Libération (53) : les rêves nucléaires de Juan Peron
Ce qu'a visité notre fan de sous-marins au milieu d'une île perdue, c'est un projet... aberrant, échaffaudé par un scientifique douteux, qui finira fou, et sera même emprisonné avant de disparaître complètement, qui avait réussi à convaincre un président qui n'était pas vraiment une lumière en la matière. C'est Curt Tank qui l'avait ramené dans ses bagages, et à vrai dire, cet homme encombrant, qui, dans le milieu scientifique, était loin de faire l'unanimité. Juan Peron, aveuglé par un faux savoir, allait engager son pays dans l'édification d'un système qui ne pouvait fonctionner, et qui coûta très cher à sa nation. Place au délires nazis "made in Argentina" ! Place au réacteur atomique raté d'Huemul ! Place au vieux rêve d'une énergie nucléaire domestique domptée ! Place à un rêve qui peut resurgir d'un jour à l'autre (hélas, et coûter aujourd'hui bien plus cher encore !)
Mais revenons tout d'abord à celui qui va retenir ce fameux projet : "Pour ceux qui ne peuvent pas être au courant de ces faits l'ancien président Juan Perón était colonel dans l'armée durant cette période. Il devint plus tard président (après avoir remporté les élections générales en 1946) et après avoir changé la constitution pour permettre sa réélection, a été élu président de nouveau en 1952. Il a ensuite donné à son gouvernement une teinte dictatoriale (l'emprisonnement de ceux qui s'opposaient à lui, de censurer les journaux, etc.). Il a été renversé par un coup d'Etat militaire en 1955. Il a également été pro-nazi" explique l'excellent "patagoniamonsters", d'Austin Whittall, qui poursuit : "en 1938 l'armée l'avait envoyé, sur des périodes successives de son service, en Espagne, en Allemagne et en Italie. Au cours de sa formation il est devenu convaincu que l'Axe gagnerait la guerre et que la dictature fasciste de Mussolini en Italie était un modèle à suivre en Argentine, ce qu'il a imposé au cours de son second mandat présidentiel." Car avant même 1938, le nazisme fait déjà florès en Argentine, où réside une très importante colonie allemande. Chez certains, c'était même devenu paraît-il le "Quatrième Reich avant l'heure, en Argentine", qui effectivement pourrait ainsi être qualifié à voir l'effarante mise en scène au Luna Park de Buenos Aires, en avril 1938, où l'on se croyait carrément... à Berlin ! Les argentins avaient alors été "conviés" à célébrer l'annexion de l'Autriche ! Et comme le souligne le film, c'était tout simplement la plus grande réunion nazie en dehors de l'Allemagne !
Les nazis avaient atterri là, rappellait Libération toujours, le 31 août 1998, car sur place cette colonie importante était établie depuis longtemps : "dans les semaines qui suivirent la fin de la guerre, deux sous-marins allemands abordèrent les côtes argentines. Selon des sources proches des services secrets occidentaux, l'un d'eux transportait une partie du trésor de guerre nazi... Ce n'est donc pas en territoire hostile que s'installèrent les vaincus. Au contraire : une solide structure financière et politique servit d'assise à leur établissement, que ce fût dans la région de Bariloche, dont certaines maisons arborent encore des insignes de « l'époque héroïque », ou dans la sierra de Cordoba, quand ils ne préféraient pas l'anonymat de la capitale". Au moins c'est dit : sur place, les nazis étaient attendus !
On ne peut être plus clair sur l'homme et ses ambitions, chez Peron, qui arrive donc en territoire conquis d'avance ! Nazi convaincu, il était logique également que son régime, qui débute en 1946 face la part belle au fascistes chassés d'Allemagne. "Après la capitulation de l'Allemagne, il a accueilli des réfugiés de l'Allemagne pour s'installer en Argentine, et, a-t-on dit a embrassé les dirigeants nazis échappés" ajoute-t-il. Parmi ces nazis avérés, il y avait obligatoirement des scientifiques, ou au moins ceux qui n'avaient pas été raflés par l'opération Paperclip côté américain, ou embarqué à la célèbre Farm Hall, où les services anglais regroupèrent les physiciens allemands capturés, les russes étant les derniers arrivés... avec les Français, qui récupérèrent surtout des spécialistes en aéronautique (voir les épisodes que j'ai consacré à l'affaire, le N°24 et les N°36 et 37). Une "récupération" qui a un coût pour les prétendants au retour : "le Reich effondré, il en aurait coûté 800 millions de dollars aux fuyards pour bénéficier de la protection du régime péroniste, selon une note du service secret de la marine américaine", précise Libération.
Une fois récupéré les cadres du parti allemand, Peron se sent des ailes, c'est le cas de le dire, et les nazis se persuadent que leur Reich de mille ans n'a eu qu'un accroc en quelque sorte. Ils se gargarisent, avec lui : tout peut recommencer "'comme avant" (à l'exception des camps, dont ils savent l'influence sur la décision des alliés de mettre fin au Reich. "Dans ce contexte, le gouvernement argentin, qui cherche à positionner l'Argentine parmi les premiers pays du monde, a également attiré les scientifiques de l'Allemagne vaincue pour qu'il viennent s'installer dans le pays. Avec leur aide, l'Argentine fabriquera et fera voler le premier chasseur à réaction d'Amérique latine, le Pulqui II, (en 1947) qui a été rendu possible grâce au célèbre designer d'avions allemand Kurt Tank. Malheureusement, les malheurs de l'Argentine mettront fin au projet au début des années 60. Mais Peron n'est pas seulement à la recherche de la technologie militaire, il est intéressé également par l'énergie nucléaire, non pour la production d'armes, mais comme une source d'énergie bon marché pour développer l'acier et l'aluminium de l'Argentine," poursuit notre infatigable bloggeur.
L'Argentine, riche de minerais et d'énergie hydroélectrique, a tout pour fabriquer cette nouvelle énergie inépuisable, les scientifiques allemands (et japonais !) ayant bien défriché les recherches sur l'atome. Davantage qu'on ne le pense, d'ailleurs. Pour ce qui est du Pulqui, il y en aura deux modèles, pour lesquels Marcel Dewoitine, exilé lui aussi en raison de ses amitiés pro-nazies, participera à leur élaboration.
Reste à trouver le lieu, pour faire les expériences, et à choisir le mode de réacteur. Pour le lieu, on se tourne vite vers l'implantation de la colonie allemande de... San Carlos de Bariloche, et du lac de Nahuel Hapi, et surtout de son île centrale qui présente que des avantages : une eau profonde l'entoure, or un réacteur nucléaire en a besoin, et c'est une île, c'est à dire un endroit beaucoup plus facile à contrôler vis à vis des visites intempestives. Bref, l'île Huemul est l'endroit idéal pour bâtir ce genre de réacteur. L'Argentine n'ayant déclaré aucune recherche nucléaire en cours, cela évite aussi les visites de contrôle des pays avoisinants. Tout s'explique alors chez notre U-Bootiste : l'île avec vigie à l'entrée, les bunkers, les étranges installations et les récits des autochtones sur une île "pleine d'allemands", avec des "gardes en armes" autour, tous partis "à la fin des années 50", et même les débris explosés à la dynamite ! Tout ce qu'il reste d'un chantier qui ne sera jamais terminé !
Reste encore à trouver le physicien et son projet. Et là, c'est carrément un escroc qui se présente, avec un projet fort discutable, proposé par un homme qui visiblement à falsifié ses titres universitaires "Recommandé à Perón par Kurt Tank, Richter a convaincu Perón qu'il pourrait produire la fusion nucléaire contrôlée en utilisant des matériaux à bas coût dans un processus qui pourrait fournir une énergie bon marché en quantités énormes, un programme qui est devenu connu sous le nom de projet Huemul". Ronald Richter, physicien-chimiste non nucléaire de formation, né à Falkenau en Autriche (aujourd'hui en Tchéquie), affirmant posséder un diplôme de l'université de Prague que personne ne verra jamais. Kurt Tank, rebaptisé pour l'occasion par l'Office d'immigration Pedro Jorgeb Matthies, et inscrit à l'Université de Cordoba ou Richter était aussi inscrit. Ce dernier commençant d'abord ses "recherches" avec un laboratoire à Villa del Lago, à Córdoba encore. Mais la personnalité paranoïaque de Richter, a convaincu Péron de délocaliser ses recherches dans un endroit isolé : ce sera l'île "redécouverte" par notre chasseur d'U-Boot. L'évidente parano du chercheur allemand lui permettait de cacher ses insuffisances criantes, où son insuffisance de diplômes. Tout y sera acheminé par une noria de camions installés sur des bacs pour faire la traversée.
Ce que propose à Peron Richter est quasiment infaisable, c'est la fusion nucléaire et non la fission : un vieux rêve, qui consiste à tenter de reproduire ce qui se passe au sein du soleil dans une simple bouteille thermos. Richter s'oppose directement à Ramón Enrique Gaviola, le plus grand physicien du pays, qui a travaillé avec Max Planck, Max Born et Albert Einstein, et qui juge d'emblée le projet irraisonné. Richter arrive cependant à convaincre Péron, qui lui signe en 1948 les pleins pouvoirs. En mai 1950, commence la construction du réacteur de Richter sur l'île sélectionnée, par un cylindre monumental en béton haut de 12 mètres de haut, qui a ėté depuis entièrement détruit. Pas par les autorités argentines, mais par Richter lui-même, qui avait constaté qu' il se fissurait à l'usage, tant ses calculs étaient faux au départ, ou du moins c'est l'explication qu'il en avait donné. Aujourd'hui, il ne reste rien de ce fameux cylindre de béton contenant le cœur du réacteur, fait d'acier mais aussi de ziconium, à l'époque rare mais déjà produit en quantité par les nazis (nous en reparlerons bientôt également).
La personnalité fantasque de Richter va lui jouer un mauvais tour : en février 1951, une crise ouverte éclate à Huemul. Le Colonel Fox, le nouveau chef de la garnison militaire de Bariloche, considéré comme obligatoire pour protéger l'île mystérieuse, entre en conflit avec le savant, bien trop déterminé à garder le secret absolu sur ses recherches : les deux se disputent sur un ponton, et Fox est même projeté à l'eau par Richter et se noie : des scientifiques demandent alors l'arbitrage de Péron, qui a tout mise sur le projet, présenté comme mirifique. Gêné, ne possédant pas les connaissances pour juger, Péron tranche en faveur d'une commission d'enquête pour déterminer où ce projet a fauté : pour Richter ce sera catastrophique : sera étalée publiquement sa forfaiture et sa folie envahissante. Chez les nazis, des escroqueries similaires avaient mené par le bout du nez les dirigeants : en ce sens, Richter ne faisait pas exception. Pire, ont constaté les enquêteurs, il est devenu fou à lier. En somme, Richter avait fait comme ceux qui avaient promis à Hitler des soucoupes volantes et... un Reich de 1000 ans !
Des escrocs, ou de faux scientifiques, qui avaient réussi à charmer Peron, raconte l'Express en 1998 : "comme beaucoup à l'époque, Peron, plus pragmatique qu'idéologue (même s'il fut influencé par le corporatisme du fascisme italien), était fasciné par la compétence des techniciens allemands. Au point d'ailleurs d'en être parfois aveuglé. L'écrivain argentin Tomas Eloy Martinez, dans le numéro d'août 1985 de la revue El Periodista de Buenos Aires, évoque ainsi une conversation qu'il eut avec Peron en septembre 1970, où celui-ci lui raconta avec enthousiasme qu'il recevait souvent, dans son palais présidentiel, la visite d'un généticien qui travaillait sur l'amélioration du bétail dans une propriété du Paraguay et y faisait des merveilles. « Je lui demandai le nom de ce prodige. Qui sait ? répondit Peron en secouant la tête. C'était un de ces Bavarois bien bâtis, cultivés, fiers de leurs origines. Attendez, si je me souviens bien, il s'appelait Gregor. C'est cela, le Dr Gregor. » Autrement dit, Josef Mengele". Mengele "fixé" lui aussi par le Mossad, mais au dernier moment laissé libre, avouera bien après (en 2008 !) Rafi Eitan, celui qui avait capturé Eichman, au sortir de l'usine Mercedes où il avait trouvé un emploi... tranquille.
Les constructions étranges aperçues au milieu de l'île d'Huemul étaient bien celles d'un réacteur à fission nucléaire, ou plutôt le peu qu'il en reste de nos jours ! Sur un des clichés, on constate que les pieux de bois encore fichés dans l'un des bâtiments n'étaient que les échafaudages en poutres épaisses : le centre de recherches de l'ère atomique avait été construit à la manière des cathédrales, où l'on trouve sur les façades les "trous" qui étaient destinés aux échafaudages. Cela montre aussi que les bâtiments n'avaient même pas été terminés ! Et tout cela évoque étrangement d'autres bunkers, comme celui-ci à Vienne, dont on n'arrive toujours pas à se débarrasser.
En utilisant une onde de choc au "lithium-deutérium-bore", c'est sûr, la fission allait se produire, affirmait Richter. Au bout de l'expérience, il devrait y avoir un réacteur qui produirait plus d'énergie qu'il n'en consomme. Bref, le graal atomique de la fusion contrôlée est également le rêve du nucléaire « propre ». Richter rêvait, car il n'avait pas les moyens techniques d'atteindre les puissances nécessaires pour que la fusion s'enclanche. En 1950, le physicien russe Andrei Sakharov avait planché sur le même problème, avec un réacteur à fusion nucléaire hypothétique, qu’il avait baptisé "tokamak", pour finir par jeter l'éponge. Pour y arriver, il avait suggéré l'emploi de plasma ionisé par des tores de champs magnétique de très grande intensité, sans grand succès. Les russes, en1968, parviendront cependant après 18 années d'efforts intenses à porter un plasma d’hydrogène à une température de 10 millions de degrés quelques fractions de temps, mais sans plus. En 1948, devant la difficulté technique, Sakharov préconisait d'en arriver plutôt à la "fusion froide" par "par catalyse mésonique" (en France, il n'y a que JP Petit pour encore y croire : "le concept de catalyse froide est familier à tout lecteur qui aura vu s'initier une réaction de combustion d'un mélange d'hydrogène et d'oxygène sur une mousse de platine, à la température ordinaire, réaction qui, dans d'autres conditions, ne s'amorce qu'à des températures se chiffrant en centaines de degrés", écrit-il, prouvant par là que les théories fumeuses de Richter peuvent encore durer des siècles !). La encore, ce sera l'échec. Fusion chaude ou fusion froide resteront des serpents de mer de la physique nucléaire, aujourd'hui encore. Richter, lui, mentira carrèment, en affirmant qu'il avait réussi le 16 février 1951 à aboutir à la fusion : c'était complètement faux, l'homme avait semble-t-il été induit en erreur par le voilage de film photographique, qui lui avait fait croire qu'il avait réussi, ou plutôt s'en était largement accomodé. Mais gouvernement de Peron s'était engagé loin avec lui, trop loin même : en raison des coûts exigés par ce projet qui ne pouvaient être justifiés mémé par des fonds secrets, Perón avait en effet dû signer le décret créant la Comission de l'Office National de l'Energie Atomique, une des premières du genre, dont le président était évidemment Perón et le Secrétaire général le colonel Enrique Gonzalez.. un des fondateurs du groupe des officiers (GOU) de Perón. L'atome civil de Peron avait bien quelques relents militaires !
Le 24 mars ; Juan Peron se fendait donc d'un discours pour annoncer la nouvelle révolutionnaire venue de Richter. "Très bientôt nous aurons un surplus d'énergie avec la technologie que nous sommes en train de développer à Huemul. Nous allons le vendre dans des bouteilles d'un litre et demie, pour usage industriel et familial, qui pourra être utilisé pour fournir de la lumière, faire cuire les aliments et produire de la chaleur". Les argentins attendront longtemps leur super-bouteille thermos nucléaire : Richter, qui n'avait jamais produit de communications scientifiques sur ses recherches, antérieures comme du moment, était davantage un afabulateur et un charlatan qu'un véritable physicien. Ce dont Peron finit quand même par se douter, en nommant un comité pour évaluer pourquoi cette grande découverte n'arrivait pas à passer le stade industriel, au bout de plusieurs mois d'attente. Le 28 mars 1951, pourtant, une loi rend cependant hommage à Richter car Péron lui a octroyė ce jour- là, par décret, la plus haute distinction de l'Argentine péroniste et l'a nommé en même temps Dr Honoris Causa de l'Université pour ses travaux sur l'énergie atomique. "La communauté scientifique américaine prenant cette distinction avec beaucoup de scepticisme", précise alors la presse, qui espère toujours dans l'atome à la maison...
Un comité est donc nommé avec à sa tête un physicien de renom, cette fois, José Antonio Balseiro assisté de l'ingénieur Mario Bancora. Aujourd'hui, l'institut de formation en physique nucléaire du pays porte le nom de Balseiro. Ils remettront un rapport sans appel, en septembre 1952, affirmant clairement que les recherches de Richter étaient plus que fumeuses. Une véritable "chimère atomique", écrit même à ce propos le brésilien Guillermo Giménez de Castro. Dès le mois suivant, Peron enterrait définitivement le projet, s'estimant grugé sur toute la ligne. Richter, sur l'île de Huemul, avait dépensé l'équivalent de 300 millions de dollars en pure perte. Le site fut vidé, démantelé... et dynamité. Exactement ce qu'avait trouvé notre chercheur d'U-Boot ! Tout s'explique ! Depuis, le site est effectivement devenu une attraction touristique. Double, si l'on compte la probabilité de rencontrer sur place dans les grands hôtels des nazis réfugiés... mais faut aimer ce genre de tourisme, remarquez... Ils s'y sentaient si bien, en Argentine : "Sur la potence, les derniers mots d'Eichmann, reconnaissant à l'égard de l'accueil reçu à Buenos Aires, avaient été : "Vive l'Allemagne, vive l'Autriche, vive l'Argentine !" rappelle LeMonde à propos de la sortie du savoureux roman de Philip Kerr, "Une douce flamme" (aux Editions du Masque).
Le rêve de Richter fût une chimère qui coûta très cher à Peron : à partir de l'échec révélé de centrale atomique, le dictateur perdra de sa crédibilité en ayant fait miroiter monts et merveilles à son peuple, qui y avait crû : pensez donc, l'Argentine, aussi forte que l'URSS ou les Etats-Unis, les deux seuls alors à dominer l'industrie nucléaire ! Chez Peron, c'était un avenir industriel qui s'effondrait avec l'échec de son projet nucléaire qui en aurait été le fleuron : lui qui avait tant rêvé d'imiter Hitler qui avait été à l'origine de la célèbre "voiture du peuple", la Wolskwagen, était allé jusqu'à proposer la sienne, appelée "la Justicialist", aux formes très américaines (Un modèle Kaiser ?). Pas sûr que tout le monde aurait pu se l'offrir. Pour le peuple, cette voiture à bas coût, et pour lui une superbe Ferrari caross"ée par Ghia ; la S/N 0191EL jaune importée d'Italie, comme Menem qui aura plus tard lui aussi sa Ferrari, offerte en pot de vin. Toute l'ambiguité du populisme démontrée par deux exemples de voiture : celle du dictateur et celle de son peuple. Il rêvait avec Kurt Tank de lancer une industrie aéronautique, et avait même construit des paquebots qui portaient bien sûr le nom d'Eva Peron ou le sien. Des bateaux issus de la flotte de l'armateur Dodero, tel le Presidente Peron lancé en 1948 l'Evita lancé en 1949, un paquebot de 116 places (qui deviendra le Rio Tunnuyan et le Eva Peron (plus tard le SS Uruguay) lancé l'année suivante. L'armateur Dodero, celui qui avait le plus transporté de nazis à bord de ses navires, qui étaient utilisés par les "rats lines", graissant ainsi la patte et bénéficiant en retour de largesses commerciales de la part de la dictature. Avec une dictature, il ne peut jamais y avoir de relation saine, tout est faussé par les compromissions et les dissimulations, on le sait.
Son rêve brisé à tous les niveaux, ridiculisé par les scientifiques, Peron ne tiendra plus que 4 années encore et sera renversé par un coup d'état, en 1955, après s'être nettement rapproché d'un autre dictateur : Stroessner, au Paraguay, celui-la même qui hébergeait Mengele. Stroessner, grand admirateur lui aussi du fascisme, et favori des USA... pour l'opération Condor. La folie anticommiste, gérée par des ex-nazis, sous le regard plus que compatissant de la CIA. En Argentine, le général Francisco Javier Molina avait suivi de près toute l'opération. "En Argentine, un département spécial de sécurité travaillait avec la DINA chilienne, laquelle avait un « permanent » à Buenos Aires. En 1975, 119 jeunes Chiliens « disparaissaient ». Une revue argentine parla d’un règlement de comptes entre la guérilla argentine et des Chiliens qui avait fait 60 morts chez les Chiliens. Deux jours plus tard, un journal brésilien annonçait 59 morts chiliens dans un affrontement entre l’armée et des guérilleros. Le compte y était... Des opposants urugayens arrêtés au Brésil, des Argentins pris au Paraguay seront expédiés à leurs tortionnaires respectifs". Décédé en 1979, on confirmera en 1985 avoir trouvé ses restes, au cimetière d'Embu, à Sao Paulo, dans la tombe N°321. En 1992, les tests ADN le prouveront définitivement Il avait bien débarqué à Buenos Aires sous le nom qu'avait donné Peron : "Helmut Gregor" et s'était installé au Paraguay, puis au Brésil dans une colonie appelée Nova Europa. Il n'avait cessé de correspondre avec sa famille, et avait même assisté en 1959 aux obsèques de son père sous son vrai nom ! Si Mengele avait survécu impunément aussi longtemps, d'autres avaient pu le faire également !
Réfugié au Brésil, Stroessner, fils d'un brasseur bavarois et d'une paraguayenne, mourra dans son lit, en 2006. Son épitaphe sera vite dressée : "Il est celui des dictateurs de la région qui est resté le plus longtemps au pouvoir : 35 ans et huit mandats présidentiels entachés de fraudes électorales. Ces années sont considérées comme les plus violentes qu'ait connues le pays (5,8 millions d’habitants) depuis son indépendance en 1811. Celui que le célèbre écrivain Augusto Roao Bastos avait surnommé le "tyranosaure" est jugé responsable de 1 000 à 3 000 disparitions et assassinats d'opposants. Deux millions de Paraguayens ont, entre 1954 et 1989, préféré l'exil à un régime aussi absurde que brutal."
Epilogue : en 1989, deux autres physiciens présomptueux, Martin Fleischmann, et Stanley Pons, ressortaient la thèse de la fusion froide, faisaient la une de tous les journaux pour finir par se faire repérer comme énièmes affabulateurs sur le sujet. Esther Kepplinger, le responsable des brevets US, refusa de leur en accorder un en 2004, argumentant que "comme les machines perpétuelles, ça ne marchait pas."
PS : Et pendant ce temps, la France active le projet ITER, qui n'est rien d'autre que la même chose (un autre tokamak !), mais sur une plus grande dimension (et avec des dépenses en regard !)... la publicité autour du projet va aussi vite en besogne que Peron avec ces bouteilles à plasma... étrange rappel ! Lire en particulier le superbe " Existe-t-il au sein de la communauté scientifique un consensus sur le projet ITER ?"... chef d'œuvre de propagande véritable ! Incroyable retour en arrière... historique ! Le "soleil dans une bouteille" est une dangereuse illusion qui renaît régulièrement de ses cendres !
Parmi les sources, à regarder également le documentaire "Pacto de silencio" (Pacte de Silence), de Carlos Echeverria, "
Il présente aussi d’autres meetings des nazis, dans lesquels sont présents les pionniers du ski et des reconnues de Bariloche de la décennie 30 et 40. Echeverria montre aussi des aspects moins connus de Priebke, comme son autorité absolue au sein de la délégation nazie à Brescia, et la décision de déporter environ mille italiens (peu après leur avoir enlevé leur patrimoine en or) à Auschwitz, d’où ont survécu à peine quinze d’entre eux.""Echeverria est né à Bariloche et a complété sa formation en cinéma en Allemagne. Il a précédemment effectué le film "Quarantaine" (1983), sur l’exil de l’auteur Osvaldo Bayer et le retour à la démocratie en Argentine ; et "le fou étranger", sur la vie du pionnier du ski et aussi pronazi Otto Mailing ". Mailing, qui a laissé son nom au refuge de la Pampa Linda. "En 1987 il a présenté "Juan, comme si rien n’était arrivé", sur l’histoire du seul disparu à Bariloche, l’étudiant et militant péroniste Juan Marcos Hermann, qui a été enlevé en 1977".
http://laguiatv.hoycinema.com/pelicula/ficha/Multicine/Pacto-silencio/55/87529
Mais l'essentiel est ici. Tout le "Projekt Huemul", traité par History Channel, en 10 extraits. On y découvre un Richter devenu demi-fou, rongé par la paranoïa.
1) http://www.youtube.com/watch?v=xWnPCGh8LE0&feature=player_embedded
2) http://www.youtube.com/watch?v=jYfBL1iUSSI
3) http://www.youtube.com/watch?v=vWZOEthPer8
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