Londres, la ville dont le maire est un psychiatre
Sadiq Khan, un psychiatre ? À première vue, non. Il justifie pourtant sa première décision par des raisons curieuses. Cette décision concerne des affiches apposées dans les transports londoniens.
Vous avez dit malsain ?
Précisément les affiches d’une campagne pour préparer l’été. La marque Protein World a fait afficher une image de femme en bikini, svelte, à la taille bien marquée (image 1). Photoshop ? Difficile à dire, dans la mesure où de telles silhouettes existent.
Le nouveau maire de Londres a donc décidé de renoncer à toutes les campagnes publicitaires de ce type. Les raisons :
« L’objectif de cette interdiction est de lutter contre les images déformées de la femme, présentant un "physique irréaliste ou malsain ou susceptible de créer des problèmes de confiance en soi liés au corps, notamment chez les plus jeunes", a déclaré le cabinet du maire. »
On remarque d’emblée qu’il s’agit de protéger les femmes. Rien concernant les hommes. Comme d’hab, mais ça on est tellement habitués que la plupart des hommes commencent à se moquer de la faiblesse supposée des femmes croulant sous tant de malheurs. La démagogie et la soumission face aux féministes sont des signes de la lâcheté et de la stupidité des dirigeants politiques actuels.
Les problèmes de confiance en soi n’ont pas à être invoquées ni traités par une mairie. Le maire fait de la psychiatrie à bon marché. Les problèmes de confiance en soi existent depuis la nuit des temps, pour les garçons comme pour les filles. Un interdit peut-il régler cette question ?
Si l’on va dans cette direction on devrait, par le même souci du confort des jeunes, interdire aux filles de se refuser aux garçons adolescents afin d’épargner à ceux-ci des problèmes de confiance en eux. Ces filles qui se refusent font beaucoup de mal aux garçons.
D’ailleurs, supprimer le symptôme ne saurait guérir le supposé mal. Car les images dites impies, mauvaises, malsaines, sont partout. Par exemple le magazine Jeune & Jolie : c’est l’antichambre du diable (image 2, cliquer pour agrandir). On y voit dans le titre l’injonction à la beauté. Dans les images on trouve surtout des filles minces et sexys. Pas de moche, pas de thon, pas de cageot, pas de boutonneuse clearasilées, pas de petite grosse aux fesses plus larges que deux sièges d’avion, pas de femme camion carrée plus large que haute. Bref, que du beau monde mince, propre, bien maquillé, mince.
Ces silhouettes correspondent à des morphologies. Toutes les femmes – et tous les hommes non plus – ne sont pas dotés d’une telle morphologie. Cependant la tendance naturelle des enfants est de rester svelte. Que l’adulte veuille faire de même, cela me paraît sain, au contraire du jugement moral du maire de Londres qui s’immisce dans la conscience des gens en décrétant ces images malsaines. Il ne s’agit plus de politique mais de morale du bien et du mal, évaluée selon le look d’une personne.
Le maire ajoute, toujours selon Marie-Claire :
« En tant que père de deux adolescentes, je suis extrêmement préoccupé par ce genre de publicités qui peuvent rabaisser les gens, en particulier les femmes, et leur faire avoir honte de leur corps. Il est grand temps d’y mettre fin. Pendant les déplacements en métro ou en bus, personne ne devrait se sentir oppressé par des attentes irréalistes liées à son corps. »
Quel faux-cul. Croit-il qu’elles ne regardent pas les clips à la télé ou sur des smartphones, avec des chanteuses et choristes hypersexys, dénudées et dont les silhouettes tiennent soit à leur jeunesse, soit aux moyens financiers énormes dont elles disposent. Chacun doit s’accepter tel qu’il est, y compris dans une comparaison qui n’est pas forcément à son avantage. D’autant que l’aspect physique n’est pas la seule qualité d’une personne, malgré ce que semble vouloir signifier le maire de Londres.
En quoi une pub en bikini rabaisse-t-elle les gens ? En rien. Sauf à considérer que le corps est mal vu dans l’espace public. Pourquoi faudrait-il ne pas avoir honte de son corps à l’adolescence ? C’est la période où toutes les incertitudes s’exacerbent. Ce passage est utile pour, peu à peu, forger sa propre confiance en soi.
À vouloir tout éviter, tout protéger, à vouloir éviter aux jeunes femmes et hommes tout désagrément, on en fait des inadaptés sociaux et psychologiques. L’infantilisation du monde occidental est en cours, au profit de dominants discrets aux méthodes totalitaires
soft. Ils s’immiscent dans la conscience et se posent en psy ou en éducateurs. Or l’État n’a pas à se soucier de la confiance en soi de ses administrés. Cela, c’est le rôle de l’éducation. En remplaçant la famille dans ce rôle l’État prend de plus en plus une place étouffante dans nos vies.
Autres interdits amusants
À Genève la ville vient d’interdire l’affiche du salon de massage Vénusia (image 3). Assisterait-on à une compétition moraliste entre Londres et Genève ? Sadik Khan est-il atteint du syndrome Sandrine Salerno, la cacheuse de seins ?
Cette petite phrase du maire de Londres est la cerise sur le gâteau : personne ne devrait se sentir oppressé. Se sentir deviendrait donc un fait qui aurait force de loi ? Le fait de se sentir oppressé serait réellement une oppression ? Non. C’est une dérive sémantique, conceptuelle, sociale, philosophique. Veut-on une société formée d’individus ne supportant plus leurs propre réalité comparée à d’autres ? De plus en plus fragilisés psychologiquement, enfermés dans l’évitement des problèmes ?
Si c’est le cas d’autres interdictions devraient alors être envisagées. Par exemple beaucoup de garçons se sentent oppressés par l’habillement de certaines filles très dénudées. Le port de la minijupe devrait être interdit pour ne pas choquer les garçons et leur éviter d’être sous pression. Du moins est-ce la logique tant du maire de Londres que de certaines féministes.
On pourrait aussi interdire aux footballeurs professionnels de haut niveau d’exhiber leurs superbes femmes (image 4, Irina Shayk, ex-copine de Cristiano Ronaldo, ou image 5, Najah Wakil, ex de Salomon Kalou). D’abord ces salauds piquent les plus jolies nanas, particulièrement les top modèles. Vu le compte en banque de ces rivaux, peu d’hommes peuvent régater avec eux. Bonjour la discrimination ! Et puis elles sont des modèles vraiment déprimants pour les jeunes filles pas parfaites.
Et puis il faudrait voiler toutes les statues de femmes nues dans les parcs et les musées, nom d’une pipe ! Exposées à la vue de toutes et de tous elles sont comme des appels au stupre et à la fornication. Interdire aussi les héroïnes de Disney, trop filiformes en général. Interdisons, cachons, évitons, bisounoursons !
On n’est pas sortis de l’auberge.
Après la femme à deux euros qui passe de mains en mains selon Hani Ramadan, parce que trop visible, la femme cachée serait-elle l'avenir de l'Homme ? En tous cas celles qui ont participé, à Mantes-la-Jolie, au cortège de soutien aux policiers tués, ne se cachent pas.
37 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON