Lettre au journal Le Monde au sujet des druides
Le Monde est-il encore aujourd’hui le journal intellectuel et de débat qu’ont voulu ses fondateurs ? J’en doute. Trois articles successifs publiés sur les Gaulois. Une proposition de débat payant du genre poudre aux yeux qui n’a d’ailleurs aucun succès. Des textes qui se terminent immanquablement par des renvois aux livres des historiens de métier, lesquels, évidemment, ne viendront jamais répondre aux questions. Et aussi - j’allais l’oublier - les maisons d’édition où on est invité à acheter ces ouvrages. Une façon de dire au citoyen lecteur lambda : "Lisez ! Si vous voulez en savoir plus, achetez ! Et si vous n’êtes pas content...
Eh bien, moi, je préfère le journal internet d’Agoravox.

Je suis très surpris. Je n’ai jamais eu l’impression que César s’inspirait des écrits perdus de Poseidonios comme l’a fait Strabon, mais ce dont je suis certain c’est qu’il décrit bien une situation qu’il voit et que son témoignage sur les druides est, à la fois, très détaillé et très fiable.
Soyons précis ! Lucain, c’est plus de cent ans après l’observation de César. Que s’est-il passé pendant ces cent ans ?
L’empereur Claude (41-51) abolit entièrement dans les Gaules la religion cruelle et barbare des druides, qu’Auguste n’avait interdite qu’aux citoyens (Suétone, Vie des douze César, Claude, 25). Cela signifie qu’au temps d’Auguste, le clergé druidique bénéficiait encore de toutes ses prérogatives de mise à mort (il faut comprendre que les mises à mort des condamnés se faisait suivant un rite religieux). Auguste avait seulement interdit la pratique des sacrifices humains à ceux qui sollicitaient le titre de citoyens romains. Leurs Premiers défilaient à Rome, en chars, sur le même rang que les grands prêtres Flamines romains. Rappelons également qu’à Lyon, chaque année, les représentants religieux des Gaules se réunissaient sous l’autorité d’un grand prêtre.
En l’an 21, la révolte contre Tibère de l’Eduen Sacrovir - l’homme qui est dans le sacré - marque probablement le dernier sursaut d’un druidisme qui a laissé son nom à des "réfractaires", à l’image des prêtres réfractaires de la Révolution. Ce sont ceux-là que fustige Lucain. Il faut donc relativiser cette déclaration qui ne concerne qu’une frange d’un clergé gaulois en pleine évolution mais toujours bien présent.
Pomponius Méla, contemporain de Cicéron et de César, écrit que de son temps, on s’abstenait en Gaule d’immoler des hommes mais qu’on ne refusait cependant pas ceux qui se dévouaient. En revanche, dans ce même premier siècle, Diodore de Sicile affirme que lorsqu’il s’agissait de délibérer sur une chose importante, les druides immolaient un homme en le frappant avec un coutelas par le travers du dos. Après qu’il fut tombé, ils pronostiquaient l’avenir en observant les palpitations de ses membres et l’écoulement de son sang (livre V). Et c’est Lucain qui nous donne la clé des croyances druidiques : « Les Gaulois ne veulent aller ni dans les tristes royaumes du dieu des profondeurs, ni dans les silencieux séjours de l’Erèbe. Ils disent que le corps-âme vit dans l’autre monde (orbe alio). La mort est une phase intermédiaire avant une longue vie. » Et le poète ajoute : « Les Gaulois sont heureux quand la crainte de la mort, la plus terrible de toutes, les talonne. Ils se ruent au combat, l’esprit plein de courage. Leurs âmes sont prêtes à recevoir la mort. Ils savent que leur récompense sera la revie qui sera refusée au poltron. » Ce que confirme Ammien Marcellin au IVème siècle : Les druides étaient d’une intelligence supérieure. Groupés en associations comme Pythagore l’avait prescrit, ils s’étaient haussés jusqu’aux questions qu’on se pose sur les choses cachées et élevées. Regardant de très haut les affaires humaines, ils proclamèrent publiquement que les âmes étaient immortelles (livre XV, chap IX).
César ne dit pas autre chose : Pour ces sacrifices, ils faisaient appel au ministère des druides. Certains peuples avaient de grands mannequins d’osier dans lesquels ils enfermaient des hommes que l’on jetait au feu. Tel était le supplice punissant les brigands et les voleurs ; mais lorsque ceux-ci manquaient, on n’hésitait pas à sacrifier des innocents.
Ensuite vient l’ironie *Car il nous est bien difficile de croire à cette histoire de savants celtes dissertant sur la longueur du méridien ou sur la course des astres.
Je suis très surpris : aucun auteur antique ne dit que les druides dissertaient sur la longueur du méridien.
L’article se termine enfin sur une interprétation du fond du chaudron de Gundestrup : *A mon sens, le chaudron de Gundestrup figure la date à partir de laquelle les Celtes comptent le temps, dit Paul Verdier. L’origine de leur calendrier, en somme." Le chaudron représenterait donc l’aspect du ciel près de vingt siècles avant sa fabrication !
Je laisse aux commentateurs le soin de commenter sur ces vingt siècles de mémoire druidique.
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