Macron semble méconnaître les services de sécurité français
L’affaire Benalla c’est d’abord l’histoire de l’humiliation des services de sécurité français : d’abord ceux de la présidence, chargés de la sécurité du chef de l’Etat, puis tous les autres qui savaient qu’un civil de 26 ans, sorti de nulle part, donnait l’impression d’avoir le feu vert du chef des armées : Macron.
Maintenant que l’affaire a éclaté, tout le monde découvre qu’un jeune homme apparaît quasiment sur toutes les photos de Macron depuis sa campagne jusqu’aux sorties privées : Alexandre Benalla. Personne ne semble l’avoir remarqué sinon la presse aurait fait un reportage sur ce curieux profil et tout le monde aurait non seulement découvert son parcours au CV léger mais surtout su que l’ex ministre Montebourg l’avait viré car, étant son chauffeur, il avait provoqué un accident en sa présence et voulu prendre la fuite...
Comment se fait-il que pas un article ne soit sorti sur ce jeune homme de 26 ans, chargé de mission à la présidence et qui se comportait déjà comme un garde du corps au nez des services compétents ? Comment les amis de Macron ont-ils pu laisser si près de lui un profit pareil car manifestement, vu sa soif d’autorité et sa propension à agir sous couvert de sa carte de l’Elysée pour tout et n’importe quoi, il n’allait pas tarder à déraper car il est trop jeune pour de telles responsabilités en matière de sécurité tombées d’on ne sait où...
Un ex-ministre de l'intérieur Daniel Vaillant dit avoir voulu alerter Macron mais il s’est retrouvé face à la barrière du téléphone. Macron n’en a certainement jamais entendu parler. On croirait un chef d’état africain aux mains d’un clan ou d’un gang. Qui pouvait imaginer qu’en 2018, un chef d’état de la république française allait paraître protéger un pareil personnage pour des raisons incompréhensibles à ce jour ?
Qui est derrière Benalla ? A quels réseaux, quel carnet d’adresses doit-il une telle trajectoire ? Peut-on imaginer que seul, il ait pu, comme Macron est devenu président, avoir la confiance du chef de l’état au point de le laisser apparaître partout comme le chef de sa sécurité malgré son profil et son passif connus des services de sécurité ? C’est incroyable et même effrayant. On peut comprendre que le jeune finisse par « péter les plombs » se sachant au-dessus des lois au point de lâcher à l’occasion comme on a pu le lire dans la presse « le préfet je l’emmerde ! »
On apprend que le Benalla voulait restructurer les services de sécurité de la présidence et que le projet était avancé au point qu’il devait être rendu public en septembre. Comment Macron et ses équipes pouvaient imaginer qu’une vieille démocratie comme la France, avec les services de sécurité que l’on sait, fiers de leur Etat et de leurs formations allaient laisser un jeune civil de 26 ans mystifier le chef des armées au point de le pousser à restructurer les services compétents sous son autorité ?
Si Macron a cru cela possible c’est qu’il sait que la 5ème république française est taillée pour un De Gaulle ; c’est une démocratie monarchique. Le président est tout puissant et quiconque oserait dans les services de sécurité dénoncer, ou tenter de le faire, ce qui se passait avec Benalla allait en subir les conséquences. De là que rien n’a fuité pendant 2 mois. Le ministre de l’intérieur était au courant, il a fait le nécessaire en transmettant à l’Elysée. Le problème c’est que l’accusé laisse croire qu’il agit avec la bénédiction de l’Elysée...
La suite on la connaît. L’autre méconnaissance totale de la vie politique et médiatique en France, fut de croire, une fois l’affaire publique, que la sanction de 15 jours de mise à pied allait suffire ! Quelle ignorance !
Bilan, l’affaire enfle et même si tout s’arrange quand Macron aura sacrifié un fusible ou deux, reste l’essentiel à savoir un compte à rendre aux services de sécurité de la république humiliés par cette trajectoire d’un civil instable au point d’en avoir fait un colonel de la gendarmerie au nez de la patience des autres plus méritants.
Il ne faut donc pas s’étonner de voir cette affaire éclater au bon moment. Benalla reconnu, le tout transmis au journal Le Monde. C’est un timing de professionnels. Reste l’angoisse d’imaginer ce que serait devenu ce Benalla s’il n’avait pas été filmé. Qui au cœur des services de sécurité aurait osé se plaindre publiquement de ce garçon ? Dans ce milieu le linge sale se lave en famille et ça n'éclate publiquement que lorsqu'on ne peut plus faire autrement que de prendre l'opinion publique à témoin. Même si quelqu'un avait osé, c'eût été un coup d’épée dans l’eau car sans bavure il n’y a pas de scandale. L'Elysée aurait certainement servi des éléments de langage pour montrer que le Benalla avait le droit d'être à côté du président.
Nous souhaitons bien du courage à Macron et nous espérons que notre liberté d’expression ne nous vaudra pas la fin des Visa Shengen car les journalistes francophones peuvent tout dire sauf sur des sujets sensibles…
Macron était en visite chez nous en Mauritanie il y a quelques semaines : on comprend désormais sa sympathie pour notre général civilisé qui est une sorte de Benalla qui a réussi à prendre le pouvoir...
VLANE
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