Les turpitudes contemporaines de l’Église catholique
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Deux semaines après la parution du rapport accablant sur les abus sexuels dans l’Église, les évêques de France se demandaient comment l’institution allait trouver les fonds pour indemniser les victimes. Quel que soit le montant des indemnisations, le compte n’y est pas, le sera-t-il un jour ? Le scandale est planétaire ! Un internaute écrit à propos d’un prêtre niçois : « Je lance un appel solidaire à ceux qui l’ont côtoyé en tant que chef scouts fin des années 70 jusqu’à son départ au séminaire, et qui n’ont rien osé dire ».
L’Église ne vit pas uniquement des dons de ses fidèles, elle dispose d’un patrimoine immobilier, de « trésors », de legs et de subventions. La paroisse Saint-Pierre d’Arènes à Nice a perçu 1,2 million d’euros de la municipalité pour transformer le sous-sol de l’église en salle de spectacle, de concert et en restaurant (Source Nice-Matin) ! Si le patrimoine de l’Église dans le monde est estimé à 2.000 milliards d’euros (Carlo Marroni), les Catholiques français représentent 51 % des Chrétiens, dont 10 % de pratiquants dominicaux, et ils sont de plus en plus nombreux à ne plus croire en Dieu. Le nombre des ordinations a été divisé par dix en seulement quelques décennies, et les diocèses se doivent de regrouper plusieurs paroisses.
L’Église n’a jamais fait vœux de pauvreté. Le 18 juin 1982, Roberto Calvi est retrouvé pendu au bout d’une corde fixée sur l’échafaudage du pont de black Friars, Londres. Scotland Yard est formel, il ne peut s’agir d’un suicide. Le corps lesté ne présente aucune rupture des vertèbres cervicales, et le cou présente les traces d’un double sillon comme si la victime avait été étranglée avec un lien avant d’être pendu ! Le défunt laissait un passif évalué à 1 billion de dollars ! Un dénominateur commun revient souvent, l’Institut pour les Œuvres de la Religion présidé par un cardinal Américain et Mgr Marckinkus nommé pro-président de la Commission pontificale pour l’État de la Cité du Vatican en 1981, au troisième rang derrière le pape et le secrétaire d’État. La Banque du Vatican est alors le premier actionnaire de la Banco Ambrosiano et Mgr Marckinkus, membre du conseil d’administration d’une filiale de la Banco Ambrosiano dont l’effondrement (3,5 milliards de dollars) ruina des dizaines de milliers de clients.
L’IOR qui a succédé à la Banco di Santo Spirito a déjà connu un scandale financier retentissant dans les années cinquante. Les spéculations immobilières lui ont rapporté un bénéfice illicite de 150 milliards de francs ! Le premier conseiller juridique de la Congrégation du Vatican n’était autre que Carlo Pacelli, le neveu du Pape, conseillé par l’administrateur financier du Vatican Bernerdino Nogara... L’interpénétration de l’Église avec la finance ne date pas d’aujourd’hui. Les États pontificaux possèdent un système financier remontant au XVII° siècle. L’IOR dont les clients relèvent presque intégralement de l’Église n’a aucune succursale sur le sol italien, et bénéficie du traité de Concordat, toute demande doit passer par le ministère des affaires étrangères italien. Le gouverneur de l’IOR n’avait de compte à rendre qu’à sa Sainteté et l’établissement ne délivrait aucun chéquier. Tous les dépôts se faisaient en espèces, en métal précieux ou par transferts. Jean-Paul II pouvait, en toute quiétude, accompagné de Mrg Marckinkus, acheminer des devises pour soutenir le syndicat Solidarnocs et financer la lutte contre le communisme...
