Létalité du Covid-19 : la France quatrième derrière le Nicaragua, le Yémen et la Belgique
On considère le taux de létalité (nombre de décès/nombre d'infectés), les chiffres ArcGIS pour l’épidémie (au 3 mai) et ceux du site Worldometers pour les populations par pays (en excluant les petits pays insulaires).
Les chiffres
Au Nicaragua et au Yémen, ce taux culmine à 20 %. En Belgique, en France, au Royaume-Uni et en Italie, cela voisine autour de 15 %. En Allemagne, c’est 4 %. Enfin, l’Islande se distingue avec son 1 %.
En Amérique du Nord, on parle de 6 % (Canada, USA). Au Moyen-Orient et au nord de l’Afrique, mis à part le Yémen (en pleine guerre), le taux varie entre 1 et 7 %. En Extrême-Orient et dans le Pacifique, il varie également entre 1 (Australie, Nouvelle-Zélande) et 7 % (Indonésie, Philippines). En Amérique latine, hors le Nicaragua (en pleine débâcle économique), les écarts des pays varient entre 1 (Chili, Costa Rica) et 9 % (Haïti, Honduras).
Comme tous les pays ne peuvent que compter les « détectés », comment expliquer la présence de la Belgique et de la France au sommet de ce classement ?
Corrélation avec des indicateurs
Nous avons comparé ces données avec des indicateurs de l’OMS. Elles ne se corrèlent pas avec la densité de population, l’âge moyen de la population, le niveau de revenu, la part de population urbaine, les dépenses publiques de santé par habitant, etc. On ne pourrait même pas soutenir une hypothèse chiffrée sur le vieillissement de la population, l’urbanisation, etc. Même pour les pays qui comptent des mégapoles (dont le niveau de pollution atteint des records), les chiffres nationaux restent meilleurs.
Hypothèses
On se contentera donc d’hypothèses non chiffrées.
- Nos services d’urgence demeurent quinze fois pires que ceux de l’Islande, de l’Australie, du Chili, etc. Outre son manque de crédibilité, cette hypothèse clôt le débat un peu vite
- En cas de « comorbidité », la rédaction des actes de décès priorise le Covid. Or, on doute que la règle du « dernier arrivé, premier servi » soit l’apanage exclusif de quatre pays
- Les systèmes immunitaires des quatre pays concernés se trouvent à peu près dans le même état que ceux qui affrontent des guerres et des débâcles extrêmes. Cela pourrait s'expliquer par le fait que nous (avec nos seniors en première ligne) partageons certaines choses avec les Yéménites et les Nicaraguayens en ce moment : confinement, carences, isolement, détresse psychosomatique, etc.
Transition épidémiologique
En guise de conclusion, on évoquera la transition épidémiologique (ou sanitaire), un concept utilisé en démographie. Elle s'opère dans le cadre d'une transition démographique. Elle se caractérise par une amélioration de l’hygiène, de l’alimentation et de l’organisation des services de santé. Enfin, elle transforme les causes de décès : les maladies infectieuses diminuent alors que les maladies chroniques (voire dégénératives) augmentent. Avec le SRAS-Cov de novembre 2002, le retour du H1N1 de mars 2009, le MERS-Cov de juin 2012 et le SRAS-Cov-2 (Covid) actuel, serions-nous en transition épidémiologique... inversée ?
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