• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > « Liberté ! »

« Liberté ! »

"Il existe une réponse à la question que se posent tant d'hommes de bonne volonté : Que feraient les gens dans une société libre ? La réponse qui, à mon sens, va au coeur de la question, c'est une fillette noire qui l'a donnée : Pour la première fois dans notre vie, nous serons libres de penser à ce que nous ferons."

(Herbert Marcuse, Vers la libération.)

 

Richie Havens est mort cette semaine à l’âge de 72 ans. Jeune. Mais enfin, il avait fait l’ouverture du festival de Woodstock en 69, année érotique s’il en fut, on comprend qu’une expérience comme celle-là peut vous fatiguer un bonhomme. Devant des centaines de milliers de personnes, et alors même que Richie n’était pas prévu pour cette ouverture (les autres musiciens étant bloqués dans les embouteillages, fallait que quelqu'un se dévoue), il s'empara de sa gratte et se mit à labourer. Les fleurs d’espoir éclatèrent de tous côtés : la foule se levant comme un seul homme, claquant des mains au rythme de « Freedom », c’est précisément, en ces temps de cure austéritaire, de grisaille désespérante, ce dont nous avons besoin aujourd’hui. Et il ne s’agit pas que de communier : il s’agit d’impulser l’avenir, de le faire éclore.

La prestation de Richie et la soudaine vitale, essentielle participation d’un public se saisissant des évènements (allant jusqu'à entraîner la gratuité du festival !) sont à la mesure d’une autre performance woodstockienne, celle, intense, de Country Joe McDonald exigeant, rage et espérance chevillées au corps, l’arrêt des bombardements au Vietnam. Lorsque la voix des spectateurs submerge celle de l’artiste, tout est gagné : l’idée devient forme, la foule conscience. On voit, on touche l’intelligence du sourire, cette étincelle qui au printemps 2013 ne demande qu’à se rallumer.

Liberté chérie.

Il s'agit moins de comparer que de cerner, je crois, un concept. De Woodstock à la Bastille, la grande roue de l’histoire se met en branle entonnant « Freedom ». Liberté, foule consciente, concepts d’avenir : voilà l’essence, le suc de la 6ème République. Que réclamaient les jeunes outre-Atlantique, cet été 69, sinon la possibilité même d’exister, donc de bouleverser les conditions initiales de leur existence ? La foule compacte, baignée de sourires, bottait un temps le cul de l’individualisme triomphant, dans lequel on voulait à tout prix tremper les braves gens. Près de 45 ans plus tard, l’incendie idéel court toujours. Une floraison d’idées nouvelles. D’authenticité. De bon cœur. Woodstock a beau ne pas être la Commune, on ne peut tuer ni l’un, ni l’autre, parce que l’enthousiasme fertile est là. Rien à voir avec les cohortes de bourgeois embrigadés, enreligiosés, enturbannés version talibane, avec leurs poussettes-béliers, leur rhétorique trompeuse et leur GUD bras droit levé : « Manif’ pour tous », qu’ils appellent ça !

Le 18 mars 2012, il n’y a pas eu de casse à la Bastille. Le 5 mai 2013, l’âme citoyenne ne mettra le feu à rien, mais brûlera de joie. Les balais font peur ? Au moins autant que les cheveux en bataille et les décolletés lumineux de Woodstock... Voyez l’audace, entendez le concert d’aspirations égalitaires ! Il ne s’agit pas d’une question strictement partisane : les partis politiques organisent les discours publics et le service d’ordre. Ils désirent une Constituante ? nous sommes toutes et tous de potentiels Constituants. La 6ème République, débarrassée des collusions douteuses (amitiés Cahuzac-FN), de l’argent sale, du défaitisme déprimant et des trahisons politiciennes, ne se construira pas sans nous. Nous ? Le cœur de la foule partageuse. C’est important, de partager, quand on voit que les pavés parisiens étaient occupés dernièrement par des gens soucieux d’interdire, de priver. Ce n’est pas une marche politicienne ; c’est une marche Citoyenne. Des idées en marche, pas des mots d’ordre : écosocialisme (en somme, ne prenons pas à la Terre plus que ce qu’elle peut nous donner), audit citoyen de la dette (ah ah, il paraît que c’est nous qui sommes endettés ? voyons ça de plus près !), égalité des droits et des responsabilités (droit au logement universel ; régie publique de l’eau ; interdiction des licenciements boursiers ; pas d’écart de salaires au-delà de 1 à 20 dans les entreprises ; référendum révocatoire ; etc…).

Certes, des idées de gauche. De cette gauche que nous voulons ré-inventer ! Parce que, c’est pas pour dire, mais pendant ce temps, la droite se ré-invente, elle : Copé, le Front National, la Manif’ pour tous et des droits pour personne…)

Liberté d’impulser ! D’insuffler ! De respirer !

Ce n’est pas seulement « Du balai ! », c’est aussi briser le carcan de l’austérité en proclamant « De l’air ! »

 


Moyenne des avis sur cet article :  4.13/5   (23 votes)




Réagissez à l'article

10 réactions à cet article    


  • Loup Rebel Loup Rebel 29 avril 2013 15:37

    Vous dites liberté... ?

    Jacques Ellul vous répond :

    « L’homme n’est pas du tout passionné par la liberté, comme il le prétend. La liberté n’est pas chez lui un besoin inhérent. Beaucoup plus constants et profonds sont les besoins de sécurité, de conformité, d’adaptation, de bonheur, d’économie des efforts… et il est prêt à sacrifier sa liberté pour satisfaire ces besoins. Certes, il ne peut pas supporter une oppression directe, mais qu’est ce que cela signifie ? Qu’être gouverné de façon autoritaire lui est intolérable non pas parce qu’il est un homme libre, mais parce qu’il désire commander et exercer son autorité sur autrui. L’homme a bien plus peur de la liberté authentique qu’il ne la désire ».

    Chacun est libre d’adhérer aux positions d’Ellul... smiley


    • Bur K Bur K 29 avril 2013 15:47
      Loup Rebel, vous me l’avez ôté de la bouche !

      Le plus important à mon avis dans cette citation d’Ellul, c’est quand il dit pourquoi l’homme ne supporte pas être gouverné de façon autoritaire : 

      « être gouverné de façon autoritaire lui est intolérable non pas parce qu’il est un homme libre, mais parce qu’il désire commander et exercer son autorité sur autrui ». 

        smiley

    • alinea Alinea 30 avril 2013 11:09

      Je récuse cette dernière phrase ; on peut ne pas supporter d’être « gouverner de manière autoritaire », non pas pour exercer ce pouvoir sur autrui, mais sur soi-même ; c’est la base de l’anarchisme !


    • non667 29 avril 2013 15:57

      5 mai 2013
      honnêtement méchanlon devrait payer des droit d’auteur à Don Quichotte ! smiley smiley


      • Ruut Ruut 29 avril 2013 16:23

        Les manifestants sont toujours des dindons de la Farce.



        • alinea Alinea 30 avril 2013 11:17

          Pas forcément pour devenir cheffaillon : se faire bien voir, lécher le cul du pouvoir, ça s’appelle être courtisan ; dans les cours royales, les nobles ne voulaient pas être rois mais recevoir des privilèges donnés par le roi ! Maintenant c’est pareil : se mettre du côté du pouvoir ( collaboration), c’est vouloir la sécurité+ quelques distinctions ! De toutes façons, la chaîne, la hiérarchie plutôt fonctionne très bien naturellement : je me soumets au chef, je soumets mon subordonné qui soumet sa femme qui soumet l’enfant qui soumet son chien !!! ou son nounours !
          Cette échelle est la perversion d’une donnée naturelle chez les herbivores : la dominance, et comme l’homme est à la fois prédateur et proie - plus prédateur ou plus proie selon les gens, en sachant qu’il y a toujours plus de proies- il agit vis à vis de ses congénères ; ce qui pervertit le truc....


        • soi même 30 avril 2013 10:20

          Pour la Bastille le 5 Mai, c’est non, surtout avec un margoulin comme tète de file.

          En ce qui concerne cette réponse, « Pour la première fois dans notre vie, nous serons libres de penser à ce que nous ferons."  » je peux rajouté ce que nous avons librement choisie d’aimer.
          Ce qui engage un engagement du respect de la liberté d’autrui et non d’imposé aux autres ses inclinaisons instinctives !


