375 000 dollars à la Foundation for Jewish Camping et plus d'un million à la Agudath Israel of America ou 800 000 au total à la Jewish United Fund. Mais rien d'affiché officiellement pour Clarion. A part que la Hagudath représente toutes les organiations orthodoxes hassidiques d'Israel et des USA ! Le 6 décembre 2010, Think Progress revenait pourtant sur les dons de Barre Seid, connu pour son islamophobie à répétition et son fort engagement à droite, car étant aussi le principal financier du FrontPageMag de David Horowitz, celui qui avait affirmé qu'il "n'existait pas de musulman modéré, car tous étaient des sujets de Satan". Révélant un "mémo" atterrant du webmaster de Clarion proposant comment mieux "fourguer" le film Obession aux lecteurs ! "Les mémos du webmaster soulignent également comment Clarion a tenté de glisser l'islamophobie dans le courant dominant - comme une marque "grand public". Le directeur de Clarion Frank Gaffney a aidé à organiser plusieurs manifestations en dehors des mosquées l'été dernier. La blogueuse haineuse Pam Geller, qui a incité à l'hystérie de droite sur la communauté du Park 51, a été l'une des partisanes les plus virulentes du film depuis qu'il a été lancé en 2006 et a appelé à ses lecteurs à le regarder. Plusieurs des groupes qui ont organisé des manifestations anti-mosquée cette année, comme Tom Trento,  le responsable du Florida Security Council (ici en photo avec les deux DVD), ont spécifiquement cité le film comme étant leur inspiration. Et l'une des voix les plus fortes du fanatisme anti-musulman, Glenn Beck, a été le plus rapide pour aider à faire connaître et appuyer le film". Pour mémoire, Trento n'est pas un total inconnu en France : il est venu filmer à Paris les prières de rue, une visite sponsorisée par... Riposte Laïque, qui en a fait la publicité en ces termes : "le lendemain de cette visité « éducative » à Barbès,  Tom Trento a prononcé un discours lors des Assises Internationales sur l’Islamisation de nos Pays, organisées par Riposte Laïque et la Bloc Identitaire, avec le soutien d’une trentaine d’autres organisations". Trento, qui aime tant poser avec... Wilders !  A part ça, ce n'est pas un mouvement international de fascisants islamophobes qui s'est mis en place !

Pamela Geller, celle qui a donc donné une seconde vie au film, après sa distribution de 2008. Lors de sa première vie, le responsable du Florida Security Council, Tom Trento, autre pièce du puzzle islamophobe, avait qualifié le DVD qu'il avait lui-même "beaucoup aidé à répandre l'élément le plus puissant au cours des cinq dernières années dans les médias destiné à convaincre les Américains "moyens" de la menace islamiste". A propos du "site sacré" du WTC, "désacralisé par la mosquée", un document affligeant révélait que l'année dernière encore on avait retrouvé 72 morceaux de corps, dont une grande partie dans une fosse à West Street, où ils semblaient avoir été jetés sans autre forme de respect. Sur son site, Geller en faisait un argument pour qu'il n'y ait pas de mosquée, affichant des parents portant une pancarte "c'est la tombe de mon notre fils là"... j'avais expliqué ici comment les restes avaient été traités à la décharge de Fresh Kills.

En France, lors des manifestations contre la mosquée, les lecteurs de Bivouac-ID avaient eu la primeur de photos en exclusivité prises sur place par une correspondante appellée "Melba". "J’y étais","A vous de juger, images à l’appui"."Ci-dessous les photos que j’ai prises moi-même pour Bivouac-id" clamait-elle, allant jusqu'à jouer à la groupie pour prendre un cliché (flou) de Pamela Geller arrivant à la manifestation ! La même "Melba", se grillant ailleurs, sur un autre site évoquant un papier d'Haaretz sur Wilders et en écrivant ceci  : "Melba : 29 jan 10 à 17:01- Cela ne serait pas la première fois que Haaretz déforme les propos des personnes. Malheusement. Le fait est, que Wilders ne s’est jamais,en aucune occasion compromis avec aucun de ces partis racistes. et lors de la conférence de Jerusalem , il a promis de les tenir à l’écart de l’alliance anti-djihad". C'était la même qui venait de mettre en ligne la photo de Wilders s'affichant à la réunion anti-mosquée organisée par Robert Spencer, de Djihad Watch et de Pamela Geller, avec qui Wilders posera complaisamment à plusieurs reprises. A l'extrême droite, le mensonge est une première nature. Lors du même forum, un dénommé "Sil" est venu ajouter la touche qui manquait à l'édifice en ajoutant que "Little Green Footballs" n'était pas seul comme site d'extrême droite : "LGF n’avait pas été le seul à rapporter l’info puisque Gates of Vienna l’avait fait aussi". Voici ce qu'il ajoutait dans la foulée le 30 jan 10 à 04:09 "J’en pense, mon patron chéri, que je suis heureux d’avoir fait ce billet, ne serait-ce que pour avoir ainsi eu droit à un commentaire du commandant Melba première à avoir dégainé, vu que j’ai eu depuis toute la résistance « canal historique » qui m’a pourrie ma boite mail (n’est-ce pas DG). Amitiés à tous ceux-là itou". En message codé, le "sil" de l'extrême centre (et ses TROIS blogs !) faisait comprendre que Bivouac-ID et lui entretenait des relations de défiance, typiques des scissions de l'extrême droite (ici du site originel Islam-Danger). Et nous donnait la confirmation que tout ce petit monde connaissait bien... Gates of Vienna !

Des français, on en avait déjà au Middle East Forum (celui de Daniel Pipes !!!) en mars 1997, avec un texte apocalyptique sur la situation en France signé Michel Gurfinkiel, alors à Valeurs Actuelles (et actuel "président de l'Institut Jean-Jacques Rousseau" et éditorialiste au Wall Street Journal, The New York Sun, The Middle East Quarterly, The Weekly Standard, The Jerusalem Post.).. On y trouvait ce genre de perle incantatoire purement islamophobe : "Pourtant, la perspective de la conversion des français en masse pour transformer l'islam et la France en un pays afro-méditerranéen ne doit pas être rejetée. Les conversions de masse et ces transitions ethniques ne sont pas rares dans l'histoire" !!! En interview plus récent, il avouera : "Je suis juif, et c’est une bonne raison, en soi, de s’intéresser à Israël. Mais je pense que je l’aurais fait si je ne l’avais pas été. L'histoire du peuple d'Israël et de la nation israélienne moderne est extraordinaire, singulière et unique. A ce titre elle a toujours fasciné l’ensemble de l'humanité. Avec d’ailleurs des conséquences diverses et multiples, qui vont de l'affection au rejet". On devrait lui rappeler plus souvent ce qu'il a écrit voici 14 ans maintenant, et qui ne s'est toujours pas produit. Les faux prophètes abondent en ce début de siècle et Gurfinkiel, qui rédige aussi chez Drzz, a fait son Wilders avant tout le monde !

Gurfinkiel, aujourd'hui chez Atlantico (ce n'est pas vraiment une surprise !à) qui raconte parfois que "la prospérité des Palestiniens, que certains jugent factice mais qui est bien réelle selon moi, croît", a un bien étrange rapport à l'histoire :"Pourtant, il serait sage de ne pas raturer entièrement la possibilité d'une alliance rouge-vert. Il ya un précédent historique dans la propagation de l'Islam lui-même, dans le 7ème siècle. Il est bien connu que l'empire religieux nouvellement fondé en Arabie a envahi en moins de deux décennies les deux plus grandes puissances de l'époque, l'Empire byzantin chrétien et l'Empire perse mazdéen. ce qui est moins connu, et que l'expansion arabe a coïncidé, dans les deux endroits, avec une profonde crise ethnique, religieuse et sociale . En fait, les Arabes n'ont pas fait d'emblée la conquête de la Palestine, de la Syrie, de l'Anatolie,de l'Égypte, de l'Afrique du Nord, de l'Irak, et du plateau iranien Ils ont frappé des alliances avec les rebelles locaux : les Coptes et les Syriaques, les nestoriens et les donatistes, les juifs et les Mardakites, avec ceux qui ne parlaient ni le grec ni le persan ou ne partagaient ni les croyances du basileus, ni celles du Shah. Même le drapeau vert de l'Islam a été emprunté à des non-Arabes : Il a été à l'origine le symbole de la rébellion à Byzance, l'équivalent en son temps du drapeau rouge dans le nôtre ". Ah, l'islam conquêrant, ça marche à tous les coups (remarquez que là il avaiit parlé "d'alliances" et non de "conquêtes") ! Si en plus on l'assimile à l'URSS...

le 24 mars 2011, la même "Melba" avait rédigé un article "anti-norvège" fort révélateur sur un "norvégien “de souche". En fait un article d'Aftenposten relayé par le site d'extrême droite Tundra Tabloids (fort prisé par Jensen et Breivik). Un article signé Andreas Slettholm (et non "Melba"), un récidiviste du genre, ou un peu obsédé par le problème, car auteur également de d'un article sur la "dépopulation dans certaines parties d'Oslo qui gagne du terrain" où il s'était fait écharper déjà par les lecteurs, et un autre intitulé 'Il y a de moins en moins de Juifs à Oslo…" mis en ligne aussi par Menahem Macina (très lié à la fort droitière "Union des patrons et des professionnels juifs de France (UPJF)", sur le site "debriefing.org". L'article était une interview d'Anne Sender, représentant de la communauté juive sur place, qui affirmait qu' "être tenus pour responsables des actions de l'État d'Israël et devoir se défendre avec les arguments politiques conduit beaucoup de gens à ne plus mener une vie active au sein de la communauté juive. Et personne n'aime qu'on lui tire dessus", déclara Anne Sender en faisant référence aux coups de feu tirés contre la synagogue d'Oslo en 2006. Pour Anne Sender la montée de l'antisémitisme est le résultat de la présence de la communauté musulmane, de plus en plus nombreuse à Oslo, dont une partie reçoit, dès le berceau, une éducation impregnée d'antisémitisme. Elle croit que la société ne se mobilise pas suffisament pour contrer de telles attitudes". Un texte évidemment repris chez JSS, qui embrayait juste après sur une marche ayant eu lieue en avril à Oslo organisée par Kristin Halvorsen , ministre des Finances, dénoncée comme "marche antisémite". Des slogans l'avaient été en effet ! Mais Sender avait aussi en mars 2010 sévèrement critiqué sa propre communauté, en la rendant responsable de dérives : "les hommes politiques d'Israël, et particulièrement ceux du gouvernement actuel qui", selon elle, "accordent une importance démesurée aux Partis religieux orthodoxes, (dont) l'influence sur le processus politique est excessif" , s'en prenant aussi à "la trop grande influence, en Norvège, du Mouvement Habad, qui exprime des opinions qui sont loin de correspondre à ceux de la majorité des membres de la communauté". Le mouvement Habad, voilà qui devient passionnant !

Bizarrement personne n'avait fait le lien avec cette fameuse "communauté" qui semblait "gênante", même aux yeux de la communauté juive elle-même. C'est pourtant celle de l'Habad-Loubavitch, issue de la Russie Blanche, aujourd’hui en Belarus, dont elle a pris le nom de la ville principale (à Mumbaï, le centre juif attaqué était aussi un Loubavitch). Un mouvement choyé par l'extrême droite israélienne au pouvoir, en la personne du Mussolini de poche Liebermann, qui a déclairé en le 18 juillet dernier que "les centres H’abad constituaient des ambassades officieuses à l’étranger, aux côtés des représentations diplomatiques officielles du pays ». « Ils effectuent un travail incroyable », a rajouté le ministre, « car que l’on vive en Israël, à Moscou ou à New York, on ne survit pas sans le Judaïsme ». Des ambassades ??? En France, le site et l'école est à Bruny, dans l'Essone, qui annonce de drôles de rassemblements... pour une "ambassade" !

Un mouvement messianique, préconisant "accélérer la venue du Messie" (et donc de la fin du monde !) qui tenait son Congrès annuel... à New-York, le 11 septembre 2010 (quelle date n'est-ce-pas ?), en plein Brooklyn. Une communauté fort droitière, comme elle va le démontrer quelques mois plus tard. Le 4 mars 2011, en effet, un rabbin du Chabad californien de Yorba Linda, David Eliezrie, le président du Rabbinical Council of Orange County et de Long Beach, mais aussi du National Laison to Jewish Federations of North America et donc l'un des grands pontes du mouvement Loubavitch aux USA, (il est aussi membre d'un bon nombre d'autres association nationales et régionales) tenait un meeting en compagnie de baptistes de la Westboro Baptist Church, où le républicain Ed Royce était venu faire un discours plutôt vindicatif, en liaison avec l'ouverture d'une école pour musulmans. Aux côtés du fameux rabbin, qui trouvait-on ? Pamela Geller, bien sûr, qui, ce jour là n'avait pas plu à tous les participants dont le dénommé Joshua Stanton (qui est aussi à la tête du Journal of Inter-Religious Dialogue, de l'Auburn Theological Seminary et le co-directeur du Religious Freedom USA) :

"J'aime Israël - Je me considère comme un sioniste -, et la Cisjordanie n'est pas une partie de l'état que j'aime. Pourtant, selon Pamela Geller, je serais probablement juste considéré par elle comme un autre "Kapo", comme elle l'a déjà dit de J.Street et du National Jewish Democratic Council - une analogie qui m'assimile à un accessoire nazi. Venez donc protester contre ma synagogue, Mme Geller ! (Ou plutôt, arrêtez de protester au total !) Alors que Geller n'a même pas de formation rabbinique, elle est a créé un édifice de la haine dans son ensemble et construit une congrégation de fidèles remplis de haine en ligne et dans la vie courante. Certains, ou même la plupart de ses disciples sont juifs, mais ses motivations pour la création de la congrégation peuvent être difficilement liées à son appartenance religieuse. Au premier plan de la controverse de cet automne au cours de la "mosquée de Ground Zero », qui a réussi à susciter des débats venimeux sur la communauté de centre Park51 - avec ses plans "menaçants" selon elle pour un gymnase, une salle à manger, un espace de prière et de loisirs - elle est la voix juive de la haine qui, pire encore, identifie activement son sens de l'urgence avec ses racines juives. Or les musulmans américains sont majoritairement honnêtes, des gens qui travaillent dur, des gens aimant et fiers d'être a méricains : médecins, avocats, chauffeurs de taxi, enseignants, amis, membres de la famille, les gens que nous connaissons et avec qui nous passons du temps. Mais pour les Machiavels à agendas politiques (y compris malheureusement les Juifs qui n'ont ne cherchent pas à s'élever au-dessus de la mêlée, ce que leur religion conseille pourtant), ils sont des cibles faciles pour les diatribes et les campagnes". Là, Geller était tombée sur un sacré os.

Il est vrai que la réunion de Californie avait eu de quoi choquer, avec l'arrivée théâtrale du fameux rabbin, du groupe hassidique du même tonneau que celui qui provoquait justement débat en Norvège : "Le rabbin Eliezrie (ici en photo avec ses étudiants) est apparu lors du rassemblement de Yorba Linda avec un drapeau israélien dans une main et un drapeau américain dans l'autre" raconte l'indispensable Blumenthal. "D'autres participants ont affiché le drapeau israélien ainsi. En fait, le drapeau israélien semblait être furtivement sorti d'un cluster de drapeaux américains qui ont constitué la toile de fond de haut-parleurs incluant républicain Rep Ed Royce et Gary Miller, qui pestait contre deux la présence musulmane dans le comté d'Orange. A 04h06 dans la vidéo, la foule peut être vue en train de harceler un couple de musulmans avec le chant, "Nous soutenons Israël !" Comme même Haaretz a pu le remarquer, le drapeau israélien est devenu un symbole de la clé pour un axe trans-atlantique néo-fasciste qui se nourrit du ressentiment envers les immigrés violents, musulmans et arabes. Compte tenu de la base ethnocratique de l'Etat israélien et du comportement des colons là-bas, la tendance n'est pas ironique ni surprenante" . Un peu plus loin dans la vidéo, on pouvait entendre une représentante élue du comté, Deborah Pauly,  faire la déclaration sidérante suivante : "J'ai un fils merveilleux de 19 ans qui est Marine des Etats-Unis. En fait, je sais un peu comment les Marines seraient heureux d'aider ces terroristes (Pauly a alors pointé le doigt vers le centre communautaire) à se rendre à une réunion à l'entrée de leur paradis." Affligeant !!!  Ce jour-là, l'imbécilité la plus profonde s'était abattue comme une tornade sur la Californie. Karen Lugo, une "Jewish Federation love instructor" comme la moque Max Blumenthal, qui semble être obsédée par la menace musulmane, ajoutant une couche supplémentaire : "les Américains patriotes" ont en effet "nécessité de sauver la culture de Disneyland". Comme elle le dit, « C'est une question importante pour notre culture et notre société de raconter l'histoire d'une société telle que Disneyland, Nous vous accompagnons dans le respect de votre culture en ne permettant pas que le hijab soit porté dans le cadre d'un vêtement d'employé." Une tornade, un cyclone plutôt, de crétinerie !

S'ajoutaient aux fortes intempéries linguistiques les propos d'un congressman, Ed Royce, supporter de Sarah Palin, pour prouver à quel point les idées sulfureuses du Tea Party se sont déjà infiltrées en plus haut lieu :« Une grande partie du problème auquel nous faisons face aujourd'hui est que nos enfants ont été enseignés dans les écoles où toute idée est jugée bonne, et où personne ne devrait critiquer la position des autres, peu importe si c'est odieux. Comment appelons-nous ça ? Ils appellent ça le multiculturalisme. Et il paralyse un trop grand nombre de nos concitoyens pour effectuer le jugement critique que nous devons faire pour prospérer en tant que société. " Le problème pour Joyce ce n'est pas seulement son racisme évident. C'est qu'il siège aussi à "l'international terrorism subcommittee" de la "House Foreign Affairs Committee" du Congrès : autrement dit il doit prendre position sur les questions de terrorisme ! Et on s'étonnera après ça de trouver dans la prose d'un Jensen ou d'un Breivik la même condamnation fumeuse d'un multiculturalisme responsable de tous les maux de la société ? 

Dans la vidéo où l'on pouvait entendre un public déchaîné lâcher leurs injures sur des enfants se rendant à leur école, et qualifiés de "terroristes", Max Blumenthal, évoquait fort justement le souvenir d'une scène marquante de l'histoire amércaine :  celle des heures terribles de la ségrégation contre les noirs : c'était bien un sentiment raciste qui dominait ce jour-là  : celui de la haine entretenue par Pamela Geller et ses amis.. le moment historique dont parle Blumenthal étant le passage infâmant d'Elizabeth Eckford, l'étudiante noire qui avait été  obligée de traverser une haie de racistes déchainés criant “lynchons-là, lynchons-là” lors de la première tentative de la faire entrer dans l' université de Little Rock. Un des pires moments de l'histoire des USA, un des plus honteux. Stanton avait donc vu juste, en dénonçant les faux arguments de Geller : "Geller a aussi une vision manichéenne du monde en termes religieux qu'elle applique aux événements en Amérique et au Moyen-Orient d'une manière invraisemblable. Parmi d'autres revendications (qu'elle relie aux musulmans), elle suggère qu'il n'y a pas de colons en Cisjordanie ("Judée" et "Samarie") car les Juifs y vivent sur ​​une terre juive. Comment elle relie '« islamisation » de l'Amérique à ces événements en Cisjordanie, je ne le sais pas. Pourtant, elle fait le lien explicite et harangue quiconque est en désaccord avec elle".

C'est bien le premier, avec Blumenthal, en tout cas, à avoir perçu que ce que souhaitait mettre en place Pamela Gellr était bien une "organisation". Celle de l'extrême droite mondiale pro-israël, ce qui a fort peu à voir au final avec le judaïsme, qui ne lui sert que de clé d'entrée dans le milieu. "Je ne peux que prier pour que la haine de Pamela Geller, hélas affichée en association avec le nom de ma religion, soit un jour reconnue pour le blasphème qu'elle est - et faire tout en mon pouvoirpour organiser mes coreligionnaires contre son vitriol. Pamela Geller est une voix de la haine qui ne mérite aucunement d'y mêler la bonne réputation du judaïsme. L'institution qu'elle souhaite mettre en place, pourrait devenir embarrassante pour la tradition dont elle se réclame". La haine formulée de la même façon par Deborah Pauly, qui, visiblement avait déjà fait des siennes dans le secteur comme représentant du Tea Party (*) : certains l'avaient comparée juste après au KKK.  Sur un site de discussions religieuses US, un simple posteur avait laissé un jugement que l'on peur considérer comme parfait et déinitif sur ce qui s'était passé d'infamant à Orange County ce jour là. "Ces « contestataires » ne sont pas Américains. L'Amérique a été fondée en réponse directe à l'intolérance religieuse. Rappelez-vous, les Tea Baggers, les musulmans d'abord, puis les juifs, puis les catholiques romains. J'espère que cette vidéo va devenir virale, et montrer à l'Amérique ce que le Tea Party est vraiment : le Parti néo-fasciste américain." Rien à ajouter à cette conclusion, où le spectre de JimCrow était réapparu.

le document de base est ici

http://www.americanprogress.org/issues/2011/08/pdf/islamophobia.pdf

(*) lire à son propos cette hilarante histoire de toasts siglés NRA ; lors d'un banquet des fadas des armes auquel assistait Deborah Pauly.

la vidéo d'Orange Counrty est ici

http://www.youtube.com/watch?v=NutFkykjmbM

sur le rôle de l'internet comme tambour d'extrême droite, on peut toujours regarder ceci

http://www.youtube.com/watch?v=ox4Afmw6sLA&feature=player_embedded

je vous rappelle que ce numéro 15 a eu des épisodes précédents, lisibles ici