Ma chronique au quotidien en Martinique
Je suis partie prenante dans la grève comme l’immense majorité de la population. Hier l’UMP a organisé une réunion au Squash Hôtel. Et dans la nuit de mardi à mercredi des émeutes ont éclaté à Fort de France.
Martinique, Mercredi 25 février 21e jour de grève générale.
Emeutes à Fort-de-France
Dans la nuit du mardi au mercredi des déprédations ont été commises par des groupes de jeunes. Ainsi le supermarché Casino du centre ville a été incendié. Des petits commerces ont été pillés. Des barrages ont été dressés, parfois incendiés, et des voitures ont brulé. Les gardes mobiles ont riposté par des tirs de grenades lacrymogènes en pleine rue, agressant par ces tirs des femmes et des jeunes enfants qui n’avaient rien à voir avec les déprédations commises. Ils ont procédé à l’arrestation d’un jeune qui aurait mis le feu à un barrage.
Si la lassitude de la grève peut en gagner certains, la colère et l’exaspération face à la lenteur des négociations, les tergiversations de la partie patronale, éclatent chez les jeunes notamment, sans que le Collectif puisse en avoir le contrôle.
La position des petits entrepreneurs
Beaucoup de petits patrons, d’artisans ont rejoint dès les premiers jours le Collectif. Eux aussi militent pour une baisse des prix, notamment du ciment, prohibitif. Certains expliquent qu’ils pourraient accéder aux revendications salariales si les prix des matières premières baissaient. D’autres disent ne pas pouvoir accèder à de telles demandes. Ils prétendent que la grève va provoquer, à cause des faillite qui vont suivre, des milliers de chômeurs qui ne seront même plus concernés par les augmentations de salaires. Les syndicalistes leur rétorquent qu’ils vont bénéficier d’exonéarations de charges, et que de toute façon on ne peut pas vivre quand on gagne souvent ici moins que le SMIC.
L’UMP réagit
Chantal MAIGNAN, la nouvelle représentante de l’UMP, a convoqué ses fidèles au grand Hôtel Squash. Une vingtaine de personnes, d’un certain âge, étaient présentes. Elle a appelé à la fin de la grève qui selon elle affaiblit toute la Martinique. Il faudrait si on est d’accord avec ses positions, arborer un brassard blanc.Opération kamikaze.
Vie quotidienne
Avec la pénurie d’essence il ne reste plus qu’à rester à la maison. Le jardin n’a jamais été aussi bien tenu.
Mais le stock de croquettes pour le chien est en baisse. Je ne parle pas de la nourriture. C’est fruit à pain et poisson quand on en a. Quelques après-midi j’ai du me taper à la télé, des Chiffres et des Lettres. Cela faisait un peu exotique. « « Ah, Germaine, vous auriez pu faire mieux : vous n’aviez pas vu « nouilles » ? » Reposant. Un des animateurs, chauve et barbu a l’air plutôt érudit et plein d’humour. Bravo. Dehors cris et tambours. Le carnaval, fait de petits groupes de jeunes bien rangés, avançant en musique, a pris une allure guerrière où l’on affûte les nouveaux slogans, où l’on étrennne de nouvelles chansons.
Aller renforcer les piquets de grève ? Demain peut-être. J‘ai l‘espoir d‘obtenir de l‘essence.
L’état des négociations
Hier on en était au point mort, la partie patronale ne proposant que des augmentations de salaires allant de 10 à 60 euros. Le Collectif voudrait aussi une aide adaptée aux jeunes sans emploi. Dans le quartier Saint-Thérèse, là où ont eu lieu les barrages et les déprédations, 73% des jeunes de moins de 25 ans est sans emploi et sans revenu. C’est peut-être la dernière proposition de la partie patronale, jugée ridicule et provocatrice, qui a mis le feu aux poudres et provoqué la réaction de ces jeunes des quartiers "dificiles".
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