Liberté chérie
Je n’ai pas mon papier sur lequel je m’autorise à sortir !
Je ne suis ni écrivain, ni philosophe, ni journaliste et n’ai aucune prétention autre que d’exprimer ce que je ressens et avec les mots qui sont les miens.
Citoyen ordinaire s’il en est, en aucun cas citoyen modèle ou parfait, je n’ai pas cette vanité non plus,
Je m’évertue par mes comportements de tous les jours à être un acteur respectueux et impliqué de la société dont je fais partie.
J’essaie de respecter les règles, je paie mes impôts, je participe à la vie culturelle, associative, je respecte l’autre autant que je le peux et aide aussi régulièrement et selon mes possibilités, notamment en donnant aux Associations, ONG, Fondations, en France et dans le monde en fonction de mes « ressentis », et ça va du Secours Populaire à Médecins du Monde en passant par les réfugiés Syriens, les pompiers, les aveugles etc. et j’en oublie. J’ai même donné me semble-t-il pour les orphelins de la police.
Ça nous conduit tout droit au sujet qui me mine et me désole.
L’autoritarisme excessif qu’on voit s’installer dans notre démocratie qui du coup en perd des plumes.
Cette histoire d’attestation de sortie, qui n’est pas sans rappeler un sombre passage de notre histoire, que je n’ai pas vécu mais que je connais tout de même un peu par des lectures et à l’école où l’on apprenait alors l’histoire de façon un peu moins « bien-pensante et détournée » qu’aujourd’hui. (mais ça c’est un autre débat !)
À cette sombre époque, on pouvait alors entendre : « ausweis ! »
Alors nous ne sommes certes pas dans la même situation, mais ça y ressemble un peu.
Être obligé de justifier son déplacement pour aller travailler, se promener, faire ses courses ou même jeter sa poubelle me paraît un peu abuser.
D’accord il faut une force publique, une autorité ; elle est utile, elle est nécessaire, mais doit-elle être celle qu’on a envie de respecter de par son sérieux, sa cohérence, sa pertinence et son intelligence à agir et réagir de manière rationnelle ou celle qui veut faire de nous de braves petits citoyens courbant l’échine ?
Quand on voit dérive opportuniste de certains représentants de cette autorité on se pose la question.
Ces excès de zèle sont assez nombreux pour être remarqués, je n’en citerai aucun, il suffit d’ouvrir un journal, d’aller sur le net (et de vérifier sur plusieurs sites), ou tout simplement d’écouter et d’entendre autour de soi.
Nous voilà maintenant à ma petite et chanceuse expérience qui ne m’a pas pour autant fait changer d’avis.
J’habite une petite commune de 96 habitants, le village (sans commerces) est étalé sur quatre petits quartiers, autant dire qu’on peut rester plusieurs jours sans même croiser ses voisins.
Pour ma part je suis à moins de quatre-vingts mètres de la mairie, je la vois de ma maison.
Nous avons la chance d’avoir une commune qui a mis en place un système de commande de pain, à la semaine ou journalière pour ceux qui le désirent, allant de cette manière tout à fait dans le sens des recommandations de l’État, un employé de mairie récupère tous les matins ce pain qui est posé sur une table, avec notre nom et sans contact aucun avec la secrétaire de mairie, là on le récupère, et arrivé à une vingtaine d’euros on reçoit la facture de l’avance faite à régler au Trésor Public.
Ce système nous évite donc ainsi de se rendre au village d’à côté tous les deux ou trois jours et ainsi augmenter les risque de contamination dans un sens comme dans l’autre. (je suis un peu long mais ses explications sont pertinentes pour appréhender le ridicule de la chose).
Hier, je me rends donc à la mairie comme tous les matins depuis un peu plus d’un moi, à la même heure (eh oui, je fais partie des chanceux qui sont confinés chez eux, tété travail !) pour récupérer mon pain. Je vois un véhicule de gendarmerie, bon, pas de soucis je n’ai rien à me reprocher !
En fait oui, je suis hors la loi, je n’ai pas mon papier sur lequel je m’autorise à sortir !
Ils sont deux, un homme d’une quarantaine d’années et une femme bien plus jeune (ils respectent plus la parité que les citoyens dans la gendarmerie !)
L’homme me demande alors si j’ai mon attestation et après un bonjour je dis que non, j’habite à quelques mètres de là, que je viens tous les jours prendre mon pain et que pour ça je ne pensais pas en avoir besoin.
Éh si, il prend alors un ton réprobateur, moralisateur, scolaire, enfin, un ton un légèrement désagréable à entendre pour quelqu’un de cinquante cinq ans à qui on va donner une fessée :
« - Savez-vous ce que vous risquez et à combien s’élève l’amende ?
- cent trente cinq euros !
- oui, ça fait un peu cher la baguette ! pour cette fois-ci ça ira, mais faites attention ! »
La secrétaire de mairie était figée, moi, je n’ai rien dit, impassible, sachant que si j’avais le malheur de répondre quoi que ce soit, vu leur visage de personnages en train de prendre un plaisir certain à montrer leurs « muscles », leur autorité et leur supériorité espérant susciter de la peur, je savais que j’aurais droit au PV.
J’ai donc eu « de la chance » de tomber sur eux, qui n’ont fait que me moraliser, me rabaisser et me montrer à quel point j’étais à leur botte !
Alors certes j’étais peut-être, certainement même en tort, mais juste me demander si lorsque j’allais faire ma promenade journalière d’une heure ou faire mes courses j’avais ce papier (réponse affirmative) parce que c’est important et faire attention à ne pas trop m’éterniser en venant chercher mon pain (par exemple), ça les aurait valorisé sans les décrédibiliser !
Ah oui, ce jour là, ils étaient montés pour ça, ils sont partis après que j’ai récupéré ma baguette, la dernière. Ils ont aussi terrorisé (et c’est le mot) la plupart des gens de la commune venus sans ce papier liberticide au point qu’une dame a dit ne plus vouloir commander de pain en mairie !
Et quand on sait que dans certains endroits, quartiers, lorsqu’ils voient un groupe de plusieurs personnes, ils passent leur route, certainement pour aller dans des endroits où il est plus facile de « faire peur » ou de verbaliser, comment leur donner crédit, s’il n’y a aucune cohérence, aucun respect même envers leur profession par de tels agissements.
Ils ne sont heureusement pas tous comme ça, certains sont pire, j’aurais pu payer 135 € ma baguette, mais d’autres échangent réellement avec les citoyens, ceux-là redorent un peu le blason !
Je ne demande aucune faveur, aucun privilège, mais vivre sereinement dans un pays qui certes est loin à tous points de vues de la Chine, mais qui insidieusement s’en rapproche plus que ce qu’il s’en éloigne ! Et ça, ça donnerait plutôt envie de se rebeller, de ne pas respecter ce qui devrait l’être, un état à la fois fort, protecteur et qui nous porterait dans le bon sens !
Voilà, une partie de ce que j’ai sur le cœur est dite, à bon entendeur.
Je précise que ni ces deux agents ni moi n’avons manqué de respect les uns avec les autres, c’est juste un petit rapport de supériorité, et donc d’infériorité, qui dans le cas présent appuie sur un bouton d’alerte de ce que l’on est en train de subir, en plus du virus !
28 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON