Les traitres
« Traitres. »
C’est étrange et dérangeant la manière dont certains mots s’imposent à l’esprit sans qu’on y prête attention.
« Traitres. »
Voilà pourtant le mot que mon cerveau me dicte de crier et qui résonne en moi depuis ce vendredi 30 juillet, jour de l’intervention du Président de la République depuis Grenoble.
« Traitres ? », « République ? »
En y réfléchissant bien, ce sont en fait ces deux termes qui provoquent le trouble dont je suis victime.
Je pourrais me raisonner, me dire que les mots prononcés en Isère ne sont qu’une provocation de plus, un énième coup de menton dont cet homme nous a donné l’habitude depuis son élection.
Pourtant, cette fois, le malaise est plus profond, un peu comme cette nausée qui peut vous prendre les lendemains d’excès.
« Traitres ! »
Le revoilà, ce mot, qui hurle à nouveau !
On peut être de droite ou de gauche, avoir des idées différentes quant à la manière dont la France devrait être conduite. C’est le débat républicain et démocratique.
On peut s’opposer, parfois même violemment, et être en désaccord. C’est le jeu normal de la confrontation des idées et c’est ainsi que la cité commune se construit.
Ce qui reste est une base, notre base. Un socle républicain qui doit être préservé. Un idéal commun qui se situe en dehors du débat et qui est un objectif pour l’ensemble des citoyens.
« Traitres ! »
Le Président de la République et ses proches sont des traitres. Voilà les mots qui doivent être prononcés.
Trahison car il a trompé les français en bafouant en tout point la promesse qu’il avait fait en 2007 :
« Etre Français c’est aimer la France, c’est vouloir la République, c’est respecter l’Etat.
Etre Français c’est prendre en partage l’histoire de la France et les valeurs de la France.
Etre Français c’est penser qu’au-delà de la droite et de la gauche, au-delà des partis, au-delà des croyances, il y a quelque chose de plus grand qui s’appelle la France.
Je veux dire à tous les Français que la France est plus forte quand elle est unie, que la désunion des Français a toujours causé l’affaiblissement de la France, que lorsque la France est faible c’est chacun d’entre nous qui se trouve affaibli.
Etre Français c’est se sentir l’héritier d’une seule et même histoire dont nous avons toutes les raisons d’être fiers. Si on aime la France, on doit assumer son histoire et celle de tous les Français qui ont fait de la France une grande nation. » NS - Caen - mars 2007.
Trahison car en voulant aujourd’hui séparer les français en deux catégories, il porte atteinte, non seulement à la Constitution, mais surtout aux valeurs portées par la droite et la gauche depuis la Libération. Les français sont tous égaux devant la loi. Tous !
Le « français d’origine », sorte de français de seconde zone, n’existe que dans l’esprit pervers de quelques nostalgiques d’une France qui n’a jamais existé.
Trahison car en ne représentant qu’une fraction de la population et en ne défendant que des intérêts particuliers contre l’intérêt national, il commet ce que de Gaulle appelait « une erreur nationale impardonnable. »
Trahison enfin car en flattant nos penchants les plus vils, il détruit nos possibilités de vie commune, sape les fondements de notre nation et crée les conditions du retour d’une forme de lutte des classes qui sont autant d’appels à la haine.
« Traitre. »
Il n’est pas d’autres mots pour qualifier aujourd’hui le chef de l’Etat. Une fois ses nouveaux projets rejetés au regard de la Constitution, ce qui ne manquera pas d’arriver, il pourra poursuivre la destruction systématique de l’Etat en regrettant que « l’administratif » vienne empêcher son « action ». Il pourra à nouveau se présenter en victime auprès de français qui ont oublié l’importance de l’équilibre des pouvoirs.
Pour toutes ces raisons, il faut que les républicains de tout bord ne restent pas inactifs. Il est du devoir du Parlement de prendre ses responsabilités. Que les députés brisent leurs peurs, qu’ils s’expriment autrement que par des commentaires en « off ». Afin que les « traitres » ne puissent plus nuire au pays et en attendant que le débat républicain reprenne sur le terrain des idées et de la construction de notre avenir commun !
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