Les USA avec De Gaulle, ce n’était pas l’Amérique
De Gaulle était l’homme des faits, rien que des faits. Ses qualités premières étaient sa grande mémoire et une vision à long terme, d’un esprit clairvoyant et foncièrement indépendant.
Le 4 janvier 1963, De Gaulle disait :
« L’Europe occidentale est devenue, sans même s’en apercevoir, un protectorat des américains. Maintenant il s’agit de nous débarrasser de cette domination. Mais la difficulté, dans ce cas, c’est que les colonisés ne cherchent pas vraiment à s’émanciper. Les vues du Pentagone sur la stratégie planétaire, les vues du business américain sur l’économie mondiale, nous sont imposées. Bien des européens y sont favorables. » (Extraits : C’était De Gaulle d’Alain Peyrefitte)
Ce constat d’hier, n’a rien perdu de sa justesse, aujourd’hui.
Le 22 janvier 1963 était signé un traité de coopération et de réconciliation entre la France et la République fédérale d’Allemagne, sans la bénédiction des USA placés devant le fait accompli. C’est le début d’une Europe politique, n’ayant rien à voir avec une Europe des marchés.
Toujours en début d’année, mais en 1964, De Gaulle crée l’événement diplomatique, en étant le premier homme politique de stature internationale, à faire reconnaitre la Chine populaire par la France, sans en demander la permission aux USA.
Et voilà ce qu’il dit : « il y a quelque chose d’anormal dans le fait que nous n’avons pas de relations avec le pays le plus peuplé du monde, sous prétexte que son régime ne plait pas aux américains » propos tenus et rapportés par Alain Peyrefitte.
Le 20 juin 1966 De Gaulle fait une visite officielle en URSS, sans l’accord de personne, faisant sans doute, bonne mesure avec le début de rapprochement avec la Chine communiste. Cette visite sera assortie de nombreux accords de coopération, toujours dans l’esprit d’indépendance qui était le sien.
Ces accords significatifs révélaient pour le moins, une volonté d’ouvrir toutes les portes fermées par décision d’autrui.
Comment devenir une puissante nation lorsque son pays n’a pas une forte population, ni une grande étendue, et dépourvue de matières premières comme le pétrole et le gaz ?
La dissuasion nucléaire devient alors son ultime désir, faisant l’impasse sur toutes les autres priorités, aboutissant aux accords de Genève de 1962, au grand dam des pieds noirs, et des harkis.
En effet, il fallait un territoire adéquat, et une assurance sur une longue période. Le premier essai nucléaire à l’air libre fut en 1960, et à partir 1961 jusqu’à 1966, les essais seront souterrains, le tout en Algérie du sud.
Les essais nucléaires continueront dans le pacifique, même après la démission de De Gaulle
L’attitude du vassal sous protection des Etats-Unis prenait fin.
La France a eu sur son sol, des bases américaines de l’OTAN. En 1958, à l’arrivée de De Gaulle, l’effectif militaire américain était de 50 417 soldats, les derniers partiront en 1967.
De Gaulle ajoutera une dernière provocation orale avec « vive le Québec libre » le 24 juillet 1967.
Il est indéniable que son obsession de se libérer de l’emprise des USA, passe par l’Europe (discours du 22 novembre 1959 à Strasbourg)
« Oui, c’est l’Europe, depuis l’Atlantique jusqu’à l’Oural, c’est l’Europe, c’est toute l’Europe, qui décidera du destin du monde »
Conférence de presse du 15 mai 1962
« Il ne peut pas y avoir d’autre Europe que celle des Etats »
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