Des noms reviennent en boucle dans le financement occulte du Vatican. Licio Gelli, intronisé le 27 novembre 1966, grand maître de la loge maçonnique P2 dans laquelle se trouvaient de nombreux militaires, hommes politiques, financiers, hommes des services secrets Italiens. En 1978, Roberto Calvi cherche à prendre, secrètement, le contrôle du Banco Ambrosiano pour le compte de la loge P2. Parmi les sociétés écran : l’IOR, l’Ente Nazionale Idrocarburi (ENI), et le groupe pétrolier de l’État Italien dirigé par Florio Fiorini... Un grain de sable va gripper les ambitions. Licio Gelli a investi l’argent de la mafia de Palerme dans l’IOR. « Quand le pape Jean-Paul II est venu en Sicile et qu’il a ex-communié les mafiosi, les chefs de la mafia qui plaçaient leurs deniers sur l’IOR se sont sentis humiliés. C’est à partir de là qu’ils ont pris la décision de faire exploser des bombes à l’extérieur de deux églises à Rome ».
Dans les années soixante, Leopold Ledl, un escroc autrichien, nommé consul honoraire par l’ex-roi du Burundi en exil, s’était empressé d’acheter deux doctorats, l’un en théologie, l’autre en droit Canon. Bardé de ces titres, il allait devenir conseiller du patriarche d’Alexandrie et se lier avec Mario Folgini, docteur en théologie. Celui qui se fait appeler Comte de San Francisco a des relations dans le monde de la finance, des armées et du gouvernement italien, mais bénéficie surtout d’entrées au Saint Siège en la personne du père Salvator Angello, un proche de l’archevêque Giovanni Benneli. Mario Folgini va introduire Léopold Led dans les sphères romaines, et Mgr Barbieri introduire Ledl auprès du Vatican. Ledl, une fois dans la place, noue des liens étroits avec Mgr Tisserant, doyen du Sacré collège, et ne tarde pas à recueillir les confidences sur les malheurs financiers du Vatican dont il faut renflouer les caisses et sauver le gouvernement de la Démocratie chrétienne (Aldo Moro). Le montage financier propose de réunir près d’un milliard de dollars en titres et obligations. La moitié ira dans les caisses de l’IOR, l’autre à la Banque d’Italie. Ledl contacte Ricky Jacobs, un membre de la mafia américaine spécialisé dans la contrefaçon. Jacobs charge Vincent Rizzo de réunir : papetier, graveur, photographe et imprimeur qui devront livrer, très rapidement, des échantillons. Si le travail est jugé satisfaisant, la commande totale devra être accomplie en cinq livraisons échelonnées de mars à décembre 71.
Les plaques offset sont produites dans deux ateliers distincts. Les emplacements destinés à recevoir le numéro fiduciaire, le nom du propriétaire, les signatures et les timbres humides servant à authentifier le document sont épargnés. Ensuite, les faux titres établis au nom : American Telephone and telegraphe company - Chrysler Corporation - General Electric Company - Pan American World Airway, revêtus du sceau d’une banque s’envolent pour Rome via Londres et Munich. Un notaire londonien « verreux » authentifie les obligations sans les voir qui deviennent la propriété de Marina Giuriati - Neubert (veuve d’un officier Allemand qui a été en poste au quartier général de l’OTAN en Italie), ex-conseillère de Spadaro, le ministre de la justice italienne... En septembre 1971, Foligni présente les titres à la Banco di Roma pour alimenter un compte ouvert à son propre nom et un au nom d’Alfio Marchinkus. La banque expédie les titres et les obligations à New-York pour authentification. La réponse tombe, il s’agit de faux ! Pour le Vatican il ne peut s’agir que de calomnies, les enquêteurs du FBI sont éconduits...
En 1973, l’IOR réussie à s’en emparer de la holding Bastogi et à l’inclure dans le giron du Vatican. Un certain Sindona jette son dévolu sur la Franklin National Bank qui sera ruinée deux ans plus tard s’en que l’on parvienne à savoir où sont passés les capitaux. Luigi Cavalo qui a quitté l’Italie pour la France en août 1977, met en cause : des ministres - des nonciatures - des parlementaires - des magistrats - des financiers, bref tout ce que la société compte parmi ses hommes influents. Tous ceux ayant eu à connaître d’un peu trop près les finances occultes du Vatican vont disparaître :
En 1978, le colonel des gardes des finances Salvatore Florio qui enquêtait sur Gelli meurt dans un accident de la route. 1981 le capitaine Luciano Rossi collaborateur de Salvatore Florio se suicide. Octobre 1983, le nouveau vice-président, Giuseppe Della Cha du banco tombe du 4° étage du siège Milanais. Le 22 mars 1986, le banquier Michele Sindona condamné à une peine à perpétuité meurt empoisonné par l’absorption d’un café au cyanure... Le juge d’instruction Emilio Alessandrini est tué par Prima Linea. L’avocat Giorgio Ambrosoli est assassiné par un tueur proche de la mafia américaine.
Lorsque les magistrats italiens vont vouloir exécuter un mandat d’arrêt à l’encontre de Marcinkus et d’autres dirigeants de IOR (1987) pour banqueroute frauduleuse, le Vatican invoque que Mgr est titulaire d’un passeport diplomatique. L’affaire va durer une dizaine d’années avant que le pape se décide a se priver des services de Mgr Marcinkus qui n’a été qu’une « victime naïve ». Mgr Marcinkus finit par quitter la présidence de la banque vaticane pour s’en retourner au dicastère de Chicago en 1990. Il meurt à Sun City (Arizona) à l’âge de quatre-vingt-quatre ans emportant ses secrets.
Le 10 juillet 2007, le dirigeant emprisonné du parti Giampero Fiorani, a raconté à un magistrat : « Au BSI Switzerland, il y a trois personnes Comptes du Vatican avec, sans exagération, 2 ou 3 milliards d’euros chacun ». Et d’expliquer au procureur milanais Francesco Greco, établir une liste est difficile, par exemple d’utiliser les « besoins pastoraux » pour expliquer la décision du Vatican d’exciser les îles Caïmanes de son diocèse naturel jamaïcain de Kingston afin de les proclamer « missio sui juris » sous le contrôle direct du Saint-Siège, le cardinal Adam Joseph Maida, un membre du conseil d’administration de l’IOR. Au mois de juin 2013, un prélat du Vatican fut interpellé ainsi que deux intermédiaires alors qu’ils s’apprêtaient à sortir illégalement 20 millions d’euros d’Italie !
L’IOR a publié pour la première fois, son rapport financier pour 2012 ! « Son bénéfice est passé de 20,2 millions d’euros à 86,6 millions d’euros. (...) 54,7 millions d’euros, a servi au pape pour mener ses missions à travers le monde. (...) L’IOR gère un peu plus de 7 milliards d’euros appartenant à près de 19 000 clients à travers le monde ». Selon un expert financier : « À la lecture du rapport, on a l’impression qu’elle est presque totalement absente des marchés financiers. En revanche, pour une banque de dépôts, c’est un mastodonte. Elle gère plus de 6 milliards d’euros, ce qui est trois fois plus qu’une importante banque française. C’est d’ailleurs intéressant, car ce serait, d’après le rapport, un nain en terme de profits. Si elle ne sert que de coffre-fort, d’où proviennent les 86,6 millions de profits qu’elle a générés en 2012 ? : Ils proviennent exclusivement de la revalorisation des titres de l’État italien qu’elle possède. Elle a acheté de la dette italienne, et l’envolée des taux d’intérêt en 2012 a fait gagner beaucoup de valeur à ces obligations. (...) Prenons par exemple les actifs immobiliers qui, d’après le document, ne s’élèvent qu’à 2 millions d’euros. Ce n’est absolument pas détaillé et semble très fortement sous évalué. L’IOR n’indique presque nulle part les crédits d’impôt et autres exonérations fiscales dont il bénéficie ».
Acussé, levez-vous, le Saint-Siège a été épinglé au cours de l’automne 2019 pour : « de graves indices de malversations, fraude, abus de fonction et blanchiment. (...) Le montant de la quête annuelle faite dans toutes les églises catholiques du monde servirait à combler le déficit chronique de la Curie romaine, le gouvernement du Saint-Siège ».
« L’Église est bien charitable, elle donne des indulgences dont elle a grand besoin ».
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