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Louis-Ferdinand Céline ou la damnation de l’écriture

Voilà un homme luttant hier contre l’Allemagne, et aujourd’hui prenant ses aises avec elle. Il passe d’un pôle à l’autre, d’un extrême à l’autre. Vu sous cet angle, l’écart entre hier et aujourd’hui ne paraît pas des moindres. Écart pris vis-à-vis de lui-même. Rejet de ce qui ne vaut plus grand-chose à ses yeux. L’Allemagne qu’il a combattu avec bravoure et en patriote convaincu devient quelque vingt ans après fréquentable alors qu’elle perdait son âme et sombrait dans l’abject, l’horreur et l’ignoble.

 

Louis-Ferdinand Céline

ou

La damnation de l’écriture

(Extrait)

 Louis Ferdinand Auguste Destouches, Céline, vient au monde le 27 mai 1894 à Courbevoie. Médecin de son état, mais surtout réputé en tant qu’écrivain sulfureux, il meurt à 67 ans, le 1er juillet 1961. Il aura laissé à la postérité une œuvre appréciée par nombre de lecteurs et décriée par tant d’autres. Les premiers, gageant sur son style on ne peut plus original, n’en veulent pour argument que l’émotion vive qu’il recrée, inspire et fait revivre. Les seconds, le ton revêche et les griefs prêts à fuser, mènent la charge contre ses fameux déchaînements antisémites.

 Céline est selon Wikipédia « l’un des écrivains français les plus traduits dans le monde, après Marcel Proust ». En fait, sa vie n’aura pas été sans embûches ni sans de blâmables turpitudes. Que de défis en tout cas relevés. Que de revers essuyés marquent son parcours émaillé par deux atroces guerres mondiales. À la première, il prit part en soldat contre les Allemands. La seconde le rangea plutôt avec les pétainistes mais ni Pétain ni Hitler ne furent vraiment dans ses bonnes grâces.

 L’arrivée d’un ovni foudroyant

  L’homme Céline tel qu’il apparaissait déjà à travers son premier roman, Voyage au bout de la nuit, paru le 7 octobre 1932, était un irréductible, un homme d’un caractère bien trempé. Et, quoiqu’il ne se laisse pas marcher sur les pieds, pouvait pousser la sévérité jusqu’à se figurer lui-même en déclassé. On le voit grimacer sur son sort, se moquer de sa nullité, se prêter de petites lâchetés de miséreux, s’en vouloir presque d’être un médecin malchanceux. Il va souvent se figurer en dindon de la farce d’une clientèle désargentée. Celle-là même qu’il soignait tantôt gracieusement mais le méprisait tout de même. Dans Mort à crédit, 1936, son second roman, sa mère ni d’ailleurs son père n’endossent les rôles de parents idéalisés. Il y avait comme une exigence à noircir tout ce qu’il voit, à exagérer le trait et prendre un malin plaisir à révéler les vices insatiables notamment de ceux qui s’en cachent – parents ou autres. L’arène le connaît où souvent il descend. Le verbe cinglant de sévérité, de franchise, de dérision le fait gladiateur – pur patriote en fait.

 Voilà un homme luttant hier contre l’Allemagne, et aujourd’hui prenant ses aises avec elle. Il passe d’un pôle à l’autre, d’un extrême à l’autre. Vu sous cet angle, l’écart entre hier et aujourd’hui ne paraît pas des moindres. Écart pris vis-à-vis de lui-même. Rejet de ce qui ne vaut plus grand-chose à ses yeux. L’Allemagne qu’il a combattu avec bravoure et en patriote convaincu devient quelque vingt ans après fréquentable alors qu’elle perdait son âme et sombrait dans l’abject, l’horreur et l’ignoble. Que cet écart soit idéologique, psychologique, identitaire ou autres, il y a là qui renvoie à un être en migration.

 Il est instable, perturbé, indépendant, atypique, c’est-à-dire inclassable. Il est cet anarchiste qui ne croit qu’en ce qu’il voit et comprend. Un être prenant ses distances avec tout, c’est-à-dire avec lui-même et ceux que l’existence lui fait rencontrer. Errant et délirant. Allant d’une identité à une autre. Abdiquant certes à quelques idéaux mais tenant tête contre les pressions, les agressions et les emprises de la pensée dominante dont il exècre les vérités pseudos absolues, les principes et les valeurs.

 En fait, si tout le monde savait ce qui lui occasionnait autant de répulsion, personne ne saurait saisir pourquoi ses algarades ponctuaient le temps comme des coups de tonnerre dans un ciel toujours désinvolte. Et lui-même ne saurait peut-être jamais dire comment sa vie avait pu être tout entière une série de romans assez exaspérés pour représenter eux-mêmes son fumant cheval de bataille. Il ressemble à un schizophrène qui se détache du monde et laisse tout le champ à l’empire de ses logorrhées. Serait-il seul face aux habitants de la Terre entière soutenant la même opinion, la sienne d’opinion n’en prévaudrait pas moins d’office sur la leur.

 Ainsi doit-il reconnaître que si son métier de médecin ne lui a pas assuré le confort qu’il assurait à d’autres c’est du fait qu’il ne sut pas le préférer à celui d’écrivain. Voilà qui est révélateur d’écartèlement et de disproportion. Quand il se concentre à l’écriture au détriment de la médecine, il investit dans un domaine des émois pour le moins générateur de conflits et fort préjudiciable à sa réputation. Mais gageons que c’est là un trait ou un problème structurel de son instabilité.

 Écart, instabilité, décalage : voilà qui présume d’une confrontation à une situation particulière. D’être dans le refus d’une pensée, dominante ou non, qui induit la recherche urgente d'un substitut. D’être dans la poursuite de la quête éperdue d’un refuge. Il fallait coûte que coûte avoir raison contre les démons tentateurs, squatteurs par effraction de son en-soi. Être à l’affût pour parer aux attaques des brigands écumant son territoire, ses terres, ses mers, ses airs, son atmosphère, ses pensées. Et de tout ce dont il veille à l’intégrité.

  Voyage au bout de la nuit vient à l’existence comme par effraction. Il ne passe pas inaperçu, ne tarde guère à faire parler de lui. Céline connaît un franc succès. Voilà en fait l’ovni avec lequel on doit désormais composer. Ce livre va être l’occasion pour l’auteur de remettre les pendules à l’heure. À partir de là il ne verra plus le monde comme avant, comme les autres. Les valeurs hypocritement brandies qui n’engagent que les sans-grade vont devoir avouer leur vanité en réalité dérisoire. L’homme Céline traverse dans Voyage un monde à contre-courant. Et sans tenir compte d’aucun critère d’aucune instance envoie à la face du monde ce dont on se gargarise à longueur de temps et que ne justifie ni bon sens ni morale véritable.

 Un ratage sur fond de déliquescence morale

 Il est aussitôt dans la course pour le Goncourt. Et beaucoup pensent celui-ci lui revenir de droit. Or tout ne se passe pas comme prévu. Le vote ne lui profite pas. Ce sont Les Loups de Guy Mazeline qui remportent la palme avec six voix contre trois. Céline n’aura que le Renaudot. Un grand ratage pour une œuvre d’un aussi grand talent. Ratage et douloureuse désillusion. Céline recalé, voilà déjà son dégoût prêt à monter au créneau. Ceux de ses lecteurs, qui, par la suite, à travers ses écrits, auront cerné son maintien permanent de probité inflexible, le verraient sûrement imputer ce revers à une énième déloyauté des hommes. De fait, d’aucuns prêtaient aux membres du prestigieux grand Prix une fâcheuse tendance à resquiller. C’est pour cet homme suspicieux apporter de l’eau à son moulin et se donner raison.

 Or force est de constater que la lâcheté compte parmi les thèmes puissants de Voyage au bout de la nuit. N’oublions pas à quel point la part autobiographique prend de place dans l’histoire. Chacune des situations passe au crible de son regard. Il est au cœur d’un récit qui en racontant le monde, le met lui-même en scène, le raconte, le décrit, le révèle. Il est son personnage observant, agissant, subissant et dressant d’impitoyables réquisitoires.

 Céline est celui des écrivains dont je relis les livres avec toujours le même grand intérêt. Y compris ses pamphlets antisémites dont l’écriture ne laisse jamais de me fasciner sur un plan ou sur un autre. J’entends par là Mea culpa (1936) Bagatelle pour un massacre (1937), L'École des cadavres (1938), Les Beaux draps (1941) ; et plus tard l’édition qui intégrera avec Mea culpa les trois textes brefs que sont Hommage à Zola (1933), À l’agité du bocal (1948) et Vive l’amnistie, Monsieur ! (1957). Superbes écrits qui, à chaque fois que je les aborde, me mettent dans une ambiance électrifiée à l’extrême, dense de littérarité et d’expressivité.

 On entre de plain-pied dans les entrailles de la bête qui sommeille en chacun des hommes et des femmes. Bête dont on a peine à calmer les convulsions, étouffer les refoulements, ravaler l’exaspération et les imprécations. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, on trouve dans l’effervescence verbale qui en résulte assez, sinon plus, pour rivaliser d’inventivité avec les classiques du genre les mieux démonstratifs qui eussent été élaborés jusqu’à aujourd’hui.

 Une rhétorique parée pour convaincre

 Quiconque aborde cette écriture serrée qui retentit d’une fureur quasi meurtrière ne peut échapper à l’envie d’en pénétrer le phénomène. À porter ses idées à leur plus féroce rhétorique, à tant déchaîner de colères, sortir l’artillerie lourde, et user de techniques raffinées, on les dirait écrits avec les tripes nouées. Autant voir dans la ténacité à toute épreuve et la violence langagière une volonté de porter la conviction au sommet de sa puissance. L’art d’écrire et de convaincre par tant de forces et de prouesses déployées atteint de telles performances que le fond cède toujours à la forme et la fait tutrice attitrée.

 J’ai lu plusieurs fois Voyage au bout de la nuit non parce que l’histoire était de celles qu’on ne saisissait pas entièrement ou comportait des énigmes mais parce qu’on y est d’emblée embarqué pour un long voyage à travers des existences particulières où la trahison côtoie la lâcheté qui côtoie le sordide et la cruauté. Monde où suintant la haine, le mépris, le rejet de l’autre, l’hypocrisie, les valeurs prônées mais vidées de leur contenu et inversées. À suivre les péripéties du personnage central, on a l’impression de découvrir pour la première fois la vraie réalité des hommes.

 Bien plus que toutes ces considérations, j’ai dû être interpellé, dès les premières pages, par un aspect de l’écriture qui est de l’ordre de l’observation et de l’analyse rigoureuse. Cette écriture démonstrative par nature aboutit presque automatiquement à des conclusions. Les paragraphes se terminent par des chutes – formules brèves et percutantes, voire sentencieuses. Il y avait donc chez l’auteur une prégnante intention d’agir sur les croyances de l’Autre. Je trouvai dès lors intéressant d’élargir ma recherche à ce qui dans ce récit donne toute sa mesure à lier indéfectiblement l’esthétique et l’idéologique.

 J’ai dû en venir à l’idée d’un lien systémique, en fonctionnement permanent, voire essentiel et présent dans toutes les œuvres de l’auteur. Le fond et la forme travaillent de concert pour donner consistance à l’argument, renforcer la parole du narrateur ; et, tout en portant à bon port la bonne parole, asséner ses vérités. À ceci près que, dans cette affaire d’influence, d’offensive et de guerre des mots, le fond reste de loin plus redevable à la logistique de la forme que celle-ci ne saurait l’être à son égard. Si cela est significatif de quelque chose : ce serait de se donner raison contre les certitudes de ses ennemis jurés.

 J’ai pu comprendre ce qui déjà dans le premier roman de cet homme atypique fascine tant ses lecteurs. Une nouvelle étoile se mit soudain à resplendir dans le ciel de la littérature de l’époque. Quelque chose d’original et qui tranchait nettement dans l’ensemble. Céline, publia Voyage au bout de la nuit et celui-ci le porta vite aux nues. Mais l’auteur par la suite ne le rendit pas moins responsable des énormes jalousies dont il dit être victime, des revers essuyés parfois dans le domaine de l’édition. Voire des petits meurtres qu’on eût fomentés pour lui faire payer son cinglant succès.

 Les racines de la colère

 Voilà peut-être ce qui lui valut de couver une espèce de paranoïa, d’enfourcher ses grands chevaux et de ruer sur ceux qui, dans l’ombre, tireraient perfidement les ficelles, ravageraient le monde de leurs rapines. Voilà qui lui aurait donné de bonnes raisons de descendre dans l’arène sanglante des vieilles querelles. L’époque, où Céline se frayait témérairement une voie dans la mêlée déchaînée des idées arrêtées, n’est guère celle des idées nobles, ni de la recherche de cohésion et de paix, mais celle du repli sur soi et des reproches indignes. À prendre cette posture de riposte martiale, on le dirait écorché vif d’avoir à subir en permanence de sournoises attaques.

 Il suspecte son époque d’être toute désignée pour permettre les pires trahisons, des guerres atroces et toutes sortes de dégénérescences : ne trouvant pas à la France assez de vigilance pour tenir tête à d’éventuels « envahisseurs ». La « Peste jaune », les Arabes, les Noirs (eh oui déjà), les Américains malgré l’espèce de force qui est la leur et le fascine, les Communistes, les Capitalistes, les Juifs, tous, sans exception, menaceraient l’équilibre du monde, incarneraient le péril à venir.

 Tous passent à la moulinette de son esprit préoccupé pour les renvoyer dos à dos avec leurs différences selon lui outrageantes. Il pouvait en vouloir au monde entier, y compris à ses concitoyens de souches qu’il malmène de ses dérisions amères. Il n’y a personne que son verbe acerbe et fielleux accepte d’épargner, ne maudisse ou ne mette sur le compte d’un monde en perpétuelle déliquescence physique, morale et mentale. Déjà dès les premières pages de Voyage au bout de la nuit il annonce la couleur. Nulle fierté dont pourraient se gonfler les siens à les montrer sous un jour aussi sombre et sévère : 

– T'as raison, Arthur [dit Bardamu ], pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère.

 On parlera ici d’une pulsion toujours à l’œuvre. D’une charge émotionnelle torrentielle. De force d’un dire résolument maintenu. Du début à la fin, grâce à un « je » qui s’implique, la narration prend le lecteur dans un déferlement de mots percutants sciemment. Chose qui incite ledit lecteur à prendre au sérieux les motifs de l’auteur. Car, quoique furieux, celui-ci ne s’acharnerait que contre un monde affreusement en déliquescence. Cela est de bonne guerre. Quoi de plus logique qu’un « je », pestant contre tous et contre tout, puisse traquer le ridicule, la faute, l’erreur et le dommage des humains. Quoi de plus normal que de fustiger des humains abusés et désabusés les uns par les autres.

 Tout lui donne raison d’avoir à pourchasser la lâcheté, la perfidie, la cupidité, les faux culs, les faux dévots, les vampires des fins de temps, préoccupés de leurs apparences, suçant à la va-vite le sang des gens dans leur sommeil avant que l’aube ne les surprenne.

 L’exil sous les bombes

 Maudissant toujours ceux qu’il pensait être à l’origine de ses malheurs, de sa misère et de sa réputation gravement entachée depuis surtout son odyssée allemande lorsqu’il dut fuir la France. En effet craignant pour sa vie il trouve refuge dans l’Allemagne hitlérienne qui vit ses dernières heures sous les bombes des alliés. Lorsque par la suite, toujours à la recherche d’un asile, il se retrouve dans les froids pays du nord. Au Danemark (1948-1951) où, rattrapé par des ennuis judiciaires, il dut endurer une véritable descente en Enfer. Fait prisonnier, juges et autres procureurs le soumirent à d’incessants et longs interrogatoires afin de déterminer sa culpabilité, préciser à quel point il s’était impliqué avec l’Allemagne nazie.

 Plus tard, rentré en France, il dut répondre encore devant les juges. Ses positions politiques du temps de l’occupation allemande risquent de lui coûter cher. C’était l’époque où la France trahie réglait ses comptes. Les tribunaux étaient saisis où comparaissaient tous ceux des accusés qui avaient soutenu activement les thèses nazies. Mais la justice n’a pas toujours été là pour condamner les collaborationnistes aux peines expiatoires légales : poteau d’exécution, prison, déchéance... La vindicte populaire était de la partie dans les purges sanglantes, les lynchages, les brimades et dans bien des pratiques arbitraires.

 Louis Ferdinand Céline fut amnistié. En effet les charges retenues contre lui déméritèrent. Il n’était pas de ceux qui s’adonnaient aux exactions contre les patriotes de la France libre. Son implication fut d’une tout autre nature. Pour son bonheur et pour sa bonne étoile, on lui reconnut d’avoir été aux premières lignes en 14-18. Et son statut de blessé de guerre grave ne passa pas inaperçu. Ainsi le cauchemar de Céline aurait pu normalement prendre fin. Eh non, pas vraiment. Pas si vite que cela devrait être. Après la traversée de l’Enfer, l’homme meurtri va devoir panser ses plaies, gérer son passé et ses souvenirs, reprendre du poil de la bête, innocenter sa réputation sinistrée, cela nécessite d’être bien géré. Son amer passé afflue si fortement qu’il s’avère indépassable. Les livres à venir retentissent des voix qu’il ressuscite dans des soupirs de dérision.

 C’en était certes fait de sa réputation qu’il ne pourrait plus jamais redorer. Mais pour lui tout ne fait que commencer. Il ne mourra pas avant d’avoir réglé ses comptes, montré l’ignominie de son époque et de ceux qui l’ont approché (lui) de près ou de loin. On comprendrait bien qu’il puisse à la suite de ses éprouvantes péripéties sombrer dans l’amertume. Les raisons ne manquent pas qui, en densifiant son aigreur, légitiment ses fureurs. Son statut de médecin boudé revient fréquemment dans ses récits. Ainsi d’ailleurs du cambriolage de son appartement à Montmartre. De ses manuscrits et d’autres objets de valeur (symbolique, affective ou autres) écoulés au marché aux puces de Saint-Ouen… Tout cela pendant ses années de cavale puis celles où il était aux prises avec la justice implacable alertée par ceux qui lui en voulurent toute sa vie. En effet, alors que ses ressentiments l’emportaient sur la raison et l’estime de l’autre, et qu’il était presque banni de la communauté des humains, ses attaques surviennent comme impulsées par un besoin des idées de laver l’affront rencontré et réparer l’honneur de son nom entaché. Rien dans ce qu’il a vécu n’empêcherait sa verve mordante de redoubler d’ardeur.

 Trilogie allemande et ressassement des rancœurs

 Ainsi la fin de la Seconde Guerre mondiale lui fit-elle vivre une étrange et longue odyssée qu’il relatera plus tard, quand auront cessé définitivement ses démêlés avec la justice. Le récit prend tantôt l’allure d’une chronique d’un temps mourant dans un râle désespéré tantôt le maintien d’une histoire ubuesque montrant les vichystes dans leurs derniers retranchements : le château de sigmaringen. Des individus hier puissants, aujourd’hui en confinement, faisant profil bas et vivant les longues minutes d’un destin contrarié par les circonstances avant l’heure fatale des comptes à rendre. Histoire de la disgrâce des tenants de la collaboration, de ceux qui ont mangé dans la main d’Hitler, se sont assis à la table de ses commandants, partagé leurs mets et leurs opinions, béni les idées qui ont mis le monde à feu et à sang.

 Cela, l’auteur le fera revivre au lecteur sans trop insister sur la nature de leur foi outrageante. Le triptyque que forment D’un château l’autre (1957), Nord (1960) et Rigodon2 (1969) en repassera le long film et les détails révélateurs d’une attente anxieuse alors que les bombardiers vrombissants des alliés passent et repassent au-dessus de leur refuge. Au travers du regard toujours pénétrant d’un Louis-Ferdinand Céline, aigri et certainement revanchard défilent les personnages, toujours flanqués de leurs ombres compromises.

 Il appelle à la barre tous ceux qui ont eu maille à faire avec lui, croisé son chemin pendant sa traversée du désert, comme les pontes du gouvernement de Vichy. Pétain dont il partagea l’asile au château de Siegmaringen. Ses éditeurs qu’il tenait pour des traîtres tant pervers que cupides. L'intelligentsia de l'époque qui en prenait pour son grade et son prestige résolument établi. Jean-Paul Sartre, à qui il attribua le sobriquet de « Tartre ». « Larengon » pour Louis Aragon. André Malraux, André Maurois et Paul Morand. Sa résolution est donc prise de mépriser publiquement ces gens qui se prenaient pour la vertu elle-même. Ceux donc que cette époque combla de charisme, qui en jouissent comme des pachas.

 Rythme en dents de scie d’une écriture cynique 

 Cette rage menaçante et permanente apparaît à l’œuvre en dents de scie d’une écriture hachurée, grinçante et grincheuse, rythmée d’un va-et-vient métronomique et d’une ponctuation nettement prononcée. Chose qui permet de parler d’un style conçu spécialement ou né spontanément pour donner sa vibration à l’émotion forte qui traverse le texte, rendre poignante la parole du narrateur. Non sans évidemment s’ériger en redresseur de torts autorisé, poser sa parole et ses vérités comme incontournables.

 Aujourd’hui, comme d’ailleurs toujours par le passé, on n’étudie guère l’œuvre de Céline sans provoquer ni remous ni vives réactions. Et ce même quand on prend la précaution de ne traiter que de la dimension littéraire : le littéraire et l’idéologique ont en effet fusionné à force d’interdépendance et prêté à l’œuvre son homogénéité. C’est cela même qui, aux uns, rend fameuse la création. Et aux autres fumeuse et infamante. Divergence de vues certes de taille mais légitimées. Les imaginaires enferment individus et groupes d’individus dans les enclaves de leurs préconçus, leur refusant d’emblée tout consensus. Le parti pris littéraire trouve toutes les peines du monde à fendre la cohue hurlante des gardiens de la mémoire et du « tout ou rien ».

 Devant cet obstacle à l’allure d’un piège il ne reste plus qu’à tenir le milieu et faire prévaloir des soucis d’objectivité, trouver dommage qu’on ne puisse en parler sereinement, se désoler qu’en un même homme cohabite autant de génie que d’ignominies. Encore que cela fasse office d’échappatoire et n’empêche guère de passer de la posture de la condamnation à celle de la réhabilitation – et vice versa. Pour dire court, ce désaccord relève d’un domaine des plus glissants. Il rappelle celui des guerres larvées que l’humanité traîne comme un boulet à travers les siècles sans trouver la force ni l’intelligence de s’en séparer jamais.

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114 réactions à cet article    


  • Sirius Grincheux 14 août 2023 10:34

    Tous les collabos n’ont pas connu un tel acharnement :

    La non-épuration en France - De 1943 aux années 1950


    • JPCiron JPCiron 14 août 2023 11:04

      @Grincheux

      Merci pour ce lien.
      L’auteure explore cette question tout au long de son ouvrage dans lequel elle démontre que l’épuration criminalisée ayant suivi la Libération (femmes tondues, cours martiales, exécutions) a cherché à camoufler la non-épuration, aussi bien de la part des ministères de l’Intérieur et de la Justice que de celle des milieux financiers, de la magistrature, des journalistes, des hommes politiques, voire de l’Eglise. >

      C’est tout simplement stupéfiant !
      Nous sommes bien dans une démocratie transparente ?
      Pincez-moi SVP...


    • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 14 août 2023 13:59

      @Grincheux
      L-F. Céline n’est pas un collabo. Ses tracas judiciaires lui viennent de ces textes on ne peut plus pamphlétaires. Il ne serait pas descendu aussi bas qu’on a voulu l’y voir. Ce que je retiens de mes lectures est une fierté et une élégance qui ne consentent à aucune bassesse. 


    • mmbbb 14 août 2023 14:48

      @Grincheux un monsieur, qui a échappé à la non épuration est René Bousquet , il travaillait directement avec les services allemands . Service de police allemand sous la direction de Carl Oberg 

      Il participa à l organisation de la rafle du Vel d HIV .

      IL fut acquitte et il eut apres la guerre un poste important dans la banque indochinoise .

      Le rendu partiel du jugement 

      «  « […] Considérant que pour si regrettable que soit le comportement de Bousquet en divers moments de son activité comme secrétaire général à la Police et notamment lorsqu’il a accepté d’aider à l’action de la mission Desloges, il n’apparaît qu’il ait sciemment accompli des actes de nature à nuire à la défense nationale dans le sens de l’article 83 du Code pénal et qu’il échet en conséquence de prononcer son acquittement, » 

      In fine le sort des juifs déportés n a pas été retenu par les juges dont ce jugement dénote la mentalité de l epoque .


      Il est est ainsi des cadres et et hauts fonctionnaires . 

      Il est reconnu qu il faisait parti du cercle de relation de Mitterrand , Ce dernier lui envoya des dédicaces .

      Cela n a pas empéché Badinder de faire parti de son gouvernement en 1981.

      Badinter juif n est pas rancunier et les journalistes de cette époque des années 1981 , partial dans leur analyse historique et surtout  se sont exemptés de faire un travail scientifique de recherche sur cette période .

      Il etait plus simple de resumer cette epoque à Petain dont Mittérrand reçut la Francisque . La gauche n a pas été très honnête et la droite veule .

      Si « Radio Paris est allemand , radio PARIS ment ». Mitterand à menti éhontément , sa défense parait ténue devant Pean . Eu regard à son poste , il ne pouvait ne pas savoir . Il prétend qu il ne savait, pas et cet homme etait retord , comment accepter son argumentation .

      Il en est de même de tous hauts fonctionnaires rattrapés par la justice comme Papon .

      En revanche , le devoir de memoire est quelque peu orienté et il est vrai que ce rappel à l histoire notamment de la SHOAH incessamment mis en avant a tendance a disculper un peu hativement ces personnages . 

      En cela les écrits de Céline s appliquent après la guerre . La lâcheté , la veulerie , une volonté de ne pas s attacher aux faits , dont cette justice a montré son orientation et sa clémence envers ces personnages ayant eu des fonctions et des actions avec l occupant .

      En cela , Philippe Sollers ( je ne l apprécie pas ) , a raison sur ce point il ne faut pas rejeter Céline, Ces livres sont le témoin de cette ambiance de ce passé .

      Un autre écrivain tres impliqué Lucien Rebattet qui exile aussi à Sigmarengen s en tira . Il rencontra Céline 

      Il apporta son soutien à la candidature de Mitterrand contre de GAULLE .

      Et l égérie de toute une génération de la gauche , Simone de Beauvoir dont le moins sectaire J PAUL SARTRE, elle fut chroniqueuse a Radio Vichy .

      Ce couple ne se priva pas tel Saint Paul de Tarse d etre des precheurs de la bonne parole de gauche .


    • Claude Courty Claude Courty 15 août 2023 12:14

      @JPCiron

      Toute honte ne réclame-t-elle pas ses coupables, comme autant de boucs émissaires ?


    • Decouz 14 août 2023 11:15

      "Parmi les manuscrits de Louis-Ferdinand Céline récemment retrouvés figurait une liasse de deux cent cinquante feuillets révélant un roman dont l’action se situe dans les Flandres durant la Grande Guerre. Avec la transcription de ce manuscrit de premier jet, écrit quelque deux ans après la parution de Voyage au bout de la nuit (1932), une pièce capitale de l’œuvre de l’écrivain est mise au jour.« 

      https://www.babelio.com/livres/Celine-Guerre/1400401

       »Londres« fait suite, se passe dans le milieu de la prostitution et de la pègre, où Céline avait des contacts, il a un orchestre dans la tête, des acouphènes permanentes, sourd d’une oreille suite à un traumatisme de guerre.

       »À la dernière phrase, laconique, du récit de Ferdinand, le déluge de folie, de violence, de cynisme sous lequel vous avez été enseveli pendant votre lecture s’arrête pour céder à la stupeur. Comment sortir indemne de ce roman ?

      Il y a tout d’abord la langue, un argot qui sonne à chaque phrase, rebondit en une mélopée lancinante, une gouaille qui s’enfonce toujours plus brutalement dans le sordide. le style chez Céline infuse dans cette langue crue qui lacère à chaque mot, crache ses insultes, se débite à la mitraillette et plonge soudain dans la poésie la plus pure. On sort la tête, suffoqué par un trait de beauté servi en quelques lignes, après les braises de la folie humaine tisonnées sans fin par l’écrivain."
      Colchik, Babelio

      • Decouz 14 août 2023 11:16

        acouphène : pardon, genre masculin.


        • sophie 14 août 2023 11:44

          Pourquoi ne pas de spécialiser sur les écrivains vivants ?


          • Clocel Clocel 14 août 2023 11:54

            @sophie

            Houellebecq !?

            Il n’est pas tout à fait mort, mais il sent plus fort que Céline selon moi.


          • JPCiron JPCiron 14 août 2023 11:59

            @Clocel

            Bonjour,

            Voilà une opinion bien sentie !


          • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 14 août 2023 12:27

            @sophie
             Bonne idée Sophie. Je proposerai un article sur Houellebecq séance tenante. Et compterai sur vous pour le lire et lui faire passer plus vite la modération. Sinon pour votre information, j’ai commis une thèse sur un auteur vivant. Bien à vous.


          • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 août 2023 14:12

            @sophie
            Parce qu’ils sont chiants en France a force de petites compromissions.


          • charlyposte charlyposte 14 août 2023 14:17

            @Mohammed-Salah ZELICHE
            QUESTION : c’est quoi un sémite ???


          • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 14 août 2023 14:26

            @charlyposte
            Un sémite désigne en principe les Juifs et les Arabes. Bien sûr le terme d’antisémite évolua avec le temps et à mon sens du fait que Les Juifs ont eu plus tout le monde à redouter l’Allemagne nazie. Simple point de vue. 


          • charlyposte charlyposte 14 août 2023 14:40

            @Mohammed-Salah ZELICHE
            Je n’arrive pas à comprendre pourquoi l’anti-sémitisme prend autant de place alors que le vrai sujet est celui de l’anti-chamitisme depuis plus de 500 ans !!!


          • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 14 août 2023 15:03

            @charlyposte
            Je ne vois pas très clair là-dedans. Une chose est sure : Les peuples se sont de tout temps fait la guerre et ils en Ont conçu de telles rancunes les uns pour les autres que tout annonce à l’humanité d’incessantes guerres aux résonnances et aux racines d’antiques et répétitifs conflits. Dans les imaginaires collectifs le sordide règne en maître absolu.  


          • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 14 août 2023 15:09

            @Clocel

            « Houellebecq !?

            Il n’est pas tout à fait mort, mais il sent plus fort que Céline selon moi. »


            Vous l’avez dit. Et on est beaucoup à le penser. Pas à tort, j’en suis convaincu. Lisez l’article quand il aurai passé la modération.


          • Lynwec 14 août 2023 21:30

            @charlyposte

            C’est pourtant limpide...

            Ceux qui ont le pognon décident de ce qui est autorisé ou interdit, comme ceux qui ont les flingues décident de qui creuse...
            Un monde de rêve...


          • Clocel Clocel 14 août 2023 11:56

            Le style de Céline a engendré nombre d’écrivains, américains notamment, qui n’auraient simplement pas existé sans lui.

            Je le place très loin devant Proust.


            • Joséphine Joséphine 14 août 2023 12:18

              @Clocel

              Les français peuvent se targuer d’avoir eu Céline...Il est le plus grand écrivain du monde mais est malheureusement censuré dans son propre pays. Il ya plusieurs façons de censurer un écrivain, et le fait que Céline ne soit pas au programme scolaire est une forme de censure. 


            • Fergus Fergus 14 août 2023 13:19

              Bonjour, Clocel

              « Je le place très loin devant Proust »
              Surtout en termes d’immondes écrits antisémites !


            • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 août 2023 14:01

              @Fergus
              Proust même au 20e siècle n’est qu’un écrivain du 19e siècle. Lourd.


            • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 14 août 2023 14:06

              @Fergus
              La question qui se poserait et à quoi on doit répondre avec sincérité est « pourquoi » Céline a-t-il choisi d’être le polémiste immonde qu’il fut.


            • charlyposte charlyposte 14 août 2023 14:06

              @Fergus
              Bravo via la censure des commentaires.... vive la RANCE smiley


            • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 août 2023 14:21

              @Mohammed-Salah ZELICHE
              Peut être qu’il était issu de son temps , de son milieu sociologique ( petits boutiquiers) ,de la connerie ambiante...etc


            • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 14 août 2023 14:34

              @Clocel
              Le style de Céline est empreint de violence. C’est une parole qui ose dire. On peut dire aussi qu’elle est à l’extrême de tout entendement  de par sa vocation à être libre. La parole de Céline ne ne cède à aucune logique la sienne. 


            • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 14 août 2023 14:44

              @Aita Pea Pea
              Y a ça aussi. Ses racines. Son imaginaire familial. Qui sont de vrais boulets. Il y a l’histoire personnelle de l’homme Céline. On trouverait tant et tant de raisons si on poussait l’investigation plus loin et plus subtilement. 


            • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 14 août 2023 14:50

              @charlyposte
              Dommage. On n’a pas été loin. Le débat était responsable. Réflexes. Garde-fou. Prévenir le débordement. Sans doute... Dommage en tout cas. 


            • Clocel Clocel 14 août 2023 14:53

              @Mohammed-Salah ZELICHE

              Aussi, mais pas que, il était médecin* et il voyait bien qui était les mandarins et dans quelle condition était exercée la médecine au profit de qui, accessoirement, il était aussi sorti des tranchées de la « grande guerre » et là encore, il suffisait de suivre le pognon pour trouver les responsables.

              La censure qui s’exerce encore ici indique que nous n’en sommes pas encore sortis, mais patience, on ne va pas tardé à entendre la cloche sonnant la fin de la récré, les Calimero de service n’ont pas fini de couiner que c’est vraiment trop injuste.

              * Sa thèse de médecine portait sur Semmelweis.


            • charlyposte charlyposte 14 août 2023 15:05

              @Joséphine
              Au fait, t’a des photos de Robert Ménard tombant la chemise via la féria de Béziers ! smiley


            • Bendidon ... bienvenue au big CIRCUS Bendidon ... Wind Pilgrimer 14 août 2023 15:15

              @Fergus
              ah vla la police de la pensée agoravoxienne qui se pointe pinponpinpon
              Attention avec les lois répressives que nous prépare thierry breton conseil imitez fergus le citoyen modèle
               smiley


            • Clocel Clocel 14 août 2023 15:20

              @Bendidon ... Wind Pilgrimer

              Hé là ! Hé là ! On n’entre pas comme ça dans l’Ordre de la Francisque ! smiley


            • charlyposte charlyposte 14 août 2023 15:22

              @Bendidon ... Wind Pilgrimer
              Il veut éviter un bombardement démocratique sur DINAN ET DINARD ?


            • leypanou 14 août 2023 15:25

              @Bendidon ... Wind Pilgrimer 15:15
              T Breton m’a montré la liste des premiers à coffrer quand le DSA sera mis en place et pour agvx, il y avait un avatar qui commençait par ben quelque chose smiley


            • charlyposte charlyposte 14 août 2023 15:31

              @Joséphine
              Ton commentaire vient d’être censuré et jeté aux oubliettes !!! hum smiley


            • Fergus Fergus 14 août 2023 15:50

              Bonjour, charlyposte

              Quelle « censure » ???


            • charlyposte charlyposte 14 août 2023 15:53

              @Joséphine
              Y sont capables de nous dire que c’est POUTINE qui censure la vérité qui fait mal !!! hum smiley


            • Fergus Fergus 14 août 2023 15:55

              Bonjour, Bendidon ... Wind Pilgrimer

              Aucune « police de la pensée » !!!
              J’exprime une opinion. Libre à chacun d’exprimer la sienne !

              Et vous savez quoi ? Je suis partisan de la publication de tous les écrits de Céline. Pour une évidente raison : ce n’est pas en censurant des idées  fussent-elles nauséabondes et commises par un délateur antisémite  que l’on peut les combattre.


            • charlyposte charlyposte 14 août 2023 15:56

              @Fergus
              LOL smiley au moins 15 commentaires à la trappe ! CQFD ?


            • Fergus Fergus 14 août 2023 16:20

              @ charlyposte

              Pas lus. Sans doute violaient-ils la charte du site, voire la loi...


            • Legestr glaz Legestr glaz 14 août 2023 16:24

              @Fergus

              Seriez vous aveugle Fergus ? 

              Des articles refusés sur Agoravox pour quelles raisons et par qui ? J’en suis le témoin. 

              Agoravox meure, et c’est sans doute voulu, de la censure omniprésente sur les articles portant une vision « non conformiste », celle qui faisait l’intérêt de ce site. 

              L’origine des épidémies respiratoires hivernales. Une hypothèse « complotiste » soutenue par les faits.

              L’histoire de l’humanité est riche de ces hommes qui ont eu conscience de certaines choses qui allaient à l’encontre de ce que la « communauté scientifique  » affirmait. Ce fut le cas, par exemple, de Clair Patterson, un géochimiste américain (1922-1995), qui tenta d’attirer l’attention des gouvernants sur la dangerosité du plomb dans la chaîne alimentaire et sa concentration toxique dans l’environnement humain. Il ne recueillit que mépris et insultes et fut même exclu, en 1971, du groupe de recherches sur la pollution atmosphérique au plomb, alors qu’il était l’un des meilleurs spécialistes de la question. De très puissants lobbies étaient à la manœuvre pour empêcher cette vérité d’éclater. La suite des évènements lui donnera totalement raison, l’essence sans plomb deviendra un standard comme les pots d’échappement catalytiques. Ces décisions feront que le taux de plomb dans le sang des Américains baissera d’année en année, épargnant de très nombreuses vies. Malgré tout, l’intoxication au plomb produit, chaque année dans le monde, près d’un million de morts, selon l’OMS (1).
              ... Les épidémies de maladies respiratoires, en hiver, sont le fait de la propagation d’agents pathogènes et de la contamination des êtres humains par ceux-ci. Il s’agit,soit des virus grippaux, soit des coronavirus, soit des rhinovirus. Mais cette propagation et cette contamination virale ont-elles fait l’objet de mises en perspective ? La théorie virale a t-elle été interrogée selon les standards scientifiques, à la lueur des faits ? Karl Popper, enseignant et philosophe autrichien (1902-1994) a introduit le concept de « réfutabilité » dans le domaine de la science qui peut se résumer, très schématiquement, à ceci : « si un seul fait observable contredit la théorie, alors c’est que la théorie est fausse dans son intégralité ».La question qui se pose concernant la « théorie virale » est bien celle de savoir si des faits parfaitement observables viennent la contredire ? Et la question sous-jacente à cette première interrogation serait : « si ce ne sont pas des virus qui provoquent ces épidémies de maladies respiratoires en hiver, quelle est donc leur origine et leur cause » ? Parce que, sans aucune équivoque, beaucoup de personnes tombent gravement malades et que nombreux sont les morts en période épidémique hivernale.« ...
              ... »L’examen des faits montre que les virus ne se propagent pas et ne contaminent pas les personnes, les unes les autres. L’explication des causes des maladies respiratoires hivernales, et leur « explosion » à certaines périodes de l’année, est bien mieux soutenue par l’intoxication aux particules atmosphériques polluantes, lors des pics de pollution, que par la « théorie virale » qui montre des limites rédhibitoires pour qu’elle puisse être retenue. Le principe du « rasoir d’Ockham » peut être appliqué : « les hypothèses suffisantes les plus simples doivent être préférées ». Il est inutile de chercher une explication compliquée, quand une explication simple, à partir de faits établis, suffit à expliquer le phénomène. Pour Karl Popper, « la science se doit de fonctionner de manière déductive, allant du général de la théorie au particulier du fait empirique. Ainsi, elle devrait procéder en trois temps : théorie, déduction de conséquences, expérience pouvant réfuter la théorie  »."...


            • Fergus Fergus 14 août 2023 16:40

              Bonjour, Legestr glaz

              La publication de cet article montre que ladite « censure » des textes proposés en modération est, à tout le moins, à géométrie variable.
              Car à l’évidence il s’agit du texte d’un thuriféraire de Céline, un personnage pourtant éminemment sulfureux dont les écrits lui vaudraient, s’il était encore vivant, pléthore de procès, notamment pour « antisémitisme » et « incitation à la haine raciale » !


            • Legestr glaz Legestr glaz 14 août 2023 16:45

              @Fergus

              Je parlais de la censure « en général », omniprésente aujourd’hui sur Agoravox, dès l’instant ou une opinion différente de la doxa dominante est émise, et non de Céline en particulier. 


            • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 14 août 2023 17:03

              @Aita Pea Pea
              Proust, Céline ou d’autres sommité doivent leur succès et leur aura à leur originalité ; c’est-à-dire à leur manière d’être des inclassables : chose qui se répercute sur leur écriture, les distingue et les sort du lot. Proust est autrement original que céline ne l’est vis-à-vis de Proust.


            • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 14 août 2023 18:03

              @Fergus
              Il n’y a nul doute que Céline est antisémite. Mais entre un antisémite violent et passant facilement à l’acte et un auteur qui vit son antisémitisme sur le plan spirituel, la différence est de taille. Chose en tout cas que je condamne fermement. Je reste cependant ouvert à l’idée d’une différence entre celui qui a du sang humain dans mains et quiconque se rendant fautif de baver, fulminer ou diffamer les autres races. .Sinon je me vois très mal dans le rôle d’un thuriféraire de Céline notamment quand il est question de haïr autrui. Ma passion pour la littérature pourrait m’enseigner de voir le monde de façon moins rigide que d’autres. Mais pas plus que ça.


            • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 14 août 2023 18:28

              @Fergus
              Par ailleurs mon article ne tombe sous le coup d’aucune accusation. Je peux parler de Céline sans pour autant aller surenchérir avec qui que ce soit. Voire sacrifier au nombrilisme du genre fanatisme, amour surdimensionné de soi et autres algarades de vieilles femmes qui n’ont pas soldé leurs différends avec une voisine ou une autre. Je crois que les juges de Céline ont parfaitement compris l’homme Céline : celui-ci s’est tout bonnement gouré d’avoir crû possible le mariage entre la médecine et la polémique avec tout ce que cela mobilise d’affects et de rejets de l’autre.


            • pemile pemile 14 août 2023 18:32

              @Mohammed-Salah ZELICHE "Je reste cependant ouvert à l’idée d’une différence entre celui qui a du sang humain dans mains et quiconque se rendant fautif de baver, fulminer ou diffamer les autres races."

              Oui, mais quand c’est un tribun capable d’influencer les foules, l’ignominie se double d’une lâcheté ?


            • Fergus Fergus 14 août 2023 18:51

              @ Legestr glaz

              C’est quoi « la doxa dominante » ???

              Sans remonter plus loin, depuis 3 ans, j’ai vu publiés sur AgoraVox pas mal d’articles antivax, des pamphlets contre Macron et contre l’UE, des éloges de Trump et des libelles contre Biden, des textes poutinophiles et pro-invasion de l’Ukraine, etc...


            • Fergus Fergus 14 août 2023 18:57

              Bonsoir, Mohammed-Salah ZELICHE

              « mon article ne tombe sous le coup d’aucune accusation »
              Je vous en donne acte bien volontiers. Et j’en profite pour saluer la qualité d’écriture de cet article. 

              Un bémol dans votre argumentation, cependant. Vous dites que Céline n’a « pas de sang sur les mains ». Qu’en savez-vous ? Ou plutôt que sait-on du sort qui a été réservé aux Juifs qu’il a dénoncés, fait qui semble désormais avéré, malheureusement ?


            • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 14 août 2023 19:11

              @Clocel
              Oui sa le choix du sujet de sa thèse est en soi significatif de l’homme qu’il était. La pureté recherchée, le monde aseptisé, sont autant de symboles. Tout un programme. L’écriture lui sert par-là de cheval de bataille qui lui permet de porter l’estocade à ce qu’il considérait comme le mal qui gangrène l’humanité.   


            • Seth 14 août 2023 19:17

              @charlyposte

              Ménard tombant la chemise ? Beurk, assez d’horreurs pendant la guerre !

              Halte aux vétustes exhibitionnistes ! Un peu de respect pour l’Esthétique ! smiley


            • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 14 août 2023 19:44

              @Fergus
              J’ai lu énormément sur Céline. J’ai lu pratiquement (presque) toute son œuvre. Tout me dit qu’il s’est laissé entraîné dans ce qui n’honorait pas les hommes. Tout cela ne m’autorise pas de préjuger d’une innocence absolue d’un Céline trempé dans le racisme à une époque guère apaisée. Pas plus que je ne pourrai dire de vous que vous êtes moche et méchant. Combien même je vous connaitrais. Quand bien même je vous fréquentais. Mais j’aurais tendance à me fier à mon instinct pour dire qu’untel me donne tout l’air d’être moralement irréprochable. ça se passe comme cela : sinon que serait le monde dans lequel nous vivons. Pour Céline je n’en veux pour preuve que les années nordiques passée face à ses juges qui fouillait méticuleusement dans sa vie. Je n’en veux pour étayer mon sentiment que la justice française qui était sur ses dents et n’aurait pas raté de lui « faire la peau » tant on en avait après lui. 


            • Legestr glaz Legestr glaz 14 août 2023 21:10

              @Fergus

              Des pamphlets contre Macron ? Mais il n’est que le Président mal élu de la République française. Et la Commission européenne, elle, n’est même pas mal élue ! 

              Je ne suis pas le seul, hélas, à avoir subi la « censure » d’Agoravox par « délit d’opinion ». Ce n’est pas joli, joli. 


            • @Legestr glaz
              "Je ne suis pas le seul, hélas, à avoir subi la « censure » d’Agoravox par « délit d’opinion ». Ce n’est pas joli, joli.

              « 

              Rassurrez vous ce site est fagocité par la Macronie et l’extreme gauche et quelques écolos des plus radicaux de mon coté aussi je renonce naturellement à meme tenter de publier quoi que ce soit si cela ne va pas dans l’odre de ces 3 parts et idéologies, c’est comme sur France Inter, vous n’aurez aucune chance d’etre publié, economisez votre énergie, et ces gens la sont particulierement démocrates tant que vous pensez comme eux, cazd etre dans »le camp du bien« helas comme mopi vous etes pour les libertés individuelles, contre toutes les formes d’apartheid ou le fait de simplement vouloir respecter LES lois cad le Traité de Nuremberg, la loi Koshner, les 2 autres ratifiées au parlement européen font de vous le pire des déviants mentaux (comme votre serviteur) un facgo et un nazi fini, un peu comme le peuple Japonais qui lui refuse l’envahissement chez lui et veut rester maitre de son histoire est classé joyeusement par Fergus de population »xénophobe« c’est dre a quel point nous vivons dans un environnement de tarés profonds dignes d’un HP grandeur nature, avec des types qui en plus se croient supérieurement ntelligents, sans bien sur jamais ne placer de sources ou de reférences scientytifiques à leurs dires, leur autorité naturelle suffis à clore toute discussion et si vous protestez vous etes un criminel, un egoisme, ou un nazi et parfois tout cela à la fois..
              Voila pourquoi ce pays est debvenu un shit homle etouffant, et pour les neuneus en Russie (zone fachiste nazie) les gens n’ont pas étés cloitrés chez eux sans aucune forme de proces en ayant »en meme temps" leurs frontieres ouvertes, idem l n’y a pas eu de couvre feux intermnables ni d’aswweiss ni d’exclusions dignes de l’avant Man,della de l’afrique du sud, apartheid soutnue et applaude par les neuneus du camp du bien qui fagotent ce site
              Vila pyrequoi c’est sans espoir, désolé d’etre lucide , mais pense que vous ne vous faites plus d’illusions non plus de votre coté sur ce qu’est devenu A Vox ROUGE qu finalement porte bien sa couleur, heureusement sur A Vox Bleu (TV) pour l’instant la dissidence à encore un peu voix au chapitre, mais pour combien de temps ?
               


            • Lynwec 14 août 2023 21:43

              @Mohammed-Salah ZELICHE

              Les gens « fortunés » qui décident d’envoyer les peuples aux grandes boucheries guerrières sous des prétextes « patriotiques » ne sont-ils pas eux mêmes « immondes » et « empreints de violence » ?

              Désolé de devoir le rappeler, mais il est assez malaisé de tuer quelqu’un à l’aide d’un roman, le geste fatal requérant toujours quelqu’un d’autre que l’écrivain (qui passe rarement à l’acte) ainsi qu’un matériel plus efficace...

              On aura beau me donner à lire vingt œuvres emplies d’appels à tuer les personnes à cheveux roux par exemple, qu’il ne me viendra quand même pas le moins du monde à l’esprit de chercher un marteau ou une hache...

              Il est vrai que les roux ne m’ont jamais nui en rien, ce qui facilite la retenue...


            • Le Gueux Le Gueux 14 août 2023 22:53

              @Legestr glaz
              Il n’est pas de pire saleté dans le monde politique que cette « UE », déchet de notre fausse démocratie, soi-disant représentative, usurpatrice des pouvoirs qu’elles s’est auto-attribuée, non élue, et pire, soumise à des intérêts étrangers.


            • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 août 2023 23:31

              @pemile
              Il faut garder de Céline le voyage...plus grand roman français du vingtième... Après suis beaucoup plus critique.


            • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 août 2023 23:38

              @Mohammed-Salah ZELICHE
              Pour le classique je préfère Flaubert. M’en va relire cette tuerie de Salammbô tiens !


            • Joséphine Joséphine 14 août 2023 13:00

              L’extrait de Bagatelles pour un Massacre a été censuré. CQFD. Sur Twitter il n’est pas censuré. 


              • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 14 août 2023 14:50

                @Joséphine
                Au passage, si quelqu’un cherche le texte en PDF : https://www.kotobati.com/book/bagatelles-pour-un-massacre
                Cliquez sur le deuxième bouton noir pour télécharger le fichier (en français), l’icone est explicite.


              • pissefroid pissefroid 14 août 2023 18:30

                @Opposition contrôlée
                Merci pour le lien.
                Je lis tellement de négatif sur Céline que je vais essayer de lire « bagatelles pour un massacre ».


              • Seth 14 août 2023 19:31

                @pissefroid

                Ca ne va pas vous demander un gros effort de réflexion comme tout pamphlet. Le Pamphlet étant une thèse sans antithèse est vite saisi, pas la peine d’aller jusqu’au bout.

                Je vous le dis d’autant plus facilement que je n’ai jamais trouvé en quoi Céline était un monument littéraire comme il est à la mode de le dire, surtout à gauche..

                J’ai du me l’appuyer lors de mes études et franchement, c’était longuet et tarabiscoté dans un style à angle droit et parlant beaucoup trop du sujet qui est très à la mode en ce moment (ce qui en explique sans doute la popularité aujourd’hui alors que dans les années 70 c’était de l’oublié) : soi-même. « Me-Mysef-I » comme on dit en Anglais.

                De la roupie de sansonnet littéraire.


              • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 14 août 2023 21:28

                @Seth
                Céline, c’est un style littéraire, il n’est pas moins bien représenté dans ses pamphlets que ses romans. Voir même mieux... 


              • Julian Dalrimple-sikes Géronimo howakhan 14 août 2023 13:32

                Salutations, vers la toute fin je cite : Il rappelle celui des guerres larvées que l’humanité traîne comme un boulet à travers les siècles sans trouver la force ni l’intelligence de s’en séparer jamais.


                je rajoute larvées ou pas larvées mais réelles..

                bien sur, la pensée voit l’humain d’un coté et la guerre ( le boulet de l’autre or ceci n’existe pas du tout..

                il n’y a que l’humain violent par choix, l’humain et le boulet sont une seule et même chose..il y a un seul « objet ».

                Voila pourquoi au moins 10000 ans de guerres et violences ..

                pourquoi ? tout le monde s’en tape en fait !

                en traitant la guerre comme n’étant pas nous c’est une bévue monumentale que nous commettons..

                pareil en remplaçant guerre par souffrance, peur, etc

                l’analyse , donc le processus de la pensée, ne peut résoudre les problemes qu’elle cause..

                ceci est du à notre psyché qui a dégénéré il y a bien sur des milliers d’années, chaque génération reproduisant les mêmes stupides et criminelles bêtises..

                pourquoi ? là aussi tout le monde s’en tape...du moment que moi j’ai plus..

                tout ceci étant bien sur superficiel . pour ce qui est la profondeur de la vie nous ne sommes plus équipés..


                • Julian Dalrimple-sikes Géronimo howakhan 14 août 2023 13:36

                  @Géronimo howakhan

                  petit hommage :

                  Le malheur en tout ceci, c’est qu’il n’y a pas de peuple, au sens touchant où vous l’entendez, il n’y a que des exploiteurs et des exploités, et chaque exploité ne demande qu’à devenir exploiteur. Le prolétariat héroïque, égalitaire, n’existe pas. C’est un songe creux, une faribole, d’où l’inutilité, la niaiserie écœurante de toutes ces imageries imbéciles, le prolétaire en cotte bleue, le héros de demain et le méchant capitaliste repu à chaîne d’or. Ils sont aussi fumiers l’un que l’autre. Le prolétaire est un bourgeois qui n’a pas réussi. Rien de plus, rien de moins.

                  (Lettre à Élie Faure de juillet 1935)


                • Julian Dalrimple-sikes Géronimo howakhan 14 août 2023 13:37

                  @Géronimo howakhan

                  Autant pas se faire d’illusions, les gens n’ont rien à se dire, ils ne se parlent que de leurs peines à eux chacun, c’est entendu. Chacun pour soi, la terre pour tous.


                • Julian Dalrimple-sikes Géronimo howakhan 14 août 2023 13:38

                  @Géronimo howakhan

                  C’est des hommes et d’eux seulement qu’il faut avoir peur, toujours


                • Julian Dalrimple-sikes Géronimo howakhan 14 août 2023 13:42

                  @Géronimo howakhan

                  Ça suffit pas la misère pour soulever le peuple, les exactions des tyrans, les grandes catastrophes militaires, le peuple il se soulève jamais, il supporte tout, même la faim, jamais de révolte spontanée, il faut qu’on le soulève, avec quoi ? Avec du pognon.
                  Pas d’or pas de révolution.


                • charlyposte charlyposte 14 août 2023 13:53

                  @Géronimo howakhan
                  CHUUUUUUTTTT... tu viens de confirmer que la fameuse révolution Française n’a jamais eu lieu ! smiley


                • Julian Dalrimple-sikes Géronimo howakhan 14 août 2023 14:14

                  @Géronimo howakhan

                  oups, trop tard..ah zut..
                  mes salutations  smiley


                • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 14 août 2023 14:19

                  @Géronimo howakhan
                  Je souscris à votre remarque qui est de répondre à ;

                  l rappelle celui des guerres larvées que l’humanité traîne comme un boulet à travers les siècles sans trouver la force ni l’intelligence de s’en séparer jamais.

                  par

                  « je rajoute larvées ou pas larvées mais réelles. »


                  Et j’ajouterai que le fait même d’être larvées n’empêche pas les guerres d’être réelles : puisqu’elles sont des guerres annoncées..


                • Julian Dalrimple-sikes Géronimo howakhan 14 août 2023 16:10

                  @Mohammed-Salah ZELICHE

                  Salutations,
                  des guerres annoncées puis réelles oui, cela dit rien que de très normal, logique, prévisible et inévitable.
                  le choix de l’appât du gain x,y, z, etc, argent, biens, possession mais aussi gain disons mental ou spirituel etc comme principal motif de ne pas se suicider de suite suite au refus que naître = mourir seule voix pour y échapper ????, crée de facto une élimination et un combat de tous contre tous, appelé compétition pour cacher cela ..sinon certains pourraient commencer à comprendre.
                  Dès lors quoique nous en disions, tout va bien au regard de nos choix..
                  car il y a une seule chose sacrée : MON OPINION...etc
                  car bien sur nous ne pouvons nous tromper...enfin moi je ne peux me tromper multiplié par tous..sauf exceptions..
                  se dit à elle même chaque processus de la pensée contenu dans la boite crânienne de chacun..
                  Finalement tout va bien, nos deux choix 1-compétition-élimination qui donnerait 2-le meilleur, rempli son role..
                  sauf si..........c’est faux, or justement...

                  mes respects


                • Seth 14 août 2023 19:46

                  @Géronimo howakhan

                  Écrit facile d’anar simpliste et hésitant.

                  Et il faudrait préciser qui était Elie Faure, on n’est pas à l’Académie Française ici. smiley


                • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 14 août 2023 20:13

                  @Géronimo howakhan
                  Je vous cite ; ’ des guerres annoncées puis réelles oui, cela dit rien que de très normal, logique, prévisible et inévitable.’

                  Vous êtes si scrupuleux que tout doit être pensé mathématiquement pour vous. Mais la réalité est autres. Si vous vous comportez ainsi dans votre vie vous risquerez de passer d’un désenchantement à l’autre. Vous serez le type parfait qu’on peut déstabiliser. Vous exposerez même votre vie. C’est là que le doute doit prévaloir sur la certitude. La suspicion et mes pressentiments ne sont pas le fait de la paranoïa mais le fait d’une intelligence particulière. On parlerait de voyance pour dire que telle chose est inconcevable mais quand on est bien trempé dans son milieu on peut très bien prédire. Un exemple de guerre annoncée : la guerre d’Irak ; tout le monde l’attendait. Les plateaux de télé abondaient de gens qui savaient en détail ce qui allait se passer.


                • Julian Dalrimple-sikes Géronimo howakhan 14 août 2023 20:43

                  @Mohammed-Salah ZELICHE

                  re
                  je cite :

                  @Géronimo howakhan
                  Je vous cite ; ’ des guerres annoncées puis réelles oui, cela dit rien que de très normal, logique, prévisible et inévitable.’

                  Vous êtes si scrupuleux que tout doit être pensé mathématiquement pour vous.

                  - =-=-=-=-=-=-=-=-=-=-
                  si je puis me permettre, non, notre état de l’esprit global, peu ou prou au fond le même pour tous sauf variantes mineures superficielles, , enfin ce qu’il est devenu, amène cela, les maths n’ont pas de place ici..
                  le déroulé de cette histoire d’un début dans nos psychés, ( non sujet absolu) à sa conclusion guerrière oui
                  en clair : nous sommes la guerre, et c’est un choix..
                  avec derrière une longue chaîne de cause et d’effets devant tour à tour l’un et l’autre
                  ceci nous ramène toujours là où quasiment personne ne veut aller voir, en moi...en soi..
                  c’était le propos..une disposition intuitive vers des causes, qui se montrent d’elles mêmes, au delà de la pensée analytique, celle qui dit « j » , vole, tue, détruit etc et fait des machines..
                  mais il est difficile de s’exprimer sur de tels sujets par écrit..
                  mes respects


                • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 août 2023 13:33

                  Plus grande claque littéraire pour moi avec le voyage.vers 20 ans. Mais bon vers 15 ans j’avais déjà eu une baffe avec Villon .Entre les deux« Splendeurs et misères des courtisanes  » . Pour rester français.


                  • Seth 14 août 2023 20:37

                    @Aita Pea Pea

                    Balzac.... Voilà l’immense littérature. On s’y intéresse au monde extérieur, à la société qu’on autopsie et dont on nous présente le résultat et l’horreur avec quel style, quel vocabulaire et quel rythme. Et toujours d’actualité.
                    Voilà un monument littéraire.

                    Maintenant on lit le dégueulasse Houellebecque et la mère Angot dont on a hâte de savoir si oui ou non elle gouine avec la drag king Preciado.
                    Chacun ses goûts.


                  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 août 2023 20:40

                    @Seth
                    La comédie humaine... On comprend que rien ne change vraiment.


                  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 août 2023 21:26

                    @Aita Pea Pea

                    Pour ce qui des« Illusions perdues » puis « Splendeurs et misères des courtisanes » , la suite , que dire a part la fermer...


                  • Rincevent Rincevent 14 août 2023 13:55

                    Adolescent, j’avais lu le Voyage, peut-être un peu trop tôt. (l’amour c’est l’infini mis à la portée des caniches…) A 17 ans, je ne suis pas sûr que ça m’aie rendu service pour la suite mais une formidable claque quand même !

                    Un peu plus tard, j’ai fait l’Armée dans le même régiment que le maréchal des logis Destouches. Dans le hall d’honneur du 12 ème Régiment de Cuirassiers son nom n’y figurait pas…


                    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 14 août 2023 14:04

                      Comment peut-on être à la fois un pov type et un grand écrivain ? 


                      • charlyposte charlyposte 14 août 2023 14:24

                        @Mélusine ou la Robe de Saphir.
                        Le déclin occidental avant l’heure !!!


                      • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 août 2023 14:34

                        @Mélusine ou la Robe de Saphir.
                        Je ne suis pas royaliste pour un sou , et pourtant je considère le Duc de Saint Simon dans ses mémoires comme peut être le plus grand prosateur français.


                      • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 14 août 2023 14:40

                        @Aita Pea Pea Le plus grand reste à mes yeux : VICTOR HUGO. Je ne lirai jamais Céline.. un blocage devant l’immonde. J’avais en 1983 un voisin peintre, raciste et antisémite. Ses peintures sentaient l’immonde. Exemple : un homme qui met son nez entre les fesses d’un autre. ou qui se masturbe en regardant par le trou de la serrure. Il avait mis son tableau dans le couloir. Les psychiatres (allez comprendre pourquoi !!!) achetaient ce genre de tableau. Merci, pas pour moi. Je ne suis ni perverse, ni psychotique. Tiens voilà un des ses tableaux : https://www.google.com/search?sca_esv=556746671&rlz=1C1YTUH_en-GBBE1070BE1070&q=ren%C3%A9+knapen&tbm=isch&source=lnms&sa=X&ved=2ahUKEwidl_7BldyAAxUy0gIHHRUEDccQ0pQJegQIDBAB&biw=1280&bih=619#imgrc=-XzL5oHkHuCsnM.

                        Pas étonnée 20 ans après de croiser sa femme qui me disait qu’il la battait...


                      • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 août 2023 14:45

                        @Mélusine ou la Robe de Saphir.
                        Lis le voyage... Après on en parle.


                      • Clocel Clocel 14 août 2023 15:22

                        @Mélusine ou la Robe de Saphir.

                        « qui me disait qu’il la battait... » A coup de verge !? smiley


                      • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 14 août 2023 15:32

                        @Clocel Ce dessin est encore anodin. L’un de ceux-ci représente le Pape se masturbant. Et une crosse papale qui sort de sa verge. C’était l’anti-Trémois. Que d’ailleurs il avait croisé dans sa vie.


                      • Clocel Clocel 14 août 2023 15:33

                        @Aita Pea Pea

                        Lu par Podalydès... Merde...


                      • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 14 août 2023 14:06

                        Le 26 mars 1933 Freud écrit à Marie Bonaparte (E. Jones, 1969) :

                        13

                        « J’ai entrepris de lire le livre de Céline et en suis à la moitié. Je n’ai pas de goût pour cette peinture de la misère, pour la description de l’absurdité et du vide de notre vie actuelle, qui ne s’appuierait pas sur un arrière-plan artistique ou philosophique. Je demande autre chose à l’art que du réalisme. Je le lis parce que vous désiriez que je le fasse. » (tr. fr., 1969, p. 201-202).

                        • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 14 août 2023 14:21

                          Femmes tondues ou castration. Cette fente immonde que la femme a entre les jambes, Céline la vomit. Mais se sauve de la folie en se raccrochant au racisme : la castration, ce n’est pas moi, mais le circoncis. Pour ceux qui aiment qu’on leur crache à la figure. Pas pour moi...


                          • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 14 août 2023 14:25

                            Le racisme est le dernier rempart avant la régression psychotique.


                            • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 14 août 2023 14:32

                              Le pervers se raccroche à la vue de la chaussure pour ne pas affronter la castration. Le raciste se raccroche à la couleur de peau pour les mêmes raisons.


                              • Clocel Clocel 14 août 2023 15:29

                                @Mélusine ou la Robe de Saphir.

                                Ma pauvre amie... Mais dans quel état Freud vous a laissé...

                                Z’avez pas essayé Jung, apparemment il avait réussi à récupérer quelques unes de ses victimes !? smiley 


                              • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 14 août 2023 15:35

                                @Clocel j’ai parfaitement expliqué que le déni de la castration et de la différence sexuelle. Très en vogue actuellement avec la théorie du genre (qui n’en est pas) allait accroître le racisme. Comme par effet de glissement. Voir le film : CABARET. TOMORROW... 


                              • pallas 14 août 2023 15:16
                                Mohammed-Salah ZELICHE,


                                Bonjour,


                                On ce marre bien non ?


                                J’ai jamais vu un rassemblement d’abruti aussi nombreux, le compte en fait des milliards.


                                Si je prend en comptabilité les morts, sa va haut perché.


                                Il n’y a pas d’humains en ce monde. Cette espèce est morte il y a longtemps.


                                Louis Ferdinant Celine etait comme Kakfa et autres, des tarés.


                                Il y a peut être plus urgents que les songes du passé.


                                Les jeunes générations sont stériles, leurs systèmes reproductif est totalement anéanti.


                                Cela touche la totalité de la population humaine.


                                Merveilleux


                                 smiley


                                Salut



                                • charlyposte charlyposte 14 août 2023 15:40

                                  @Clocel
                                  Vivement CÉLINE TROGNEUX pour surtout échapper à la censure ! smiley


                                • ZenZoe ZenZoe 14 août 2023 16:39

                                  Déjà, il faudrait savoir combien de gens ont vraiment lu Céline ? Je dirais relativement peu, surtout de nos jours, et encore moins les fameux pamphlets, et je suis certaine que rejeter Céline fait partie d’une posture pour beaucoup, celle du camp du bien. Pour d’autres, il reflète leur propre lâcheté, leur propre antisémitisme, leur propre mépris du peuple, qu’ils voudraient cacher en accusant les autres, ficelle assez grosse mais souvent employée et efficace hélas.

                                  Quant à Céline, il a dit ce qu’il avait à dire, il a mis ses tripes sur la table comme il disait, ça sent bon ou ça sent mauvais, on aime ou pas, mais c’est juste l’âme humaine, faite de beauté et de laideur, d’espoirs fous et d’errements. A chaque lecteur de prendre, ou pas, mais il faut absolument refuser que quiconque décide à notre place de ce qu’on doit lire ou pas, voir ou pas, entendre ou pas.

                                  Quant à moi, qui ai lu Céline, je prends, même si je sais que l’homme était sans doute un peu veule, il a écrit des choses d’une beauté et d’une vérité absolues, que je n’ai lues nulle part ailleurs, qui vont droit au coeur, et ça, ça vaut des points !


                                  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 août 2023 19:56

                                    @ZenZoe
                                    Et pour ceusses qui dès l’entame du voyage tombent sur le cul , c’est quoi ? Nous sommes des abrutis ?


                                  • pallas 14 août 2023 16:43
                                    Mohammed-Salah ZELICHE


                                    .


                                    Bonjour,


                                    Arretez de supprimer les commentaires,

                                    Faites courage.


                                    Dieu n’est pas ici


                                    Salut


                                    • sylvie 14 août 2023 16:54

                                      Sur la dernière photo il me fait penser à Hannibal Lecter


                                      • Armand Griffard de la Sourdière Armand Griffard de la Sourdière 14 août 2023 18:52

                                        @sylvie
                                         Hannibal ...le cannibale  ?? en tout cas , pas avec son képi .


                                      • pallas 14 août 2023 17:10
                                        Mohammed-Salah ZELICHE,

                                        .


                                        Bonjour,


                                        Je comprend que nul homme veuillent des femelles Occidentales, Africaines, Asiatiques.

                                        Elles sont toutes dégueu, 

                                        Vous pensez que le « Papounet » fera quoi ce soit ?


                                        Je ne suis pas genre à croire en une divinité et encore moins à un charlatan, autant discuter avec « Hadès », il est sympa lui


                                         smiley

                                        Salut





                                        • Réflexions du Miroir Réflexions du Miroir 14 août 2023 19:02
                                          Les manuscrits de Louis-Ferdinand Céline : pourquoi sont-ils restés cachés pendant près de 80 ans ?

                                          n après-midi d’été 2021 à Nanterre, un homme pénètre au ’Ministère de l’intérieur’. Il transporte 3 gros sacs.

                                          À l’extérieur, les passants ne prêtent pas attention à cet homme. Personne ne le connaît ou ne le reconnaît. À Paris, pourtant, certains milieux ne parlent que de lui depuis quelques mois. Il est au centre d’une affaire dont tous les journaux ont fait leur titre. Ancien journaliste de l’hebdomadaire de gauche LibérationJean-Pierre Thibaudat se retrouve aujourd’hui au cœur d’une affaire extraordinaire.

                                          Dans les hautes sphères parisiennes, certains le remercient, et d’autres n’hésitent pas à le traiter d’escroc. Et c’est d’ailleurs à ce titre qu’il est convoqué dans ce bâtiment de Nanterre.

                                          Mais que peut-il bien transporter ? Ces sacs cachent un trésor évalué à plusieurs millions d’euros. Une œuvre inestimable qui bouleverse, encore aujourd’hui, le monde judiciaire et littéraire.

                                          Suite dans ce podcast


                                          • Gérard Luçon Gérard Luçon 15 août 2023 05:08

                                            Son premier roman ne serait donc pas « Guerre » (Ed. nrf : Gallimard) ?


                                            • Armand Griffard de la Sourdière Armand Griffard de la Sourdière 15 août 2023 11:37

                                              @Gérard Luçon

                                              « Guerre » aurait été écrit en 1934 d’après ce que raconte Wikiki .
                                               Certains affirment que ce serait la suite de « Casse pipe » et des carnets noirs du cuirassier Destouches... va savoir !


                                            • Gérard Luçon Gérard Luçon 15 août 2023 12:18

                                              @Armand Griffard de la Sourdière
                                              je sais pour la version officielle, sauf que j’ai ce livre, c’est du Céline « embryonnaire », presque débutant ... avant qu’il n’acquière son style inimitable !


                                            • Claude Courty Claude Courty 15 août 2023 13:33

                                              Merci à l’auteur de cet excellent article.

                                              Je me permets d’y ajouter, la note de lecture suivante, à l’intention des célinistes qui pourraient ne pas avoir lu « D’un Céline l’autre », ce remarquable ouvrage composé par David Alliot et édité par ROBERT LAFFONT (2011) :  

                                              Valant la biographie la plus fouillée, cette somme impressionnante de témoignages, tant par le nombre que par la qualité, ne pourra qu’être appréciée, non seulement des célinistes mais des amateurs de littérature curieux de son évolution au cours du siècle écoulé, de même que de ceux qu’intéresse l’histoire de la France sous l’occupation.

                                              Si l’ouvrage de David Alliot est particulièrement précieux pour parfaire l’idée d’un Céline encore difficile à situer, dès lors qu’il s’agit d’aller au-delà de son style, il laisse pourtant en suspens nombre d’interrogations : Son originalité était-elle naturelle ou forcée ? Que doit-elle à une mode intellectuelle influencée par le Front populaire, possible promoteur d’un argot dont Céline use d’ailleurs moins que d’un vocabulaire qu’il crée, même s’il s’en inspire. Dire qu’il préfère manifestement inventer sa propre langue, à base de gouaille parigote, ce qui lui donne des allures d’argot, serait plus juste. D’ailleurs, comme sa pratique de l’argot, la comparaison avec Rabelais est sujette à réserves et il suffit de penser à sa frugalité pour la relativiser ; langage populaire, affecté ou non, voire vulgarité, n’est pas truculence. Céline a-t-il été prisonnier de son rôle ou s’est-il exprimé avec toute la liberté qui lui est assez généreusement prêtée ? Peut-être aussi était-il de bon ton, dans un milieu artistique et intellectuel revendiquant à tort ou à raison des origines, voire une « culture » faubourienne, de faire peuple, en avant-garde de bien des bobos d’aujourd’hui, dont certains ont cherché, avec un succès inégal, à lui emprunter son style. S’expliqueraient ainsi, au moins pour partie, mœurs libres, tenue débraillée et langage plus ou moins argotique. Ce pouvait être aussi, afficher ce parisianisme dont ont toujours été préoccupés les artistes les moins maniérés.

                                              Léautaud a-t-il tort quand il qualifie le style de Céline de fabriqué ? Il a en tout cas le droit de dire que les inventions littéraires ne l’intéressent pas, comme sujet ni comme forme, quitte à se tromper lourdement quant au manque d’avenir qu’il promet à ses écrits. Ils ont depuis, indéniablement marqué plusieurs générations de lecteurs, comme d’écrivains, par cette forme qui, renchérissant sur le fond, exacerbe les sentiments exprimés. Quoi qu’il en soit, D’un Céline l’autre permet de compléter et de préciser ne serait-ce que des impressions, parmi lesquelles le sentiment qu’un auteur, servi par des circonstances qui s’y sont particulièrement prêtées, s’est composé sa vie durant un personnage que son succès littéraire incontestable l’a grandement encouragé à endosser puis à cultiver avec force et assiduité.

                                              Quant à l’antisémitisme de Céline, il paraît, avec le recul du temps, être surtout le résultat d’une provocation servie par l’abus de langage chez lui fréquent mais qui, dans le contexte de l’époque, l’a piégé et placé dans une situation qu’ont aggravé et en quelque sorte consolidé ses pamphlets, dans lesquels la gesticulation verbale tient souvent lieu d’arguments. En fait, l’antisémitisme de Céline ne relevait-il pas moins du racisme que d’un ressentiment à caractère socio-culturel et économique, comme il semble que ce soit encore le cas aujourd’hui chez de nombreux antisémites ?

                                              La fulgurance est en tout cas présente chez Céline et paraît même constituer une des traits majeur de sa pensée. Cette fulgurance qui est autre chose que la prémonition. Mais Céline fut peut-être, avant tout et simplement, un anticonformisme, inquiet, anxieux, taraudé par les épreuves qu’il a connu à la guerre, outre la misère côtoyée au quotidien dans son exercice de la médecine de dispensaire. Maladivement excessif et agité. Il est à la fois visionnaire, lucide et affabulateur comme se doit de l’être un romancier. Il est aussi un imposteur, davantage entraîné par son personnage de fiction que par sa propre nature, sous l’effet du pouvoir que lui confère un succès littéraire et une notoriété qui autorisent les pires extravagances de la plupart de ceux qui en sont atteints et s’en font un outil de communication promotionnelle. Servi par un environnement et un entourage dont les membres partagent un certain snobisme d’époque : la Butte, la bohème, un fantaisie débridée tout à la fois inspirée et influencée par 14-18, la défaite de 39-40 et l’ordre imposée par les vainqueurs ; le populisme, les convenances en particulier littéraires et plus largement artistiques, etc. Céline est aussi un besogneux méticuleux ; un révolté par compassion et un provocateur, sans aller jusqu’à l’anarchie, trop soucieux de son propre quotidien pour aller jusque là. Le choix du Danemark pour y cacher son magot, bien avant, semble-t-il qu’il ne soit menacé par la résistance et bien avant aussi le naufrage du Reich, n’est-il pas, autant qu’une démonstration de l’aptitude de Céline à pressentir les évènements, la preuve de la reconnaissance par lui-même de la crainte des conséquences de prises de positions dont il mesurait parfaitement la portée ? Il serait alors, outre le naïf inventeur d’un nouveau langage, bel et bien le propagateur d’une idéologie dont il reconnaît implicitement le caractère condamnable.

                                              Il semble que les contempteurs de Céline comme de bien d’autres écrivains et artistes, succombent au charme de ce qui est avant tout de l’agitation, alors que la sérénité est la première exigence de la lucidité prêtée à nombre d’entre eux, dont Céline précisément. Qu’une curiosité d’ordre sociologique, voire anthropologique puisse porter à considérer de tels individus comme dignes de l’intérêt qui leur est porté est une chose, l’originalité de leurs styles respectifs en est une autre, mais en faire des héros des lettres ou d’autres domaines fut-ce au nom du progrès, en est une autre encore.

                                              Notons enfin que si Céline était à la recherche d’une plus grande simplicité du langage, comme en atteste son avis au sujet de l’emploi du ( ;) qu’il partage d’ailleurs avec Léautaud, il est permis de s’interroger quant à la mesure dans laquelle il y parvient. En effet, ceux qui ont fait son succès, à force d’éloge ou de dénigrement, ont appartenu à un cénacle ; ont représenté une élite ne devant en aucun cas être confondue avec le peuple au nom duquel Céline se serait exprimé en prétendant transcrire son parler. Pour ceux au nombre desquels je me trouve,qui l’ont abordé et le lisent encore sans culture littéraire particulière, Céline n’a jamais été d’un abord facile.


                                              • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 20 août 2023 23:02

                                                @Claude Courty

                                                Merci Claude Courty ; La réponse réside dans ce passage très dense et très pertinent. Passage qui allie le politique, le social, l’artistique, le psychologique, l’historique, le poids de l’époque, voire l’air du temps, qui, la gouaille et l’engouement aidant, ont piégé Céline et réussi à l’enfermer dans ce qui est en vérité un cercle clos, fatalement maléfique.

                                                 Il est aussi un imposteur, davantage entraîné par son personnage de fiction que par sa propre nature, sous l’effet du pouvoir que lui confère un succès littéraire et une notoriété qui autorisent les pires extravagances de la plupart de ceux qui en sont atteints et s’en font un outil de communication promotionnelle. Servi par un environnement et un entourage dont les membres partagent un certain snobisme d’époque : la Butte, la bohème, un fantaisie débridée tout à la fois inspirée et influencée par 14-18, la défaite de 39-40 et l’ordre imposée par les vainqueurs ; le populisme, les convenances en particulier littéraires et plus largement artistiques, etc. 

                                                Votre commentaire mérite toute mon attention. Je reviendrai demain pour souligner l’importance de votre vision.    

                                              • In Bruges In Bruges 15 août 2023 19:39

                                                Il y a deux sujets qui, depuis 20 ans, attirent les commentateurs politiquement corrects, les pro et les anti, à l’instar de l’affaire Dreyfus :

                                                Le jugement porté sur Céline et l’affaire Cantat / Trintignant à Vilnius en 2003.

                                                Avec toujours les mêmes questions rances et / ou sans réponse :

                                                Peut-on être un grand écrivain et un salaud ? Le salaud doit -il l’emporter sur les qualités de l’écrivain ? .( 4 heures, sans document)

                                                Un chanteur ayant purgé sa peine doit-il supporter plus d’intolérance qu’un braqueur de banque ou un violeur ayant lui aussi purgé sa peine. ?

                                                Ça fera toujours des articles genre « putaclic » où l’auteur se croira malin et les « commentateurs » intelligents.

                                                En particulier ceux qui n’ont pas lu Céline et croient que c’est une marque de sac, et ceux qui n’ont jamais mis les pieds à Vilnius et en particulier au Domina Plazza.

                                                Bon, c’est la vie, je suppose.


                                                • ZenZoe ZenZoe 15 août 2023 21:33

                                                  @In Bruges
                                                  Ah, je vais vous répondre, en moins de 4 heures et sans document.
                                                  Peut-on comparer Cantat et Céline ?
                                                  Cantat a tué sa maîtresse à coups de poings et tabassait sa femme, c’est un vrai salaud.
                                                  Céline a écrit des textes antisémites, Mais ... Céline était-il un salaud ? A-t-il violé des enfants, torturé des chats, dénoncé des résistants, volé des Juifs ? Rien ne l’indique.
                                                  Ecrire et faire, ce n’est pas tout à fait la même chose., même si certains écrits peuvent être choquants.


                                                • pasglop 16 août 2023 11:46

                                                  La question n’est pas de savoir si Céline était antisémite, la question est de savoir si la lecture de Céline peut vous rendre antisémite.

                                                  Si vous l’êtes déjà, la réponse est oui...


                                                  • Joséphine Joséphine 20 août 2023 18:54

                                                    La censure est un aveu. On ne bâillonne que la bouche qui dit vrai. 


                                                    • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 20 août 2023 21:00

                                                      @Joséphine
                                                      Bonjour,
                                                      Sans savoir de quoi il s’agit précisément, je vous vous dirai d’emblée que c’est le cas notamment quand ce qu’on projette de mettre à nu est crédible et probant. Et si vous m’en dites un peu plus..., Merci.

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