Lycées fermés pour cause de covid : osons l’enseignement en distanciel !
Collèges et lycées ferment les uns après les autres pour cause de covid-19. Le cas sinistre du lycée de Drancy (22 parents morts depuis le début de la pandémie) est le plus marquant. On notera cette vidéo issue du site web du Parisien, qui résume l'impossible situation actuelle (manque de moyens, absence d'anticipation des pouvoirs publics, communauté scolaire terrifiée) :
Dans cette atmosphère digne de l'apocalypse selon Saint-Jean, et cent mille morts (au moins) après le début de la pandémie en France, les pistes concrètes qui permettraient une continuité des apprentissages sont à explorer, dont celle des "cours en distanciel" tentée l'an passé.
De quoi s'agit-il exactement ? Par les ENT (espaces numériques de travail), les profs font cours à leurs élèves à l'aide des applications de visio-conférence. Ce qui n'est pas vraiment nouveau, certains d'entre vous ont peut-être connu les cours de fac retransmis dans deux amphithéatres il y a trente ans. Les outils numériques, multiples, existent ; après, tout est question d'équipements dont ne disposent pas toutes les familles, ainsi que d'environnement propice au travail personnel.
Chaque élève de collège et lycée dispose d'un ENT qui comprend des ressources numériques (médiacentre avec notamment Lumni et Fovéa), une application de partage de vidéos pédagogiques, une autre pour les ressources du CDI (e-sidoc). En principe, les élèves les maitrisent sur le plan technique, davantage d'ailleurs que les adultes. Or, l'avenir de l'enseignement du XXIème siècle passe par ces outils et pratiques.
Fini les classes surchargées, les profs déprimés, les locaux inadaptés grâce à la révolution numérique ? Nous aurons des éléments de réponse vers 2050. Toutefois remarquons que les grandes crises ont souvent engendré des progrès technologiques considérables, d'abord expérimentés timidement comme le premier ENT Néo pour les collégiens :
Les difficultés résident dans les habitudes de travail des adultes, compliquées à changer quand tous les devoirs écrits se font en format papier, de même que la plupart des évaluations à l'exception de celles des apprentissages... numériques, par le programme PIX. Remarquons qu'il est difficile de trouver des rapports sur l'enseignement en distanciel du printemps 2020, qui a pourtant permis des avancées considérables. Devoirs envoyés par smartphone, travail autonome des enfants, recherches personnelles : idéal pour tirer vers le haut la jeunesse d'un pays à haut potentiel technologique.
Hélas, on aura aussi remarqué une lassitude des cours devant écran, un décrochage de beaucoup d'élèves et une aggravation des sacro-saintes égalités/inégalités à la française. Puisqu'une partie de la jeunesse est désocialisée et réside dans des quartiers situés hors de la république, tout le monde devrait s'aligner vers le bas. Maintenir à tout prix les établissements ouverts pour garder au lieu d'instruire, pour entretenir la paix sociale plutôt que le progrès technique et l'efficacité. Ajoutons que l'âge respectable des corps d'inspection, des personnels de direction (quarante ans minimum pour devenir principal de collège) et des mandarins syndicaux ne facilite pas l'imagination, la nouveauté et l'audace. Autre blocage, une opinion publique conformiste et formatée par les médias, à l'image des sottises sur la méthode semi-globale de lecture utilisée avec succès depuis les années 1950, et remise en cause au profit des méthodes syllabiques utilisées par les missionnaires pour apprendre des rudiments de lecture aux indigènes d'Afrique noire au temps des colonies. Il est vrai que les populations extra-européennes arrivées depuis les années 1980 relèvent plus des méthodes traditionnelles et conservatrices que de celles destinées à un public pré-éduqué qui a des livres à domicile et bénéficie de parents qui ont déjà une culture littéraire. Appauvrissement de la population, retour aux méthodes du XIXème siècle avec l'empire colonial à domicile, refus d'un peu de remise en question et de préparer l'avenir.
Le monde de demain sera numérique, qu'on le veuille ou pas. La crise du covid est l'occasion de mettre en avant ces outils indispensables pour étudier et travailler demain. C'est une question de choix de société, l'école est soit une garderie pour les pauvres, soit un lieu pour apprendre...
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