Loin d’être mort, le communisme français vit une crise de croissance
Entre 2012 et 2022, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) a perdu - 34,6% des voix pour terminer à 268 904. Lutte Ouvrière (LO) passe de 202 561 voix en 2012 à 197 094 voix soit une baisse de - 2,7% mais loin des 1 630 045 voix de 2002. Seul le Parti Communiste Français (PCF) a fait un progrès +13,45% par rapport à la dernière fois où il a presenté un candidat, il passe de 707 268 voix à 802 422 voix. Mais ses chiffres sont très bas historiquement. Et pourtant le chômage et la précarité n'ont jamais été aussi haut en France. Le communisme français vit aujourd'hui une crise de croissance et non de déclin.
Karl Marx ne parle pas de "l'abolition du salariat" par hasard. Qu'est-ce que le chômage et la précarité sinon l'abolition négative du salariat sous nos yeux de façon vivante et saisissante ? Le développement des forces productives détruit aveuglement le salariat parce que cette loi de développement social (abolition du salariat) n'est pas reconnu par l'Etat. La tâche historique du communisme est de reconnaître cette loi et d'abolir positivement le capitalisme-salariat.
Les communistes français se trompent donc de prolétariat. La classe salariale n'est pas révolutionnaire, elle forme une superclasse capitaliste-salariale opposée au communisme. Même lorsque la classe salariale reussit à renverser la classe capitaliste (expérience soviétique), elle devient pire que les capitalistes eux-mêmes, elle devient réactionnaire car elle ne peut pas touché à la propriété privée des biens de consommation ou dans un autre aspect elle ne peut pas touché à la spécialisation du travail et donc à l'inégalité des revenus en son sein.
C'est ainsi que, pour sauver le salariat, les dirigeants soviétiques ne pouvaient pas compter sur le marché intérieur pour écouler les biens produits (Imaginez l'industrie française sans exportation, c'est la mort en une semaine). Alors que faire ? Lénine falsifia (1893) la théorie de la reproduction élargie de Karl Marx (Voir Livre 2 du Capital, dernière partie). Dans cette théorie, Marx découvre que la section des biens de consommation s'accroit toujours plus vite que la section des biens de production lors de la croissance du PIB. Mais cela n’arrangeait pas Lénine, il inversa cette loi.
C'est pourquoi ce qui caractérisait l'économie soviétique de l'économie de marché était moins la nationalisation des biens de production que le développement plus rapide des biens de production(surtout l'acier) par rapport à la production des biens de consommation. Ce "bricolage" des dirigeants soviétiques permit ainsi de sauver le salariat en écoulant la plus grande partie des biens sur le marché intérieur. Mais l'inconvénient ou plutôt la contradiction de ce "bricolage" était la production d'une pénurie de biens de consommation. On peut le démontrer mathématiquement avec les schémas marxistes de reproduction élargie (Livre 2 de Marx).
Les dirigeants soviétiques ne pouvaient rien y faire, ils pouvaient l'atténuer mais sans jamais le supprimer (Staline Questions du léninisme tome II, p51). Soit dis en passant, Staline était rigoureux en sciences économiques qu'un Trotski bavard mais sans consistance théorique. La pénurie de biens de consommation était chez les soviétiques ce que le chômage est dans l'économie de marché. Les politiques peuvent promettre la baisse du taux de chômage mais aucun ne serait fou pour vouloir supprimer le chômage dans le cadre du capitalisme-salariat.
L'aggravation de la pénurie de biens de consommation en URSS dépendait du marché mondial de certains biens de production principalement exportés (acier, pétrole). Grâce au schéma de Marx, on peut voir que lorsque les prix des matières premières baissent, il faut exporter une plus grande quantité de biens de production, pour maintenir constante la quantité de devises qui rentrent. Ce mécanisme provoque automatiquement une aggravation de la pénurie de consommation. C'est pourquoi la crise du pétrole des années 1980 provoqua une crise de pénurie gravissime achevant l'économie soviétique puis l'effondrement de l'URSS.
La classe salariale soviétique loin de vouloir le communisme, enviait les classes salariales occidentales qui ne connaissaient pas de pénurie. D'où la victoire inévitable de l'économie de marché sur le "bricolage" des dirigeants soviétiques. L'Histoire a ainsi tranché le communisme est incompatible avec la classe salariale. Le prolétariat théorique que Marx et Engels avaient cru découvrir en la classe ouvrière se revèle être les chômeu.rs.ses. Les sans-emploi constituent une superclasse opposée à la superclasse capitaliste-salariale comme l'antagonisme entre le capitalisme-salariat et le communisme. Tant que le capitalisme-salariat est majoritaire, la révolution communiste est impossible. Mais au cours du XXIe siècle, les chômeu.rs.ses seront majoritaires dans la population active avec la révolution numérique, robotique et le rattrapage technologique des pays en développement. Les idées communistes montent ainsi parallèlement à la montée du chômage jusqu'à ce que la conscience communiste devienne majoritaire parmi les masses. A ce moment rien ne saurait empêcher la révolution communiste.
La stratégie du communisme est de tenir compte de cette lutte des superclasses pour ne pas rater les prochaines échéances électorales. Considérant le niveau historiquement élevé du chômage et de la précarité en France, le camp du communisme est très largement en dessous sa potentialité électorale !
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