Ma journée Agoravox
Samedi je me suis levé de bonne heure, pour attraper mon TGV, et me précipiter à la Première Journée du 5e Pouvoir, à la capitale. J’ai même mis une cravate. Arrivé à Montparnasse, je frémis : je vais m’immerger dans le peuple des Agoravoxiens. Récit d’une journée très connectée.
Arrivé Porte de Paris (sur la ligne 13, je me dis, chouette, un bon présage), les petites affichettes toutes bleues me guident à l’Usine, où je suis accueilli par des grands gaillards sympas habillés tout en rouge, je vais au stand d’accueil, où des jeunes filles adorables habillées tout en noir me dénichent mon badge, et me voilà participant pour de bon.
Je griffonne mon pseudo sur le badge, je raccourcis la bretelle avec un petit noeud, pour le remonter, et qu’on le voie mieux (vieux truc de congressiste), et en route ! Vite, un café, parce que debout à 5 heures, le petit déj’ est déjà loin... ! Je vais pouvoir rencontrer plein d’auteurs et de commentateurs... ah ben non, c’est plus dur que je ne croyais : tout le monde porte son badge sur le ventre, alors avec mes verres progressifs, je vois les badges tout flou, et ça fait bizarre de se pencher pour mieux voir le badge, ça donne l’impression à l’autre qu’on fixe sa braguette, j’abandonne vite. En plus, il y en a plein qui le portent retourné côté bleu, ce n’est pas volontaire, mais on n’y voit rien. Bon, utilisons notre mémoire visuelle ! Je cherche le moindre indice optique, la chemise bleue de Demian West, le grand chapeau d’Anthony Meilland, non rien, zut, euh, cherchons encore...la longue queue tachetée de Marsupilami ? Non, encore rien, ah si, je repère Carlo Revelli, mais y a pas de gloire à le trouver, il dépasse tout le monde d’une tête. Je repère aussi Joël de Rosnay (bronzage impeccable, je l’envie). Je crois reconnaître la moustache de Francis Beau. Je dois rencontrer Milla, mais pas de brune avec la coupe au carré dans les environs, faut dire qu’avec les cafés, ça se presse au comptoir... Bon, on verra tout à l’heure.
Moi, le 5e Pouvoir, c’est pas trop mon truc, alors tous ces trucs de connecteurs, d’intelligence collective et participative, je perds un peu pied. C’est intéressant, mais je file rapidement au rez-de-chaussée me taper un autre café - et une cigarette. Et je tombe sur Jean-Claude Bénard (Bondy), lui, je le reconnais. On part dans une discussion comme je les aime : économie sociale, d’où tu viens, qu’est-ce qui te branche, etc. Il me présente un copain à lui, et c’est parti. A se découvrir mutuellement, on laisse passer l’heure, et il ne reste plus qu’à attendre le déjeuner. Je remonte un instant voir où en sont les débats, c’est parti dans la censure, oula c’est chaud. C’est très intéressant, faut dire. Bip bip, SMS de Milla, elle est coincée au boulot, pas moyen de venir, zut, on se verra à un autre moment. Elle suivra le congrès sur Internet (voir d’ailleurs son article ici, elle a été plus vite que moi dans sa rédaction).
Allez, c’est le déjeuner, le buffet est prêt. Alors là, chapeau à l’Usine et à son traiteur, c’est magnifique. Et c’est bon ! J’ai rarement eu un tel éventail de saveurs, c’est beau, original, les serveurs et serveuses sont absolument charmants, le vin est très correct, encore bravo.
Surprise, je me fais aborder (la bouche pleine, je ne peux pas répondre tout de suite) par un gentil monsieur à lunettes, et encore surprise ! c’est docdory, qui me dit : "Bonjour, vous êtes rédacteur d’AgoraVox ?" Et la discussion part. Il est supersympa. On regrette que les rédacteurs ne se promènent pas avec un tee-Shirt portant leur pseudo en gros, en fluo, visible de loin, quoi . Bon Dieu, mais c’est bien sûr, quelle cruche je fais, il suffit tout bêtement de dire bonjour, puis de demander à tous les gens que je rencontre s’ils font partie de la Grande Communauté, et je vais les trouver, mes collègues rédacteurs. Trop fort. Et ainsi, dans la foulée, je rencontre Sabine Jumeaux, adorable, qui n’a pas encore écrit d’article, mais ça ne va pas tarder. En plus, elle travaille dans le bled où j’ai fait toute ma scolarité (coïncidence !), on trouve plein de choses intéressantes à se dire, y compris sur la blogosphère. Mais je dois dire que je tombe sur beaucoup de "connecteurs" qui ne sont pas inscrits sur AgoraVox. Des commentateurs, parfois. Des blogueurs. Une enseignante. Tiens, je croise Philippe Bilger, en pleine discussion, je reconnais sa voix. Et toujours pas de chemise bleue...
Pour l’après-midi, Alain Lambert est prévu à la Table Ronde sur les blogs et la résistance locale. Il ya aussi Quitterie Delmas et Rachid Nekkaz. Là quand même, non, j’y vais pas. Je suis venu pour ne pas parler d’élections, ni de politique. Et puis, euh, l’UDF et la "résistance locale", ça le fait pas franchement, on n’est plus en zone occupée. Tant pis pour cette table ronde, je vais encore un peu tailler une bavette avec Jean-Claude Bénard, si je le trouve. En attendant, je croque quelques personnages dans l’assistance : un tapoteur de clavier, un homme perdu dans ses rélexions, des auditrices attentives... Impossible de voir leurs noms.
Une petite pause, (trop) courte, et on annonce le débat sur le croisement avec les médias officiels, pardon, traditionnels. Aha, va y avoir du sport ? Non, non, ambiance très feutrée, Marc Tessier n’est pas là, il s’est fait excuser, sa voiture est en panne sur l’autoroute, quel manque de bol, j’aurais bien aimer lui poser une question. La température de la salle avoisine les 40°, on ouvre une fenêtre avant la cuisson complète de l’auditoire. Second Life nous emmène au-delà du réel, on découvre le [Metro] virtuel, c’est vraiment intéressant, mais je m’en tiens à ma ligne rédactionnelle : les contacts entre Agoravoxiens. Je découvre sur scène Nicolas Voisin > Nues Blog, quand même, il m’impressionne. Reste la dernière Table Ronde : l’ouvrage AgoraVox sur la campagne présidentielle. J’avais juré de ne pas m’intéresser à la politique, mais bon, là j’y vais, en plus j’ai même un de mes commentaires dedans (une ligne, mais ça fait tellement plaisir de se voir imprimé...). Oh ! Je découvre le vrai visage de Forest Ent ! Et celui de Rage ! Et Nicolas Cadène ! Et Manuel Atréide ! Et Heinrick Kac (alias HKac) Plein de rédacteurs d’un coup ! Pas de chemise bleue, dommage, pourtant, j’y croyais dur comme fer, il est au sommaire du livre...
Après ça, comme tout le monde s’en va, et que mon train avec billet Prem’s ne va pas m’attendre, il ne me reste plus qu’à y aller aussi. Un peu de pluie, un peu de métro, et à Montparnasse, je quitte le peuple des connecteurs pour rejoindre le pays des canards. Avec mon petit livre sous le bras.
Et voilà ma journée. J’ai beaucoup apprécié les conférences-débats (celles que j’ai vues), qui étaient réellement de très bonne qualité, et je félicite Carlo et toute l’équipe, autant pour la qualité des débats que pour celle de l’accueil. Mais au fur et à mesure que la journée s’écoulait, je me suis rendu compte qu’au fond de moi-même, je désirais une sorte de réunion plus tribale, où tout le monde se (re)connaîtrait, la communauté des Agoravoxiens, vous voyez le genre : ah c’est toi, Blaireau Pointilleux ! Moi c’est Dromadaire Cosmique, je ne t’imaginais pas comme ça.... Au lieu de ça, j’ai eu un congrès comme les autres. Un très bon congrès, mais un congrès tout de même. J’ai rencontré des gens super, mais pas assez à mon goût. J’aurais dû aborder plus de monde, peut-être... Du coup, il me reste un goût de "pas assez". Pas assez de contacts, pas assez d’échanges de personne à personne.
Et surtout, pas assez de chemises bleues !
N.B. L’ensemble des autres compte-rendu de cette journée sont disponibles à partir de cet article de Carlo Revelli.
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