Les mouvements populistes sont-ils une menace pour l’Europe ou, au contraire, une bonne nouvelle ?
On assiste depuis un certain temps à l'émergence de mouvements populistes en Europe condamnés par la majorité de la classe politique et des médias.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH305/europe-des-regions-ethniques_1_-632ef.jpg)
Cette condamnation évite de se pencher sur leur cause. Elle généralise l'opprobre sans distinguer les mouvements des uns des autres, qu'il s'agisse de La Ligue du Nord, du mouvement de sécession de la Catalogne espagnole, d'Alternative fur Deutschland ou du Front national.
Que signifient ces mouvements ?
Est-ce, comme la plupart des médias et un grand nombre de politiques l'affirment, le retour du nationalisme, du fascisme ? Est-ce comparable à l'émergence des partis fascistes de l'entre-deux-guerres en Italie et en Allemagne qui conduisirent à un nouveau conflit mondial ?
Où bien, au contraire, ne sont-ils pas simplement une saine réaction de protection de sa différence face à une mondialisation, une globalisation et encore une américanisation qui uniformisent les peuples dans un "patchwork" hétéroclite ?
Une réaction d'autant plus forte en Europe que l'Union européenne n'a pas voulu prendre en compte l'existence des peuples européens et les composantes culturelles qui y sont associées.
Ce qui est, par ailleurs significatif, c'est que ces mouvements se manifestent aussi bien au niveau national ( France, Pays-Bas, Hongrie, etc.) que régional ( Catalogne, Pays basque, Ecosse, Italie, Flandre, Corse, "Padanie", etc.).
Toutefois, si on y regarde de plus près, on constate que le point commun reste celui de peuples historiques, qu'ils se soient préalablement constitués en Etats, comme la Catalogne ou l'Ecosse, ou non, comme le Pays basque ou la Flandre ou qu'ils soient des Etats depuis des siècles comme la France ou la Hongrie.
Les mouvements migratoires en provenance essentiellement d'Afrique renforcent cette prise de conscience identitaire, ces peuples se sentant menacés dans leur existence même et dans leurs identités culturelles.
Si bien que là où la majorité des Etats européens, et l'Union européenne la première, considèrent le métissage des peuples comme une chance pour l'Europe, une partie de plus en plus importante des peuples d'Europe, regroupés en nations ou en régions, s'oppose radicalement à cette évolution.
Pourquoi, se demandent les Européens devraient-ils accepter un métissage de peuples essentiellement africains, alors que les Européens ont quasiment cessé leur présence en Afrique, qu'il s'agisse de l'Afrique du Nord ou de l'Afrique subsaharienne ?
Les Chinois, les Japonais, les Coréens, les Vietnamiens, les Arabes, les Africains et tant d'autres sont-ils dans l'erreur lorsqu'ils ne pratiquent pas de politique d'immigration en préservant leurs ethnies dominantes ?
Pourquoi un métissage d'un côté et pas de l'autre ? La colonisation était-elle une bonne chose ? Faut-il désormais la reprendre en l'inversant ?
L'Europe synthétise ainsi la problématique de la mondialisation qui voit certes l'Europe, mais non le monde, devenir un "village global", mais un village global qui regroupe sur un territoire devenu très petit, au niveau des moyens de transport et de communication, des cultures et des hommes aux ethnies, aux cultures, aux religions et aux traditions profondément différenciées.
Un village qui s'avère loin d'être pacifiste, où l'on peut s'entretuer d'un quartier à l'autre avec une rapidité stupéfiante.
On peut certes penser qu'une mixité, qu'un métissage de tous les hommes, apporteraient la paix sur la terre, étant donné qu'il n'y aurait plus de différence de couleur de peau, de culture, de désir, de conception du monde.
Mais on peut également considérer que l'uniformité tue la diversité comme elle éradique, par conséquent, toute différence, dans ce qui deviendrait un véritable appauvrissement culturel et dans une sorte de totalitarisme universel.
Pourquoi aller en Afrique si on y rencontre la même population qu'en Europe ? Pourquoi aller à l'étranger si plus rien n'est différent de ce que je connais chez moi ? Pourquoi aller en Catalogne ou en Grèce s'il n'y a plus de Grecs ou de Catalans, mais la même population et la même culture que chez moi ?
Mais "chez moi", dans ce contexte, n'existe plus puisque tout se ressemble.
Le paradis sur terre ?
Ou l'enfer ?
En tout état de cause, l'émergence de ces mouvements populistes est une réalité et son existence est souvent la résultante du manque d'autonomie accordée à des populations et cultures minoritaires ou un manque de reconnaissance des populations autochtones, des populations indigènes.
Une absence de reconnaissance et de liberté qui poussent les peuples de ces nations culturelles, sinon politiques, à réclamer, en désespoir de cause, leur indépendance, à l'exemple de la Catalogne en Espagne ou de l'Ecosse.
Mais elle se manifeste aussi au niveau national, en réaction à la mondialisation ou à des organisations supranationales qui en sont partie prenante, telle l'UE, avec le désir d'accroître l'indépendance du pays et à protéger l'homogénéité de sa population et l'intégrité de sa culture, comme on peut l'observer dans des Etats déjà constitués comme la Hongrie, les Pays-Bas, la France, ou même désormais l'Allemagne.
Ces mouvements ont donc leur raison d'être.
Lorsqu'ils proviennent d'une région désireuse de devenir (ou de redevenir) un Etat, ils se proclament presque toujours européens, ayant trouvé dans l'UE un appui de poids. C'est le cas des indépendantistes catalans.
Mais lorsqu'ils sont le fait de partis nationaux, ils considèrent, au contraire, que l'Union européenne a affaibli l'identité et la culture de leurs pays et souhaitent soit la réformer de fond en comble soit la quitter.
On peut donc constater que les mouvements populistes sont divers et qu'ils ne recoupent pas la même réalité.
Ce qui paraît certain, c'est que les mouvements qui prônent l'indépendance des régions ou le retour à la seule dimension nationale ne prennent pas en compte la géopolitique mondiale et promettent un paradis qui n'existera pas. Vu des Etats-Unis ou de Chine, le fractionnement de l'Europe en confettis ou en pays isolés les uns des autres constituera un signe fort : celui d'un vieux continent incapable de s'affirmer, dont les pays n'auront plus qu'à choisir leur tuteur. Une situation pire que celle d'aujourd'hui où, au moins économiquement, l'UE pèse d'un poids non négligeable vis-à-vis des plus grands pays du monde.
S'ils veulent éviter cette situation mortifère, les Européens doivent choisir d'être rassemblés dans une vaste confédération démocratique qui leur permettra de rester eux-mêmes, de gérer leurs propres affaires tout en regroupant leurs forces au niveau de la défense, de l'économie et de la politique étrangère.
C'est cette Europe des nations et des peuples qui a un sens et qui s'imposera, si les peuples d'Europe en ont la volonté et le courage et s'ils veulent garder leur liberté.
57 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON