Les quatre classes dans la société mondiale
Quel est l'état de la démocratie dans le monde, face aux intérêts financiers et au truchement de la représentation politique ? Sommes-nous véritablement entendus et représentés, dans cette pseudo-démocratie mondiale ?
Ami lecteur,
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le mouvement démocratique s'est mondialisé, développé et structuré. Selon toute apparence, nous vivons dans une démocratie mondiale, à quelques rares exceptions près, comme la Chine (parti unique), le Liechtenstein (monarchie presque absolutiste) ou la Corée du Nord (dictature communiste). On peut aussi questionner le droit de véto des grandes puissances à l'ONU, responsable de nombreux blocages. Néanmoins, dans presque tous les pays du monde, les citoyens sont régulièrement consultés. Pourtant, à y regarder de plus près, et ce sera le sujet de cet article, nous verrons que le pouvoir, le vrai pouvoir, a été confisqué aux citoyens par les financiers, les technocrates, et pour finir la représentation démocratique.
Commençons par le commencement : Qui contrôle le monde ? Napoléon disait que "La main qui donne est toujours au-dessus de la main qui reçoit", et Thomas Jefferson que "Les établissements bancaires sont plus dangereux qu'une armée en campagne". Depuis la déréglementation et le triomphe des marchés financiers sur le business des dettes, en particulier publiques (la moitié de la spéculation mondiale déréglementée), les Etats sont tributaires des taux d'intérêt et du bon vouloir de la finance. Résultat : nous nous sommes grandement endettés auprès des banques privées, au point que celles-ci pèsent désormais bien plus que tous les Etats réunis - douze fois plus ! D'un côté, il y a donc les nouveaux détenteurs de capitaux dont la bulle grossit avec le truchement des intérêts et de la spéculation, et de l'autre, des pays forcés de relever sans cesse le plafond de leur dette (ex : USA), de baisser leurs salaires (ex : Grèce), de privatiser leurs services publics, et d'augmenter les impôts.
Tout cela se traduit par un creusement des inégalités et une baisse globale du pouvoir d'achat dans le monde. Dans le même temps, les financiers ont vu bondir leurs rémunérations. Le malheur des uns fit donc le bonheur des autres... et cette situation n'est pas prête de changer. Les lobbyistes financiers ont récemment investi 350 millions de dollars pour empêcher le congrès américain de réencadrer les crédits, par exemple. La guerre est donc ouverte, mais elle est insidieuse.
Les financiers, non-élus, sont ainsi les maîtres du jeu économique mondial depuis la perte d'influence des banques centrales. C'est la première classe, celle qui a remplacé la démocratie par une ploutocratie mondiale.
La seconde classe n'est toujours pas élue, il s'agit de la nouvelle aristocratie ultralibérale : les technocrates. Formée et éduquée dans les grandes écoles, elle a investi tous les centres décisionnels, en particulier européens. Disciples convaincus de l'ultralibéralisme, depuis Bruxelles, le FMI, l'OMC et d'autres organismes encore, ils n'ont de cesse de vouloir sabrer les budgets sociaux et la redistribution. Dernier exemple en date : l'Union Européenne a réduit de 75% son programme alimentaire en direction des démunis ! Quelle Europe sociale ! Ces technocrates ultralibéraux ne cessent de remettre en question les retraites, le SMIC, les revenus de remplacement surtout, et ce faisant, veulent remplacer les souverainetés nationales, dont ils ne sont pas issus.
La troisème classe, enfin, est la classe politique élue. C'est là que commence vraiment la démocratie... et qu'elle se termine ! Face aux contraintes financières et supra-nationales, les élus nationaux et européens ont peu de marge de manoeuvre. Le problème fondamental étant l'accès des citoyens à la sphère politique - un chemin de croix très peu démocratique. Il faut de l'argent, des contacts, du pouvoir médiatique, le soutien d'un parti pour faire de la politique, en France comme ailleurs. La théorie démocratique du pouvoir laissé aux citoyens voudrait que la représentation soit connectée aux citoyens. Or, la classe politique est composée d'élus soumis aux lobbys (l'affaire des OGMs, rejetés par 95% des français, rappelle celle de l'amiante... que vaut la volonté politique face aux milliards des gros industriels ?), à l'idéologie dominante du laisser-faire des marchés financiers, au jeu des majorités et des oppositions. Il faut donc être majoritaire dans de nombreuses instances afin de pouvoir être entendu, et de peser sur les décisions politiques. En l'absence de proportionnelle au Parlement, les petits partis sont très peu ou pas représentés, laissant encore croître le désespoir populaire et la méfiance démocratique.
Viennent enfin la dernière classe dans cette ploutocratie mondiale - les citoyens. Ceux-ci sont consultés lors des élections, mais on leur refuse les référendums (annoncés mais presque toujours oubliés, lorsqu'ils ne sont pas trahis), les référendums d'initiative populaire (toujours pas d'actualité), les actions de classe (la justice française préfère la voie tortueuse de la jurisprudence). Que reste-t-il ? Le militantisme - la démocratie interne des partis donc, très variable - et les pouvoirs locaux. Il est interdit de s'exprimer, pour les non-élus, dans les conseils municipaux - on n'a même pas le droit d'applaudir ! Les conseils de quartier sont désertés et peu consultés par les municipalités. Les conseils des jeunes de même.
Quel espoir, donc ? En premier lieu, il faudrait remettre en place le système financier mondial si nous ne voulons pas être éternellement tributaires des aspirations vénales du capitalisme ultralibéral... mais cela sera insuffisant. Militons afin que la démocratie participative, comme au Vénézuela, devienne la règle ! Ainsi nous reconnecterons les élus et les citoyens, en permettant que les bonnes idées s'expriment, dans toutes les villes, chaque semaine par exemple ! Tous les citoyens ne veulent pas être des politiciens, mais un grand nombre a besoin d'exprimer ses problèmes et ses attentes !
Refaire ce monde est une entreprise complexe et risquée, mais nous ne pouvons tolérer un tel manque de respect des grands décideurs envers les citoyens ! Réveillons-nous ! Abolissons cette ploutocratie anti-démocratique !
Visitez notre blog consacré aux ravages de la finance déréglementée : http://aveccescentmillemilliardsdedollars.over-blog.com
et pourquoi pas le blog de notre parti : acf.revolublog.com
Nicolas Chelay, président de l'Alliance Confortiste Française
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