          • King Al Batar King Al Batar 30 avril 2013 10:41

            C’est marrant comment vous simplifiez à l’extrème la notion de liberté...

            Votre article me parait quand meme extrémement simpliste...

            Justement, la liberté, puisqu’on en parle, c’est aussi celle de manifester son opposition, quelqu’elle soit pourvu qu’elle n’incite pas à la haine aveugle...

            Pour bien comprendre la liberté, il faut entendre qu’elle ne peut se dispenser des lois. Pour être bien comprise par les citoyens, elle doit necessaire être restreinte pour être applicable en société.

            N’étant pas spécialement religieux, je vais néanmoins vous compter à ma sauce un passage de la bible qui n’est pas négligable, du point de vue de son apport à l’humanité. Même si l’on y croit pas, on peut néanmoins dater les écrits. L’ancien testament, le plus ancien dont on trouve des traces, est une traduction grecque qui date d’au moins 2500 ans. Donc, sans necessairement y croire, on peut au moins « tirer une morale » de l’histoire telle qu’elle nous est compter.

            Ca se passe en Egypte, y a un peuple les Hébreux, qui vit sous l’esclavage depuis 400 ou 500 ans. Un jour un homme (Moise), qui aurait été guidé par un pouvoir divin (je dis bien qui aurait été, car le fait de croire en ces prouesses n’est pas le but), parvient à liberer son peuple et décide de traverser le desert pour s’installer au pied du montagne. La le mec laisse son peuple à lui même et retourne dans une quete de spiritualité. Pendant ce temps, le peuple qui vient juste d’être libéré, et qui est laissé sans chef, s’éclate. C’est la fêt aux péchés, aux orgies et à tous les abus... Le mec (Moise) se repointe et constate la déchéance des gens de son peuple. Il en ressort une moralité, les dix commendements, qui sont également appelées les tables de la loi, celle qui di qu’il « n’y a pas de liberté sans loi » et qu’un peuple ne peut comprendre la liberté sans loi, et la société ne peut se dispenser de cette regle.

            Rousseau l’explique bien dans « Du Contrat Social », ou il esplique que pour vivre en société, l’homme doit obligatoirement s’affranchir d’une partie de ces libertés pour pouvoir en jouir au maximum....

            Donc déjà on voit que les société telle que nous les concevons ne peuvent se dispenser de loi (donc d’interdit) si nous voulons vivre convenablement tous ensemble. L’interdiction n’est donc pas forcément une notion contradictoire de la liberté....



            Ensuite, pour ce qui est du cas dont vous parlez, la Manif pour tous. Depuis que l’état est devenu athé, c’est a dire depuis que la morale religieuse n’a plus court dans les décision législative, les citoyens doivent convenir ensemble de ce que serait la « morale » cotoyenne civique, ou appelez la comme vous le voulez. Bref une morale des hommes, faites par les hommes et pour les hommes. Or ce qui rapproche les gens, ce qui les met tous d’accord même quand ils sont catégoriquement opposés, ben c’est bete à dire mais c’est le pognon. Dans nos société ou les débats sont de moins en moins contructifs, une « négociation » (avec ce que cela sous entend) a plus de chance d’aboutir qu’un compromis. Et de la même manière, les communautés « aisées » ont plus de poids pour faire valoir leur droits, « leurs libertés » comme vous sembler les qualifier, que ceux qui n’ont aucun poid financier. Ainsi, le « gay » peuvent revendiquer un mariage entre eux, au nom de la liberté d’aimer, mais les musulmans peuvent toujours se brosser pour obtenir un mariage pour plusieurs (polygamie), quand bien même tout le monde serait consentant.

            Bref, tout n’est pas que liberté et interdire. Le tout est de trouver, ou de construire, de bonnes loies pour que le peuple puisse vivre convenablement en société. Par conséquent un loie qui interdit le port de la burqa, est une loi de vivre ensemble. Néanmoins, ca ne veut pas dire que ceux qui sont contre cette loie sont « pour » le port de la burqa. Cela veut simplement dire qu’ils peuvent aussi estimer que l’on peut trouver d’autre solutions de vivre ensemble sans necessairement interdire brutalement. De la même manière, la loi pour le mariage gay et l’adoption d’enfants par ces dernier est une ouverture vers une nouvelle conception du couple, de l’engagement et de la parentalité dans nos société. Etre contre cette loie, ne veut pas dire que les manifestants sont pour l’interdiction et les brimades outrancieres envers les homosexuels. Cela veut simplement dire aussi que la loi que nous proposons (imposons ?) au peuple ne correspond pas à la société qu’ils souhaitent. Après il existe toujours des brutes qui ont des positions extrèmes, et c’est surtout cela que nous avons entendus. Toutefois, ce qui me parait avoir suscité autant de réactions me parait résider beaucoup dans la mise en forme de cette loie. C’est a dire la décision unilatérale de faire appliquer cette loie sans en referer au peuple.
            Pour ma part la liberté ce n’est pas d’autoriser le mariage pour tous. Par contre, le fait d’avoir soumis cette loie au peuple plutot que de la décider entre élus, aurait été une liberté donnée au peuple de France de faire ses propres choix.
            Cordialement


            • Bloom Ulrich Bloom Ulrich 30 avril 2013 12:06

              Pas mal de réflexions philosophiques dans les commentaires, ce qui est toujours réjouissant !
              Je serais bien incapable de formuler une définition concise et carrée de la notion de « liberté » ; j’ai plutôt essayé, dans l’article, de causer « aspiration à la liberté ». D’où la formule en gras « bouleverser les conditions initiales de leur existence », et les références à l’enthousiaste jeunesse woodstockienne.
              Finalement, l’idée de liberté m’évoque la représentation de l’absolu dans les tableaux Romantiques : une « tension à », une tentative de sublimation.
              Mais ne versons pas dans la métaphysique : il s’agit ici de s’arracher à des conditions matérielles et idéologiques pour définir un nouveau terreau commun, qui peut ne pas être parfait, mais déjà meilleur. J’ignore si je m’exprime clairement.

              Bonne journée.


              • epicure 1er mai 2013 02:17

                La liberté, si on ne lui fait pas dire n’importe quoi, tout et son contraire, est un équilibre délicat entre l’ensemble des individus dans la société, et ce que la société accorde à l’ensemble de ces individus.
                Il y a confusion entre l’initiative personnelle et la liberté, pourtant l’initiative personnelle quand elle se fait égoïste, égocentrique, peut amener à l’oppression des autres, donc la confusion des deux termes arrive à une contradiction où la liberté c’est la domination des uns sur les autres, dite liberté du loup dans la bergerie.
                Autoriser certains à tout se permettre , parce qu’ils ont une propriété, de la richesse, une religion, le plus gros fusil, les plus gros muscles etc... ce n’est pas la liberté.

                Il ne peut y avoir de liberté que quand il y a égale initiative personelle possible. C’est dans cette situation que les définitions de la liberté prennent tout leur sens,sans se contredire.
                Et donc comme le dit king, il y a donc des interdits dans une société pour rspecter la liberté, ces interdit, c’est de faire que certains ne s’autorisent pas tout réduisant les possibilités d’initiative personnelle des autres, c’est limiter les nuisances.
                Ceux qui prétendent défendre la liberté en abolissant tout interdit, ne fait que leurrer els autres, voire se leurre lui même, car il ne fait que défendre la possibilité pour les plus forts, les plus agressifs de s’imposer aux autres.


                Il suffit de regarder dans les « quartiers » par exemple, où la non application de certains interdit, fait que certains imposent leur domination à tout leur quartier, réduisant les liberté des autres habitants.
                Mais bien sûr d’un autre côté, il ne faut pas qu’il y ait que des interdits et des obligations par une autorité exgtérieure dans la société, sinon il n’y a plus de liberté non plus.
                Les règles, les interdits en servent la liberté que quand ils favorisent la possibilité d’intiative personnelle de personnes pour qui elles sont réduites (dominés,), par contre ils sont une atteinte à al liberté quand ils favorisent l’initiative de ceux qui en ont plus que les autres (dominants) au dépend des autres., comme els interdits et obligations qui ne bénéficient qu’uax multinationales par exemple.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès