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Accueil du site > Tribune Libre > Libération (53) : les rêves nucléaires de Juan Peron

Libération (53) : les rêves nucléaires de Juan Peron

Ce qu'a visité notre fan de sous-marins au milieu d'une île perdue, c'est un projet... aberrant, échaffaudé par un scientifique douteux, qui finira fou, et sera même emprisonné avant de disparaître complètement, qui avait réussi à convaincre un président qui n'était pas vraiment une lumière en la matière. C'est Curt Tank qui l'avait ramené dans ses bagages, et à vrai dire, cet homme encombrant, qui, dans le milieu scientifique, était loin de faire l'unanimité. Juan Peron, aveuglé par un faux savoir, allait engager son pays dans l'édification d'un système qui ne pouvait fonctionner, et qui coûta très cher à sa nation. Place au délires nazis "made in Argentina" ! Place au réacteur atomique raté d'Huemul ! Place au vieux rêve d'une énergie nucléaire domestique domptée ! Place à un rêve qui peut resurgir d'un jour à l'autre (hélas, et coûter aujourd'hui bien plus cher encore !)

Mais revenons tout d'abord à celui qui va retenir ce fameux projet : "Pour ceux qui ne peuvent pas être au courant de ces faits l'ancien président Juan Perón était colonel dans l'armée durant cette période. Il devint plus tard président (après avoir remporté les élections générales en 1946) et après avoir changé la constitution pour permettre sa réélection, a été élu président de nouveau en 1952. Il a ensuite donné à son gouvernement une teinte dictatoriale (l'emprisonnement de ceux qui s'opposaient à lui, de censurer les journaux, etc.). Il a été renversé par un coup d'Etat militaire en 1955. Il a également été pro-nazi" explique l'excellent "patagoniamonsters", d'Austin Whittall, qui poursuit : "en 1938 l'armée l'avait envoyé, sur des périodes successives de son service, en Espagne, en Allemagne et en Italie. Au cours de sa formation il est devenu convaincu que l'Axe gagnerait la guerre et que la dictature fasciste de Mussolini en Italie était un modèle à suivre en Argentine, ce qu'il a imposé au cours de son second mandat présidentiel." Car avant même 1938, le nazisme fait déjà florès en Argentine, où réside une très importante colonie allemande. Chez certains, c'était même devenu paraît-il le "Quatrième Reich avant l'heure, en Argentine" qui effectivement pourrait ainsi être qualifié à voir l'effarante mise en scène au Luna Park de Buenos Aires, en avril 1938, où l'on se croyait carrément... à Berlin ! Les argentins avaient alors été "conviés" à célébrer l'annexion de l'Autriche ! Et comme le souligne le film, c'était tout simplement la plus grande réunion nazie en dehors de l'Allemagne !

Les nazis avaient atterri là, rappellait Libération toujours, le 31 août 1998, car sur place cette colonie importante était établie depuis longtemps : "dans les semaines qui suivirent la fin de la guerre, deux sous-marins allemands abordèrent les côtes argentines. Selon des sources proches des services secrets occidentaux, l'un d'eux transportait une partie du trésor de guerre nazi... Ce n'est donc pas en territoire hostile que s'installèrent les vaincus. Au contraire : une solide structure financière et politique servit d'assise à leur établissement, que ce fût dans la région de Bariloche, dont certaines maisons arborent encore des insignes de « l'époque héroïque », ou dans la sierra de Cordoba, quand ils ne préféraient pas l'anonymat de la capitale". Au moins c'est dit : sur place, les nazis étaient attendus !

On ne peut être plus clair sur l'homme et ses ambitions, chez Peron, qui arrive donc en territoire conquis d'avance ! Nazi convaincu, il était logique également que son régime, qui débute en 1946 face la part belle au fascistes chassés d'Allemagne. "Après la capitulation de l'Allemagne, il a accueilli des réfugiés de l'Allemagne pour s'installer en Argentine, et, a-t-on dit a embrassé les dirigeants nazis échappés" ajoute-t-il. Parmi ces nazis avérés, il y avait obligatoirement des scientifiques, ou au moins ceux qui n'avaient pas été raflés par l'opération Paperclip côté américain, ou embarqué à la célèbre Farm Hall, où les services anglais regroupèrent les physiciens allemands capturés, les russes étant les derniers arrivés... avec les Français, qui récupérèrent surtout des spécialistes en aéronautique (voir les épisodes que j'ai consacré à l'affaire, le N°24 et les N°36 et 37). Une "récupération" qui a un coût pour les prétendants au retour : "le Reich effondré, il en aurait coûté 800 millions de dollars aux fuyards pour bénéficier de la protection du régime péroniste, selon une note du service secret de la marine américaine", précise Libération.

Une fois récupéré les cadres du parti allemand, Peron se sent des ailes, c'est le cas de le dire, et les nazis se persuadent que leur Reich de mille ans n'a eu qu'un accroc en quelque sorte. Ils se gargarisent, avec lui : tout peut recommencer "'comme avant" (à l'exception des camps, dont ils savent l'influence sur la décision des alliés de mettre fin au Reich. "Dans ce contexte, le gouvernement argentin, qui cherche à positionner l'Argentine parmi les premiers pays du monde, a également attiré les scientifiques de l'Allemagne vaincue pour qu'il viennent s'installer dans le pays. Avec leur aide, l'Argentine fabriquera et fera voler le premier chasseur à réaction d'Amérique latine, le Pulqui II, (en 1947) qui a été rendu possible grâce au célèbre designer d'avions allemand Kurt Tank. Malheureusement, les malheurs de l'Argentine mettront fin au projet au début des années 60. Mais Peron n'est pas seulement à la recherche de la technologie militaire, il est intéressé également par l'énergie nucléaire, non pour la production d'armes, mais comme une source d'énergie bon marché pour développer l'acier et l'aluminium de l'Argentine," poursuit notre infatigable bloggeur.

L'Argentine, riche de minerais et d'énergie hydroélectrique, a tout pour fabriquer cette nouvelle énergie inépuisable, les scientifiques allemands (et japonais !) ayant bien défriché les recherches sur l'atome. Davantage qu'on ne le pense, d'ailleurs. Pour ce qui est du Pulqui, il y en aura deux modèles, pour lesquels Marcel Dewoitine, exilé lui aussi en raison de ses amitiés pro-nazies, participera à leur élaboration.

Reste à trouver le lieu, pour faire les expériences, et à choisir le mode de réacteur. Pour le lieu, on se tourne vite vers l'implantation de la colonie allemande de... San Carlos de Bariloche, et du lac de Nahuel Hapi, et surtout de son île centrale qui présente que des avantages : une eau profonde l'entoure, or un réacteur nucléaire en a besoin, et c'est une île, c'est à dire un endroit beaucoup plus facile à contrôler vis à vis des visites intempestives. Bref, l'île Huemul est l'endroit idéal pour bâtir ce genre de réacteur. L'Argentine n'ayant déclaré aucune recherche nucléaire en cours, cela évite aussi les visites de contrôle des pays avoisinants.  Tout s'explique alors chez notre U-Bootiste : l'île avec vigie à l'entrée, les bunkers, les étranges installations et les récits des autochtones sur une île "pleine d'allemands", avec des "gardes en armes" autour, tous partis "à la fin des années 50", et même les débris explosés à la dynamite ! Tout ce qu'il reste d'un chantier qui ne sera jamais terminé !

 Reste encore à trouver le physicien et son projet. Et là, c'est carrément un escroc qui se présente, avec un projet fort discutable, proposé par un homme qui visiblement à falsifié ses titres universitaires "Recommandé à Perón par Kurt Tank, Richter a convaincu Perón qu'il pourrait produire la fusion nucléaire contrôlée en utilisant des matériaux à bas coût dans un processus qui pourrait fournir une énergie bon marché en quantités énormes, un programme qui est devenu connu sous le nom de projet Huemul". Ronald Richter, physicien-chimiste non nucléaire de formation, né à Falkenau en Autriche (aujourd'hui en Tchéquie), affirmant posséder un diplôme de l'université de Prague que personne ne verra jamais. Kurt Tank, rebaptisé pour l'occasion par l'Office d'immigration Pedro Jorgeb Matthies, et inscrit à l'Université de Cordoba ou Richter était aussi inscrit. Ce dernier commençant d'abord ses "recherches" avec un laboratoire à Villa del Lago, à Córdoba encore. Mais la personnalité paranoïaque de Richter, a convaincu Péron de délocaliser ses recherches dans un endroit isolé : ce sera l'île "redécouverte" par notre chasseur d'U-Boot.  L'évidente parano du chercheur allemand lui permettait de cacher ses insuffisances criantes, où son insuffisance de diplômes. Tout y sera acheminé par une noria de camions installés sur des bacs pour faire la traversée.

Ce que propose à Peron Richter est quasiment infaisable, c'est la fusion nucléaire et non la fission : un vieux rêve, qui consiste à tenter de reproduire ce qui se passe au sein du soleil dans une simple bouteille thermos. Richter s'oppose directement à Ramón Enrique Gaviola, le plus grand physicien du pays, qui a travaillé avec Max Planck, Max Born et Albert Einstein, et qui juge d'emblée le projet irraisonné.   Richter arrive cependant à convaincre Péron, qui lui signe en 1948 les pleins pouvoirs. En mai 1950, commence la construction du réacteur de Richter sur l'île sélectionnée, par un cylindre monumental en béton haut de 12 mètres de haut, qui a ėté depuis entièrement détruit. Pas par les autorités argentines, mais par Richter lui-même, qui avait constaté qu' il se fissurait à l'usage, tant ses calculs étaient faux au départ, ou du moins c'est l'explication qu'il en avait donné. Aujourd'hui, il ne reste rien de ce fameux cylindre de béton contenant le cœur du réacteur, fait d'acier mais aussi de ziconium, à l'époque rare mais déjà produit en quantité par les nazis (nous en reparlerons bientôt également).

La personnalité fantasque de Richter va lui jouer un mauvais tour : en février 1951, une crise ouverte éclate à Huemul. Le Colonel Fox, le nouveau chef de la garnison militaire de Bariloche, considéré comme obligatoire pour protéger l'île mystérieuse, entre en conflit avec le savant, bien trop déterminé à garder le secret absolu sur ses recherches : les deux se disputent sur un ponton, et Fox est même projeté à l'eau par Richter et se noie : des scientifiques demandent alors l'arbitrage de Péron, qui a tout mise sur le projet, présenté comme mirifique. Gêné, ne possédant pas les connaissances pour juger, Péron tranche en faveur d'une commission d'enquête pour déterminer où ce projet a fauté : pour Richter ce sera catastrophique : sera étalée publiquement sa forfaiture et sa folie envahissante. Chez les nazis, des escroqueries similaires avaient mené par le bout du nez les dirigeants : en ce sens, Richter ne faisait pas exception. Pire, ont constaté les enquêteurs, il est devenu fou à lier. En somme, Richter avait fait comme ceux qui avaient promis à Hitler des soucoupes volantes et... un Reich de 1000 ans !

Des escrocs, ou de faux scientifiques, qui avaient réussi à charmer Peron, raconte l'Express en 1998 : "comme beaucoup à l'époque, Peron, plus pragmatique qu'idéologue (même s'il fut influencé par le corporatisme du fascisme italien), était fasciné par la compétence des techniciens allemands. Au point d'ailleurs d'en être parfois aveuglé. L'écrivain argentin Tomas Eloy Martinez, dans le numéro d'août 1985 de la revue El Periodista de Buenos Aires, évoque ainsi une conversation qu'il eut avec Peron en septembre 1970, où celui-ci lui raconta avec enthousiasme qu'il recevait souvent, dans son palais présidentiel, la visite d'un généticien qui travaillait sur l'amélioration du bétail dans une propriété du Paraguay et y faisait des merveilles. « Je lui demandai le nom de ce prodige. Qui sait ? répondit Peron en secouant la tête. C'était un de ces Bavarois bien bâtis, cultivés, fiers de leurs origines. Attendez, si je me souviens bien, il s'appelait Gregor. C'est cela, le Dr Gregor. » Autrement dit, Josef Mengele". Mengele "fixé" lui aussi par le Mossad, mais au dernier moment laissé libre, avouera bien après (en 2008 !) Rafi Eitan, celui qui avait capturé Eichman, au sortir de l'usine Mercedes où il avait trouvé un emploi... tranquille.

Les constructions étranges aperçues au milieu de l'île d'Huemul étaient bien celles d'un réacteur à fission nucléaire, ou plutôt le peu qu'il en reste de nos jours !  Sur un des clichés, on constate que les pieux de bois encore fichés dans l'un des bâtiments n'étaient que les échafaudages en poutres épaisses : le centre de recherches de l'ère atomique avait été construit à la manière des cathédrales, où l'on trouve sur les façades les "trous" qui étaient destinés aux échafaudages. Cela montre aussi que les bâtiments n'avaient même pas été terminés ! Et tout cela évoque étrangement d'autres bunkers, comme celui-ci à Vienne, dont on n'arrive toujours pas à se débarrasser.

En utilisant une onde de choc au "lithium-deutérium-bore", c'est sûr, la fission allait se produire, affirmait Richter. Au bout de l'expérience, il devrait y avoir un réacteur qui produirait plus d'énergie qu'il n'en consomme. Bref, le graal atomique de la fusion contrôlée est également le rêve du nucléaire « propre ». Richter rêvait, car il n'avait pas les moyens techniques d'atteindre les puissances nécessaires pour que la fusion s'enclanche. En 1950, le physicien russe Andrei Sakharov avait planché sur le même problème, avec un réacteur à fusion nucléaire hypothétique, qu’il avait baptisé "tokamak", pour finir par jeter l'éponge.  Pour y arriver, il avait suggéré l'emploi de plasma ionisé par des tores de champs magnétique de très grande intensité, sans grand succès. Les russes, en1968, parviendront cependant après 18 années d'efforts intenses à porter un plasma d’hydrogène à une température de 10 millions de degrés quelques fractions de temps, mais sans plus. En 1948, devant la difficulté technique, Sakharov préconisait d'en arriver plutôt à la "fusion froide" par "par catalyse mésonique" (en France, il n'y a que JP Petit pour encore y croire : "le concept de catalyse froide est familier à tout lecteur qui aura vu s'initier une réaction de combustion d'un mélange d'hydrogène et d'oxygène sur une mousse de platine, à la température ordinaire, réaction qui, dans d'autres conditions, ne s'amorce qu'à des températures se chiffrant en centaines de degrés", écrit-il, prouvant par là que les théories fumeuses de Richter peuvent encore durer des siècles !). La encore, ce sera l'échec. Fusion chaude ou fusion froide resteront des serpents de mer de la physique nucléaire, aujourd'hui encore. Richter, lui, mentira carrèment, en affirmant qu'il avait réussi le 16 février 1951 à aboutir à la fusion : c'était complètement faux, l'homme avait semble-t-il été induit en erreur par le voilage de film photographique, qui lui avait fait croire qu'il avait réussi, ou plutôt s'en était largement accomodé. Mais gouvernement de Peron s'était engagé loin avec lui, trop loin même : en raison des coûts exigés par ce projet qui ne pouvaient être justifiés mémé par des fonds secrets, Perón avait en effet dû signer le décret créant la Comission de l'Office National de l'Energie Atomique, une des premières du genre, dont le président était évidemment Perón et le Secrétaire général le colonel Enrique Gonzalez.. un des fondateurs du groupe des officiers (GOU) de Perón. L'atome civil de Peron avait bien quelques relents militaires !

Le 24 mars ; Juan Peron se fendait donc d'un discours pour annoncer la nouvelle révolutionnaire venue de Richter. "Très bientôt nous aurons un surplus d'énergie avec la technologie que nous sommes en train de développer à Huemul. Nous allons le vendre dans des bouteilles d'un litre et demie, pour usage industriel et familial, qui pourra être utilisé pour fournir de la lumière, faire cuire les aliments et produire de la chaleur". Les argentins attendront longtemps leur super-bouteille thermos nucléaire : Richter, qui n'avait jamais produit de communications scientifiques sur ses recherches, antérieures comme du moment, était davantage un afabulateur et un charlatan qu'un véritable physicien.  Ce dont Peron finit quand même par se douter, en nommant un comité pour évaluer pourquoi cette grande découverte n'arrivait pas à passer le stade industriel, au bout de plusieurs mois d'attente. Le 28 mars 1951, pourtant, une loi rend cependant hommage à Richter car Péron lui a octroyė ce jour- là, par décret, la plus haute distinction de l'Argentine péroniste et l'a nommé en même temps Dr Honoris Causa de l'Université pour ses travaux sur l'énergie atomique. "La communauté scientifique américaine prenant cette distinction avec beaucoup de scepticisme", précise alors la presse, qui espère toujours dans l'atome à la maison... 

Un comité est donc nommé avec à sa tête un physicien de renom, cette fois, José Antonio Balseiro assisté de l'ingénieur Mario Bancora. Aujourd'hui, l'institut de formation en physique nucléaire du pays porte le nom de Balseiro. Ils remettront un rapport sans appel, en septembre 1952, affirmant clairement que les recherches de Richter étaient plus que fumeuses. Une véritable "chimère atomique", écrit même à ce propos le brésilien Guillermo Giménez de Castro.  Dès le mois suivant, Peron enterrait définitivement le projet, s'estimant grugé sur toute la ligne. Richter, sur l'île de Huemul, avait dépensé l'équivalent de 300 millions de dollars en pure perte. Le site fut vidé, démantelé... et dynamité. Exactement ce qu'avait trouvé notre chercheur d'U-Boot ! Tout s'explique ! Depuis, le site est effectivement devenu une attraction touristique. Double, si l'on compte la probabilité de rencontrer sur place dans les grands hôtels des nazis réfugiés... mais faut aimer ce genre de tourisme, remarquez... Ils s'y sentaient si bien, en Argentine : "Sur la potence, les derniers mots d'Eichmann, reconnaissant à l'égard de l'accueil reçu à Buenos Aires, avaient été : "Vive l'Allemagne, vive l'Autriche, vive l'Argentine !" rappelle LeMonde à propos de la sortie du savoureux roman de Philip Kerr, "Une douce flamme(aux Editions du Masque).

Le rêve de Richter fût une chimère qui coûta très cher à Peron : à partir de l'échec révélé de centrale atomique, le dictateur perdra de sa crédibilité en ayant fait miroiter monts et merveilles à son peuple, qui y avait crû : pensez donc, l'Argentine, aussi forte que l'URSS ou les Etats-Unis, les deux seuls alors à dominer l'industrie nucléaire ! Chez Peron, c'était un avenir industriel qui s'effondrait avec l'échec de son projet nucléaire qui en aurait été le fleuron : lui qui avait tant rêvé d'imiter Hitler qui avait été à l'origine de la célèbre "voiture du peuple", la Wolskwagen, était allé jusqu'à proposer la sienne, appelée "la Justicialist", aux formes très américaines (Un modèle Kaiser ?). Pas sûr que tout le monde aurait pu se l'offrir.  Pour le peuple, cette voiture à bas coût, et pour lui une superbe Ferrari caross"ée par Ghia ; la S/N 0191EL jaune importée d'Italie, comme Menem qui aura plus tard lui aussi sa Ferrari, offerte en pot de vin. Toute l'ambiguité du populisme démontrée par deux exemples de voiture : celle du dictateur et celle de son peuple. Il rêvait avec Kurt Tank de lancer une industrie aéronautique, et avait même construit des paquebots qui portaient bien sûr le nom d'Eva Peron ou le sien.  Des bateaux issus de la flotte de l'armateur Dodero, tel le Presidente Peron lancé en 1948 l'Evita lancé en 1949, un paquebot de 116 places (qui deviendra le Rio Tunnuyan et le Eva Peron (plus tard le SS Uruguay) lancé l'année suivante. L'armateur Dodero, celui qui avait le plus transporté de nazis à bord de ses navires, qui étaient utilisés par les "rats lines", graissant ainsi la patte et bénéficiant en retour de largesses commerciales de la part de la dictature. Avec une dictature, il ne peut jamais y avoir de relation saine, tout est faussé par les compromissions et les dissimulations, on le sait.

Son rêve brisé à tous les niveaux, ridiculisé par les scientifiques, Peron ne tiendra plus que 4 années encore et sera renversé par un coup d'état, en 1955, après s'être nettement rapproché d'un autre dictateur : Stroessner, au Paraguay, celui-la même qui hébergeait Mengele. Stroessner, grand admirateur lui aussi du fascisme, et favori des USA... pour l'opération Condor. La folie anticommiste, gérée par des ex-nazis, sous le regard plus que compatissant de la CIA. En Argentine, le général Francisco Javier Molina avait suivi de près toute l'opération. "En Argentine, un département spécial de sécurité travaillait avec la DINA chilienne, laquelle avait un « permanent » à Buenos Aires. En 1975, 119 jeunes Chiliens « disparaissaient ». Une revue argentine parla d’un règlement de comptes entre la guérilla argentine et des Chiliens qui avait fait 60 morts chez les Chiliens. Deux jours plus tard, un journal brésilien annonçait 59 morts chiliens dans un affrontement entre l’armée et des guérilleros. Le compte y était... Des opposants urugayens arrêtés au Brésil, des Argentins pris au Paraguay seront expédiés à leurs tortionnaires respectifs". Décédé en 1979, on confirmera en 1985 avoir trouvé ses restes, au cimetière d'Embu, à Sao Paulo, dans la tombe N°321. En 1992, les tests ADN le prouveront définitivement Il avait bien débarqué à Buenos Aires sous le nom qu'avait donné Peron : "Helmut Gregor" et s'était installé au Paraguay, puis au Brésil dans une colonie appelée Nova Europa. Il n'avait cessé de correspondre avec sa famille, et avait même assisté en 1959 aux obsèques de son père sous son vrai nom ! Si Mengele avait survécu impunément aussi longtemps, d'autres avaient pu le faire également !

Réfugié au Brésil, Stroessner, fils d'un brasseur bavarois et d'une paraguayenne, mourra dans son lit, en 2006. Son épitaphe sera vite dressée : "Il est celui des dictateurs de la région qui est resté le plus longtemps au pouvoir : 35 ans et huit mandats présidentiels entachés de fraudes électorales. Ces années sont considérées comme les plus violentes qu'ait connues le pays (5,8 millions d’habitants) depuis son indépendance en 1811. Celui que le célèbre écrivain Augusto Roao Bastos avait surnommé le "tyranosaure" est jugé responsable de 1 000 à 3 000 disparitions et assassinats d'opposants. Deux millions de Paraguayens ont, entre 1954 et 1989, préféré l'exil à un régime aussi absurde que brutal."

Epilogue : en 1989, deux autres physiciens présomptueux, Martin Fleischmann, et Stanley Pons, ressortaient la thèse de la fusion froide, faisaient la une de tous les journaux pour finir par se faire repérer comme énièmes affabulateurs sur le sujet. Esther Kepplinger, le responsable des brevets US, refusa de leur en accorder un en 2004, argumentant que "comme les machines perpétuelles, ça ne marchait pas."

PS : Et pendant ce temps, la France active le projet ITER, qui n'est rien d'autre que la même chose (un autre tokamak !), mais sur une plus grande dimension (et avec des dépenses en regard !)... la publicité autour du projet va aussi vite en besogne que Peron avec ces bouteilles à plasma... étrange rappel ! Lire en particulier le superbe " Existe-t-il au sein de la communauté scientifique un consensus sur le projet ITER ?"... chef d'œuvre de propagande véritable ! Incroyable retour en arrière... historique ! Le "soleil dans une bouteille" est une dangereuse illusion qui renaît régulièrement de ses cendres !

le site du réacteur raté est là :
41°06′23″S 71°23′42″W
 

Parmi les sources, à regarder également le documentaire "Pacto de silencio" (Pacte de Silence), de Carlos Echeverria, 

Il présente aussi d’autres meetings des nazis, dans lesquels sont présents les pionniers du ski et des reconnues de Bariloche de la décennie 30 et 40. Echeverria montre aussi des aspects moins connus de Priebke, comme son autorité absolue au sein de la délégation nazie à Brescia, et la décision de déporter environ mille italiens (peu après leur avoir enlevé leur patrimoine en or) à Auschwitz, d’où ont survécu à peine quinze d’entre eux.""Echeverria est né à Bariloche et a complété sa formation en cinéma en Allemagne. Il a précédemment effectué le film "Quarantaine" (1983), sur l’exil de l’auteur Osvaldo Bayer et le retour à la démocratie en Argentine ; et "le fou étranger", sur la vie du pionnier du ski et aussi pronazi Otto Mailing ". Mailing, qui a laissé son nom au refuge de la Pampa Linda. "En 1987 il a présenté "Juan, comme si rien n’était arrivé", sur l’histoire du seul disparu à Bariloche, l’étudiant et militant péroniste Juan Marcos Hermann, qui a été enlevé en 1977".

http://laguiatv.hoycinema.com/pelicula/ficha/Multicine/Pacto-silencio/55/87529

Mais l'essentiel est ici. Tout le "Projekt Huemul", traité par History Channel, en 10 extraits. On y découvre un Richter devenu demi-fou, rongé par la paranoïa.

1) http://www.youtube.com/watch?v=xWnPCGh8LE0&feature=player_embedded

2) http://www.youtube.com/watch?v=jYfBL1iUSSI

3) http://www.youtube.com/watch?v=vWZOEthPer8

4) http://www.youtube.com/watch?v=SY1sx11hkOQ

5) http://www.youtube.com/watch?v=avgzV0muz1A

 


Moyenne des avis sur cet article :  3.57/5   (28 votes)




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11 réactions à cet article    


  • alberto alberto 29 juillet 2011 13:28

    Bonjour, morice

    Je ne savais pas où passer mes vacances, mais je n’irai pas non plus sur cette île !

    A la prochaine.


    • Prometheus Jeremy971 29 juillet 2011 20:11

      Que pensez vous du projet de Bill Gates ici,
      et de la firme Terrapower ?


      • morice morice 1er août 2011 08:24

        du flan, comme tout ce qu’a pu toucher Gates.... le TWR est son Zune, puissance un milliard.


        « Le concept du TWR remonte à soixante ans et les physiciens du monde l’ont réactivé dans les années 1990 »...

        je ne parie pas sur une cuve contenant de tels produits pendant 60 années. Le TWR ; ça s’appelait SuperPhénix en France, et on l’a ...arrêté.


        résultat = « Dix ans pour la construction, trente pour la déconstruction. La durée de vie utile de Superphénix n’aura été que de onze ans. Mais l’histoire de l’emblème du nucléaire à la française est loin d’être terminée »

        La mémoire des lieux, des actions, comme celle des savoir-faire, reste un enjeu capital. Dans la mesure où les matières traitées entrent dans un système de circulation, il est essentiel de s’interroger sur leur destination. Par exemple, des incertitudes demeurent quant aux blocs de béton issus du sodium de Superphénix. Que deviendront-ils dans trente ans ? Qu’adviendra-t-il de l’uranium et du plutonium, ces braises de la piscine de Creys-Malville ? EDF se réserve-t-il le choix de considérer ses lingots de combustible comme pouvant servir à un nouveau « rapide » ? 

        bref, démerdez-vous avec cette merde pendant des siècles. Sincèrement, je n’en veux pas, comme je ne veux pas de Bill Gates, escroc planétaire. Lisez donc ceci, sur lui, ça vous refroidira encore plus....

        c’est revenu cet été chez Mediapart...

        ce projet déjà réalisé est un danger mondial... que personne n’a vu venir...

      • CapcomAlpha 29 juillet 2011 20:27

        Merci Morice pour vos excellents articles, et chapeau pour votre efficacité à vous documenter et pour vos synthèses.
        Je me suis régalé avec les Atom Fucker, ceux sur la Navette, et ceux sur l’armement aérien US.
        Seul hic : j’ai bien du mal à suivre votre rythme quotidien d’un article géant par jour. Combien de temps passez vous sur chaque article ?
        Et sus à vos détracteurs, qu’ils aillent lire le 128ème article du mois sur DSK et les torchons réguliers sur les complots lunaires de 1969.


        • morice morice 1er août 2011 08:06

          Seul hic : j’ai bien du mal à suivre votre rythme quotidien d’un article géant par jour. Combien de temps passez vous sur chaque article 


          4 heures maxi, pas plus, c’est MA règle, en rédaction (il me manque une deuxième relecture, ce qui explique les « déchets » en orthographe ou grammaire, parfois), mais je prépare avant les sujets en cherchant dès que je le peux, pause du midi comprise. Certains sujets, jugés incomplets, sont mis au « frigo » pour être repris après. Ceux que vous lisez en ce moment ont été commencé à rédiger en février dernier, puis complétés en dehors des sujets d’actu (Ben Laden notamment). Depuis le mois d’avril, j’en écris la moitié au moins sous I-Pad, qui me permet de chercher beaucoup plus vite et à tout moment.

        • bingofuel 29 juillet 2011 23:06

          Bonjour Morice,

          je suis un lecteur assidu d’Agoravox et féru d’histoire, d’aéronautique et de physique, j’apprécie particulièrement vos articles.

          J’apprécie également la liberté d’expression qui règne sur ce blog d’information et d’une manière générale les sources non-conformistes qui permettent de dénoncer sans censure le système financier et le scandale de la création de monnaie, source de nos crises économiques et de la pollution endémique de notre pauvre grand-mère nature.

          Il y a cependant un autre lobby sur lequel trop peu de gens sont informés, celui des monopoles de l’énergie. Savez-vous Morice que depuis plus de 150 ans, quiconque a développé une solution de production d’énergie libre, a connu les pires tribulations ; certains se sont retrouvés assassinés, d’autres en prison et d’autres encore au chômage. Le système de censure est très perfectionné, on laisse parler les hurluberlus (car il y en a toujours et dans tous les domaines) et l’on noie dans la masse ce qui doit rester caché.

          Vous êtes un historien chevronné et je ne remettrai certainement pas en cause vos compétences, mais de grâce épargnez-nous vos avis sur la fusion froide. Vous n’avez pas lu les rapports de Pons et Fleishman, ni les multiples réplications réussies. Vous n’avez pas non plus lu les travaux de M. Vigier, éminent spécialiste de la physique quantique qui a donné un cadre théorique au phénomène - sur quelle base le jugez vous si promptement ? Vous ne savez pas que le tore de fusion TOKAMAK de Fontenay-aux-roses a produit des électrons de plusieurs MeV lors d’un essai en 1976, et que la chambre de confinement a été percé par ce flux non-contrôlé. Vous ne savez pas que des ingénieurs du CEA ont produit des cellules de 3MW, avant que les travaux soient arrêtés et classés. Vous ne savez certainement pas que le Dr Mills a eu le courage de développer son innovation depuis plus de 10 ans et qu’il propose un système génial de production d’énergie qui ne connait pas le succès qu’il mériterait (www.blacklightpower.com). Mills a mis en évidence un état particulier du proton (l’hydrino) qui peut être utilisé de manière très intéressante en production d’énergie et en catalyseur. Il s’appuie sur un principe facile à comprendre de retombée d’un électron sur son noyau - la capture K.

          Tout est orchestré pour maintenir la dépendance, car ce qui est gratuit est inconcevable ; les capitalistes pensent certainement comment vendre demain l’oxygène que vous respirerez. C’est simple, il suffit de commencer par l’irradier.

          Alors de grâce encore une fois M. Morice, et avec tout mon respect, ne vous faites pas le relai de ce système odieux et suicidaire. Car si les résultats de la fusion peuvent être encore perçus comme hypothétique, on connaît avec la plus grande certitude les résultats de la fission : Hiroshima, Tchernobyl et Fukushima smiley.


          • morice morice 1er août 2011 08:09

            Vous ne savez pas que des ingénieurs du CEA ont produit des cellules de 3MW, avant que les travaux soient arrêtés et classés. 


            Même pas, et vous ne m’en apportez pas la preuve, et c’est bien pour ça que je juge les recherches coûteuses et inutiles. En l’état actuel des choses, il est impossible de sauvegarder cette énergie.

          • zany 30 juillet 2011 08:07

            En mai 1950, commence la construction du réacteur de Richter

            Cette information si elle est vrai démontre que les chleu avis les moyen de bâtir un réacteur nucléaire , car en faire 1 en seulement 5 ans n’est pas de la chance...

            bingofuel

            Tous à fait d’accord avec vous, les brevet intéressant sont dans les coffres des lobby pétrolié, et sur la fusion froide ont entend tous et n’importe quoi

            MAIS SA SEMBLE AVOIR ABOUTI.....

            http://www.lepost.fr/article/2011/01/25/2382055_demonstration-d-un-procede-surgenerateur-brevete-de-fusion-froide-rossi-energy-amplifier.html


            • morice morice 1er août 2011 08:13

              Il y a cependant un autre lobby sur lequel trop peu de gens sont informés, celui des monopoles de l’énergie. Savez-vous Morice que depuis plus de 150 ans, quiconque a développé une solution de production d’énergie libre, a connu les pires tribulations ; certains se sont retrouvés assassinés, d’autres en prison et d’autres encore au chômage. Le système de censure est très perfectionné, on laisse parler les hurluberlus (car il y en a toujours et dans tous les domaines) et l’on noie dans la masse ce qui doit rester caché.


              on va aussi me faire le coup du moteur à air ou à eau.... ce n’est pas parce que le lobby pétrolier et celui du nucléaire sont lourdement présents dans la vie politique (à voir le dézingage des éoliennes c’est une évidence !) qu’il faille accepter pour autant les projets foireux et les mythes entretenus : libre à vous de vous prendre pour Péron et d’y croire, mais poi pas. Le tokamak est une chimère et restera une chimère jusqu’au siècle prochain minimum. Ce n’est pas demain qu’on se baladera avec un soleil dans sa bouteille thermos.

              • Hunter 20 janvier 2012 12:28

                Morice,
                Prof d’histoire, mais pas prof de physique...

                Je suis physicien, deux choses :
                Relisez l’histoire des reproductions de Pons et Fleishmann : le problème à l’époque était la reproductibilité, pas le principe car il fonctionne. C’est donc limitant mais pas un motif pour arrêter les recherches.

                Même si J.P. Petit n’a pas toute sa tête, il est tout de même très calé dans son domaine (qui est le même que le mien). Lisez donc son analyse sur la disruption de plasma dans les réacteurs tokamak. Le problème ne sera pas de savoir si on va réussir et si le principe fonctionne car c’est le cas. Le problème est de savoir quel sera le COP (sur lequel il y a un point d’ombre que vous devriez creuser) et sur le risque réel de la configuration qui est hautement dangereuse. Le tout étant sans doute chimérique.

                Pour conclure, l’histoire c’est bien. La physique (et pas que celle des bouquins), c’est mieux.

                Je suis expérimentateur et je peux vous dire que les chimères ne sont peut être pas celles que vous croyez et où vous les croyez. J’ai été dans le système et je ne suis pas prêt d’y retourner.

                Cordialement.


                • morice morice 20 janvier 2012 14:42

                  Morice, 
                  Prof d’histoire, mais pas prof de physique...

                  Je suis physicien, deux choses : 
                  Relisez l’histoire des reproductions de Pons et Fleishmann : le problème à l’époque était la reproductibilité, pas le principe car il fonctionne.

                  ça n’a jamais fonctionné.

                  Même si J.P. Petit n’a pas toute sa tête, il est tout de même très calé dans son domaine (qui est le même que le mien)


                  il n’est calé en RIEN et surtout pas en aviation ou il voit de la HMD là où il n’y a RIEN.

                  Lisez donc son analyse sur la disruption de plasma dans les réacteurs tokamak. Le problème ne sera pas de savoir si on va réussir et si le principe fonctionne car c’est le cas

                  j’ai lu et ça n’est pas ça le plus grave.

                  Je suis expérimentateur et je peux vous dire que les chimères ne sont peut être pas celles que vous croyez et où vous les croyez.

                  bonne chance à bosser sur des FADAISES.

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