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Loi de Transition énergétique = Loi d’immobilisme énergétique

Ségolène Royal a présenté en Conseil des ministres du 30 juillet, le projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte(1), projet examiné par l’assemblée nationale en octobre.
Examinons ce projet de loi au regard des moyens de la transition que sont la sobriété, l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables. Ces moyens sont définis dans des scénarios alternatifs présentés par des associations telles que Négawatt ou virage énergie.

1 La sobriété c’est une partie importante du parcours pour réduire la quantité d’énergie nécessaire au fonctionnement de la société. Cela suppose une conversion énergétique de la consommation en favorisant les secteurs économiques dont l’empreinte écologique est faible et en dissuadant les secteurs à forte empreinte. Cela suppose également une stabilisation de la démographie (+0,5% par an actuellement c’est plus d’énergie nécessaire).
Sur ces points rien dans ce projet ,alors qu’il faudrait agir par la sensibilisation des consommateurs à la sobriété et par des mesures fiscales ou réglementaires.

2 L’efficacité énergétique.
BATIMENTS : Quelques avancées sur la rénovation thermique qui font généralement consensus, mais faibles en terme de budget.
TRANSPORTS : le projet évoque les véhicules électriques comme solution de transition. C’est très insuffisant et utopique. Si l’on peut concevoir les véhicules électriques pour de petits trajets en ville ou en campagne comme alternative aux carburants fossiles, ce n’est pas généralisable à l’ensemble du parc automobile pour des raisons de disponibilité des ressources. En outre le modèle électrique ne devrait pas dépasser 500kg et 80km/h pour être sobre en énergie.
Sur les transports longues distance, la question c’est comment mettre les poids lourds sur les trains sur de longues distances comme en Suisse par exemple. Rien dans le projet sur cet objectif. Rien non plus sur une harmonisation des tarifs diesel /essence par un système de bonus/malus pour favoriser la transition du parc. A moyen terme la question, c'est aussi comment remettre en cause le libre échange international non régulé qui entraîne des transports non indispensables.

3 Les énergies renouvelables.
La part des citoyens dans ce développement est négligeable, or c’est par une implication de tous que l’on y arrivera comme le montre l’exemple Allemand de transition. Les conditions pour cette implication sont : Des tarifs d’achat attractifs et garantis sur 20 ans, une facilitation des coopératives de productions citoyennes, une mobilisation facile des ressources bancaires.
Sur les tarifs d’achat on peut être inquiet sur la référence au prix de marché qui ôterait toute incitation pour les particuliers ou collectivités ou industriels (Art 23)
Le projet parle de promouvoir ces énergies mais oublie le stockage de l’énergie qui est au moins aussi important. La filière hydrogène produite facilement par l’électricité renouvelable est un enjeu essentiel et n’est pas abordée.

Dans ce contexte ce projet réaffirme la priorité du nucléaire dont la production est maintenue à 63 GW (Art 55). En fait le passage à 50% d’électricité d’origine nucléaire se fera par l’augmentation prévue de la part des renouvelables de 14 à 32% donc par une croissance de la consommation globale d’énergie et non par une diminution réelle de la production nucléaire, ceci ouvre la porte à de nouveaux réacteurs quand on en fermera certains. Ceux qui ont cru Hollande sur la baisse de la part du nucléaire en seront pour leur frais Pour inciter EDF à changer de politique, le contrôle du conseil d’administration d’EDF par des citoyens, des associations, des usagers, des collectivités serait souhaitable.

En conclusion projet immobiliste avec quelques avancées sur l’efficacité énergétique, mais pas à la hauteur des enjeux, l’économie d’énergie attendue (non chiffrée) sera sans doute insuffisante.
Notons que les ONG environnementales membres du Conseil économique et social ont toutes votées ce texte seuls Les Amis de la Terre ont refusé de le voter.

(1) http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/0-_Projet_de_loi_relatif_a_la_transition_energetique_pour_la_croissance_verte.pdf


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9 réactions à cet article    


  • Trelawney 30 septembre 2014 15:25

    La filière hydrogène produite facilement par l’électricité renouvelable est un enjeu essentiel et n’est pas abordée.

    Et pourtant les leaders dans ce domaine sont des sociétés françaises. Mais en France tout ce qui n’est pas nucléaire, n’est pas catholique


    • charlesleter 1er octobre 2014 11:01

      on sait faire techniquement le stockage d’énergie sous forme hydrogène.Quand on prévoit des énergies
      renouvelables qui sont intermittentes, il faut en même temps un stockage.En allemagne quand il y trop de soleil ou de vent on ne sait pas quoi faire du surplus d’électricité produite .L’hydrogène recombiné avec du gaz CO2 fournit du méthane ré-injectable dans le réseau gaz.
      je partage avec vous sur le poids du lobby nucléaire.


    • raymond 2 30 septembre 2014 15:51

      Beau travail du lobby nucléaire. Ils ont réussi à peindre en vert les réacteurs nucléaire.

      On n’en finira donc jamais ?


      • Ruut Ruut 30 septembre 2014 17:14

        Indirectement venant des socialiste nous n’attendions rien de bon.

        En France ce qui fait défaut ce n’est pas les idées, ni la technologie, ni les citoyens, c’est juste la bonne gouvernance.

        C’est quand la corruption utile qui fait avancer notre pays au lieu de cette corruption gangrène (de type africain) qui nous asphyxie jour après jour.


