Les nouveaux rythmes scolaires, c’est bon pour les enfants des voisins ?
La scène se passe à l'accueil de la mairie d'une petite bourgade d'Ille-et-Vilaine dont les élus socialistes ont été de fervents défenseurs de la réforme Peillon. Votre narrateur se présente pour discuter ramassage hebdomadaire des poubelles de sa résidence secondaire, et une adjointe au maire rapplique pour me donner de la paperasse à remplir. Pendant ce temps elle discute avec la secrétaire de mairie des performances de son petit dernier, inscrit en cours particulier de natation le mercredi à Rennes dans un bassin local...
Je ne puis m'empêcher de prendre part à la conversation pour lui demander ce qu'elle pensait de la réforme des rythmes scolaires et comment il était mis en place dans le patelin. Cela tombait bien, puisque madame était en charge des questions scolaires ! Mais son baratin a manqué de me faire exploser de rire, moi qui ait officié dans les écoles durant dix-sept ans. Elle me parle chronobiologie, de pause cantine allongée, d'activités sportives après le repas tout en regrettant... l'absenteîsme des intervenants (!). Je lui fis remarquer que l'après-midi l'attention des enfants en classe doit être proche du point zéro, sans parler de la fatigue en fin de semaine.
Mais imperturbable et sûre d'elle, elle poursuivit son topo en assurant que madame l'inspectrice de circonscription partageait le contenu du projet. Et l'avis des maîtresses d'école ainsi que celui des parents d'élèves ? Cela semblait la laisser de marbre. D'ailleurs il y a eu peu de réactions à la mise en place des tartufferies Peillon dans le village, et pour cause (je vais y revenir).
Mais une question m'a taraudé : comment son fils pouvait-il concilier école et natation le mercredi-matin ? Amis internautes, avant de vous communiquer sa réponse, je vous demande de bien vous caler sur votre chaîse : "Mon fils fréquente l'école privée de P(...) où la semaine de quatre jours est toujours en vigueur..." (!). J'ai alors explosé de rire tandis qu'un papa entrait dans le hall avec sa petite gamine pour apporter un chèque de cantine. Ayant entendu la fin du débat il a embrayé sur ce qu'il considère à juste titre comme du foutage de gueule. Le ton est alors monté d'un cran. J'ai rétorqué au monsieur que le "faites ce que je dis pas ce que je fais" est une tradition chez les gens du PS. Ce qui a contrarié l'adjointe au maire qui a menacé de porter plainte contre nous pour injures devant témoins, rien que cela !
Puis tout le monde est sorti. Le papa a poursuivi avec moi la conversation en m'expliquant qu'il comptait déménager pour s'installer dans une autre commune où le projet local est mieux ficelé et aménagé (du genre vendredi après-midi libéré à la place du mercredi, un truc comme ça...), et que pour préserver sa gamine il ne la mettra plus à l'école l'après-midi. On ne peut que le comprendre. Pour ma part j'ai quitté l'enseignement primaire et je m'en porte très bien !
Mais revenons aux faibles réactions des parents de l'école publique du coin. En grande majorité, il s'agit de gens pauvres, au chômage pour beaucoup d'entre eux ou de travailleurs précaires. La question scolaire les dépasse un peu. Les institutrices ? Des jeunes, sans expérience, à la merci de leur hiérarchie, nommées à titre provisoire en attendant d'aller voir ailleurs. Donc la mairie en a profité... Mais au fait, quel est l'intérêt pour madame l'adjointe et autres bourgeois socialistes d'appliquer avec zèle les décrets Peillon ? Sachant que le coût n'est pas si élevé que cela puisque les "éducateurs" des temps périscolaires ne sont autres que les dames de service ! Et quelques animatrices de cantine payées au lance-pierres, et il y a les aides de l'état...
En fait, comme dans les banlieues difficiles, les décrets Peillon ont un côté pratique : cantonner les gosses de pauvres à l'école le plus possible pour éviter de trainer dehors, faire de l'école publique une garderie sociale où le gamin n'apprendra plus rien, fatigue et nervosité obligent. Il sera forgé pour devenir un bon consommateur soumis et abruti, qui se baladera vêtements sportswear dernier cri et casquette de l'OM sur la tête, plus le baladeur pour écouter une diarrhée musicale qui le maintiendra ahuri. Il ne se mêlera pas de politique et de sujets sérieux qui le dépasseront.
Pour ceux qui ont de l'argent, comme madame l'adjointe au maire, il y aura toujours l'école privée et payante, qui conduira sa progéniture - grâce au compte-courant de maman - vers l'enseignement supérieur, les bonnes formations et un bon boulot. Bref vers l'autonomie véritable. Madame l'adjointe aime les pauvres pour se faire élire en promettant des allocations-sucettes en tout genre, mais ne veut pas que ses gamins fréquentent ces gens-là.
Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley se met progressivement en place, grâce en France au parti dit "socialiste" dans lequel Jaurès aurait bien du mal à se reconnaître. Des gens qui vivent dans leur monde à eux, roulent en Audi, habitent de beaux pavillons... ils aiment soutenir les roms et militer pour le mariage gay. Il faut bien qu'ils s'occupent. Ils lisent beaucoup aussi ; du BHL, le nouvel observateur, les bouquins de Philippe Meirieu et autres gourous de l'éducation... car ces humanistes de salon entendent expliquer au peuple comment il doit vivre et scolariser ses gosses, en restant à bonne distance bien entendu. Chez les socialistes les bonnes clôtures font les bons voisins, et permettent de préserver l'ordre social. Ils aiment tellement les pauvres qu'ils en fabriquent, et savent les placer loin de leurs résidences, comme l'oligarchie de l'empire romain en son temps. Panem et circances. Le pain industriel de la cantine et les jeux bêbêtes dans la cour de récréation : la réforme des rythmes scolaires de César Hollande et du consul Peillon, reprise par le légat Hamon puis la matrone Najat-Belkacem... vivement la chute de l'empire !
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