Les ravages du « politiquement correct » dans l’Education nationale
Daniel Arnaud, Manuel de survie en milieu scolaire, illustré par Gérard Matthieu, Ed. Max Milo
Daniel Arnaud enseigne le français et l’histoire-géographie en collège. Il a publié Dernières nouvelles du front, choses vues dans un système éducatif à la dérive (L’Harmattan, 2008) et participe au blog Idées républicaines sur le site du nouvelobs.com.
Gérard Mathieu a longtemps été l’illustrateur culte de L’Étudiant. Il travaille aujourd’hui entre autres pour Alternatives économiques.
"Incivilités, racket, brimades entre élèves ou burn-out des professeurs : les grands titres consacrés à l'Education nationale conduisent parfois à se demander si elle demeure le lieu de la transmission des savoirs. 4,9 % des élèves du premier degré subissent un harcèlement sévère, 29 % des collégiens sont moqués pour leur bonne conduite. La profession enseignante détient le triste record du taux de suicide le plus élevé : 34 pour 1000.
Face à ce constat, Daniel Arnaud détourne la forme du guide de survie pour aider les enseignants, parents et élèves à retrouver leurs marques dans un milieu devenu hostile. Avec humour, l'auteur donne des conseils simples pour assurer le respect mutuel des différents agents de l'éducation et permettre à chacun d'appréhender l'école de manière plus apaisée."
Daniel Arnaud ne se contente pas de coller des rustines sur le Titanic, comme Sébastien Clerc. Il explique ce qu'il faut dire et ne pas dire, faire et ne pas faire pour sauver sa peau dans le naufrage du système éducatif et en particulier du collège unique.
Il était temps de prendre en compte la dimension systémique et d'appeler un chat un chat. Il était temps qu'un professeur de terrain dise la vérité, sans fard et sans langue de bois sur ce qui se passe réellement dans de (trop) nombreux collèges de France et de Navarre, sur les taux de réussite truqués, sur la pression exercée sur les enseignants pour mettre des bonnes notes et ne pas punir, sur l'hypocrisie et le carriérisme de (trop) nombreux chefs d'établissements, plus soucieux de leur avancement et de leur bonne image auprès des autorités académiques, plus soucieux de ne pas avoir d'ennuis avec les parents que d'exercer leur devoir de protection vis-à-vis des personnels et de rappeler les fauteurs de trouble au respect de la Loi...
Il était enfin temps de faire savoir, comme le fait Daniel Arnaud, que dans un très grand nombre de cas, les élèves perturbateurs sont systématiquement soutenus par la hiérarchie (nous sommes nombreux à en avoir fait l'expérience) et de dénoncer le fait que les enseignants s'épuisent à faire de la discipline et à gérer des "cas", sans en avoir les moyens, au détriment des élèves qui ont envie de réussir et de travailler. Oui, il était temps que quelqu'un explique enfin les règles du jeu !
Les gens qui ont vécu sous un régime totalitaire ont témoigné du fait que ce type d'organisation se caractérise par un fonctionnement absurde et contreproductif. On y retrouve une bureaucratie pléthorique et envahisssante qui déresponsabilise l' individu, met le monde à l'envers et dénature le sens des mots. N'est-ce pas ce qui se passe trop souvent dans l’Éducation nationale ?
Le soutien de la hiérarchie aux fauteurs de troubles, la complaisance vis-à-vis de la violence, des incivilités et de la "barbarie ordinaire", le comportement de certains collègues qui servent "d'oreilles de Moscou" à l'administration (quel autre nom leur donner ?), l'obligation de faire attention à ce que l'on dit et à la manière dont on le dit, et, qu'à tout prendre, il vaut mieux encore se taire pour éviter d'avoir des ennuis, donne à penser qu'il y a quelque chose de pourri au royaume du "politiquement correct".
Car aujourd'hui, finalement, tout est dans la forme. Les mots remplacent les choses, les mots remplacent les actes et pourvu que l'on connaisse les codes et que l'on emploie les "bons" euphémismes (par exemple : "élève en difficulté" à la place de "perturbateur" ou "caïd"), on peut se sentir en paix avec sa conscience, estimer qu'on a assumé ses responsabilités et passer aux yeux des autres et à ses propres yeux pour un "type bien" (cf. La Chute d'Albert Camus)
Eh bien, je ne suis pas d'accord. Je pense que les faits, la réalité "dure à étreindre" comme disait Rimbaud l'emporte sur les mots et que ce qui compte, ce ne sont pas seulement nos idées "progressistes", "de Gauche", forcément de Gauche, mais nos actes.
A l'heure où il est question de distribuer des médailles aux "enseignants innovants" (sic !), où l'on punaise dans les établissements la "Charte de la Laïcité" et où l'on remet à la mode les "cours de morale", ne serait-il pas temps de respecter effectivement le mérite, la morale et la laïcité et de montrer l'exemple, plutôt que de se contenter d'en parler ?
En réduisant la morale, la laïcité, le mérite à des mots vides de sens, nous nous condamnons à ne pas comprendre, comme des poissons qui tournent en rond dans un bocal, le bocal du "progressisme niais" ... comprendre des "faits" qui apparaissent régulièrement dans la Presse, par exemple le comportement "déviant" de rejetons des représentants d'une Gauche censée incarner les "valeurs de Gauche" (Marisol Touraine ou Laurent Fabius) ou celui de ces mêmes ministres (Jérôme Cahuzac), mais aussi le suicide de certains de nos collègues parce qu'ils ne peuvent plus enseigner, ou bien qu'un beau jour, lassés de voir la Gauche piétiner les "valeurs de Gauche" et de voir tant de comportements incorrects recouverts d'un vernis politiquement correct, les électeurs finissent, en désespoir de cause, par se tourner vers les extrêmes.
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