        • marauder 30 septembre 2014 18:08

          Faut arreter de rever, aucun projet se voulant écolo ne pourra l’etre vraiment si les gens s’obstinent a ne rien changer de leur mode de vie et surtout si on continue dans ce capitalisme qui y est indubitablement lié.

          Surtout pas sarkolène, une fauxcialiste.


          • Le421... Refuznik !! Le421 30 septembre 2014 18:08

            D’un côté, on veut une croissance de plus en plus forte.
            De l’autre, on restreint tout sans concertation.
            Quelque part, ça me confirme que nous sommes dirigés par des cons.
            Et ce n’est pas une question droite/droite*... C’est un problème de droite.
            *PS/UMP


            • mmbbb 30 septembre 2014 19:46

              je travaille dans un batiment construit en 1983 L’hiver 2012 2013 qui fut rude mis en evidence les defauts de ce batiment Hall froid chauffage gaspille a cause des fenetres pourtant en profile d aluminium mais mal concue En france nous n’avons pas de petrole mais des idees Elles sont surtout foireuse et pour un batiment construit apres le choc petrolier cela est vraiment inadmissible Que dire des batiments plus anciens ? Le petrole n’est pas assez cher nous sommes trop negligents 


              • JMBerniolles 30 septembre 2014 20:50

                On ne sait pas trop ce que pourrait être une société écologique ?

                Si on extrapole ce qui est apparent de l’écologie politique aujourd’hui, on peut penser que cela serait une société pleine d’interdictions et de taxes, avec une très forte réduction de la consommation. Pour cela il faudrait sans doute moins de démocratie comme c’est le cas en ce moment finalement, parce qu’il faudrait imposer un système.

                L’analyse qui est faite ici du projet de texte de Loi transition énergétique est trop schématique et succincte.

                Il est dit justement que ce projet est basé sur le scénario Négawatts.
                Mais on oublie opportunément que ce scénario a été démonté et rejeté dans les débats sur la transition énergétique. Et que l’expérience allemande, où l’on n« est pas près de sortir du nucléaire parce que, notamment, celui-ci contribue à la stabilité du réseau électrique mis à mal par la production hiératique de l’éolien, faible en général mais qui peut monter très haut et chuter dans un court laps de temps, montre que ce scénario est inapplicable.

                Un élément qui compte aussi est que cette Loi sera défendue par Ségolène Royal.
                Qu’elle soit incompétente n’est pas un problème puisque c’est la norme au gouvernement et au-delà. Mais elle commence fort en méprisant un rapport parlementaire sur le coût d’une fermeture prématurée de Fessenheim [plus que prématurée puisque qu’avec des investissements sans rapport avec ceux d’un EPR où surtout d’éolien, l’ASN notre sûreté, estime que les réacteurs pourraient fonctionner encore pendant dix et vingt années supplémentaires].
                Hors démantèlement, le coût avancé dans le rapport est de 5 milliards d’euros. En manque à gagner principalement.
                Le qualificatif de farfelus qu’elle donne aux chiffres des parlementaires s’adresse donc directement à eux. Cela augure bien des débats.

                Sur le plan des chiffres Ségolène Royal n’a aucune leçon à donner.
                Elle avance un chiffre de 10 milliards d’euros pour cette Loi.
                Mais l’électrification des voitures, alors qu’il faudrait aussi du ferroutage, alors que l’investissement éolien est hors de prix pour ne rien produire, la rénovation énergétique de bâtiments anciens, la remise à niveau du réseau électrique et le pilotage de la consommation par les smart grids [dont les gens s’apercevront trop tard que cela constitue une restriction à la consommation d »’électricité] se chiffre selon le scénario Négawatts en filigrane de cette Loi à plusieurs centaines de milliards d’euros. En Allemagne le chiffre minimum de 500 milliards d’euros a été avancé quasi officiellement.

                Enfin comme dans tout papier de ce type il y a les affirmations de quelqu’un qui visiblement ignore tout des problèmes, techniques et énergétiques le plus souvent, de la mise en oeuvre concrète de techniques nouvelles dans le domaine de l’énergie.

                Filières méthane, hydrogène, biomasse... Ici, visiblement on ignore tout des questions multiples y compris d’un point de vue sûreté d’une filière hydrogène.
                 Iter est notamment un appareil destiné à optimiser l’utilisation énergétique de l’hydrogène.
                Facile... 






                • Cassiopée R 1er octobre 2014 11:46

                  Il y a un enjeu dont vous n’avez pas parlé, c’est la limitation des importations d’énergies fossiles, celle qui contribue au réchauffement climatique. Cette limitation est encore discuter, mais elle aura un impact sur notre consommation, c’est la première fois que la limitation environnementale et climatique existe.

                  Sinon pour la sobriété il faut oublier, les lobbys de l’énergie qui veulent faire plus d’argent, ferons tous pour que des plans réellement sobre en énergie capote. Entre la bourse ou la vie, notre société a choisi la bourse par l’intermédiaire de ses multinationales.

                  Le nucléaire n’est pas une solution, c’est une énergie limitée, contrairement aux énergies renouvelables. Tout ça pour montrer que le travail des lobbys en sous main est de diriger les affaires écologiques pour faire plus de bénéfices, quitte à causer la perte de nombreux écosystèmes et l’avenir de nos enfants.

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